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I found myself in Wonderland.

Autumn d’Ali Smith

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 12 octobre 2017 @ 22 h 38 min

Genre : ContemporaineAutumn

Editeur : Hamish Hamilton

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 260

Titre en français : Pas encore traduit

Synopsis : Autumn. Season of mists and mellow fruitfulness. That’s what it felt like for Keats in 1819.

How about Autumn 2016?

Daniel is a century old. Elisabeth, born in 1984, has her eye on the future. The United Kingdom is in pieces, divided by a historic once-in-a-generation summer.

Love is won, love is lost. Hope is hand in hand with hopelessness. The seasons roll round, as ever.

Ali Smith’s new novel is a meditation on a world growing ever more bordered and exclusive, on what richness and worth are, on what harvest means. This first in as seasonal quartet casts an eye over our own time. Who are we? What are we made of? Shakespearean jeu d’esprit, Keatsian melancholy, the sheer bright energy of 1960s Pop art: the centuries cast their eyes over our own history-making.

Here’s where we’re living. Here’s time at its most contemporaneous and its most cyclic.

From the imagination of the peerless Ali Smith comes a shape-shifting series, wide-ranging in timescale and light-footed through histories, and a story about ageing and time and love and stories themselves.

Here comes Autumn.

 

Avis : Dernièrement, je me suis fixée un petit objectif de dernière minute : je voudrais lire cinq auteures bien particulières avant la fin de l’année. Ces auteures sont Ali Smith, Angela Carter, Jeanette Winterson, Margaret Atwood et Jen Campbell. J’ai déjà lu au moins une œuvre de deux d’entre elles cette année, et Autumn me permet d’en découvrir une troisième ! Reste donc Angela Carter et Jeanette Winterson !

Je savais qu’Autumn traitait de l’actualité de l’automne 2016, c’est-à-dire le Brexit, la façon de traiter les migrants, la façon dont le monde est parti en vrille petit à petit jusqu’à ce que ce soit devenu assez énorme pour qu’on ouvre brutalement les yeux. Mais je ne pensais pas que cela allait me toucher à ce point, que j’allais ressentir tout ce panel d’émotions ! D’abord, de la confusion. Le début m’a semblé très bizarre et, sachant que j’ai toujours un peu de mal à entrer dans un livre, je me suis dit que ça partait mal. Mais le lecteur comprend vite pourquoi cette scène est étrange ; elle en devient touchante par la suite. Puis, de la compassion quand Elisabeth se retrouve face à une administration qui se fiche d’elle, et qui lui oppose des barrières ridicules. Chacun a ressenti cette colère sourde face à un administrateur qui vous met des bâtons dans les roues pour des raisons complètement absurdes. Il y a tellement mieux à faire que d’attendre des heures pour finalement se voir envoyer sur les roses ! Puis est venu un mélange d’indignation et de tristesse face à l’actualité : le rejet des migrants, l’essor du racisme, la situation précaire de ceux qui vivent en Angleterre mais qui ne sont pas Anglais quand le Royaume-Uni décide de sortir de l’Union Européenne. Elisabeth vit l’événement à l’intérieur du pays, et le lecteur est complètement impliqué dans le livre ; il se sent concerné, soit parce qu’il a vécu l’événement au Royaume-Uni même, soit parce que, même en ne vivant pas là-bas, il a été affecté par ce qui est arrivé. Il se rend compte que le pays est complètement divisé, que les gens deviennent un peu fous, qu’ils décident de montrer leur opinion sur les murs de la ville, que la ville elle-même prend des mesures qui font se dresser les cheveux sur la tête. Tristesse aussi face à l’histoire des personnages, Elisabeth et Daniel : le temps et l’amour perdus, les regrets. J’ai adoré la relation entre eux, j’ai adoré la façon qu’a Daniel d’éduquer Elisabeth, de lui permettre d’appréhender le monde différemment, de lui faire découvrir le pouvoir de l’imagination, de lui faire comprendre que ce n’est pas tant la vérité qui compte dans une histoire, mais l’histoire même, l’effet qu’elle a, ce qu’elle peut nous dire, l’importance qu’elle prend pour nous, la distorsion que l’on peut mener sur une histoire fictive pour en faire ce qu’on veut, juste parce qu’on peut le faire. Et, alors, de la joie. En un sens, ce livre m’a réconfortée. C’est comme si j’étais enveloppée dans du coton, entre deux périodes de tristesse. C’est rassurant de se dire qu’un livre pareil existe dans le monde qu’il décrit. L’écriture est vraiment belle, poétique, même si très particulière, et même si elle rend un peu le lecteur confus quand il n’est pas habitué. J’ai retenu de nombreuses citations magnifiques, et parfois même, des chapitres entiers qui m’ont fait chaud au cœur, tout en étant tristes en même temps – soit exactement l’effet qu’a l’automne sur moi ! Ce livre représente parfaitement l’automne, tout en faisant de la saison le décor de l’histoire. Autumn m’a aussi permis de découvrir Pauline Boty que je ne connaissais absolument pas, ainsi que de plonger un peu dans les années 60. Dernière chose : certains passages sont des rêves, mais le lecteur ne s’en rend compte que quand ils sont finis, ce qui peut le rendre confus, tout en apportant une certaine magie au livre.

