Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour décembre, 2017

Winter d’Ali Smith

Posté : 31 décembre, 2017 @ 3:54 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : Contemporaine Winter

Editeur : Hamish Hamilton

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 322

Titre en français : Pas encore traduit !

Synopsis : Winter. Bleak. Frosty wind, earth as iron, water as stone, so the old song goes. And now Art’s mother is seeing things.

Come to think of it, Art’s seeing things himself.

When four people, strangers and family, converge on a fifteen-bedroom house in Cornwall for Christmas, will there be enough room for everyone?

Winter. It makes things visible. In Ali Smith’s Winter, life-force matches up to the toughest of the seasons. In this second novel in her Seasonal cycle, the follow-up to her sensational Autumn, Smith’s shapeshifting novel casts a warm, wise, merry and uncompromising eye over a post-truth era in a story rooted in history and memory and with a taproot deep in the evergreens, art and love.

 

Avis : J’avais adoré Autumn en octobre, je me suis donc dit que j’allais autant aimé Winter !! Je me suis lancée dans cette lecture persuadée que j’allais adorer …

… et c’est peut-être la raison pour laquelle j’ai moins aimé. J’ai eu du mal à entrer dans la première partie du livre, sans doute à cause d’une espèce de réalisme magique ou de symbolisme auquel je n’ai pas accroché. J’avais eu le même problème avec Autumn, qui commence assez bizarrement, mais qui a su m’emporter ensuite avec la relation entre les personnages, que j’ai adorés (la relation, et les personnages !) Ici, je n’ai pas spécialement apprécié Art et sa mère, et encore moins Charlotte, qui a le mauvais rôle dès le début. Les opinions d’Art et Charlotte sont opposées, ce qui crée des étincelles, et le lecteur ne sait pas de quel côté se placer : Art n’est pas assez, et Charlotte est trop. Je n’ai pas réussi à m’accrocher à un personnage qui m’aurait permis de me lancer dans le livre. Aussi, je ne pouvais pas ressentir quoi que ce soit en lisant la première partie – peut-être de l’indignation quand on voit comment tourne la relation entre Art et Charlotte, mais, pas grand-chose de plus. Et pour que j’aime un livre, il faut qu’il me procure des émotions, il faut que je sois dedans, avec les personnages, il faut que je vive l’histoire. Les seuls livres qui « ont le droit » de passer outre sont les livres qui ne sont pas censés procurer de l’émotion, genre les non-fictions scientifiques, ou les encyclopédies, etc. Par exemple, je suis complètement passée à côté de l’histoire de la tête flottante. Peut-être n’était-ce aussi pas le bon moment pour moi. Je ne suis vraiment entrée dans le livre qu’à peu près à la moitié, et j’ai largement préféré la deuxième partie du livre : je me suis retrouvée dans les opinions des personnages et dans leurs attitudes, notamment celles de Lux et Iris. Je les ai beaucoup appréciées ! Elles sont plus positives, plus réactives, elles pensent autrement. Winter est aussi un livre qui traite de l’actualité, et donc un livre assez triste. L’auteur traite de la politique au Royaume-Uni, notamment celle du protectionnisme mise en place par Teresa May – qui est citée au début du livre pour avoir dit que si l’on se pense un citoyen du monde, on est un citoyen de nulle part … -, ainsi que de la question des migrants, de l’homme qui devient « égoïste », et qui décide de ne pas tendre la main à celui qui en a besoin, ou qui juge sans chercher à comprendre. L’auteur nous met aussi en face de notre hypocrisie, de notre manque de réaction, tout en n’étant jamais moralisatrice ou dure ; elle se place ainsi aux antipodes de Charlotte, notamment avec Iris, qui reste toujours calme, même en expliquant des choses qui lui tiennent à cœur, même lorsqu’elle pourrait s’énerver contre sa sœur qui ne fait aucun effort. J’ai adoré ces parties, et cette façon de faire entrer son histoire dans l’Histoire ; mais l’échec de la première partie ne me permet pas de faire de ce livre un de mes préférés. J’ai même eu du mal avec les flashbacks alors qu’habituellement, ça ne me dérange pas du tout !!

