Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour janvier, 2018

Lady Audley’s Secret de Mary Elizabeth Braddon

Posté : 21 janvier, 2018 @ 1:29 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : ClassiqueLady Audley's Secret

Editeur : Oxford (World’s Classics)

Année de sortie : 2012 [1862]

Nombre de pages : 380

Titre en français : Le secret de Lady Audley

Synopsis : ‘it only rests with yourself to become Lady Audley, and the mistress of Audley Court’

When beautiful young Lucy Graham accepts the hand of Sir Michael Audley, her fortune and her future look secure. But Lady Audley’s past is shrouded in mystery, and to Sir Michael’s nephew Robert, she is not all that she seems. When his good friend George Talboys suddenly disappears, Robert is determined to find him, and to unearth the truth. His quest reveals a tangled story of lies and deception, crime and intrigue, whose sensational twists turn the conventional picture of Victorian womanhood on its head. Can Robert’s darkest suspicions really be true?

Lady Audley’s Secret was an immediate bestseller, and readers have enjoyed its thrilling plot ever since its first publication in 1862. This new edition explores Braddon’s portrait of her scheming heroine in the context of the nineteenth-century sensation novel and the lively, often hostile debates it provoked.

 

Avis : Ce livre faisait également partie de la petite liste que je m’étais concoctée pour le mémoire !

Je ne sais pas à quoi je m’attendais, mais pas à ça : quelle déception ! Tout d’abord, Lady Audley n’est pas l’héroïne du livre ; c’est Robert Audley qui en est le personnage principal, et je l’ai trouvé assez agaçant, presque inintéressant, je n’arrivais pas à m’attacher à lui ou à l’apprécier. Ses remarques sur les femmes m’ont agacée aussi ; le narrateur les justifie ou les excuse, avec « ce n’est pas sa faute, il est un peu faible, ou il se cherche un bouc émissaire ». Eh bien presque tous les personnages féminins le deviennent à ses yeux !! Et que Madame a fait ci, et que celle-ci a fait ça, et qu’elles sont mauvaises, et dangereuses, et frivoles, et impossibles ; genre les hommes sont parfaits, et ne sont pas aussi pervers et pernicieux que les femmes. Bonjour les généralités ! Je n’accuse pas ici l’auteur, bien sûr, mais bien le personnage !! Ensuite, tout était prévisible, il n’y avait aucune surprise, et je pensais vraiment qu’il y en aurait tout de même quelques-unes ! A la rigueur [SPOILER] le fait que George n’est pas mort en réalité peut être une surprise, mais après un roman complet sans, c’est un peu faible. [FIN DU SPOILER] Le lecteur est censé être complètement sonné par le fameux secret de Lady Audley ; eh bien non. Quand je l’ai découvert, je me suis dit : « D’accord, et ensuite ? » De plus, l’explication de l’attitude de Lady Audley m’a profondément agacée ! [SPOILER] Heureusement, cette explication est partiellement rejetée par la suite : Lady Audley n’est pas folle, elle est dangereuse, et il faut tout faire pour qu’elle ne nuise plus à personne. [FIN DU SPOILER] Je n’ai pas particulièrement aimé l’écriture, sans doute parce que l’histoire ne m’a pas captivée. J’ai trouvé le début assez long, et quand le « crime » arrive enfin, il était trop tard, j’étais distraite et absolument plus concernée par l’action. Je n’avais même plus envie de reprendre la lecture parfois ; je l’ai terminé parce que je voulais tout de même connaître ce secret … et la fin ! 

Je n’ai réussi à apprécier que trois personnages : George Talboys, que j’ai trouvé rafraîchissant, tout comme Alicia Audley, qui m’a semblé tellement négligé ici ! Enfin, Michael Audley est adorable dans sa façon d’adorer sa femme. Je les ai tous plaint pour leurs différents liens avec Robert et Lady Audley ! J’ai rarement aussi peu apprécié un personnage féminin : vaine, concentrée sur son apparence physique et sur la richesse, indifférente au sort des autres, égoïste. Quand je l’ai lu le titre, je m’attendais à tomber sur une vraie lady, et sur une femme intéressante et appréciable. En un sens, le lecteur peut comprendre pourquoi elle en est arrivée là, mais elle ne met pas devenue plus agréable pour autant !

