Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour juillet, 2017

Hiroshima mon amour de Marguerite Duras

Posté : 24 juillet, 2017 @ 11:54 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Contemporaine, Drame Hiroshima mon amour

Editeur : Folio

Année de sortie : 2015 [1960] 

Nombre de pages : 155

Synopsis : LUI : Tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien.

ELLE : J’ai tout vu. Tout … Ainsi l’hôpital je l’ai vu. J’en suis sûre. L’hôpital existe à Hiroshima. Comment aurais-je pu éviter de le voir ?

LUI : Tu n’as pas vu d’hôpital à Hiroshima. Tu n’as rien vu à Hiroshima …

ELLE : Je n’ai rien inventé.

LUI : Tu as tout inventé.

ELLE : Rien. De même que dans l’amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier, de même j’ai eu l’illusion devant Hiroshima que jamais je n’oublierai. De même que dans l’amour.

 

Avis : J’avais été très déçue au début de l’année par ma lecture de L’Amant de Marguerite Duras. Je me suis dit qu’il fallait retenter le coup : ma sœur m’a prêté Hiroshima mon amour, qu’elle a beaucoup aimé !

J’ai bien aimé !! J’étais tellement contente en le finissant de voir que je m’étais, en quelque sorte, réconciliée avec l’auteur ! Ce n’est pas un coup de cœur, mais c’est une lecture qui vaut le coup, et qui donne envie de regarder le film ! Ici, le lecteur lit, d’une certaine façon, le scénario du film réalisé par Alain Resnais ; étant donné la forme, il est un peu plus difficile de ressentir l’émotion que l’on ressentirait à la lecture d’un roman à proprement parler ; il est aussi plus difficile d’entrer dans l’histoire, surtout que l’auteur nous fait un résumé au début pour que l’on comprenne. Les surprises n’en sont alors plus, et le lecteur sait à quoi s’attendre. Malgré cela, j’ai bien compris l’intensité de l’histoire : une jeune femme superpose deux amours, l’un à Nevers, l’autre à Hiroshima, deux villes touchées et alors rapprochées par la guerre. Tous deux sont condamnés et ne mèneront à rien : [SPOILER] la jeune fille est tombée amoureuse d’un officier allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui va faire tomber le déshonneur sur elle et sa famille une fois la guerre terminée. La scène de la mort de l’officier est touchante, et, en l’imaginant à l’écran, je me suis dit que, bien joué, elle doit retourner les tripes du spectateur. A travers cet amour entre un Allemand et une Française, est brisé le manichéisme du monstre allemand et de la victime française. [FIN DU SPOILER] Elle est amenée à parler de cet amour au Japonais qu’elle a rencontré, et avec qui elle entretient une très brève liaison. Elle repart le lendemain, donc, cette histoire ne devrait pas avoir d’importance. Et pourtant, à travers leur histoire personnelle, on sent la résurgence de la grande Histoire, on sent comme elle donne de la valeur à ces amours, comme elle les porte et leur donne une signification particulière. Rien que dans le premier dialogue, quand elle lui dit avoir tout vu d’Hiroshima et qu’il dément, on sent que la ville est plus que simplement une ville dans laquelle se trouve une Française et un Japonais dans une chambre d’hôtel ; c’est un endroit qui rappelle l’inhumanité des hommes, un endroit qui s’est relevé du pire, qui sent toujours la mort, que l’on ne peut, encore maintenant, dissocier de la mort. Et cette mort rappelle, en quelque sorte, la mort du premier amour. A la fin, on comprend que les villes, par le choc qu’elles ont occasionné dans la vie des personnages, deviennent des façons de les désigner ; le choc les a façonnés, les a rendus tels qu’ils sont aujourd’hui.

Les appendices permettent de lire avec plus de détails, et à travers les yeux de la femme, l’épisode de Nevers. Cela permet de mettre des images sur des scènes desquelles les personnages parlent rapidement. Ils sont assez émouvants, malgré leur aspect décousu. Le livre se conclut sur les portraits respectifs du Japonais et de la Française.

 

Donc, une bonne lecture, qui m’a donné envie de découvrir le film ! Un bel entrelacement de l’histoire personnelle et de la grande Histoire !