Concernant les personnages, comme je l’ai dit plus haut, je n’ai pas réussi à apprécier Art et sa mère. Arthur est un homme qui écrit un blog sur la nature appelé « Art in Nature ». Il prépare à l’avance ce qu’il va dire, et note dans un carnet tout ce qui peut lui servir – pas du tout spontané donc ! Sa vie tombe en morceaux quand il se dispute violemment avec Charlotte, et qu’elle décide de se venger de ce qu’il lui a fait. Il se coupe alors du monde, le temps de passer Noël avec sa mère à Cornwall. J’ai trouvé qu’Arthur était un personnage assez faible, notamment parce qu’il tente de se convaincre qu’il peut rester neutre politiquement, qu’il peut ne pas prendre de parti. Je n’avais aucun atome crochu avec lui, tout comme avec sa mère, Sophia. Elle m’a paru revêche et aigrie, et même si elle finit par évoluer, et qu’on se rend peu à peu compte que ce n’est sans doute qu’une façade, je n’ai pas réussi à l’aimer. Elle ne cesse de rabaisser sa sœur, et je n’ai pas vraiment compris pourquoi. Elle pense tout savoir, alors qu’on lui prouve à de nombreuses reprises qu’il y a des choses qu’elle ne sait pas, ou qu’elle n’a pas perçues au moment où c’est arrivé. Elle fait aussi un mystère du père d’Arthur, mais je n’ai pas compris l’intérêt ; elle ne veut pas que le passé du père soit un fardeau pour le fils, mais Arthur ne connaît pas son père, ni celui qui passe pour tel, et c’est clairement un vide dans sa vie. Elle m’a aussi un peu agacée. Je lui ai largement préféré sa sœur, Iris. Elle paraît déterminée, sûre d’elle, et elle ne parle pas pour ne rien dire. Bien plus sympathique que Sophia, elle se rappelle des moments passés avec sa famille avec amour, et ne s’énerve jamais, même quand elle est insultée par sa petite sœur. Militante, elle travaille en Grèce pour tenter d’aider les migrants qui fuient leur pays. Elle tente alors d’expliquer son point de vue à Sophia, qui a l’air de s’en fiche d’une puissance !!! J’ai aussi beaucoup aimé Lux, qui a une vision totalement différente de la vie. Sa façon de réagir est rafraîchissante, et elle permet à l’auteur de montrer qu’un étranger en Angleterre peut être plus cultivé, plus humain, qu’un Anglais sur son propre pays et sa propre culture. En effet, elle en connaît plus sur Shakespeare (par exemple) qu’Art et sa mère, et ne se plaint pas une seconde de sa situation, dix fois pire que celle d’Arthur. Elle est aussi un peu mystérieuse : le lecteur et les autres personnages ne savent pas si le nom qu’elle donne est le vrai ; elle pourrait être n’importe qui, venir de n’importe où et, en quelque sorte, cela ne compte pas, parce qu’elle est ici. Mais la société la rattrape, bien sûr, et, comme elle est étrangère, elle a peur de devoir quitter l’Angleterre, un pays pour lequel elle a abandonné sa terre natale. Elle représente la situation des migrants, en quelque sorte, et elle permet à Arthur de se rendre compte de ce qui se passe dans le monde.

La fin est écrite au futur, ce qui laisse douter le lecteur que tout arrive vraiment. Noël est terminé, et Arthur se retrouve entre Sophia et Iris, un intermédiaire qui se permet alors de les bousculer avec des questions parfois existentielles. Il a évolué, heureusement, mais un peu tard peut-être. La seule chose qu’il me manque : un aperçu de la vie de Lux. J’ai hâte de lire le prochain tome dans la série d’Ali Smith ; j’espère que j’aimerais plus que Winter !