Concernant les personnages, j’ai adoré Elisabeth et Daniel. On les suit à différents moments de leur vie, on les voit évoluer, on comprend leur situation actuelle. Le lecteur rencontre d’abord Elisabeth adulte, puis, petite fille. Adulte, elle est professeur d’histoire de l’art et semble en difficulté, puisqu’elle est retournée vivre chez sa mère et ne peut rien faire sans un nouveau passeport qu’elle ne parvient pas à obtenir. Petite fille, on la suit alors qu’elle noue une relation extraordinaire avec son voisin Daniel, alors déjà âgé de 80 ans. Eduquée par une mère qu’elle méprise, et qui ne semble pas bien s’occuper d’elle, elle a une vision très réduite du monde ; mais l’on sent déjà dans sa façon de réfléchir que, mise sur la bonne voie, elle peut avoir une plus grande ouverture d’esprit. Elisabeth est une femme qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui défend ses idées, même si cela veut dire qu’elle aura des ennuis, une femme qui ne comprend pas comment le monde a pu en arriver là où il se trouve, comment il peut toujours être aussi raciste et sexiste alors qu’il est censé avoir progressé. Il est facile de s’identifier à elle grâce à cela. Quant à Daniel, c’est officiellement un de mes nouveaux personnages préférés. Il est du genre qui vous touche en plein cœur, vous rend triste et joyeux, vous fait voir le monde en couleur alors que lui-même est entouré de gris. J’avais parfois envie de le prendre dans mes bras tant il me brisait le cœur. C’est quand le lecteur et Elisabeth sont sur le point de le perdre qu’ils se rendent compte de sa valeur, de l’impossibilité de vivre sans lui, de l’importance qu’il a pris. D’autres personnages se trouvent au second plan, comme la mère d’Elisabeth, sur laquelle notre regard change au fil du livre. D’autres n’apparaissent qu’une seule fois, et représentent plutôt une institution qu’un individu : un policier qui refuse de laisser Elisabeth marcher à un endroit précis de la ville, un professeur qui refuse de la laisser travailler sur un sujet qu’il méprise parce qu’il considère que l’artiste choisi est médiocre, pour ne pas dire sans aucune valeur, un fonctionnaire de la poste qui cherche la raison pour laquelle il pourrait refuser d’envoyer sa demande de passeport.

La fin est douce, elle fait sourire, et donne tellement envie d’une suite !! Je ne sais pas si l’on retrouve les mêmes personnages dans Winter, mais j’espère vraiment que c’est le cas !! De toute façon, je retrouverai l’écriture et la poésie de l’auteur.

 

Donc, une excellente première impression sur Ali Smith, même si ce n’est peut-être pas la meilleure façon de commencer à lire son œuvre. Une histoire douce, mais aussi triste, car ancrée dans une actualité dérangeante et violente.

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