Amsterdam de Ian McEwan
Editeur : Anchor Books
Année de sortie : 1999 [1998]
Nombre de pages : 193
Synopsis : On a chilly February day, two old friends meet in the throng outside a London crematorium to pay their last respects to Molly Lane. Both Clive Linley and Vernon Halliday had been Molly’s lovers in the days before they reached their current eminence: Clive is Britain’s most successful modern composer, and Vernon is editor of the newspaper The Judge. Gorgeous, feisty Molly had had other lovers, too, notably Julian Garmony, Foreign Secretary, a notorious right-winged tipped to be the next prime minister. In the days that follow Molly’s funeral, Clive and Vernon will make a pact with consequences that neither could have foreseen. Each will make a disastrous moral decision, their friendship will be tested to its limits, and Julian Garmony will be fighting for his political life.
Avis : Comme j’ai décidé de remédier à l’énorme pile de livres empruntés qui s’accumulent sur mon chevet, je me suis lancée avec Amsterdam !
Je découvre Ian McEwan, et je sais que je lirai d’autres de ses œuvres, tant celle-ci m’a plu ! J’avais entendu parler d’Atonement, et du film, mais je ne voyais pas d’autres livres de lui mentionnés sur Youtube, par exemple. Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre, je partais sans a priori. J’avais lu le synopsis mais, étrangement, il ne voulait pas me rester en tête ! Je savais juste que le lecteur suit deux hommes après la mort de leur amie – qui était visiblement plus qu’une amie à un moment donné ! – Molly Lane, une femme peut-être idéalisée, qui m’a semblé parfaite à leurs yeux. Avant même de vous parler du livre, je vais tout de même vous dire que j’ai eu un petit problème : c’est la première fois que je mets autant de temps à lire un si petit livre, parce que je ne trouvais pas le temps de m’y plonger complètement, ce qui lui a sans doute porté préjudice. Si j’avais lu Amsterdam d’une traite, je suis pratiquement sûre qu’il aurait été un coup de cœur ! Je le relirai donc sans doute ! Surtout que j’ai trouvé l’écriture vraiment très agréable à lire !
Revenons à l’histoire : le lecteur suit en parallèle la vie de Clive Linley, compositeur de renom, et celle de Vernon Halliday, éditeur pour The Judge. Tous deux vont faire des choix moraux contestables ; ils vont alors penser de façon très étrange pour aboutir à la fin. J’ai adoré les réflexions de ce livre sur l’amitié, sur la façon dont fonctionne un homme : ce n’est jamais nous-mêmes que nous accusons pour nos erreurs, mais les autres, c’est forcément toujours la faute des autres ; il faut donc nous venger. L’hypocrisie est également « dénoncée » ici : celle de l’artiste, pour qui l’art est supérieure à la vie humaine, et celle de l’éditeur, qui veut bien mettre ses principes de côté pour mettre en œuvre une vengeance personnelle. C’est sans doute la raison pour laquelle ce livre n’a pas été un coup de cœur – il faut bien expliquer pourquoi j’adore ce livre sans qu’il en soit un ! - : je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages. Certes, ils sont humains, mais m’ont semblé tellement détestables ! Clive est prétentieux en faisant mine de ne pas l’être, arrogant parce qu’il se considère comme un génie – même s’il tente de se convaincre qu’il n’est pas vaniteux, qu’il ne se voit pas comme cela en réalité - et Vernon est convaincu d’être dans son bon droit, de faire ce qui est bien pour tous, alors qu’il ne fait qu’assouvir une petite vengeance personnelle. Il est prêt à détruire la vie personnelle de quelqu’un parce que celui-ci a eu un quelconque rapport avec Molly, et il prétend que, s’il le fait, c’est parce qu’il n’accepte pas ses idées politiques. En gros, Vernon passe d’éditeur compétent à petit journaliste de pacotille, même s’il tente de monter son journal pour qu’il soit le plus crédible possible. Le pire : les deux amis se renvoient la balle en se traitant l’un l’autre d’hypocrite ou de fou ! J’ai eu, du coup, plus de sympathie pour Julian Garmony, contre qui les deux amis semblent s’être ligués à un moment donné. Il est la cause de leur différent, parce qu’il représente le type même de la personne qui sépare complètement sa vie professionnelle de sa vie privée, une personne qui a des secrets qu’elle ne peut pas révéler, sous peine de se voir lyncher, ou de voir sa carrière se finir pour des raisons qui n’ont rien à voir avec ses capacités ou ses idées politiques. En effet, même si, politiquement, je ne supporterai pas les idées du personnage, je ne vois pas le rapport entre sa vie privée et sa carrière. C’est une manière de faire virer quelqu’un pour de fausses raisons ; cela ne combat en rien les idées qu’il peut avoir, cela ne fait pas triompher le point de vue opposé, cela ne fait que le détruire personnellement et n’empêche pas les idées de survivre à travers quelqu’un d’autre.
On peut voir venir la fin dès le deuxième chapitre de la dernière partie. Le point de non-retour est atteint chez les deux personnages, et leur acte s’apparente à de la folie meurtrière. L’ironie de la fin est grinçante : ceux qui ont gagné sont ceux qui sont méprisés depuis le début par les deux protagonistes – et peut-être même par le lecteur pour l’un d’entre eux. J’ai aimé découvrir le lien entre l’histoire et le titre : c’est lui qui permet de « deviner » ce qui va arriver. Cela peut paraître tordu, mais le lecteur se rend compte que c’est logique.
Donc, une très belle découverte, un livre qui nous fait réfléchir, une écriture agréable, une histoire qui prend le lecteur, et une fin comme je les aime !
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