The Haunting of Hill House de Shirley Jackson
Editeur : Library of America
Année de sortie : 2010
Nombre de pages : 174 (783 en comptant les autres romans et les nouvelles)
Titre en français : Maison hantée ou Hantise ou La maison hantée
Synopsis : « The world of Shirley Jackson is eerie and unforgettable », writes A. M. Homes. « It is a place where things are not what they seem; even on a morning that is sunny and clear there is always the threat of darkness looming, of things taking a turn for the worse. » Jackson’s characters – mostly unloved daughters in search of a home, a career, a family of their own – chase what appears to be a harmless dream until, without warning, it turns on its heel to seize them by the throat. We are moved by these characters’ dreams, for they are the dreams of love and acceptance shared by us all. We are shocked when their dreams become nightmares, and terrified by Jackson’s suggestion that there are unseen powers – « demons » both subconscious and supernatural – malevolently conspiring against human happiness.
In this volume Joyce Carol Oates, our leading practitioner of the contemporary Gothic, presents the essential works of Shirley Jackson, the novels and stories that, from the early 1940s through the mid 1960s, wittily remade the genre of psychological horror for an alienated, postwar America. She opens with The Lottery (1949), Jackson’s only collection of short fiction, whose disquieting title story — one of the most widely anthologized tales of the 20th century — has entered American folklore. Also among these early works are « The Daemon Lover », a story Oates praises as « deeper, more mysterious, and more disturbing than « The Lottery »", and « Charles », the hilarious sketch that launched Jackson’s secondary career as a domestic humorist. Here too are Jackson’s masterly short novels The Haunting of Hill House (1959), the tale of an achingly empathetic young woman chosen by a haunted house to be its new tenant, and We Have Always Lived in the Castle (1962), the unrepentant confessions of Miss Merricat Blackwood, a cunning adolescent who has gone to quite unusual lengths to preserve her ideal of family happiness. Rounding out the volume are 21 other stories and sketches that showcase Jackson in all her many modes, and the essay « Biography of a Story », Jackson’s acidly funny account of the public reception of « The Lottery », which provoked more mail from readers of The New Yorker than any contribution before or since.
Avis : J’appréhendais un peu de lire Shirley Jackson mais, étant donné qu’elle est une figure emblématique du gothique, il fallait bien que j’y mette un jour ! Et ce livre a été un choc …
En fait, je pensais que les œuvres de cette auteure seraient difficiles à lire, qu’elles me prendraient beaucoup de temps, qu’elles seraient exigeantes, et, pour tout dire, que je n’aimerais pas. PREJUGE !! Parce que j’ai ADORE The Haunting of Hill House !! D’abord, j’ai aimé le personnage d’Eleanor, et sa façon de rêver constamment. Elle pense en termes de contes de fées, ce qui rend ses rêveries poétiques et agréables à lire : le lecteur a envie d’entrer avec elle dans l’histoire et de rêver un peu lui aussi. Cela lui permet, en quelque sorte, de se construire une identité ; en effet, un thème important du livre est la perte ou l’absence d’identité. Elle n’a personne (qui l’aime et qu’elle aime) et nulle part, elle n’a pas de vie à elle, puisqu’elle s’occupait de sa mère malade avant que celle-ci décède ; cela rend son histoire déjà très triste, mais son excursion à Hill House va en rajouter une couche … En effet, elle est contactée par le Dr. Montague pour vivre quelques jours dans une maison considérée comme hantée : Hill House. Elle rencontre alors trois personnes avec qui elle va vivre, et, pour la première fois, elle pense qu’elle a trouvé sa place quelque part. [SPOILER] En fait, si ce livre est si triste, c’est parce que le rêve d’Eleanor et la réalité sont tellement différents, et que tout ce qu’elle pense vivre n’est en fait qu’une illusion. Donc, quand la maison tente d’atteindre Eleanor, de lui parler, de communiquer avec elle, elle devient euphorique, même si elle a peur, et même si elle ne veut pas être exclue du groupe qu’elle vient de rencontrer. Elle pense qu’elle a enfin trouvé sa place, qu’elle a trouvé un chez-soi. « Journeys end in lovers meeting », « Les voyages se terminent par la rencontre des amoureux » … mais le seul amour d’Eleanor semble être la maison, Hill House. Difficile d’apprécier les personnages secondaires : Luke est un jeune homme égoïste qui aime s’apitoyer sur son sort et séduire des femmes grâce à cela, et Theodora est une femme tellement haineuse ! Elle semble toujours vouloir être le centre d’attention, et n’apprécie pas le fait qu’Eleanor puisse être choisie par la maison. Elle peut sembler adorable, mais elle est surtout hypocrite. Elle est proche d’Eleanor, mais elle est aussi cruelle, et méchante ; elle la rejette, alors que l’héroïne pensait qu’elle l’appréciait. [FIN DU SPOILER] Même si elles semblent très proches, il semble clairement y avoir une sorte de compétition entre les jeunes femmes : Theodora veut être la plus brave, mais elle veut aussi être celle qu’on a envie de protéger.