Le Poison d’amour d’Eric-Emmanuel Schmitt

Posté : 24 juillet, 2017 @ 12:13 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Le Poison d'amour Genre : Contemporaine

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2016 [2014]

Nombre de pages : 163

Synopsis : Comment éviter les désastres affectifs que les parents affichent au quotidien ? Enfants hier encore, quatre adolescentes sont liées par un pacte d’amitié éternelle. Elles ont seize ans et sont avides de découvrir le grand amour. Chacune tient un journal dans lequel elle livre son impatience, ses désirs, ses conquêtes, ses rêves. Au lycée, on s’apprête à jouer Roméo et Juliette, tandis qu’un drame, aussi imprévisible et fatal que le dénouement de la pièce, se prépare. « Si tu ne m’aimes plus, c’est que tu ne m’as jamais aimé. »

 

Avis : Après l’échec de L’Elixir d’amour, j’ai quand même voulu retenter avec le dernier tome de la duologie, Le Poison d’amour, histoire de voir si l’auteur se rattrapait.

Eh bien, non. Je ne sais pas si c’est parce que, maintenant, j’ai des a priori sur l’auteur, ou si c’est parce que c’est vraiment mauvais, mais j’ai détesté. Un peu moins que le premier tome, c’est vrai, mais quand même. Le seul point positif pourrait être la couverture : je trouve qu’elles sont jolies pour cette duologie. Pour le reste, tout m’a agacé ! On suit quatre adolescentes à travers leurs journaux intimes et quelques conversations. Le livre est aussi une réécriture de Roméo et Juliette, notamment parce que c’est la pièce que les lycéens vont jouer. Comme dans le premier tome, les journaux des jeunes filles ne sont pas datés, ce qui fait que le lecteur n’a pas de notion du temps qui passe, excepté grâce à la représentation théâtrale qui a lieu au milieu de l’année scolaire. Ces journaux, en plus d’être perdus dans le temps, ne m’ont pas semblé « réalistes » du tout. Quelle ado de 16 ans utilise le mot « débâcle » ou s’exclame « Qu’ai-je ? », même à l’écrit ? Certains termes ne sont pas du tout appropriés pour le sujet : l’écriture est trop mature, surtout que les filles dépeintes ici ne le sont absolument pas ! Les relations entre ces filles, d’ailleurs, sont représentées de façon assez malsaine : elles sont en constante compétition, elles ne parviennent pas à se réjouir pour leurs amies et sont clairement poussées par l’envie. Cela, ainsi que certaines de leurs réflexions, les rendent particulièrement agaçantes ! Réflexion particulière agaçante que TOUTES se font : on ne devient une femme qu’une fois qu’on a perdu sa virginité. D’accord. C’est quand même plus complexe que ça il me semble. Etre femme ne se résume pas à « l’avoir fait » ! C’est tellement réducteur !! On peut avoir perdu sa virginité et toujours être une gamine – tant d’exemples existent !! - ; on peut être vierge et être mature, adulte.

On va commencer par Julie : rien que par son prénom, elle est prédestinée à jouer Juliette. Elle semblait, au tout début, plus mature que les autres, en tout cas, à travers les yeux de ses amies ; mais le lecteur se rend compte qu’elle n’a qu’une seule chose en tête : sa pièce de théâtre. Elle se fiche de tout le reste, de tout ce qui se trouve autour d’elle, ce qui la rend insensible, et donc assez insupportable aux yeux du lecteur. Elle a une réflexion qui m’a fait hausser les sourcils : elle propose Raphaëlle pour jouer Roméo, et dit que ce n’est pas important d’embrasser une fille, ça n’a aucune conséquence, puisque c’est une personne de son sexe. J’ai trouvé cela un peu limite, et peu cohérent avec la fin. Raphaëlle, quant à elle, est la seule ado à laquelle j’ai pu m’identifier. Bonne élève, la bonne copine par excellence, elle est peut-être celle qui est la moins hypocrite du groupe, même si son côté fouineuse la rend elle aussi agaçante. Mais j’ai trouvé son personnage un peu stéréotypé : parce qu’elle est bonne élève, et bonne copine, elle a des traits masculins. Un peu réducteur – à moins que je ne sois devenu anti-Schmitt et que je n’arrive plus à apprécier ce qu’il écrit ! Colombe est un peu la bimbo par excellence, la fille très belle, qui ne pense qu’au moment où elle va perdre sa virginité et donc, devenir une femme. Elle devient ensuite très libre, pense à plusieurs garçons à la fois, comme si c’était ça l’amour, comme si c’était facile d’aimer, comme si on pouvait passer de sa façon d’être au début du livre à ce qu’elle est à la fin : cela prend, normalement, des années, pas six mois ! Enfin, Anouchka. Elle fait carrément une liste de ses amies, et détermine qui a le plus de chances de le faire avant qui. Et sa façon d’être avec sa mère parce que ses parents divorcent. Mais quelle image …

