Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Le premier mot de Vassilis Alexakis

Classé dans : Avis littéraires — 3 février 2018 @ 1 h 54 min

Genre : ContemporaineLe premier mot

Editeur : Stock

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 459

Synopsis : Miltiadis, professeur de littérature comparée à Paris, né en Grèce, aimerait bien savoir, avant de mourir, quel a été le premier mot. « Je partirais plus tranquille », dit-il. Hélas, il meurt avant de l’avoir découvert. Le jour de son enterrement, sa sœur lui promet d’élucider l’énigme. Elle rencontrera des scientifiques de tous bords, qui lui parleront du cerveau humain, du langage des bébés, des chimpanzés et de l’Homo sapiens, de Darwin et des créationnistes, de Freud et d’un roi d’Egypte qui avait fait élever deux enfants loin du monde pour voir dans quelle langue ils s’exprimeraient spontanément. Elle croisera une mendiante roumaine qui étudie le français sous la couverture lui servant d’abri, un linguiste américain qui meurt dans les bras d’une femme parlant un idiome inconnu, une jeune sourde, Audrey, qui se prépare à participer à une représentation d’Antigone en langue des signes. Elle mènera son enquête jusqu’au bout, car il est des promesses qu’on ne peut pas ne pas tenir. Elle sait que son frère attend d’elle une réponse. Sera-t-elle en mesure de la lui donner ?

 

Avis : Le premier mot était dans ma wish-list depuis un moment ; je l’en ai sorti pour un cours de littérature comparée sur la réception des œuvres étrangères.

Le sujet est intéressant : la narratrice a perdu son frère, et lui promet le jour de son enterrement de découvrir le premier mot. Cela lui permet d’apprendre énormément de choses, de rencontrer de nouvelles personnes. Elle découvre la vie de Miltiadis, ses proches. Malgré cela, je n’ai pas réussi à apprécier pleinement ma lecture. J’ai trouvé que l’intrigue était un peu longue à se mettre en place, et que la façon de raconter de la narratrice était assez confuse. En effet, elle mêle, d’un paragraphe à l’autre, des choses qui n’ont rien à voir, elle saute du passé au présent ; le lecteur est parfois un peu perdu, il ne sait plus trop où il se situe. La recherche du premier mot ne débute vraiment qu’à la moitié du livre : la narratrice commence par nous raconter ces derniers jours avec son frère. En fait, je pense que le synopsis en dit trop, ou au moins, induit le lecteur en erreur en mettant surtout en avant l’enquête. La relation entre le frère et la sœur est aussi très importante ; la narratrice cherche surtout à garder un lien avec Miltiadis, à préserver sa mémoire, à continuer de communiquer avec lui. Malgré cela, je n’arrivais pas à rester accrochée au livre, je n’avais parfois pas envie de le reprendre ; et en même temps, j’aimais beaucoup les réflexions politiques, et j’apprenais beaucoup de choses, comme la narratrice, sur le langage, les hommes préhistoriques, l’évolution de l’homme. J’ai aimé en découvrir plus sur la langue des signes, le fait qu’elle ne soit pas considérée comme une véritable langue en France ; j’ai aimé l’aspect politique avec les mentions de Nicolas Sarkozy, mais aussi de la politique en Grèce. J’ai vraiment apprécié d’en apprendre plus sur ce pays, que j’aime beaucoup, mais dont je ne connais pas grand-chose ; je connais surtout son histoire antique, sa mythologie, pas son histoire moderne. C’est vrai que les gens s’accrochent au passé de la Grèce et déplore son présent moins brillant ; ce n’est pas ce que l’auteur fait ici. L’étymologie est évoquée, ainsi que le fait que le grec est parfois considéré comme la langue la plus ancienne au monde ; cela est démenti par des spécialistes qui expliquent que chaque pays veut mettre en avant sa langue comme la première, la plus ancienne, ou la plus parlée. Certains évoquent la possibilité que toutes nos langues ne soient en fait qu’une, prononcée différemment, ce que je trouve fascinant, et qui rapprochent les nations, au lieu de les séparer par la barrière d’une langue nationale. Cette idée enferme les gens dans leur propre pays, et les empêche de s’ouvrir à d’autres, d’envisager d’apprendre d’autres langues, de parler cette langue même quand ils la connaissent, juste par fierté mal placée. En fait, je pense que j’aurais préféré une non-fiction sur le sujet plutôt qu’un roman ; les réflexions m’intéressaient mais pas tant l’histoire. Je n’ai pas ressenti l’émotion si importante pour moi dans un récit. En revanche, sachant que Vassilis Alexakis est grec, il écrit très bien en français !

Je ne sais pas si je saurais vous dire grand-chose sur les personnages. La narratrice n’a pas de nom, et pas vraiment de personnalité : elle est tournée entièrement vers son frère, qu’elle aimait tendrement. Sa recherche du premier mot est une façon de faire son deuil, mais je n’ai pas réussi à ressentir de tristesse. Je n’ai pas réussi à m’intéresser suffisamment à sa vie. Miltiadis est le frère de la narratrice ; c’est un personnage assez sympathique, qui a des opinions politiques bien tranchées. Fasciné par les langues, il déclare, à la fin de sa vie, regretter de ne pas connaître le premier mot. Grâce à lui, le lecteur découvre un peu le théâtre d’ombres grec et le personnage de Karaghiozis. Aliki semble être plus concernée par l’apparence que par la réalité ; mais c’est une façade qui cache sa détresse de perdre son mari. Sa religiosité l’empêche d’être proche de la narratrice – et de moi ! Théano est un personnage que j’ai apprécié, comme Miltiadis, son père. Elle est partagée entre la langue grecque et la langue française, entre l’origine de ses parents, et les siennes pour elle. J’ai aimé qu’elle représente une espèce de lutte d’identité qui se résout dans l’embrassement des deux langues. Il existe encore beaucoup d’autres personnages moins importants que je vous laisse découvrir par vous-mêmes !

La fin est plutôt belle : [SPOILER] la narratrice raconte l’action du livre au fantôme de son frère, et conclue en lui disant qu’elle n’a pas trouvé le premier mot. Cela lui permet de garder ce lien dont je parlais plus haut : en ne trouvant pas le premier mot, elle ne laisse jamais partir son frère, et peut toujours lui parler. [FIN DU SPOILER]

 

Donc, une bonne lecture, qui nous apprend beaucoup de choses, mais dont l’histoire n’est pas parvenue à me toucher.

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