Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

In Cold Blood de Truman Capote

Classé dans : Avis littéraires — 30 août 2017 @ 21 h 29 min

Genre : Témoignage In Cold Blood

Editeur : Penguin (Essentials)

Année de sortie : 2012 (1965)

Nombre de pages : 343

Titre en français : De sang froid

Synopsis : ‘Dick became convinced that Perry was that rarity, « a natural killer » – absolutely sane, but conscienceless, and capable of dealing, with or without motive, the coldest-blooded deathblows’

On 15 November 1959, in the small town of Holcomb, Kansas, a wealthy farmer, his wife and their two young children were found brutally murdered. Blood all over the walls, the telephone lines cut, and only a few dollars stolen. Heading up the investigation is Agent Al Dewey, but all he has are two footprints, four bodies, and a whole lot of questions.

Truman Capote’s detailed reconstruction of the events and consequences of that fateful night, In Cold Blood is a chilling, gripping mix of jounalistic skill and imaginative power.

‘One of the stupendous books of the decade’
Sunday Express

 

Avis :Ce livre était dans ma wish-list depuis très longtemps quand j’ai vu que je devais (potentiellement) le lire pour un de mes cours pour l’année qui arrive ; je me suis dit que c’était une bonne occasion pour sauter le pas !

Il est difficile de dire que l’on a aimé ce genre de livres ; après tout, c’est quand même le compte-rendu d’un quadruple meurtre, d’une enquête, et les conséquences de ce meurtre. Puis, en règle générale, ce n’est pas vraiment ce que j’aime lire. Mais In Cold Blood fait partie de cette catégorie de livres importants pour lesquels ce n’est pas le plaisir que le lecteur prend à lire qui compte, mais la réflexion que le livre apporte, le point de vue qu’il donne sur la société. Certes, le style de Truman Capote ajoute clairement quelque chose, et fait de ce livre de la littérature : on peut parfois parler de suspense, même si on sait déjà qui sont les tueurs, et qu’ils seront arrêtés – sans quoi, il n’y aurait pas de livre ! L’auteur ajoute quelques effets dramatiques, du genre « C’est la dernière chose qu’il fit avant de mourir », « elle ne savait pas que c’était son dernier jour », etc. En un sens, ce livre m’a fait penser à Laëtitia ou la fin des hommes d’Ivan Jablonka, mais en réussi ! Là où Jablonka échoue, est excessif, se met en avant, Truman Capote touche dans le mille, écrit parfaitement, ne fait rien de trop et, surtout, ne donne pas son opinion ! Jamais, dans les 343 pages de In Cold Blood, je n’ai trouvé de « je », de « à mon avis », ou d’éléments personnels de la vie de Truman Capote. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’il n’oriente pas son livre dans la direction qu’il veut lui donner, mais jamais il ne met son avis personnel en avant, ce que j’ai beaucoup apprécié ! Aussi, j’ai trouvé que le compte-rendu était très bien réalisé : on suit d’abord, en parallèle, la famille Clutter et les tueurs le samedi 14 novembre, puis les tueurs et les enquêteurs, toujours en parallèle. Le « format » change souvent : on se retrouve parfois avec un aspect de l’histoire raconté uniquement à travers le témoignage d’un témoin, parfois, c’est le narrateur qui prend le relais pour toute une partie du récit. L’auteur cite énormément verbatim ce que les accusés ou les témoins disent, ce qui rend le livre encore plus glaçant.