J’ai vu venir la fin – et je m’étais spoilée en lisant la dernière phrase ! -, je me doutais qu’il allait se passer un truc de ce genre. On atteint alors les sommets du harcèlement entre amies, de la violence entre filles, de la relation amie/ennemie.

 

Donc, la duologie de Schmitt n’était vraiment pas faite pour moi ! Je vais tenter de l’oublier le plus rapidement possible !

Bellefleur de Joyce Carol Oates

Posté : 22 juillet, 2017 @ 8:54 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Bellefleur Genre : Contemporaine, Drame, Fantastique

Editeur : Ecco

Année de sortie :2012 [1980] 

Nombre de pages : 729

Synopsis : « Bellelfleur is proof … that Oates is one of the great writers of our time … a magnificent piece of daring, a tour de force of imagination and intellect. » -John Gardner, New York Times

A wealthy and notorious clan, the Bellefleurs live in a region not unlike the Adirondacks, in an enormous mansion on the shores of mythic Lake Noir. They own vast lands and profitable businesses, they employ their neighbors, and they influence the government. A prolific and eccentric group, they include several millionaires, a mass murderer, a spiritual seeker who climbs into the mountains looking for God, a wealthy noctambulist who dies of a chicken scratch.

Bellefleur traces the lives of several generations of this unusual family. At its center is Gideon Bellefleur and his imperious, somewhat psychic, very beautiful wife, Leah, their three children (one with frightening psychic abilities), and the servants and relatives, living and dead, who inhabit the mansion and its environs. Their story offers a profound look at the world’s changeableness, time and eternity, space and soul, pride and physicality versus love. Bellefleur is an allegory of caritas versus cupiditas, love and selflessness versus pride and selfishness. It is a novel of change, baffling complexity, mystery.

Written with a voluptuousness and startling immediacy that transcends Joyce Carol Oates’s early works, Bellefleur is widely regarded as a masterwork – a feat of literary genius that forces us « to ask again how anyone can possibly write such books, such absolutely convincing scenes, rousing in us, again and again, the familiar Oates effect, the point of all her art: joyful terror gradually ebbing toward wonder » (John Gardner).

 

Avis : J’ai ENFIN terminé ce livre !!

J’ai choisi d’étudier Bellefleur – ainsi que trois autres romans de Joyce Carol Oates - pour mon mémoire de Master 2. Je savais que j’allais adorer ce livre pour plusieurs raisons : d’abord, c’est une réécriture de roman gothique, et j’adore le gothique ! ; ensuite parce que j’ai lu Maudits dans l’année, et j’ai adoré le style d’écriture de l’auteur, ses réflexions, ses critiques à la fois de la société et de la religion, sa façon de développer ses personnages, de les rendre vivants, et attachants parfois en quelque sorte. Commençons par le fait que ce soit une réécriture de roman gothique ! L’auteur a repris la plupart des stéréotypes du gothique pour en faire un livre à la fois moderne et ancrée dans la tradition du genre. On y retrouve donc : des fantômes ; un château hanté, château qui peut être considéré comme un personnage, comme pour The Castle of Otranto d’Horace Walpole ; des personnages qui titubent au bord de la folie ; une nature sauvage difficile voire impossible à affronter ; des êtres maléfiques (vampire, démons, esprits de la montagne) ; une malédiction qui touche toute la famille, mais personne ne sait d’où elle vient, ni pourquoi elle touche les Bellefleur en particulier ; le thème du double ; le racisme, avec lynchages, insultes, et esclavage ; la religion, critiquée d’une façon assez magistrale par l’auteur, exactement comme dans Maudits ! Le lecteur se trouve ici face à une famille divisée : les adultes, qui sont en quête de pouvoir, d’argent, toujours plus, et qui ne s’occupent que de cette quête, et les enfants, qui veulent vivre une autre vie, une vie plus simple, dégagée de la cupidité et de l’égoïsme de leurs aînés. Parfois, j’ai été agacée par les adultes, qui ne cessent de reprocher à leurs enfants de ne pas se comporter en Bellefleur ! Au fil du livre, beaucoup de personnages disparaissent, et le lecteur se demande exactement ce qu’ils deviennent. Dans ce sens, on peut presque parler d’un narrateur en lequel on ne peut avoir entièrement confiance. Il fait des allusions à des personnages morts en sous-entendant qu’ils pourraient ne pas l’être. Pour d’autres, il n’y a aucun doute : le livre comporte des scènes de meurtres, et raconte clairement la mort de tous les personnages.

