The Girl on the Train de Paula Hawkins
Editeur : Doubleday
Année de sortie : 2015
Nombre de pages : 316
Titre en français : La fille du train
Synopsis : To everyone else in this carriage I must look normal; I’m doing exactly what they do: commuting to work, making appointments, ticking things off lists.
Just goes to show.
EVERY DAY THE SAME
Rachel catches the same commuter train every morning. She knows it will wait at the same signal each time, overlooking a row of back gardens.
She’s even started to feel like she knows the people who live in one of the houses. ‘Jess and Jason’, she calls them. Their life – as she sees it – is perfect. If only Rachel could be that happy.
UNTIL TODAY
And then she sees something shocking. It’s only a minute until the train moves on, but it’s enough.
Now everything’s changed. Now Rachel has a chance to become a part of the lives she’s only watched from afar.
Now they’ll see: she’s much more that just the girl on the train …
Avis : J’avais entendu des avis assez mitigés à propos de ce livre, et, en le voyant à la bibliothèque de ma ville, je n’ai pas résisté !
Cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un thriller, et encore moins un aussi bien mené ! L’histoire est celle de Rachel qui prend le train tous les jours pour Londres, qui regarde la vie de Jess et Jason de la fenêtre et qui, un jour, voit quelque chose qui la choque, et qui va changer sa vie, ainsi que celle des autres personnages. D’abord, j’ai été un peu déçue par l’élément déclencheur, je m’attendais à quelque chose de plus gros ; mais, considérant l’état de Rachel au moment où elle voit la scène, il est normal qu’elle réagit de façon excessive. Pour elle, ce couple qu’elle regarde tous les jours représente le bonheur qu’elle n’a plus, une vie idéale et rangée, confortable, en sécurité, dans l’amour, une vie qu’elle a perdue. Rachel décide de réagir, afin de conserver l’image parfaite de cette vie ; le lecteur a l’impression que, si elle ne fait rien, c’est comme si elle reperdait tout à nouveau, comme si elle faisait une projection, comme si elle voyait sa situation s’appliquer à quelqu’un d’autre. Déjà là, on se rend compte que le livre n’est pas qu’un thriller fun et détente, facile à lire. C’est un roman psychologique, dans lequel le lecteur assiste (au présent et en flashback) à la chute de Rachel, à sa tentative pénible de remonter la pente. Face à la vacuité de sa vie, Rachel décide de se mêler des affaires des autres, elle décide d’entrer dans la vie de ces gens qu’elle ne connaît pas, dont elle a imaginé jusqu’aux noms. Je ne vous en dis pas plus, mais plus l’intrigue avance, et plus le lecteur se rend compte de l’intelligence de l’auteur, de sa façon d’intriquer les différents fils de l’histoire. En effet, la narration est divisée entre trois femmes : Rachel, Anna (la femme de l’ex-mari de Rachel) et Megan (Jess). Le lecteur voit facilement les liens qui unissent ces femmes, un de ces liens étant la soirée du samedi 13 juillet 2013, le jour où l’une d’elles disparaît. Qui l’a enlevé ? Est-elle morte ? Qui avait un mobile ? Le suspense est palpable jusqu’à la fin, puisque le lecteur ne parvient pas à fixer sa suspicion sur un seul personnage : tous pourraient être impliqués, tous agissent comme des tueurs, des psychopathes, des fous. L’écriture est agréable, j’ai trouvé de nombreuses réflexions intéressantes. Les pages se tournent vite, et, à un moment donné, il est tout simplement impossible d’arrêter de lire, tant il est urgent de comprendre tout le mécanisme de l’intrigue ! J’ai aimé l’utilisation du train, l’exploitation du fait qu’en voyageant ainsi, on voit des petits bouts de vie qu’on imagine sans jamais y entrer, des petits tas de vêtements, des expressions, des gestes. J’ai lu une partie du livre dans le train justement ! Seul bémol, mais j’ai l’impression que c’est expliqué à la fin : la vision des femmes de Rachel et Anna. Rachel parle d’elles comme ayant deux valeurs : leur apparence et leur capacité à avoir des enfants. Sexisme, quand tu nous tiens ! Je veux bien qu’elle soit désespérée, mais là ! Et Anna, quant à elle, ne supporte pas très bien la vie de mère, puisqu’elle s’y sent à la fois bien et enfermée, incapable d’être une femme maintenant qu’elle est mère.