Je ne sais pas trop quoi penser de la fin de Lady Audley’s Secret : [SPOILER] Dans un sens, c’est vrai, Lady Audley est dangereuse, et ne doit plus être capable de faire du mal autour d’elle ; mais dans ce cas-là, qu’on laisse justice être faite. Ici, la situation tourne à l’hypocrisie : on cache la femme dangereuse dans une maison de santé belge pour qu’elle y finisse sa vie. Dans un autre sens, c’est assez facile : si chaque femme dangereuse devait être traitée de cette façon … Elle voulait améliorer son statut, et le lecteur peut comprendre cela, sans pour autant qu’elle lui devienne un personnage agréable : la société ne lui a pas laissé le choix, elle devait absolument faire un bon mariage pour vivre correctement. C’est facile de rejeter la faute sur elle quand c’est tout de même George qui l’a abandonnée. Elle s’est concentrée exclusivement sur le statut social, sur la richesse, jamais sur l’amour, parce qu’elle n’en a jamais reçu. Elle n’a pensé qu’à elle, parce que personne ne pensait à elle. Elle est sans cœur et dangereuse, mais elle a été façonnée de la sorte par la société, la pauvreté et le manque d’éducation. Donc, je ne sais pas trop quoi penser en fin de compte. [FIN DU SPOILER] Ce livre me laisse un goût amer ; c’est aussi le genre qui m’a fait douter de la littérature ou de ma sensibilité littéraire. Je me suis dit qu’il n’était pas normal que je ne ressente rien – depuis, j’ai commencé un livre qui m’a rendu tout cela !! 

 

Donc, déçue, et, en un sens, triste parce que je pensais vraiment aimer ce livre !

Shatter Me, book 3 : Ignite Me de Tahereh Mafi

Posté : 16 janvier, 2018 @ 9:41 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Ignite Me Genre : Science-Fiction, YA

Editeur : Harper

Année de sortie : 2015 [2014]

Nombre de pages : 408

Titre en français : Insaisissable, tome 3 : Ne m’abandonne pas

Synopsis : THE FATE OF OMEGA POINT IS UNKNOWN.

Everyone Juliette cares about may be dead. Now Juliette is the only one standing in the Reestablishment’s way. But to take them down, as well as Anderson, the man that nearly killed her, Juliette needs the help of the one person she never thought she could trust: Warner. And as they work together, Juliette will discover that everything she thought she knew – about Warner, her abilities, and even Adam – was wrong.

 

Avis : Je devais finir cette série en 2017, mais le deuxième tome m’avait tellement déçue que je n’avais pas eu envie de lire Ignite Me tout de suite.

Eh oui, Juliette m’avait tellement agacée à geindre non stop sur sa situation ! Elle a complètement ruiné le côté super-héros de l’histoire, qui était censé se développer dans Unravel Me en ne cessant de se plaindre, et en se retrouvant au centre d’un triangle amoureux très douteux – il faut dire que je déteste de plus en plus les triangles amoureux ! J’attendais cet élément de la série avec impatience !! Et là, je commence Ignite Me et ENFIN, ENFIIIIIIIIIN, Juliette se réveille, elle réagit ! Cela lui a quand même pris trois tomes, mais elle a évolué !! Elle se ressaisit enfin et se rend compte que son pouvoir n’est pas forcément une malédiction ! J’étais tellement contente, j’avais attendu ce changement d’attitude tout le long du deuxième tome !! Peut-être était-ce un peu tard de ne la faire réagir que dans ce volume, mais, étant donné que la série est rallongée, je pourrais en lire plus à propos de la Juliette badass !! 

