Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

The Beginning of the World in the Middle of the Night de Jen Campbell

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 1 décembre 2017 @ 23 h 40 min

Genre : Nouvelle, Fantastique The Beginning of the World in the Middle of the Night

Editeur : Two Roads

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 209

Titre en français : Pas encore traduit !

Synopsis : Stories of family and magic, lost souls and superstition. Spirits in jam jars, mini-apocalypses, animal hearts and side shows.

Mermaids are on display at the local aquarium. A girl runs a coffin hotel on a remote island. And a couple are rewriting the history of the world in the middle of the night.

 

Avis : J’avais très envie de lire ce recueil ; tellement que je l’ai précommandé ! C’est le premier livre pour adultes de l’auteur, et c’est une réussite !

Le premier mot qui me vient à l’esprit quand je pense à ce livre est étrange. Mais dans le bon sens du terme ! Etrange parce que nouveau, parce qu’inédit, parce que je n’ai jamais lu ce genre de nouvelles auparavant. The Beginning of the World in the Middle of the Night peut à la rigueur me faire penser à The Bloody Chamber d’Angela Carter (La compagnie des loups en français), mais simplement parce que leurs histoires ne sont pas conventionnelles, surprennent le lecteur, le forcent à se poser des questions, à remettre en cause ses a priori, ses certitudes. J’ai adoré toutes les nouvelles, excepté une qui ne me semblait pas à la hauteur des autres. Petite remarque avant de commencer à vous parler de chaque nouvelle : j’aime particulièrement le fait que le lecteur soit laissé dans le flou ; il ne comprend pas la situation, ni qui sont les personnages. Tout s’éclaircit au fil de l’histoire, et la fin est toujours surprenante !

La première nouvelle, « Animals », est assez dérangeante. Elle m’a mise très mal à l’aise, et ce pour plusieurs raisons : d’abord, la société dystopique dépeinte ici pourrait être la nôtre sous peu, à cause de l’envie de consommation immédiate, mais surtout à cause du besoin de l’homme de tout maîtriser, surtout les autres. Le lecteur ne comprend pas tout de suite ce que cela implique pour le personnage principal ; il ne comprend pas non plus ce qu’il fait, ni ce qu’il ressent vraiment ; pourtant, peut-être par instinct, le lecteur a peur de cette histoire, et de cet homme étrange. [SPOILER] En gros, c’est un psychopathe : il décide quand même de tuer sa mère parce que sa copine lui a dit qu’il fallait qu’il se détache d’elle ! Comme coupage de cordon, plus brutal, je ne connais pas ! [FIN DU SPOILER] Je me souviens des frissons que j’ai eus en finissant la nouvelle, et en comprenant les conséquences de l’avancée de la science : l’homme peut faire n’importe quoi. Effrayant …

« Jacob » est bien plus mignonne – difficile de ne pas l’être après la première nouvelle. Le lecteur suit ici un petit garçon à travers une de ses lettres. Il pense que quelque chose ne va pas chez sa grande sœur : elle a brusquement changé de comportement, il ne la comprend plus, il pense qu’elle devient quelqu’un d’autre. L’auteur écrit de telle sorte que le lecteur croit au fait que la lettre est bien écrite par un petit garçon. Il fait des remarques que seul un enfant peut faire. Cette lettre est envoyée à quelqu’un qu’il ne connaît pas vraiment, ce qui explique sa maladresse. Cette nouvelle est touchante et donne envie d’aider nous-mêmes Jacob à comprendre le monde qui l’entoure, et ses changements.

La troisième nouvelle, « Plum Pie. Zombie Green. Yellow Bee. Purple Monster.”, m’a donné envie que l’auteur écrive un roman entier sur ce monde !! J’ai été emportée, j’ai eu envie d’en découvrir sur ce monde qui m’a paru fascinant ! Je n’ai pas envie de trop vous en dire, pour vous laisser le plaisir de découvrir par vous-mêmes : sachez juste que nous suivons des enfants qui découvrent que l’une d’entre eux a disparu.

C’est la quatrième nouvelle, « In the Dark », que j’ai moins appréciée. Il n’y avait pas d’éléments fantastiques, même si l’histoire est tout de même un peu étrange. Elle m’a semblé plus réaliste, et donc peut-être, moins vraisemblable – ce qui peut paraître contradictoire, mais quand des éléments fantastiques sont présents, le lecteur accepte qu’une sorte de magie existe dans le monde de l’histoire ; ici, la réalité semblait étrange, mais dans un sens qui ne me semblait pas tout à fait juste. En revanche, j’ai apprécié la réflexion qui ouvre la nouvelle à propos du fait que le cerveau humain est parfois très surprenant.