En parlant de mort, l’auteur nous offre une réflexion à son propos assez déroutante, notamment avec Hiram et Bromwell (je préfère vous laisser la surprise de la découvrir vous-mêmes !). On se retrouve aussi face à une religion qui, au lieu de mener vers la paix, l’amour et le bonheur, mène vers le mal, l’égoïsme, et rend ses disciples fous. J’ai eu l’impression que c’était, peut-être, moins « virulent » que dans Maudits ; mais, clairement, la voie de la religion n’est pas la bonne pour les personnages. On suit notamment l’un d’eux qui s’est mis en tête de voir le visage de Dieu, et un autre, qui, à la fin, se tourne vers une église qui ne fait que lui prendre de l’argent, et qui ressemble plus à une secte. Concernant le style d’écriture de l’auteur, je peux comprendre que certains ne l’aiment pas. En effet, si l’auteur écrit merveilleusement bien, elle introduit dans son texte de très longues parenthèses qui cassent le rythme de ses phrases, et qui peuvent paraître lourdes. Souvent, elle parle d’un personnage en particulier, ou raconte une anecdote. Malgré tout, j’ai adoré ce style !

Avec ses 729 pages, pas étonnant que les personnages de Bellefleur soient tous très bien développés ! L’auteur s’attarde sur chacun d’eux à un moment donné, même si certains sont clairement des protagonistes, par rapport à d’autres qui sont secondaires. On les suit tous dès leur jeunesse, parfois jusqu’à leur mort – et souvent, on ne s’attendait pas à ce que ces personnages meurent ! Les protagonistes sont clairement Gideon Bellefleur, sa femme Leah et sa fille Germaine. Gideon, jeune homme, est tombé fou amoureux de Leah ; adulte, il est amer. C’est un de mes personnages préférés dans le livre ; il veut rester fidèle à lui-même, et sombre dans le désespoir. Leah, quant à elle, est une femme assez étrange. Jeune fille, elle avait une araignée énorme pour animal de compagnie … Autant vous dire que ces passages ont été difficiles à lire pour moi !! Elle est obsédée par une mission qu’elle seule peut mener à bien, selon elle. Convaincue, elle ne pense qu’à cela, et oublie les autres autour d’elle. Elle a un caractère spécial : méchante, cruelle parfois, et pourtant fragile, parfois même douce ! Elle aussi est un de mes personnages préférés ! Germaine, elle aussi, fait partie de mes préférés : on la suit de sa naissance à ses quatre ans. Douée de pouvoirs, elle est plus intelligente que la moyenne, voit et sent les choses. Mais elle reste un bébé, qui a besoin d’amour et de ses parents. Elle m’a brisé le cœur à la fin – autant vous le dire, ça ne finit pas bien ! Il y a énormément d’autres personnages, vivants et morts : Ewan, le frère de Gideon, un ours humain, une brute qui finira de manière bizarre ; Lily, sa femme, effacée, plaintive, un peu agaçante ; Noel, le grand-père, et sa femme Cornelia, lui assez bourru, qui s’adoucit au contact de Leah, elle assez réticente face à Germaine, monstrueuse à sa naissance ; Bromwell, le fils de Leah et Gideon, très intelligent, qui se fiche des affaires de sa famille ; sa sœur jumelle, Christabel, qui a l’air assez simple enfant – son frère l’appelle « half-witted » ! – et qui se rebelle en grandissant ; Yolande, la fille d’Ewan et Lily, à qui il arrive une chose affreuse ; Vernon, le poète, fils d’Hiram, un de mes personnages préférés lui aussi, il ne pense absolument pas comme sa famille, ce qui le rend marginal ; Raphael, le fils d’Ewan et Lily, lui aussi très différent de sa famille, qui ne parvient pas à se soucier d’eux, qui rêve d’une autre vie, qui se rend compte qu’il y a plus que les Bellefleur, et qui déteste ce nom comme Vernon ; Elvira, l’arrière-grand-mère, toujours indépendante, toujours lucide, même à 100 ans ! Tant d’autres personnages venus du passé ! Jedediah, qui cherche Dieu dans les montagnes, Germaine, la femme de son frère Louis, qui, elle aussi, voit les choses – un double de la petite Germaine ? -, Jean-Pierre, le fondateur de la lignée Bellefleur en Amérique, dont le cœur a été brisé prématurément, Violet, la femme de Raphael, que l’on connaît d’abord par sa mort, Raphael lui-même, dont les requêtes après la mort sont très étranges ! J’ai adoré découvrir l’histoire de chaque membre de la famille !

