Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

The Scarlet Letter de Nathaniel Hawthorne

Classé dans : Avis littéraires — 22 novembre 2017 @ 13 h 39 min

Genre : Classique The Scarlet Letter

Editeur : Penguin English Library

Année de sortie  : 2012 [1850]

Nombre de pages : 250

Titre en français : La lettre écarlate

Synopsis : Fiercely romantic and hugely influential, The Scarlet Letter is the tale of Hester Prynne, imprisoned, publicly shamed and forced to wear a scarlet ‘A’ for committing adultery and bearing an illegitimate child, Pearl. In their small Puritan village, Hester and her daughter struggle to survive. But in this searing study of the tension between private and public existence, Hester Prynnne’s inner strength and quiet dignity make her one of the first great heroines of American fiction.

 

Avis : Encore de la fiction ! Définitivement, je n’aurais pas été capable de ne lire que de la non-fiction pendant un mois entier !

The Scarlet Letter a été publié avec la mention de « romance », exactement comme The House of the Seven Gables, du même auteur, que j’ai lu le mois dernier, et que je n’ai pas aimé du tout. Autant vous dire que j’avais un peu peur de ne pas apprécier non plus ce roman, qui est généralement plus connu et plus aimé. Eh bien, j’avais tort ; d’un roman à un autre, notre opinion sur un auteur peut changer. En effet, ici, je n’ai pas ressenti d’ennui, et j’ai plutôt aimé le style d’écriture : dès le début, avec sa mention du buisson de roses, l’auteur m’a charmée. Par la suite, j’ai beaucoup aimé sa façon de faire s’exprimer les personnages, l’espèce de poésie que l’on retrouve un peu partout, ainsi que l’ironie et la légère moquerie que le lecteur ressent quand le narrateur parle des notables, des gouverneurs, ou de la religion parfois. Pourtant, généralement, dans le livre, la religion est bien vue, et même mise en avant ; en effet, si Hester Prynne doit porter la lettre écarlate, c’est pour se repentir de son péché, l’adultère – péché qui n’est jamais nommé une seule fois dans tout le roman. Il est donc fréquent que le narrateur se laisse aller à nous parler de péché, de rédemption, de morale ; mais aussi d’hypocrisie, d’apparence, de contradictions. Les habitants du village veulent qu’Hester paie pour son crime, veulent la voir publiquement humiliée – elle doit porter la lettre écarlate jusqu’à la fin de sa vie -, mais, au fil du temps, ils se prennent d’affection pour elle, et la lettre prend une autre signification : son A peut toujours vouloir dire « Adultery », mais aussi « Able », et même est mentionné le nom d’ »Angel ». Pourtant, la lettre reste une punition : Hester vit recluse, même si elle participe par son commerce à la vie du village ; elle est regardée de haut par tous comme une pécheresse ; certains pensent même qu’elle aurait dû être condamnée à mort pour avoir trompé son mari ! En effet, le lecteur est plongé dans la période du récit, chargée de puritanisme sévère : on punit facilement de mort, la clémence est peu pratiquée, le péché est mis en avant pour dissuader les autres – ce qui ne fonctionne absolument pas, vu le nombre de pêcheurs qu’Hester voit se révéler au grand jour à cause de sa lettre ! Ce puritanisme s’accompagne d’hypocrisie, ce qui permet au roman de ne pas tomber dans le moralisme : en effet, les habitants qui punissent Hester pêchent eux aussi, mais dans l’ombre. L’apparence, même dans la religion, revêt une plus grande importance que la réalité [SPOILER] ainsi, l’homme avec qui Hester a pêché, Mr. Dimmesdale, est considéré comme un ange par absolument tout le village, y compris Hester, alors qu’il se considère comme le pire pêcheur qui soit, parce qu’il n’a pas la force d’être humilié publiquement comme sa compagne, parce qu’il ajoute au péché de l’adultère le péché du mensonge, et prêche la parole de Dieu quand il ne s’en sait pas digne. Cette question de l’apparence de bonté alors que la réalité est bien plus sombre se retrouve aussi dans The Accursed de Joyce Carol Oates. [FIN DU SPOILER] Des nuances fantastiques apparaissent dans le roman, notamment avec l’allusion aux sorcières de Salem, la présence du diable dans la forêt proche du village, les effets de la lettre écarlate sur Hester, avec la petite Pearl, une enfant douée d’une prescience étrange, les effets de la culpabilité et de la vengeance sur certains personnages aussi : [SPOILER] la lettre écarlate marquée au fer rouge sur la peau de Mr. Dimmesdale et la disparition, tel un fantôme vengeur, de Roger Chillingworth. [FIN DU SPOILER] Enfin, j’ai trouvé quelques réflexions quasi féministes quand l’auteur parle de la place de la femme dans la société ! Cette impression est renforcée par le personnage d’Hester Prynne !