 

Donc, un très bon livre, mais qui ne peut pas être un coup de cœur à cause d’une partie des personnages, que je n’ai pas vraiment apprécié, et de la première partie, dans laquelle je n’ai pas su entrer. Une deuxième partie bien meilleure, qui introduit deux nouveaux personnages que j’ai beaucoup aimés, et qui fait réfléchir le lecteur sur l’actualité.

Rebecca de Daphné du Maurier

Posté : 27 décembre, 2017 @ 10:49 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Classique

Rebecca Editeur : Avon 

Année de sortie : 1971

Nombre de pages : 380

Titre en français : Rebecca

Synopsis : « Last night I dreamt I went to Manderley again. » So the second Mrs. Maxim de Winter remembered the chilling events that led her down the turning drive past the beeches, white and naked, to the isolated gray stone manse on the windswept Cornish coast. With a husband she barely knew, the young bride arrived at this immense estate, only to be inexorably drawn into the life of the first Mrs. de Winter, the beautiful Rebecca, dead but never forgotten … her suite of rooms never touched, her clothes ready to be worn, her servant – the sinister Mrs. Danvers – still loyal. And as en eerie presentiment of evil tightened around her heart, the second Mrs. de Winter began her search for the real fate of Rebecca … for the secrets of Manderley.

 

Avis : Une petite relecture de Rebecca pour le mémoire, et donc un petit update pour vous !

J’ai compris en relisant ce livre, pourquoi il n’avait pas été un coup de cœur la première fois, et pourquoi il est resté avec moi pour autant. En fait, c’est à Manderley que je pensais souvent, son ambiance, son atmosphère, son mystère mais aussi son côté cosy avec les passages dans la bibliothèque au coin du feu, son potentiel aussi, dans les pensées de la narratrice. J’ai envie d’un chez-soi de ce genre, d’un endroit qui peut à la fois être merveilleux et terrible. Je cherche Manderley partout maintenant – ce qui fait un peu folle, mais tant pis !

A la première lecture, Rebecca ne pouvait pas être un coup de cœur à cause de la narratrice : elle ne réagit pas, elle imagine des choses qui ne sont pas vraies, elle ne prend jamais sa vie en main, elle se laisse dicter sa conduite constamment, elle a peur des gens. Elle veut être quelqu’un n’est pas, ce qui l’empêche de devenir qui elle est – un peu étrange, mais c’est mon ressenti. Heureusement, elle évolue, et je m’en suis rendue en relisant le livre. Elle n’est pas pour autant devenu un de mes personnages préférés : elle est exclusivement concentrée sur son amour pour Maxim, et elle est assez agaçante en fin de compte. Elle s’est mise toute seule dans une situation catastrophique au lieu d’oser communiquer. Et elle épouse quand même un homme qu’elle ne connaît pas, et dont elle ne connaît pas la vie non plus ! Etrangement, si elle m’agace autant, c’est parce que je sens que je lui ressemble beaucoup, et je ne préfèrerai pas !

Je me souviens qu’à la première lecture, la révélation du secret m’avait laissée bouche bée ; je ne m’y attendais vraiment pas, et ce grâce à un procédé que j’adore [SPOILER] le narrateur dans lequel le lecteur ne peut pas avoir confiance ! Je croyais vraiment ce que racontait la narratrice, même si elle m’agaçait à toujours se dévaloriser – et encore plus à la deuxième lecture, maintenant que je sais qu’elle a tout imaginé ! J’ai fini par me dire qu’elle avait peut-être raison. Je pense que j’aime ce procédé grâce à Daphné du Maurier, je ne me souviens pas l’avoir recherché avant dans d’autres livres. Rebecca est tout simplement un cauchemar, mais elle est intelligente jusqu’à la fin ! [FIN DU SPOILER] Aussi, je ne me souvenais pas de tous les détails, c’était une joie pour moi de les redécouvrir !

J’étais encore triste, à la fin, de quitter Manderley [SPOILER] et de comprendre que la narratrice avait raison au début du roman : elle annonce la destruction de la maison, et je n’avais pas fait attention à cela à la première lecture : « Manderley is no more ». C’est peut-être pour cela aussi que je la recherche partout ! [FIN DU SPOILER]

 

Ce livre fait définitivement partie de mes préférés, et je pense encore le relire avec plaisir !