La fin est explosive ! Je ne m’y attendais pas du tout, mais, en y réfléchissant, c’est assez logique. [SPOILER] A nouveau, la lignée des Bellefleur est menacée, mais qui pourrait la perpétuer, comme Jedediah l’a fait dans les années 1820 ? [FIN DU SPOILER] En refermant le livre, malgré le temps que la lecture m’a pris, je me suis sentie un peu triste de quitter la famille Bellefleur !

 

Donc, une formidable « saga » familiale, qui amène beaucoup de réflexions au lecteur, qui reprend tous les stéréotypes du gothique pour faire de ce livre un coup de cœur !

L’Elixir d’amour d’Eric-Emmanuel Schmitt

Posté : 16 juillet, 2017 @ 9:13 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

L'Elixir d'amourGenre : Contemporaine

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2016 [2014]

Nombre de pages : 152

Synopsis : L’amour relève-t-il d’un processus chimique ou d’un miracle spirituel ? Existe-t-il un moyen infaillible pour déclencher la passion, comme l’élixir qui jadis unit Tristan et Iseult ? Est-on, au contraire, totalement libre d’aimer ?

Anciens amants, Adam et Louise vivent désormais à des milliers de kilomètres l’un de l’autre, lui à Paris, elle à Montréal. Ils entament une correspondance, où ils évoquent les blessures du passé et leurs nouvelles aventures, puis se lancent un défi : provoquer l’amour. Mais ce jeu ne cache-t-il pas un piège ? En fin observateur des caprices du cœur, Eric-Emmanuel Schmitt explore le mystère des attirances et des sentiments.  

 

Avis : Ma petite sœur a beaucoup aimé ce livre ; le synopsis m’intéressait assez ; pas besoin de plus pour me donner envie de le lire !