Bien sûr, tout se dénoue ici : le lecteur (et Juliette) comprend la raison de ce triangle amoureux, ses causes – ce qui le rend plus plausible que dans le deuxième tome -, pourquoi elle ressent telle chose pour Adam et telle chose pour Warner, pourquoi elle ne comprend pas ce qui lui arrive. C’est vrai qu’elle a été enfermée pendant longtemps, et qu’elle ne pouvait toucher personne à cause de son pouvoir, donc le fait de pouvoir toucher quelqu’un la rend complètement euphorique ; mais elle reste parfois un peu agaçante, et j’ai levé les yeux au ciel quand elle cherche à mentir sur ses sentiments, et même à se mentir à elle-même ! Pourquoi les héroïnes YA font-elles toujours ça ? Heureusement, la romance prend moins de place ici, et on se concentre plus sur l’action ! Juliette se rend compte que la Terre ne tourne pas autour d’elle, et qu’elle doit réagir si elle veut le monde change ; elle laisse donc un peu tomber la romance et se concentre sur la « politique » si on peut dire ! [SPOILER] J’ai aimé enfin voir d’autres personnages, et assister à des petites séances d’entraînement, même si elles ne concernent que Juliette ; j’ai aussi aimé voir l’évolution de ses pouvoirs, et le fait qu’elle commence par échouer est plutôt cohérent, elle ne maîtrise pas tout tout de suite ! [FIN DU SPOILER] Une chose étrange avec ce tome : je n’ai pas réussi à apprécier pleinement l’écriture de Tahereh Mafi; comme je l’avais fait dans le premier tome, Shatter Me, sans doute parce que j’avais un a priori sur ce livre, et que je pensais que je n’allais pas aimer. Je suis donc un peu passée à côté, même si certaines phrases restent belles – peut-être ai-je trop été agacée par Juliette dans le deuxième tome pour apprécier de me retrouver encore dans ses pensées, avec ses métaphores et ses phrases imagées. J’étais aussi plus concentrée sur l’action !

J’ai aimé découvrir Warner, le vrai Warner s’entend ! J’avoue que je ne comprenais pas l’attrait de Juliette pour lui – elle était clairement en train de tomber amoureuse de lui dans le deuxième tome, alors qu’il était censé être un monstre. Encore, qu’il l’attire physiquement, mais qu’elle éprouve des sentiments pour un gars qui a essayé de l’utiliser ? Elle tentait de se dire qu’elle le détestait – et je le détestais avec elle – mais elle tombait quand même dans ses bras dès qu’il l’a touchée. Je ne comprenais pas le triangle amoureux, que je trouvais absurde, parce que ce personnage était tout simplement détestable, qu’il ne pouvait pas être pardonné. Je n’aime pas non plus le personnage d’Adam : dans le deuxième tome, il me paraissait assez faible, et tirait Juliette vers le bas. Il était aussi assez geignard, comme elle : j’avais l’impression qu’ils s’entraînaient l’un l’autre dans le malheur. Donc, vraiment, niveau garçons, j’avais envie que Juliette n’en choisisse aucun ! Mais, [SPOILER] après avoir découvert la vérité sur Warner, je dois dire que j’apprécie le personnage ! Bon, c’est peut-être un peu facile de tout résoudre de cette façon, mais ça reste cohérent, et ça permet aussi, surtout, de montrer à quel point [FIN DU SPOILER] Juliette se trompait sur absolument tout : Warner, Adam, ses sentiments, son pouvoir. Elle se complaisait tellement dans son malheur qu’elle n’a pas tenté de pousser son pouvoir, de l’explorer. Comme elle ne s’est jamais acceptée, elle n’a fait que subir, que rester passive, alors qu’elle aurait pu agir. Elle était convaincue que, si elle agissait, elle allait faire souffrir, que ce serait mauvais et méchant ; elle s’est donc enfermée dans une illusion de gentillesse et de fragilité, alors qu’elle est bien plus forte et plus résistante, elle est devenue quelqu’un d’autre qu’elle-même, pour faire croire aux autres qu’elle était inoffensive.

Cette fin. Sérieusement, si le quatrième tome n’était pas déjà annoncé, j’aurais été tellement déçue !! [SPOILER] Je voulais la grande guerre, celle que j’ai attendu tout le livre en m’inquiétant de voir les pages défiler ! Je n’ai eu qu’une petite bataille, et une mort un peu trop facile. [FIN DU SPOILER] Un peu trop rapide et facile peut-être. Et la fin est clairement ouverte ; ça ne me dérange pas toujours mais, là, j’en voulais plus ! J’ai tellement hâte de lire le prochain tome, Restore Me !! J’espère qu’il y aura de l’action !!

