Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Mrs de Winter de Susan Hill

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 9 janvier 2018 @ 23 h 56 min

Genre : Thriller  Mrs de Winter

Editeur : Mandarin

Année de sortie : 1997 [1993]

Nombre de pages : 374

Titre en français : La Malédiction de Manderley

Synopsis : Rebecca was Daphne du Maurier’s most famous and best-loved novel. Countless readers wondered: what happened next? Out of the fire-wracked ruins of Manderley, would love and renewal rise phoenix-like from the ashes of the embittered past?

Married to the sophisticated, wordly-wise Maxim, the second Mrs de Winter’s life shoud be happy and fulfilled. But the vengeful ghost of Rebecca, Maxim’s first wife, continues to cast its long shadow over them. Back in England after an absence of over ten years, it seems as if happiness will at last be theirs. But the de Winters still have to reckon with two hate-consumed figures they once knew – both of whom have very long memories …

 

Avis : J’ai lu Rebecca à la fin du mois de décembre 2017, donc je me suis dit qu’il valait mieux lire Mrs de Winter tant que l’œuvre d’origine était encore fraîche dans mon esprit !

J’ai vu de nombreux avis négatifs sur ce livre : il est très mal noté sur Livraddict, et ce n’est pas beaucoup mieux sur Goodreads ! Je ne m’attendais donc pas à beaucoup aimer, j’avais même peur de détester, comme je vois que c’est le cas pour plusieurs personnes. Eh bien, j’ai adoré ! Susan Hill a, pour moi, parfaitement pris la relève de Daphné du Maurier : j’ai retrouvé le même style d’écriture, la même narratrice agaçante et en même temps étrangement touchante, la même atmosphère oppressante, ainsi que l’alternance entre cosy et peur, l’alternance entre les rêves de la narratrice et la réalité [SPOILER] notamment grâce à la maison Cobbett’s Brake, qui semble un paradis sur terre. Moins austère que Manderley, c’est un véritable chez-soi pour la narratrice, qui se sent enfin acceptée quelque part. [FIN DU SPOILER] J’ai également aimé le choix du titre : il peut faire référence à Rebecca comme à la narratrice ; le lecteur peut alors se dire que, soit le fantôme et l’ombre de Rebecca règne toujours et détruit toujours l’identité de l’héroïne, soit la narratrice commence enfin à vivre sa vie ! Je ne pensais pas avoir besoin d’une suite, mais maintenant que je l’ai lu, je me dis qu’il y avait plein de questions sans réponses ! Comment Maxim et la narratrice vivent-ils avec leur culpabilité ? Reviennent-ils un jour en Angleterre ? Et si oui, pourquoi ? Est-ce que Mrs Danvers et Jack Favell finissent par se venger ? Si oui, comment ? J’ai adoré découvrir les vies de Maxim et la narratrice après la destruction de Manderley, ce qu’ils ont fait, où ils vivent et comment. J’ai trouvé que tout coïncidait avec Rebecca, tout était cohérent, rien ne semblait de trop, ou manquant. Susan Hill a même repris certains passages du roman d’origine pour garder une continuité, elle fait référence à des événements du premier livre, elle fait en sorte que la narratrice se souvienne – même si cela paraît difficile, c’est aussi cohérent, étant donné que la narratrice a subi un traumatisme qui a changé sa vie. Elle a repris, notamment, l’exil des personnages, le fait qu’ils vivent d’hôtel en hôtel, qu’ils ne se fixent jamais quelque part, ce que le lecteur comprend dès le début de Rebecca, mais aussi leur façon de vivre sans jamais penser aux choses importantes, en se fixant sur des événements insignifiants. J’ai, évidemment, aimé l’aspect gothique du livre, qui ressemblait énormément à Rebecca : [SPOILER] les éléments fantastiques, comme le fantôme de Rebecca, ne sont pas réels ; ils sont imaginés par la narratrice, ou créés de toutes pièces par Mrs Danvers. C’est cette femme qui semble être le véritable fantôme de l’histoire, avec son visage en forme de crâne, et sa haine envers Maxim et la narratrice. [FIN DU SPOILER] J’ai aimé que la notion de justice et de vengeance soit abordée ici, ce qui n’est pas le cas dans Rebecca : [SPOILER] la narratrice ne peut pas s’empêcher de voir son mari comme un meurtrier, même si elle l’aime profondément ; cela gâche complètement leur relation et leur avenir potentiel : comment avoir des enfants avec cet homme, comment être sûre qu’il ne va pas tuer à nouveau ? J’ai aimé que le point de vue de Mrs Danvers et Jack Favell ne soient pas négligés : ils veulent la justice pour Rebecca, ils veulent que Maxim reconnaisse qu’il l’a tuée pour être en paix avec son fantôme, qui semble tourmenter Mrs Danvers. Maxim, lui, ressent de la culpabilité, c’est la raison pour laquelle il est incapable de se fixer quelque part pour y vivre en famille, avec sa femme et de potentiels enfants. [FIN DU SPOILER] La folie n’est pas loin non plus, que ce soit chez la narratrice, ou chez les autres personnages.

Comme dans le premier livre, j’ai été très agacée par la narratrice. Elle n’a toujours pas de nom et, semble-t-il, toujours pas de personnalité. Elle est incapable de prendre une décision sans penser à Maxim, incapable de ne pas se sentir coupable quand elle pense différemment de lui. Elle le prend pour un enfant, et leurs rôles ne cessent de s’interchanger : elle est l’enfant, puis elle est la mère ; il est le dominant, puis il est l’enfant perdu. Bien sûr, depuis le temps, elle s’est rendue compte de son absence de réaction, et de son absence de personnalité, mais elle semble incapable de changer. Elle semble prendre sa vie en mains quand il est trop tard, c’est sans doute la raison pour laquelle elle ne cesse de dire : « Nous formons notre propre destinée. » Maxim m’a lui aussi agacé : [SPOILER] j’ai lu dans The Encyclopedia of the Gothic qu’il pouvait être considéré comme un mélange entre le « Gothic villain », tyrannique et dominateur, et le protecteur masculin et, depuis, je ne parviens plus à me détacher de cette définition, qui lui convient parfaitement ! Il est incapable d’être stable, et le lecteur a parfois l’impression de se retrouver en face d’un schizophrène : il peut être très tendre et, d’un coup, redevenir sombre, si jamais la narratrice dit quelque chose qu’il ne fallait pas. [FIN DU SPOILER] J’ai aimé le personnage de Bunty Butterley, assez rassurante, une figure maternelle et une amie pour la narratrice, qui se noyait dans sa solitude.

Je ne pensais vraiment pas que le livre finirait de cette façon !! J’ai été tellement surprise !! [SPOILER] Je pensais vraiment que Maxim allait atteindre le commissariat de police, pas qu’il allait mourir comme ça !! [FIN DU SPOILER] Les larmes sont venues toutes seules [SPOILER] j’ai trouvé cette fin tellement affreuse … Encore une héroïne gothique qui n’a pas le droit au bonheur parce que celui-ci est contaminé ; en cela, la narratrice m’a beaucoup fait penser à Eleanor dans The Haunting of Hill House [FIN DU SPOILER] 

 

Donc, un excellent roman gothique, et pour moi une excellente suite, qui continue et achève parfaitement le projet de Daphné du Maurier. Mon petit cœur en est encore tout chamboulé !  

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