Le Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry

Posté : 22 décembre, 2017 @ 4:19 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Classique, Jeunesse Le Petit Prince

Editeur : Gallimard

Année de sortie : 1993 [1946]

Nombre de pages : 117

Synopsis : Le Petit Prince est paru pour la première fois il y a cinquante ans aux Etats-Unis. Quelques mois plus tard, son auteur, Antoine de Saint-Exupéry, disparaissait avec son avion en Méditerranée au cours d’une mission de guerre.

« J’aurais l’air d’être mort et ce ne sera pas vrai », nous avait prédit l’enfant blond.

Pour tous ceux qui aiment ses livres, Antoine de Saint-Exupéry n’est pas mort et Le Petit Prince est plus vivant que jamais avec ses millions d’exemplaires et ses quelque quatre-vingts traductions.

Voici donc un album de fête pour cette double commémoration : un album enrichi de la fabuleuse histoire de la naissance du Petit Prince. Car tout est fabuleux dans le monde du Petit Prince : aux Etats-Unis, on a retrouvé quelques dessins originaux qu’Antoine de Saint-Exupéry a préféré écarter au moment de remettre son manuscrit à son éditeur. Ils sont pour la première fois publiés ici. Ils donnent au livre une coloration inattendue, qui en accentue la portée symbolique.

 

Avis : C’est le quatrième tome du Maître des livres qui m’a enfin donné assez envie de lire ce livre pour que je l’emprunte ou l’achète ! 

Etrangement, je ne m’attendais pas à aimer autant ; en fait, je ne sais pas trop à quoi je m’attendais, mais certainement pas à être touchée à ce point ! Je n’ai pas lu l’introduction sur l’histoire du Petit Prince ; je voulais simplement m’immerger dans l’histoire. Et quelle histoire … Le narrateur se retrouve coincé dans le désert, et c’est là qu’il rencontre un petit garçon blond, le petit Prince. Celui-ci est très mystérieux et ne lui raconte rien quand il lui pose des questions ; en revanche, il ne cesse de répéter les siennes si on ne lui répond pas ! Le narrateur et le lecteur découvrent peu à peu l’histoire du petit garçon ; il nous donne de telles leçons !! On sent bien aussi que tout n’est que symboles, et que c’est à nous d’interpréter comme nous l’entendons. C’est aussi cela qui m’a fait adorer ce livre : cette fleur, ce renard, ils peuvent représenter tant de choses différentes ; et, en même temps, c’est toujours l’amour, qu’il soit entre amants ou entre amis, qui est mis en avant, qui est le plus important. Tant de citations seraient à conserver de ce livre : « L’essentiel est invisible pour les yeux », « C’est le temps que tu as perdu pour ta rose qui fait ta rose si importante », « Tu parles comme les grandes personnes« . Ah mon Dieu, je voudrais ne jamais parler comme les grandes personnes après la lecture de ce livre !! Le Petit Prince nous apprend à ouvrir les yeux, nous rappelle ce qui est vraiment important quand nous nous laissons submerger par nos problèmes de grandes personnes, il nous permet de penser plus grand, plus beau, plus poétique. La fin m’a brisé le cœur : [SPOILER] la perte est tellement grande, et pourtant, le petit prince laisse de l’espoir au narrateur grâce aux souvenirs qu’ils ont créés ensemble. [FIN DU SPOILER] Même quand l’ami, le proche, est parti, il nous reste les moments heureux, les souvenirs, les échos, les signes, ce qui nous rend heureux malgré le malheur d’avoir perdu. Maintenant, il me faut absolument ma propre édition pour la lire, la relire, et la rerelire, et la lire ensuite à mes enfants, et mes petits-enfants, tous les enfants et adultes de la Terre !! 

 

Donc, un chef-d’œuvre, tout simplement !