 

Donc, un bon livre, dans lequel Juliette change enfin, qui se concentre bien plus sur l’action, mais une fin trop facile et trop rapide, sauvée par la sortie prochaine du quatrième tome !

Poor Things d’Alasdair Gray

Posté : 14 janvier, 2018 @ 7:11 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Science-Fiction Poor Things

Editeur : Penguin Books

Année de sortie : 1993 [1992]

Nombre de pages : 317

Titre en français : Pauvres créatures

Synopsis : What strange secret made beautiful, tempestuous Bella Baxter irresistible to the poor medical student Archie McCandless? Was it her queer origin in the home of monstrous Godwin Baxter, the genius whose voice could perforate eardrums? This story of love and scientific daring storms through Victorian operating theatres, continental Casinos and a Parisian brothel to an happu end in a decent, old-fashioned Scottish marriage.

 

Avis : Poor Things est un des livres que je voulais lire pour le mémoire ; même si je ne l’étudierai sans doute pas, j’avais très envie de le découvrir.

J’ai entendu parler de ce livre sur la chaîne de Jen Campbell ; elle ne cessait de le recommander en disant qu’il était formidable et le présentait comme une réécriture de Frankenstein. Je me suis alors rendue compte que je n’en avais jamais lue ! Tout d’abord, j’ai aimé le format original de ce livre ; en effet, ici, l’auteur, Alasdair Gray, veut nous faire croire que l’histoire qu’il nous raconte est réellement arrivée, et ce, dès son introduction. Suit une espèce d’autobiographie/biographie écrite par Archibald McCandless, très incomplète puisqu’elle ne nous raconte qu’un tout petit bout de l’histoire. A la fin se trouve une lettre de sa femme, qui nous donne une autre version de l’histoire. Enfin, le livre s’achève sur les notes critiques et historiques d’Alasdair Gray, qui tente une dernière fois de prouver que tout est bien arrivé. J’ai aimé ce procédé et ces multiples versions de l’histoire : le lecteur choisit ce qui lui semble le plus « probable », sachant que l’auteur penche sur la version d’Archibald, semble-t-il. 

Bien sûr, une telle réécriture implique des réflexions sur la science, sur la capacité de l’homme à se prendre pour Dieu, mais aussi sur le fait que l’homme est capable de créer des hommes sans avoir besoin de la procréation. [SPOILER] J’ai d’ailleurs adoré le jeu sur l’onomastique : le « créateur » s’appelle Godwin Baxter, et Bella/Victoria l’appelle God. Plusieurs interprétations ici : soit Godwin, étant donné qu’il est un être très particulier – il ressemble plus au monstre de Frankenstein que Bella, est capable de faire des choses extraordinaires, des espèces de miracles, soit l’homme, grâce aux avancées de la science, devient véritablement capable de créer, ou de sauver, des humains alors qu’ils sont morts depuis longtemps (ici, sept jours). [FIN DU SPOILER] Ici, la médecine n’est plus seulement vue comme une science, mais comme un art, qui demande à son praticien de traiter son patient comme un être vivant, qui ressent les choses, et pas comme quelque chose de mort.  