J’ai été très surprise par « Margaret and Mary and the End of the World” ! Je ne m’attendais pas à tomber sur une réécriture de l’histoire de Marie ! Il était très intéressant de voir l’auteur s’emparer du mythe et en faire quelque chose de moderne, mais aussi quelque chose d’assez perturbant, encore une fois. Jen Campbell n’a pas peur d’aborder les sujets qui fâchent : ici, le parallèle entre Marie et Margaret, ainsi que le parallèle entre Dieu et l’homme qui aura ce « rôle » pour la jeune fille, sont assez choquants. La jeune fille est laissée en pâture à un homme par sa mère en prenant le prétexte de la religion. Selon ce qu’on en fait, elle peut amener à faire n’importe quoi. De plus, l’auteur utilise un tableau pour présenter son histoire, Ecce Ancilla Domini de Dante Gabriel Rossetti, qui a pris sa sœur, Christina Rossetti pour modèle – l’auteure de Goblin Market. L’auteure interprète la peinture de manière assez peu conventionnelle je suppose ; mais je n’ai pas pu m’empêcher de voir exactement la même chose qu’elle. [SPOILER] Qui dit que Marie était heureuse d’être enceinte du fils de Dieu ? Après tout, on ne lui a pas demandé son avis. Et pourquoi l’Ange Gabriel a-t-il les pieds en feu ? [FIN DU SPOILER] Une de mes nouvelles préférées du recueil !

« Little Deaths » m’a également donné envie de lire un roman entier sur le sujet !! J’ai tellement envie d’en savoir plus, de découvrir plus en profondeur ce monde où les fantômes existent, mais viennent de nous !

Ma nouvelle préférée est « The Beginning of the World in the Middle of the Night”, sans hésitation. Je comprends pourquoi Jen Campbell l’a choisie pour titre de tout le recueil ; cette histoire est magnifique. Elle est à la fois belle et triste, elle apporte à la fois des réflexions scientifiques et des réflexions spirituelles. Comme pour les autres nouvelles, le lecteur ne comprend pas tout de suite de quoi il s’agit : la pièce n’est jouée que par deux personnages, Evelyn et Julian, visiblement un couple. Evelyn lance le sujet de conversation, et part dans une espèce de débat philosophique sur le début de l’univers, puis sur le début de leur histoire. Julian répond, [SPOILER] et le lecteur comprend qu’ils ne se souviennent pas du tout de la même chose, comme s’ils avaient vécu dans des univers parallèles, ce qui rejoint le débat précédent. [FIN DU SPOILER] La fin m’a explosé le cœur – larmes, bien sûr.

« Pebbles » est une nouvelle sur la guerre, mais pas seulement sur celle entre nations ; elle traite aussi des guerres quotidiennes, de celles qu’il faut livrer chaque jour, soit parce que l’on n’est pas accepté comme on est, soit parce que l’on est mélancolique de nature, et qu’il faut lutter chaque jour pour ne pas se faire submerger.

La fin de « Aunt Libby’s Coffin Hotel » m’a donné des frissons, comme « Animals », mais d’une façon différente. Ici, le lecteur suit une jeune fille qui doit obéir à sa tante, et donc faire croire qu’elle a un lien avec l’au-delà. Il est possible de sentir sa frustration : elle voudrait cesser de mentir et de faire semblant. Et pauvre chien ! J’ai rarement lu une fin qui m’a donné autant de frissons, vraiment !!

« Sea Devils » est horrible !! Un peu comme « Margaret and Mary and the End of the World », elle traite de la religion, des superstitions, et de ce qu’elles peuvent nous pousser à faire. La fin est affreuse !! Ou comment faire en sorte que les gens réfléchissent à ce qu’ils font, et à ce en quoi ils croient.

« Human Satellites » était étrange, et un aperçu d’un futur effrayant, un peu comme « Animals ». Ingénieux et très bien trouvé, le procédé montre jusqu’où l’homme est capable d’aller, et les débats que l’avancée de la science soulève.

La dernière nouvelle, « Bright White Hearts », se passe dans un aquarium dans lequel se trouve une sirène, et j’ai adoré apprendre tout un tas de choses sur les poissons et autres créatures marines. Pas si heureuse de voir, encore une fois, la stupidité de l’homme en revanche …

 

Donc, ce recueil offre une belle diversité d’histoires, aussi étranges les unes que les autres. Certaines vous feront rire, d’autres réfléchir, d’autres pleurer, et deux vous feront frissonner ! Chapeau à Jen Campbell ! Maintenant, j’en veux plus !!

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