Fireworks d’Angela Carter

Posté : 21 décembre, 2017 @ 5:17 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, Fantastique Fireworks

Editeur : Vintage Classics

Année de sortie : 2017

Nombre de pages : 133

Titre en français : Feux d’artifice

Synopsis : ‘Fizzing with allegory, symbolism and surprises’ The Times

‘I started to write short pieces when I was living in a room too small to write a novel in.’ So says Angela Carter of this collection, written during a period living in Tokyo. These exotic, sensuous stories represent Carter’s first major achievement in the short story form. Lush imaginary forests, a murderous puppet show and an expressionistic vision of Japan: each one instantly conjures an atmosphere, dark and luminous in turn, and from the recognisably daring imagination of one of the great twentieth-century stylists.

 

Avis : Deuxième livre pour le mémoire !

J’ai récemment lu The Bloody Chamber (La compagnie des loups) d’Angela Carter, et j’ai ADORE ! J’ai aimé sa façon de reprendre les contes de fées pour les réécrire de manière plus adulte, plus brutale, tout en conservant une écriture poétique. Elle est capable de vous écrire une petite histoire tout en poésie, puis elle lâche une phrase bien crue à laquelle le lecteur ne s’attend pas du tout, et il reste bouche bée. Fireworks (Feux d’artifice) n’a rien à voir, dans le sens où Angela Carter ne reprend pas vraiment de contes de fées, même si le recueil comporte quelques réécritures, comme le mythe d’Adam et Eve ou l’histoire de Robinson Crusoé. Ici, elle mêle nouvelles réalistes et nouvelles fantastiques ; on pourrait penser que cela va donner un recueil « fouillis », mais j’ai plutôt trouvé qu’il était diversifié. Certaines histoires sont très étranges - cela m’a d’ailleurs fait penser à The Beginning of the World in the Middle of the Night de Jen Campbell ! Mes préférées sont « The Loves of Lady Purple » et « Master » ! Encore une fois, j’ai adoré l’écriture d’Angela Carter, toujours aussi poétique que dans le premier recueil que j’ai lu, même si elle appelle toujours un chat un chat ! Son langage peut alors paraître cru, en comparaison de certaines images qu’elle emploie. J’ai adoré qu’elle développe le thème du miroir, je le trouve fascinant ! Elle traite aussi des femmes, de leur relation avec les hommes, toujours violentes visiblement, ou au moins malheureuses.

La première nouvelle, « A Souvenir of Japan« , est une des trois nouvelles réalistes, avec « The Smile of Winter » et « Flesh and the Mirror« . Elles se situent toutes au Japon, et j’ai eu du mal, en les lisant, à faire une distinction claire entre l’auteur et la narratrice ; en effet, Angela Carter a vécu là-bas alors qu’elle écrivait ce recueil. Elles traitent toutes de l’amour, de l’apparence, de la société japonaise ; j’ai appris de nouvelles choses. L’apparence est si importante qu’elle finit par remplacer la réalité, même en amour ; cela m’a semblé très triste. La narratrice ne sait plus vraiment si ses réactions sont naturelles ou sur-jouées, si elle joue un rôle ou si elle est elle-même. Difficile d’avoir une relation stable dans ce cas-là. Les réflexions que l’auteur met en avant sont très intéressantes, notamment dans « Flesh and the Mirror » qui traite du double, de l’apparence qu’on se choisit, même pour soi-même, au point de nous duper nous-mêmes.

« The Executioner’s Beautiful Daughter » était si cruel !! Il était assez affreux de lire une histoire concernant cette société primitive, cette communauté rejetée parce qu’elle pratiquait l’inceste ; lire leur folie, leur ignorance, leur espèce de non-existence. Et découvrir ce que fait le bourreau pendant ce temps-là …

« The Loves of Lady Purple » était une sorte de contes de fées pour adultes, si on peut dire. Le lecteur suit un vieil homme qui continue à faire des spectacles de marionnettes malgré son âge, et le déclin de ses forces. Il est particulièrement attaché à Lady Purple, une marionnette dont l’histoire est très intrigante. J’ai adoré la fin, et je me doutais que cela arriverait !! Elle est à la fois cruelle, et « logique » [SPOILER] j’ai aimé que l’histoire se répète, et que la femme-marionnette ne sache pas si elle était auparavant une femme, ou si le personnage de bois reproduit juste l’histoire qu’il a appris ! [FIN DU SPOILER]