Pourtant, j’ai eu du mal à entrer dans ce livre ; en effet, je n’appréciais pas vraiment les deux personnages masculins, Godwin Baxter et Archibald McCandless, et leurs raisonnements. Puis est arrivée Bella, et elle m’a fait adorer ce livre ! J’ai adoré sa vision du monde, son innocence et son indignation, j’ai adoré les réflexions qu’elle apporte au livre sur la femme et la société : ce livre est, du coup, très féministe, et [SPOILER] fait peut-être même ici de la femme un être supérieur parce que douée de la sensibilité d’un humain mais complètement désengagée des conventions et des convenances, une femme qui revient à l’humain d’origine, un être bon et sensible, qui ne comprend plus le monde autour de lui. [FIN DU SPOILER] Je me suis reconnue dans son désespoir face à la cruauté, à l’injustice et au sexisme. Elle n’a pas de place dans ce monde et [SPOILER] quand elle essaie de changer quelque chose, elle est ridiculisée, insultée, méprisée parce qu’elle est une femme et qu’elle apporte quelque chose de nouveau ! [FIN DU SPOILER] J’ai adoré qu’elle montre la femme différemment, libre, complètement indépendante ; étant donné qu’elle est une femme-enfant, elle se fiche totalement des conventions parce qu’elle n’a pas reçu une éducation normée ; elle agit comme bon lui semble, tout en apprenant, au fil du temps, de ses erreurs – un vrai petit guide d’éducation haha ! Elle est rafraîchissante ! Aucun homme ne peut la restreindre, ou la contraindre, par quelque moyen que ce soit. [SPOILER] Quand le lecteur apprend finalement toute son histoire, et qu’elle se retrouve en face de son mari, j’avais envie de le frapper à l’entendre parler des femmes de la sorte ! On peut dire « sexisme de l’époque oblige », certains hommes ne se comportaient pas de cette manière, heureusement ! [FIN DU SPOILER] C’est elle qui m’a permis d’apprécier Godwin Baxter, cette espèce d’ours gentil, ce géant qui n’est pas pris au sérieux à cause de son apparence.  

J’ai adoré, et j’ai détesté ce livre parce qu’encore une fois, la réalité sociale est placée devant les yeux du lecteur, et cela devient insupportable : cette hypocrisie, cette méchanceté, cette mesquinerie, cette cruauté, et notre impuissance. La fin, [SPOILER] qui nous permet de connaître la vie de Bella/Victoria après la mort d’Archibald et Godwin [FIN DU SPOILER] est triste, parce que, finalement, rien n’a changé, malgré les actions des personnages.

 

Donc, un excellent roman gothique, qui nous parle aussi de science, de société, et de la femme.

 

Charlotte Collins de Jennifer Becton

Posté : 12 janvier, 2018 @ 12:45 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Romance Charlotte Collins

Editeur : Milady (Pemberley)

Année de sortie : 2013 [2010]

Nombre de pages : 366 

Synopsis : Certains personnages secondaires méritent une seconde chance …

Dans Orgueil et préjugés, Elizabeth fait un mariage d’amour avec Mr. Darcy alors que Charlotte fait le choix de la raison en s’unissant au mielleux révérend Collins. Un mariage qui, à défaut de lui révéler l’amour, lui vaut une situation confortable.

Lorsque son mari meurt, Charlotte est délivrée de ses pénibles sermons. Elle accepte alors de chaperonner sa petite sœur dans l’espoir de lui éviter une union malheureuse. Les deux sœurs sont courtisées par des gentlemen américains peu soucieux des convenances. Alors que sa réputation est mise à mal par un libertin, et qu’elle se débat contre la calomnie, Charlotte qui n’a jamais cru au mariage d’amour va devoir reconsidérer son point de vue …  

 

Avis : Un petit livre cosy qui m’a surprise, non par l’originalité de son intrigue, mais par le plaisir que j’ai pris à le lire ! 

Je ne suis pas une grande fan de romances, excepté quand elles se trouvent dans les classiques ; j’ai l’impression qu’elles sont alors plus authentiques. Dans les romans contemporains, ça me semble surjoué ou artificiel ; et je déteste l’instalove, que l’on retrouve dans beaucoup de romances !! Donc je reste le plus loin possible de ce genre ! Mais, ma cousine m’a proposé de me prêter Charlotte Collins ; je lui ai fais confiance, je l’ai pris – mais ce livre a patienté au moins deux ans pour que je daigne le lire !! (SHAME !)