En effet, Hester Prynne n’est pas la femme habituelle que l’on retrouve dans les romans classiques ; elle n’est pas soumise à sa condition, elle n’est pas résignée, ni silencieuse. Quand on l’humilie publiquement pour son péché, elle fait montre de sa force et de son esprit de rébellion en souriant à la foule ; elle fait tout ce qu’elle peut pour montrer qu’elle n’a pas honte, qu’elle n’est pas brisée. Bien sûr, elle est honteuse, elle se sent humiliée, marginalisée ; mais sa force est telle qu’elle le cache, continue à vivre, élève sa fille, et devient une figure importante dans ce village qui l’a pourtant dédaignée. Ce personnage est tout simplement impressionnant ; et, comparé à elle, son amant est bien faible ! Elle est capable de supporter leur faute pour deux, elle est capable de braver les conventions pour sa fille et celui qu’elle aime, elle est capable d’habiller Pearl de telle sorte que celle-ci devient l’incarnation vivante de la lettre écarlate ! (ce qu’elle est en fait déjà puisqu’elle est le résultat de son péché) Plus je parle d’elle, et plus je me rends compte que j’ai adoré ce personnage, et qu’Hester Prynne fait son chemin dans la liste de mes personnages préférés ! Sa petite fille, Pearl, est également un personnage que j’ai beaucoup apprécié. Mélange de fée, de démon et d’elfe, elle est sauvage, et très étrange. On dirait qu’elle est douée de pouvoirs particuliers qui lui permettent de reconnaître les autres personnages pour ce qu’ils sont vraiment ; aussi, elle peut paraître très cruelle avec sa mère, ce qui fait d’elle un châtiment autant qu’un don. Roger Chillingworth est tout à fait détestable, mais le lecteur ressent aussi de la pitié pour lui en comprenant pourquoi il en est arrivé là. Mr. Dimmesdale semble la bonté incarnée, et sa souffrance fait peine à voir. [SPOILER] Qu’est-ce qu’il est faible comparé à Hester ! Il ne semble retrouver de la force qu’en sa présence, et au moment de sa mort, où il se confesse enfin devant tout le village, reconnaît qu’il est l’amant d’Hester et le père de Pearl. Il était évident qu’il ne quitterait pas le village, comme cela avait été organisé par Hester. Roger, lui, semble le démon fait pour tourmenter Arthur ; son aspect physique prend la forme d’un vieil être décrépi, rongé par la vengeance, incapable de redevenir l’érudit et l’humain qu’il était. [FIN DU SPOILER] D’autres personnages se trouvent dans le roman, mais ils ont moins d’importance, sont plus en arrière-plan.

La fin était un peu évidente ; j’ai aimé découvrir ce qu’il advient d’Hester, mais surtout de Pearl. J’ai aussi aimé que leur histoire se transforme en légende et soit chargée de magie. Les dernières lignes m’ont fait chaud au cœur, et rappelle ce qu’a dit Hester à son amant avant qu’il meurt : « Shall we not meet again? [...] Shall we not spend our immortal life together? »

 

Donc, un excellent classique, très proche du coup de cœur !  

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