J’ai adoré l’atmosphère de ce livre, et de Hill House ! C’est très sombre, mais aussi « cosy » dans les pensées d’Eleanor quelques fois. Hill House est perverse, malveillante, la parfaite maison-personnage de cauchemar, et le lecteur frissonne avec les personnages quand quelque chose arrive. La folie n’est pas loin : le comportement d’Eleanor, Luke, Theodora et le Dr. Montague change au fil des pages, ils poussent des rires hystériques, des petits gloussements nerveux, ils se lancent des regards les uns les autres pour vérifier qui a peur et qui garde son sang-froid, ils tentent d’expliquer des choses inexplicables. Le livre est parsemé de manifestations surnaturelles mais, ne vous attendez SURTOUT PAS à une histoire de fantômes ordinaire ; The Haunting of Hill House est plus psychologique, centré sur les pensées et les réactions des personnages, et surtout celles d’Eleanor.
Là, vous vous dites : « Mais où est la section « personnages » ?! » J’en parle dans le spoiler plus haut ; je pense ne pas pouvoir vous parler des personnages sans spoiler des éléments du livre. Il est mieux d’entrer dans The Haunting of Hill House en sachant que 1) Eleanor est une jeune fille perdue et empathique qui arrive dans une maison avec trois inconnus, 2) que ce n’est pas une histoire de fantômes, 3) que la maison est démoniaque ! 4) que c’est TRES gothique, 5) que c’est très très bien écrit !! J’ai beaucoup aimé les procédés qu’emploie Shirley Jackson ici : l’absence d’identité, la maison-personnage, mais aussi une espèce de malédiction, la folie qui apparaît peu à peu, la méfiance, le fait que, d’une certaine façon, Eleanor est un narrateur en lequel le lecteur ne peut pas avoir confiance, l’angoisse qui prend le lecteur et les personnages !
La fin … C’est d’une tristesse !! J’ai besoin d’en parler, alors [SPOILER] Pourquoi Eleanor ne peut-elle pas tout simplement trouver le bonheur ? Bien sûr, la maison l’a choisie parce qu’elle n’a personne vers qui retourner, personne à qui elle est attachée et pas de chez-soi vers lequel revenir ; ce bonheur est malveillant – étant donné que la maison a quand même tenté de la tuer ! – et Eleanor doit quitter Hill House. Mais le docteur ne se rend pas compte que, si elle part, elle meurt : où peut-elle trouver le bonheur excepté auprès de la maison, qui ressemble vraiment au « lover » de la chanson qu’Eleanor ne cesse de chanter ? Mon cœur s’est brisé en mille morceaux. [FIN DU SPOILER]
Donc, un excellent roman gothique, qui présente Eleanor et Hill House, deux êtres qui me hanteront longtemps.
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