Tout d’abord, j’ai beaucoup aimé Charlotte Collins ! Elle peut paraître stricte, et même austère, mais elle essaie simplement d’obéir aux convenances, puisqu’elle sait que sa réputation en dépend . Elle est complètement soumise à la société, et au regard des autres. Cela peut agacer le lecteur, mais c’est aussi compréhensible : elle pense à sa situation, à celle de sa sœur, à sa famille. En lisant son histoire, je me suis dit que Jennifer Becton avait eu raison de reprendre ce personnage secondaire pour en faire une héroïne : elle mérite quand même mieux que son mariage avec le révérend Collins dans Orgueil et préjugés. J’ai aimé la voir évoluer, se remettre en question, reconsidérer ce qu’elle jugeait inébranlable. Les seules choses agaçantes : [SPOILER] quand elle se demande si Mr. Edgington et Mr. Basford l’aiment, ou sa façon de réagir comme une jeune fille débutante quand elle est courtisée, alors qu’elle est maintenant une femme mature. [FIN DU SPOILER] J’ai aussi aimé le personnage de Maria, même si elle est plutôt agaçante – notamment à cause de sa jeunesse et de son manque de maturité. Elle est plutôt naïve, et n’écoute pas vraiment sa sœur. Elle aussi finit par évoluer, heureusement ! 

J’ai aussi aimé l’atmosphère d’une ville anglaise à l’époque victorienne, avec les bals et les réceptions, les dîners et les voyages en calèche ; c’est aussi ce que j’aime dans certains classiques ! L’auteure nous propose aussi des réflexions sur la femme, son statut à l’époque, et la façon dont elle était traitée ou considérée. Elle nous montre différents types de femmes à l’époque : celles qui ne peuvent plus se permettre de vivre comme des ladies, comme Mrs Eff, celles qui s’en sortent grâce à une pension, comme Mrs Collins, celles qui sont toujours mariées, celles qui cherchent un mari – et leurs critères de sélection ! Elle évoque aussi l’absurdité des conventions et du quand-dira-t-on à travers le personnage de Mr. Basford, que j’ai beaucoup apprécié également !

Bien sûr, ce livre a ses défauts. L’intrigue n’est pas très originale, tout est prévisible, et même, je peux le dire : on peut lire ce genre d’histoire dans n’importe quelle romance. [SPOILER] L’héroïne déteste le personnage masculin, c’est un tel mufle ! Mais, BIEN SUR, en réalité, c’est un gentleman, et il est tombé fou amoureux de l’héroïne, et elle tombe folle amoureuse de lui mais n’ose pas se l’avouer, et ne cesse de lui chercher des défauts alors qu’elle ne fait que penser à lui. Et ils finissent par se marier et par être très heureux. Et il y a aussi ce fameux triangle amoureux que je ne peux plus supporter. L’héroïne se retrouve entre deux hommes, peut-être pour laisser une espèce de suspense au lecteur, pour savoir qui elle va choisir, même si, ici, c’est évident depuis le début ! Cet autre homme semble être un gentleman mais BIEN SUR, en réalité, c’est lui le mufle, il veut faire chanter l’héroïne et la met dans une position de faiblesse, position qui va permettre à l’autre personnage masculin de jouer le grand sauveur ! Et, bien sûr, la sœur de l’héroïne semble filer le parfait amour avec un homme d’honneur qui, en fait, est un voyou qui s’enfuit avec une autre femme, ce qui permet à la sœur d’épouser l’homme qui lui était destiné depuis le début ! [FIN DU SPOILER] Ce peut être ennuyeux – si on ne lit que ça, sans doute – mais je pense que ce genre de livres convient parfaitement après deux livres plus intenses, qui brisent complètement le cœur du lecteur, comme The Haunting of Hill House et Mrs de Winter. Ce livre était sûr, je savais que je n’allais pas me retrouver anéantie, que ce livre serait satisfaisant.

J’ai lu l’avis d’autres lecteurs ; certains déplorent qu’il n’y ait pas plus de références à Jane Austen. On peut apercevoir Elizabeth et Mr. Darcy, mais, le but n’était pas de reprendre ces personnages, mais de donner à Charlotte sa propre histoire. Evidemment, la référence à Jane Austen est d’abord dans ce choix ; j’aurais trouvé artificiel de rajouter d’autres personnages que l’on trouve dans d’autres œuvres, ou même dans Orgueil et préjugés : le livre est ainsi inspiré de Jane Austen, mais reste une œuvre à part entière. De plus, [SPOILER] je trouve que l’intrigue est très similaire à celle d’Orgueil et préjugés : Charlotte réagit avec Mr. Basford exactement comme Elizabeth a réagi avec Mr. Darcy ; elle est très fière de ses principes, reste campée sur ses positions (l’orgueil) et est bourrée de préjugés par rapport aux Américains, à leurs manières, à leur façon de vivre, etc. La fin est aussi exactement la même ! Mr. Basford ressemble pas mal à Mr. Darcy, en plus effronté, moins guindé, ce qui le rend d’autant plus agréable ! [FIN DU SPOILER]

