Melmoth the Wanderer de Charles Maturin
Genre : Classique, Fantastique
Editeur : Oxford (World’s Classics)
Année de sortie : 1998 [1820]
Nombre de pages : 542
Titre en français : Melmoth, ou l’homme errant
Synopsis : ‘How hollow and dismal is the sound of the blast! – It chills me though the night is sultry! – and those trees, they cast their shadows over my soul! Oh, is this like a bridal night?’
Written by an eccentric Anglican curate in Dublin, Melmoth the Wanderer (1820) brought the Gothic novel to a new pitch of claustrophobic intensity, surpassing the quiet tremors of Ann Radcliffe’s romances in its reckless accumulation of cruelties and blasphemies. Its tormented villain, a Faustian transgressor desperately seeking a victim to release him from his fatal bargan with the devil, was regarded by Balzac as one of the great outcasts of modern literature. Intended partly as an attack on Roman Catholiscism, Maturin’s intriguing novel teeters giddily over abysses of sacrilege and raving paranoia, in moments of delirious panic worthy of Godwin or Poe.
Avis : Encore un roman gothique traditionnel pour continuer à explorer ce genre !
A force de lire des romans gothiques, on pourrait croire que j’en ai assez, que c’est toujours la même chose, qu’ils se ressemblent tous. Et pourtant non ! Certes, on retrouve quand même certains éléments, qui sont devenus des stéréotypes au fil du temps, comme les endroits en ruine, les héroïnes harcelées par des « villains » cruels, qui ne cherchent qu’à les mener à leur perte, la malédiction qui touche une famille ou un individu en particulier, la critique de la religion – pas dans tous les romans gothiques, mais dans celui-ci oui, critique du catholicisme -, la critique de la société, ou d’un aspect en particulier de la société, les manifestations fantomatiques, les pactes avec le diable – qui ne sont pas présents dans toutes les œuvres gothiques non plus ! -, la présence du sang et de scènes d’horreur, la question de l’inceste, etc. Toujours une petite touche d’amour aussi ! Mais tous ces romans ont aussi une particularité qui les rend excellents et uniques ! Melmoth the Wanderer ne fait pas exception à la règle ! Le roman reprend la plupart des stéréotypes du gothique, mais ajoute, par exemple, une critique de la guerre, de son inutilité et de son absurdité, et, surtout, il fait de son héros, Melmoth, un « villain » que le lecteur ne parvient pas à haïr ! En effet, par exemple, dans The Monk, j’ai détesté Ambrosio de tout mon cœur à cause de sa lâcheté notamment ; ici, on ne peut pas dire que Melmoth est lâche, et même s’il est cruel et tente de séduire le plus de victimes possibles, il reste étrangement touchant. Le lecteur n’apprend jamais la raison pour laquelle il se trouve dans cette situation, mais il ne peut s’empêcher d’avoir pitié de lui. Concernant la question de la religion, il est possible, cette fois, de rapprocher Melmoth et The Monk : en effet, les deux livres critiquent le système monastique, son hypocrisie, sa cruauté, sa brutalité, son absurdité, son manque de tolérance. Elle est parfois ridiculisée par certains de ses représentants, comme Fra José, et par ses pratiquants, comme Donna Clara. L’Inquisition est présente dans Melmoth, ce qui donne une scène proche de celle impliquant Agnes, punie par la mère abbesse. L’écriture est excellente, elle fait une grande partie de la valeur du livre, puisqu’elle donne envie de recopier de nombreuses citations qui parlent directement au lecteur. Ce qui m’empêche de faire de ce livre un coup de cœur est le fait que je ne m’attendais pas à lire des histoires enchâssées. En effet, je pensais lire la vie de Melmoth, et non celle de toutes ses victimes ! Bien sûr, c’est une façon pour l’auteur de nous faire découvrir le « héros » à travers ses actions, ce qui est ingénieux ; mais cela fait du récit un jeu de matriochkas complexe. On ne sait plus parfois qui raconte quoi à qui, qui a vécu quoi, à quelle époque on se trouve : tout ce que l’on sait, c’est que le lien entre toutes les histoires est Melmoth lui-même. Au début du roman, quand Melmoth (pas l’homme errant, son descendant) rencontre un Espagnol qui commence à lui raconter sa vie, je me suis dit que cela devenait long, et qu’il était temps de revenir à l’histoire principale. Je me suis vite rendue compte que c’était l’histoire principale ! Je me suis fait à la façon de raconter, mais mon temps d’adaptation m’a empêché de pleinement apprécier ma lecture ! De plus, qui dit « récits enchâssés » dit « plusieurs incipits », et j’ai souvent du mal à entrer dans un livre, il faut vraiment que ce soit fait d’une façon particulière pour que je sois dedans dès le début. Les histoires que j’ai préférées sont celles d’Immalee et d’Elinor, d’une tristesse … Dernier bémol : le synopsis en dit beaucoup trop et ne laisse pas au lecteur le plaisir de découvrir le mystère qui entoure Melmoth !
