Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Poor Things d’Alasdair Gray

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 14 janvier 2018 @ 19 h 11 min

Genre : Science-Fiction Poor Things

Editeur : Penguin Books

Année de sortie : 1993 [1992]

Nombre de pages : 317

Titre en français : Pauvres créatures

Synopsis : What strange secret made beautiful, tempestuous Bella Baxter irresistible to the poor medical student Archie McCandless? Was it her queer origin in the home of monstrous Godwin Baxter, the genius whose voice could perforate eardrums? This story of love and scientific daring storms through Victorian operating theatres, continental Casinos and a Parisian brothel to an happu end in a decent, old-fashioned Scottish marriage.

 

Avis : Poor Things est un des livres que je voulais lire pour le mémoire ; même si je ne l’étudierai sans doute pas, j’avais très envie de le découvrir.

J’ai entendu parler de ce livre sur la chaîne de Jen Campbell ; elle ne cessait de le recommander en disant qu’il était formidable et le présentait comme une réécriture de Frankenstein. Je me suis alors rendue compte que je n’en avais jamais lue ! Tout d’abord, j’ai aimé le format original de ce livre ; en effet, ici, l’auteur, Alasdair Gray, veut nous faire croire que l’histoire qu’il nous raconte est réellement arrivée, et ce, dès son introduction. Suit une espèce d’autobiographie/biographie écrite par Archibald McCandless, très incomplète puisqu’elle ne nous raconte qu’un tout petit bout de l’histoire. A la fin se trouve une lettre de sa femme, qui nous donne une autre version de l’histoire. Enfin, le livre s’achève sur les notes critiques et historiques d’Alasdair Gray, qui tente une dernière fois de prouver que tout est bien arrivé. J’ai aimé ce procédé et ces multiples versions de l’histoire : le lecteur choisit ce qui lui semble le plus « probable », sachant que l’auteur penche sur la version d’Archibald, semble-t-il. 

Bien sûr, une telle réécriture implique des réflexions sur la science, sur la capacité de l’homme à se prendre pour Dieu, mais aussi sur le fait que l’homme est capable de créer des hommes sans avoir besoin de la procréation. [SPOILER] J’ai d’ailleurs adoré le jeu sur l’onomastique : le « créateur » s’appelle Godwin Baxter, et Bella/Victoria l’appelle God. Plusieurs interprétations ici : soit Godwin, étant donné qu’il est un être très particulier – il ressemble plus au monstre de Frankenstein que Bella, est capable de faire des choses extraordinaires, des espèces de miracles, soit l’homme, grâce aux avancées de la science, devient véritablement capable de créer, ou de sauver, des humains alors qu’ils sont morts depuis longtemps (ici, sept jours). [FIN DU SPOILER] Ici, la médecine n’est plus seulement vue comme une science, mais comme un art, qui demande à son praticien de traiter son patient comme un être vivant, qui ressent les choses, et pas comme quelque chose de mort.  

Pourtant, j’ai eu du mal à entrer dans ce livre ; en effet, je n’appréciais pas vraiment les deux personnages masculins, Godwin Baxter et Archibald McCandless, et leurs raisonnements. Puis est arrivée Bella, et elle m’a fait adorer ce livre ! J’ai adoré sa vision du monde, son innocence et son indignation, j’ai adoré les réflexions qu’elle apporte au livre sur la femme et la société : ce livre est, du coup, très féministe, et [SPOILER] fait peut-être même ici de la femme un être supérieur parce que douée de la sensibilité d’un humain mais complètement désengagée des conventions et des convenances, une femme qui revient à l’humain d’origine, un être bon et sensible, qui ne comprend plus le monde autour de lui. [FIN DU SPOILER] Je me suis reconnue dans son désespoir face à la cruauté, à l’injustice et au sexisme. Elle n’a pas de place dans ce monde et [SPOILER] quand elle essaie de changer quelque chose, elle est ridiculisée, insultée, méprisée parce qu’elle est une femme et qu’elle apporte quelque chose de nouveau ! [FIN DU SPOILER] J’ai adoré qu’elle montre la femme différemment, libre, complètement indépendante ; étant donné qu’elle est une femme-enfant, elle se fiche totalement des conventions parce qu’elle n’a pas reçu une éducation normée ; elle agit comme bon lui semble, tout en apprenant, au fil du temps, de ses erreurs – un vrai petit guide d’éducation haha ! Elle est rafraîchissante ! Aucun homme ne peut la restreindre, ou la contraindre, par quelque moyen que ce soit. [SPOILER] Quand le lecteur apprend finalement toute son histoire, et qu’elle se retrouve en face de son mari, j’avais envie de le frapper à l’entendre parler des femmes de la sorte ! On peut dire « sexisme de l’époque oblige », certains hommes ne se comportaient pas de cette manière, heureusement ! [FIN DU SPOILER] C’est elle qui m’a permis d’apprécier Godwin Baxter, cette espèce d’ours gentil, ce géant qui n’est pas pris au sérieux à cause de son apparence.  

J’ai adoré, et j’ai détesté ce livre parce qu’encore une fois, la réalité sociale est placée devant les yeux du lecteur, et cela devient insupportable : cette hypocrisie, cette méchanceté, cette mesquinerie, cette cruauté, et notre impuissance. La fin, [SPOILER] qui nous permet de connaître la vie de Bella/Victoria après la mort d’Archibald et Godwin [FIN DU SPOILER] est triste, parce que, finalement, rien n’a changé, malgré les actions des personnages.

 

Donc, un excellent roman gothique, qui nous parle aussi de science, de société, et de la femme.

 

Pas de commentaire »

Pas encore de commentaire.

Flux RSS des commentaires de cet article.

Laisser un commentaire

 

Baseball fans gather zone |
Eaudefiction |
Ici même |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | Kpg1221gpk
| Elenaqin
| la saltarelle des baronnes