 

Donc, une très bonne Austenerie, qui nous fait découvrir un personnage secondaire plus en profondeur, qui lui permet d’avoir une autre vie, et qui permet aussi une petite immersion dans le monde de l’époque.

Mrs de Winter de Susan Hill

Posté : 9 janvier, 2018 @ 11:56 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Thriller  Mrs de Winter

Editeur : Mandarin

Année de sortie : 1997 [1993]

Nombre de pages : 374

Titre en français : La Malédiction de Manderley

Synopsis : Rebecca was Daphne du Maurier’s most famous and best-loved novel. Countless readers wondered: what happened next? Out of the fire-wracked ruins of Manderley, would love and renewal rise phoenix-like from the ashes of the embittered past?

Married to the sophisticated, wordly-wise Maxim, the second Mrs de Winter’s life shoud be happy and fulfilled. But the vengeful ghost of Rebecca, Maxim’s first wife, continues to cast its long shadow over them. Back in England after an absence of over ten years, it seems as if happiness will at last be theirs. But the de Winters still have to reckon with two hate-consumed figures they once knew – both of whom have very long memories …

 

Avis : J’ai lu Rebecca à la fin du mois de décembre 2017, donc je me suis dit qu’il valait mieux lire Mrs de Winter tant que l’œuvre d’origine était encore fraîche dans mon esprit !

J’ai vu de nombreux avis négatifs sur ce livre : il est très mal noté sur Livraddict, et ce n’est pas beaucoup mieux sur Goodreads ! Je ne m’attendais donc pas à beaucoup aimer, j’avais même peur de détester, comme je vois que c’est le cas pour plusieurs personnes. Eh bien, j’ai adoré ! Susan Hill a, pour moi, parfaitement pris la relève de Daphné du Maurier : j’ai retrouvé le même style d’écriture, la même narratrice agaçante et en même temps étrangement touchante, la même atmosphère oppressante, ainsi que l’alternance entre cosy et peur, l’alternance entre les rêves de la narratrice et la réalité [SPOILER] notamment grâce à la maison Cobbett’s Brake, qui semble un paradis sur terre. Moins austère que Manderley, c’est un véritable chez-soi pour la narratrice, qui se sent enfin acceptée quelque part. [FIN DU SPOILER] J’ai également aimé le choix du titre : il peut faire référence à Rebecca comme à la narratrice ; le lecteur peut alors se dire que, soit le fantôme et l’ombre de Rebecca règne toujours et détruit toujours l’identité de l’héroïne, soit la narratrice commence enfin à vivre sa vie ! Je ne pensais pas avoir besoin d’une suite, mais maintenant que je l’ai lu, je me dis qu’il y avait plein de questions sans réponses ! Comment Maxim et la narratrice vivent-ils avec leur culpabilité ? Reviennent-ils un jour en Angleterre ? Et si oui, pourquoi ? Est-ce que Mrs Danvers et Jack Favell finissent par se venger ? Si oui, comment ? J’ai adoré découvrir les vies de Maxim et la narratrice après la destruction de Manderley, ce qu’ils ont fait, où ils vivent et comment. J’ai trouvé que tout coïncidait avec Rebecca, tout était cohérent, rien ne semblait de trop, ou manquant. Susan Hill a même repris certains passages du roman d’origine pour garder une continuité, elle fait référence à des événements du premier livre, elle fait en sorte que la narratrice se souvienne – même si cela paraît difficile, c’est aussi cohérent, étant donné que la narratrice a subi un traumatisme qui a changé sa vie. Elle a repris, notamment, l’exil des personnages, le fait qu’ils vivent d’hôtel en hôtel, qu’ils ne se fixent jamais quelque part, ce que le lecteur comprend dès le début de Rebecca, mais aussi leur façon de vivre sans jamais penser aux choses importantes, en se fixant sur des événements insignifiants. J’ai, évidemment, aimé l’aspect gothique du livre, qui ressemblait énormément à Rebecca : [SPOILER] les éléments fantastiques, comme le fantôme de Rebecca, ne sont pas réels ; ils sont imaginés par la narratrice, ou créés de toutes pièces par Mrs Danvers. C’est cette femme qui semble être le véritable fantôme de l’histoire, avec son visage en forme de crâne, et sa haine envers Maxim et la narratrice. [FIN DU SPOILER] J’ai aimé que la notion de justice et de vengeance soit abordée ici, ce qui n’est pas le cas dans Rebecca : [SPOILER] la narratrice ne peut pas s’empêcher de voir son mari comme un meurtrier, même si elle l’aime profondément ; cela gâche complètement leur relation et leur avenir potentiel : comment avoir des enfants avec cet homme, comment être sûre qu’il ne va pas tuer à nouveau ? J’ai aimé que le point de vue de Mrs Danvers et Jack Favell ne soient pas négligés : ils veulent la justice pour Rebecca, ils veulent que Maxim reconnaisse qu’il l’a tuée pour être en paix avec son fantôme, qui semble tourmenter Mrs Danvers. Maxim, lui, ressent de la culpabilité, c’est la raison pour laquelle il est incapable de se fixer quelque part pour y vivre en famille, avec sa femme et de potentiels enfants. [FIN DU SPOILER] La folie n’est pas loin non plus, que ce soit chez la narratrice, ou chez les autres personnages.