Pour les personnages, comme je le disais, Melmoth est étrangement touchant et impossible à détester. Certes, il fait des choses horribles, il corrompt autant que possible, il tente de détruire l’innocence et la pureté des autres personnages, mais, d’un autre côté, il semble le faire parfois à contrecœur. Il semble plus écœuré de la vie, de la religion et de la pseudo-bonté des hommes que content de corrompre. En effet, dans ce livre, on peut trouver une réflexion sur le fait que les hommes ne sont pas bons, et que ce sont eux qui attirent le mal à eux, ou qui le font, sous couvert d’innocence, de religion, pour la richesse, etc. La plupart des personnages se transforment en monstres sous l’effet de la misère : c’est le cas de la veuve Sandal, ou d’Aliaga. Melmoth ne fait que profiter du mauvais côté de ces hommes pour prospérer. En fait, au fil du livre, j’ai presque eu l’impression qu’il se tournait à chaque fois vers les mauvaises personnes à corrompre, comme s’il voulait échouer. Au lieu de tenter Immalee, pourquoi ne pas tenter Aliaga ? Au lieu de tenter Elinor, pourquoi ne pas se tourner vers la veuve Sandal ? Il ne tente que ceux qui sont dans la misère ou l’ignorance, alors que ceux qui vivent dans l’opulence semblent plus facilement corruptibles. [SPOILER] La solution est sans doute qu’aucune personne déjà malveillante ne voudrait échanger sa place avec Melmoth ; seule une personne pure et innocente pourrait le faire, et toutes refusent. [FIN DU SPOILER] Melmoth erre donc à travers le monde et le temps, en quête de victimes, toutes plus misérables les unes que les autres. La première est Stanton, un homme dont Melmoth (descendant) trouve le journal dans la maison de son oncle. Puis vient Monçada, l’Espagnol qui raconte sa vie, et celle des autres victimes de Melmoth, à son successeur. Son histoire permet déjà la critique de la religion, et notamment du système monastique. Vient ensuite Immalee, jeune fille innocente et ignorante, mais qui a le caractère des héroïnes gothiques : bien qu’elle soit amoureuse et dévouée, elle a du caractère, et ne se laisse pas faire. Elle est touchante quand elle découvre le monde des hommes, et met le lecteur face à l’absurdité de la religion, de la guerre, de nos comportements en général. Puis c’est au tour de Walberg, dont l’histoire est racontée par Melmoth à Aliaga (encore un récit enchâssé !). Walberg, ou ce que la misère et l’espoir peuvent faire subir à un homme. Enfin, vient Elinor, qui m’a brisé le cœur. Son histoire est celle que j’ai préférée, tant elle est bien écrite, et tant elle est triste !
Le livre s’achève sur la fin de l’histoire d’Immalee, et, bien sûr, sur celle de Melmoth ! J’ai été un peu déçue par les dernières pages, je m’attendais à quelque chose de plus … pas spectaculaire, mais plus important, compte tenu de l’ampleur du roman !
Donc, un très bon roman gothique, à l’écriture excellente, aux histoires enchâssées captivantes, qui critiquent à la fois le catholicisme et la société de l’époque, son absurdité, sa cruauté et son manque de tolérance qui mènent à des situations catastrophiques qui permettent l’intervention de Melmoth.
2 commentaires »
Flux RSS des commentaires de cet article.
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.
L’un de mes coups de cœur ma belle !! Je suis trop trop contente que tu ais aimé
Oui, je me souviens que tu m’en avais parlé !
Qu’est-ce qui t’a le plus marqué dedans ?