« Penetrating to the Heart of the Forest » est une belle histoire qui nous fait réfléchir à notre façon de voir la nature et l’enfance laissée libre. J’ai aimé les images de la forêt luxuriante, l’évolution des personnages, qui découvrent leur sexualité. Une de mes préférées aussi !

La meilleure est sans doute « Master« . A la fois brutale, cruelle et satisfaite [SPOILER] par la revanche de la fin, et par la transformation qui s’opère [FIN DU SPOILER], cette nouvelle m’a fait penser à une des réécritures de La Belle et la Bête dans The Bloody Chamber. C’est vraiment une histoire réussie !!! Le lecteur déteste le personnage principal, il veut le faire payer le mal qu’il fait autour de lui ; il tente de vaincre la nature en partant en Amazonie. Cette nouvelle interroge le lecteur, à nouveau, sur les relations homme/femme, ce que les femmes sont capables de faire.

Vient ensuite « Reflections« , sans doute la nouvelle la plus étrange. J’ai eu un peu de mal à entrer dans l’histoire, mais j’ai aimé la fin. Cela m’a aussi un peu fait penser à la mythologie grecque, j’ai aimé l’idée de ce lien entre deux mondes, et de cet équilibre à préserver.

La dernière histoire, « Elegy for a Freelance« , traite du terrorisme. J’étais un peu mal à l’aise tout le long ; l’auteur est morte en 1992, elle ne pouvait donc pas savoir comment il se développerait de nos jours. J’ai eu du mal à apprécier cette nouvelle, honnêtement !

 

Donc, j’ai beaucoup aimé cette collection, elle est proche du coup de cœur !!  

The Woman in Black de Susan Hill

Posté : 19 décembre, 2017 @ 5:13 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Classique, Horreur The Woman in Black

Editeur : Vintage Classics

Année de sortie : 2015

Nombre de pages : 207

Titre en français : La dame en noir

Synopsis : ‘I did not believe in ghosts’

Few attend Mrs Alice Drablow’s funeral, and not one blood relative amongst them. There are undertakers with shovels, a local official who would rather be anywhere else, and one Mr. Arthur Kipps, solicitor from London. He is to spend the night in Eel Marsh House, the place where the old recluse died amidst a sinking swamp, a blinding fog and a baleful mystery about which the townsfolk refuse to speak.

Young Mr. Kipps expects a boring evening alone sorting out paperwork and searching for Mrs Drablow’s will. But when the high tide pens him in, what he finds – or rather what finds him – is something else entirely.

 

Avis : J’ai un petit tas de livres gothiques à lire « en urgence » pour le mémoire, alors voici ma première lecture !