Comme dans le premier livre, j’ai été très agacée par la narratrice. Elle n’a toujours pas de nom et, semble-t-il, toujours pas de personnalité. Elle est incapable de prendre une décision sans penser à Maxim, incapable de ne pas se sentir coupable quand elle pense différemment de lui. Elle le prend pour un enfant, et leurs rôles ne cessent de s’interchanger : elle est l’enfant, puis elle est la mère ; il est le dominant, puis il est l’enfant perdu. Bien sûr, depuis le temps, elle s’est rendue compte de son absence de réaction, et de son absence de personnalité, mais elle semble incapable de changer. Elle semble prendre sa vie en mains quand il est trop tard, c’est sans doute la raison pour laquelle elle ne cesse de dire : « Nous formons notre propre destinée. » Maxim m’a lui aussi agacé : [SPOILER] j’ai lu dans The Encyclopedia of the Gothic qu’il pouvait être considéré comme un mélange entre le « Gothic villain », tyrannique et dominateur, et le protecteur masculin et, depuis, je ne parviens plus à me détacher de cette définition, qui lui convient parfaitement ! Il est incapable d’être stable, et le lecteur a parfois l’impression de se retrouver en face d’un schizophrène : il peut être très tendre et, d’un coup, redevenir sombre, si jamais la narratrice dit quelque chose qu’il ne fallait pas. [FIN DU SPOILER] J’ai aimé le personnage de Bunty Butterley, assez rassurante, une figure maternelle et une amie pour la narratrice, qui se noyait dans sa solitude.

Je ne pensais vraiment pas que le livre finirait de cette façon !! J’ai été tellement surprise !! [SPOILER] Je pensais vraiment que Maxim allait atteindre le commissariat de police, pas qu’il allait mourir comme ça !! [FIN DU SPOILER] Les larmes sont venues toutes seules [SPOILER] j’ai trouvé cette fin tellement affreuse … Encore une héroïne gothique qui n’a pas le droit au bonheur parce que celui-ci est contaminé ; en cela, la narratrice m’a beaucoup fait penser à Eleanor dans The Haunting of Hill House [FIN DU SPOILER] 

 

Donc, un excellent roman gothique, et pour moi une excellente suite, qui continue et achève parfaitement le projet de Daphné du Maurier. Mon petit cœur en est encore tout chamboulé !  

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