Concernant les personnages, Rachel fait partie de ce genre de narrateurs que j’adore : ceux en qui on ne peut pas avoir confiance. En effet, alcoolique notoire et incapable de se souvenir de ce qu’elle a fait dans ces moments où elle est ivre morte, Rachel titube au bord de la folie. Le lecteur ne sait pas s’il ne peut la croire ou s’il doit réagir comme les policiers, en la considérant comme un témoin non digne de confiance. Au fil du texte, il s’attache à elle, la prend en pitié, aimerait qu’elle se relève définitivement, et finit par véritablement croire qu’elle sait quelque chose sur la soirée du 13 juillet. Le malheur de Rachel est dévastateur : ayant tout perdu, elle ne parvient pas à reprendre sa vie en mains, et préfère regarder la belle vie des autres à distance. Incapable de faire le deuil de son mariage, elle ne cesse de vouloir renouer avec son ex-mari, de regarder la maison dans laquelle elle a vécu, dans laquelle elle se sentait bien. Le lecteur remarque aussi peu à peu qu’elle ne cesse de se mentir, et que quelque chose ne va pas chez elle, comme elle-même le remarque à plusieurs reprises. J’ai fini par comprendre, ce qui n’a fait que renforcer ma sympathie pour elle. Anna, quant à elle, m’a d’abord agacée comme jamais. Etrangement, je me suis rendue compte que je me rangeais aux côtés de Rachel contre elle, la voleuse de mari, celle qui a peur d’une femme qui ne peut absolument rien contre elle. Ses réflexions me semblaient superficielles, et sa façon de dire qu’elle appréciait d’être une maîtresse m’ont donné envie de la gifler. Elle n’a aucune compassion, elle semble même contente de ce qu’elle a fait. Elle m’a aussi agacée par sa paranoïa constante. On comprend mieux son personnage à la fin, elle est (un peu) pardonnée. Megan, la dernière narratrice, est une femme qui cache un secret tellement lourd que, même après des années, elle ne parvient pas à en dormir la nuit, il la hante et l’empêche de vivre dans le présent, auprès de son mari Scott. De loin, elle a l’air indépendante, libre, heureuse ; mais ce n’est qu’une façade. Sa vie est aussi misérable que celle de Rachel ; elle a tout pour être heureuse, mais ne peut jamais l’être. Elle veut fuir, partir, mais se demande si, une fois arrivée ailleurs, elle ne voudra pas recommencer, indéfiniment, jusqu’au point de départ. Il manque quelque chose à sa vie, et elle ne comprend pas quoi. Deux personnages masculins se détachent ici : Scott et Tom. Scott est le mari de Megan. Du train, il a l’air tendre, attentionné, passionné, amoureux : parfait. Mais, une fois que l’on entre dans la vie de Megan, il est clair qu’il est un peu trop jaloux et invasif. Quant à Tom, il semble lui aussi l’homme parfait ; si parfait qu’il tente même d’aider son ex-femme alcoolique à remonter la pente, malgré la désapprobation de sa femme. Kamal est également un personnage masculin important, puisqu’il est un des deux suspects principaux du lecteur, de la police, et de Rachel !
La fin était EXCELLENTE ! Tout est expliqué, le lecteur comprend les personnages, tout s’imbrique parfaitement. Je dois dire que j’avais eu un doute au début du roman, mais l’auteur est parvenue à me prendre avec les multiples suspects. [SPOILER] Rachel, Anna et Megan ont été complètement manipulés par le même homme, celui qui, en fait, fait le lien entre elles toutes. Rachel n’est pas folle ; elle a été manipulée pendant des années pour lui faire croire qu’elle l’était, qu’elle était violente, qu’elle faisait peur, qu’elle était dangereuse, alors que c’était son compagnon qui la battait quand elle était dans un état second. Anna, elle, s’est aussi fait laver le cerveau, et sa réaction à la fin est tellement tardive qu’on se demande si elle va finir par réagir ! Megan, elle, a prononcé les mauvais mots au mauvais moment, et dans le mauvais endroit … [FIN DU SPOILER] The Girl on the Train m’a donné envie de lire d’autres livres de Paula Hawkins, en espérant qu’ils seront aussi bons !
Donc, un excellent thriller psychologique, qui fait tourner le lecteur (et les personnages) en bourrique, pour s’achever avec une fin magistrale !
Laisser un commentaire
Vous devez être connecté pour rédiger un commentaire.