Je n’avais pas regardé les notes de ce livre avant de le lire, mais je constate qu’elles sont assez basses comparées à celle que je lui ai mise : c’est un nouveau coup de cœur ! Le mois de décembre est vraiment un très bon mois, si l’on excepte deux livres ! J’ai été complètement transportée par The Woman in Black ! J’étais avec le narrateur dans la maison lugubre d’Alice Drablow, j’essayais de comprendre avec lui le mystère qui entoure la maison ! Bon, c’est vrai, il est assez facile à deviner, mais ce n’est pas le principal intérêt du livre : ce qui fait de ce roman un chef-d’œuvre pour moi, c’est l’ambiance pesante que l’auteur parvient à faire régner en un peu plus de 200 pages ! C’est sombre, c’est étrange, de cette étrangeté familière que Freud a appelé « l’Inquiétante Etrangeté » : ce qui fait peur au narrateur, c’est de se retrouver face à des bruits familiers qui seraient anodins à la lumière du jour. Ce sont les circonstances qui font que le personnage est terrifié, et que le lecteur frissonne avec lui : la nuit, une atmosphère lugubre, pendant une tempête, avec le marécage non loin, les cris d’un enfant – ou est-ce que c’est juste un effet du vent ? -, et une présence dans la maison. L’explication du mystère est très triste, et correspond à une sorte de secret que les habitants de Crythin Gifford ne veulent pas révéler à Arthur Kipps, le narrateur. Quand un enfant est impliqué, c’est toujours une histoire qui va briser le cœur du lecteur, tout en lui mettant la chair de poule. J’ai trouvé des ressemblances entre The Woman in Black et deux autres de mes romans préférés : Bleak House, notamment avec la brume qui entoure Londres, mais aussi la demeure d’Alice Drablow, et Dracula, avec le personnage du clerc de notaire qui part pour un voyage vers l’inconnu, et qui se retrouve face à quelque chose de surnaturel et de malveillant. Enfin, j’ai aimé la façon dont l’histoire est racontée ! Le narrateur commence un soir de Noël, alors que ses beaux-enfants lui demandent une histoire de fantômes. Incapable de la raconter, il se rend compte que, pour s’en débarrasser définitivement, il doit l’écrire, d’où le livre que l’on tient entre les mains ! J’aime ce procédé de mise en abîme !

Ainsi, Arthur Kipps, le narrateur, ressemble-t-il fortement à Jonathan Harker. Rationnel, il ne croit pas aux fantômes et aux superstitions, et trouve ridicules les peurs liées à la maison Drablow des habitants de la petite ville dans laquelle il se retrouve. Persuadé d’avoir raison, il écarte leurs avertissements d’un geste de la main et décide d’affronter la maison, et son occupant. J’ai beaucoup aimé Arthur, qui évolue au fil de l’histoire. J’ai trouvé qu’il passait par les mêmes états que Jonathan dans le château de Dracula : d’abord le déni, il tente de se convaincre qu’il a dû mal voir : puis le bord de la folie, il ne comprend pas comment c’est possible, et il est terrifié ; enfin, l’affrontement, il veut comprendre et, en quelque sorte, remettre le fantôme à sa place. Il passe par une dernière phase [SPOILER] celle de la fuite, puisqu’il sent qu’il va devenir fou ou mourir s’il retourne à Eel Marsh House ! [FIN DU SPOILER] La dame en noir, quant à elle, fait un très bon fantôme !! Elle est effrayante au possible, ne prononce pas une parole, mais son expression suffit à glacer de terreur le narrateur et le lecteur. Une fois que l’on comprend qui elle est, une aura de tristesse encore plus pesante l’entoure. [SPOILER] Elle n’est là que pour se venger de la mort de son fils, en tuant les enfants d’autres personnes, et notamment de ceux qui la voient. Elle a donc une mort aussi triste que sa vie ! [FIN DU SPOILER] D’autres personnages apparaissent comme Mr. Daily, agréable mais mystérieux, qui, comme tous les autres habitants, en sait plus qu’il n’en dit, Keckwick, assez étrange lui aussi, très taciturne, Stella, que l’on ne voit pas beaucoup, mais qui semble rayonnante de vie, et qui est l’équivalent de Mina pour Jonathan, sa seule raison de rester en vie, sain d’esprit. Petite mention spéciale pour Spider, que j’ai beaucoup aimé, qui apporte du réconfort au narrateur comme au lecteur !

La fin est AFFREUSE !! Je m’en doutais, mais je tentais de me convaincre que ça ne pouvait pas arriver ! De plus, [SPOILER] il semblerait que raconter son histoire est drainé le narrateur de ses forces ; le lecteur peut deviner qu’il va mourir juste après avoir fini d’écrire ! [FIN DU SPOILER] On sent toute la difficulté de raconter dans la façon abrupte dont l’histoire se termine.

 

Donc, j’ai adoré The Woman in Black, un nouveau préféré, une histoire de fantômes « efficace » en un peu plus de 200 pages ; le livre se lit vite, mais il ne s’oublie pas aussi rapidement !

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