Je disais un peu plus haut que ce livre nous donne un certain point de vue de la société : il traite d’un sujet important aux Etats-Unis comme partout, la criminalité. Et ici, plus précisément, un mass murder sans aucun motif, commis de sang-froid – l’expression est utilisé par un des tueurs à un moment donné. Le pire est sans doute cette phrase d’un des tueurs (ce n’est sans doute pas la phrase exacte, et je traduis, donc bon !) : « Je ne pensais pas lui faire du mal, jusqu’à ce que je lui tranche la gorge ». On dirait véritablement un psychopathe ! Lorsque Perry Smith et Richard Hickock sont arrêtés (ce n’est pas un spoiler puisque c’est une non-fiction !), à un moment donné, voyant qu’il n’y a pas de motif pour les meurtres, l’un des avocats demande une évaluation psychologique. Cela n’a pas été retenu en « faveur » des accusés, mais il est clair que les deux avaient un problème : entre manque d’éducation (familiale je veux dire), maltraitance et accidents, il est clair que leur vie n’était pas rose. Je ne réussis pas à les plaindre pour autant, et je ne comprends toujours pas, même après avoir lu leur confession, pourquoi ils ont tué toute la famille Clutter. C’est franchement effrayant. Et cette frayeur, de se dire que certains peuvent tuer comme ça, sur un coup de tête, est soutenue par l’émotion que l’on ressent à lire le dernier jour de chaque membre de la famille : Mr. Clutter, qui semblait apprécié de tous, intègre, travailleur, généreux et honnête, Mrs. Clutter, invalide, malade, dépressive, qui se remettait doucement, Nancy, la benjamine, qui avait tout pour réussir, tout pour être heureuse, et qui semblait l’être, Kenyon, qui, étrangement, m’a un peu plus ému que les autres, je ne saurais même pas expliquer pourquoi. Les détails sont donnés, mais on ne revient pas sans cesse dessus : ils sont répétés dans la confession de Perry Smith, pour les comprendre. Ce livre nous fait aussi réfléchir sur le système judiciaire aux Etats-Unis, et notamment sur la peine de mort. En effet, pour un quadruple homicide, il est certain que les deux coupables seront mis à mort, par pendaison, sans doute une des pires morts imaginables. Le sujet est traité dans le livre, étant donné qu’ils sont, effectivement, tous deux exécutés. L’agent chargé de l’enquête, Al Dewey n’assistait jamais à aucune exécution, excepté celles-ci, pour lesquelles il sentait qu’il se devait d’être présent. Différentes opinions sont données sur la question : certains expliquent pourquoi ils sont pour, d’autres pourquoi la peine de mort leur semble inutile. Les avocats des accusés utilisent la Bible (« Tu ne tueras pas », l’amour du prochain), tout comme ceux qui défendent la famille (la loi du Talion ; si quelqu’un tue, il doit mourir à son tour). Est mentionnée aussi le problème de la société qui réprime le crime par le crime, qui tue elle-même quand elle demande de ne pas tuer. Les exécutions sont racontées, et l’étonnement de l’agent est évoqué : les gens autour de lui parlent comme au café, normalement. L’un d’eux dit à son voisin que la pendaison n’est pas une mort douloureuse, et l’autre lui répond que, pourtant, il lui semble avoir entendu Hickock murmurer. Chacun a mis environ 20 minutes à mourir !! Même si le pendu ne sent rien parce que son cou est cassé net, qu’il perd conscience immédiatement, et que son cœur ne bat plus que de façon mécanique, cette exécution publique, ce spectacle est horrible, devrait révulser toutes les personnes qui y assistent ; or, ce n’est absolument pas le cas. C’est presque aussi effrayant que le manque de motif de Perry Smith ! Une des personnes venues voir arriver les accusés à la prison dans laquelle ils devaient attendre leur exécution a répondu, après qu’on lui a demandé quel châtiment devrait subir Smith et Hickoch, qu’ils devraient rester enfermés dans une cellule pour le restant de leur vie, sans distractions, l’un en face de l’autre, pour réfléchir et se repentir. Si seulement c’était possible !

Apparemment, la fin aurait été inventée par Truman Capote, afin de bien clore son livre. C’est, en tout cas, une sorte de boucle qui se ferme ; ceux qui restent sont toujours hantés par les Clutter, Nancy semble toujours vivre pour son amie, presque en son amie, puisque l’agent les compare.

Petit plus : l’écureuil Red m’a fait penser à Mister Jingles dans La Ligne verte de Stephen King ! Je me suis demandée si King ne s’était pas inspiré de Capote pour créer le personnage de la petite souris du coup !

 

Donc, un très bon livre, qui raconte le fait-divers, mais qui fait plus également : il nous montre un certain aspect de la société, et de l’homme, nous fait réfléchir sur la justice et la peine de mort, et nous laisse mal à l’aise, effrayé.

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