Quelle déception !! L’idée était pourtant plutôt originale : une réécriture moderne de Tristan et Iseult, l’histoire de deux anciens amants qui cherchent l’élixir d’amour. Et j’adore les romans épistolaires. Honnêtement, j’ai ouvert le livre en me disant que j’allais beaucoup aimé. Mais je n’ai rien trouvé de bon dans ce livre. Même la réécriture – mais peut-être ai-je été tellement déçue que même l’élément positif est devenu négatif – m’a semblé trop mise en avant, comme si le lecteur n’allait pas s’en rendre compte et qu’il fallait lui mettre des panneaux énormes pour lui faire comprendre. Quant aux lettres, elles ne sont pas datées, ce qui fait que le lecteur ne sait pas sur combien de temps les personnages correspondent. Mais commençons par la toute première lettre, écrite par Adam : dès cette première page, j’ai eu des doutes sur le fait que j’allais aimer ce livre. Extrait de la lettre : « j’exclus tout message dégoulinant de frustrations, graissé d’appels à la tendresse ou de sursauts génitaux, tel ce torchon humide, hystérique, vaginal, qui a envahi mon écran ce matin et que j’ai fourré à la poubelle en appuyant sur la touche « Supprimer ». » Alors : phrase très longue, trop de mots inutiles, et surtout, cette touche de sexisme initiale qui m’a fait hausser les sourcils. Je me suis dit que ce devait être juste la première lettre, j’ai laissé le bénéfice du doute à l’auteur ; eh bien non ! Le livre entier est sexiste !! Entre « les hommes font l’amour pour jouir, pas pour dire qu’ils aiment », et les femmes qui, après une séparation, deviennent des martyres et souffrent éternellement « si elles ne se suicident pas », j’ai très vite compris que ce livre n’était pas pour moi. Mais, dans ma grande naïveté, je me suis dit que j’allais quand même voir où aller l’histoire, voir si elle s’améliorait avec les pages. Non. Le personnage masculin, Adam, enchaîne les remarques sexistes, les généralisations, du genre tous les hommes sont pareils, toutes les femmes sont pareilles – à l’exception de quelques remarques du genre « les Françaises sont comme ci, les Canadiennes sont comme ça » – ce qui exclut l’amour autre qu’hétérosexuel en quelque sorte, et qui nous fait tous ressembler à des clones, les clichés - en gros, les femmes sont incapables de faire l’amour sans aimer, quand les hommes le font sans problèmes par exemple -, les réflexions sur l’amour et sur le mariage, aux antipodes de ce que je pense ; mais surtout, surtout, cette image de la femme qui est donnée à la fin !! [SPOILER] En gros, la femme est une manipulatrice, calculatrice, qui a réussi à piéger l’homme pour qu’il lui revienne ! Super élixir d’amour dis donc ! [FIN DU SPOILER] En fait, « l’amour » tel qu’il est montré dans ce livre n’a rien à voir avec l’amour tel qu’il est réellement pour moi. Ce n’est pas de l’amour, c’est du calcul, c’est artificiel, triste même. Quant à l’écriture … Je m’attendais au moins à ce qu’elle rattrape l’histoire ; pas du tout. Elle est elle aussi bourrée de clichés ; on dirait que l’auteur met certains mots pour faire bien. Du coup, la correspondance n’est pas du tout naturelle ! Exemple, toujours dans la première lettre : « Devant moi, un soleil flétri se lève et je contemple Paris auquel octobre donne la pâleur d’une bête indisposée, tourmentée par les feuilles mortes, incommodée par les circulations tapageuses, avide d’une paix qui tarde. Vivement l’hiver. La langueur de l’été s’efface et la capitale s’impatiente d’obtenir le froid, le sec, le clair. Deux saisons suffisent à une ville, la suffocante et la glaciale. » J’ai trouvé cette lettre assez ridicule, comme la majorité des autres, parce qu’on n’écrit pas ce genre de lettres. On sent la littérature, l’auteur qui essaie de faire bien, de faire intellectuel, et ça n’a pas du tout fonctionné pour moi.

Concernant les personnages, je ne sais même pas par où commencer. Ils sont tous les deux insupportables. Adam est un macho qui se tapent le plus de femmes possible pour « prendre du plaisir et [...] leur en dispenser », comme si elles avaient besoin de le rencontrer pour enfin découvrir le plaisir sexuel. Il est vantard, arrogant, tellement sexiste que j’ai parfois eu envie de balancer le livre – je ne l’ai pas fait, Emeline, ne t’en fais pas !! J’avais envie qu’il soit remis à sa place, mais certainement pas par Louise, l’archétype de la femme fausse. Elle ment comme elle respire, et fait passer les femmes – généralisation oblige dans ce livre ! – pour des manipulatrices prêtes à tout et n’importe quoi pour obtenir ce qu’elles veulent. A la fin, elle passe quasi pour une sorcière. Un seul autre personnage est évoqué ici, Lily, qui se retrouve entre les deux autres. Elle aussi fait passer la femme pour une opportuniste, individualiste. Peut-être permet-elle d’atténuer légèrement les clichés, mais je n’en suis pas tout à fait sûre. Sa liberté est mal vue par Adam, et donc, le lecteur est censé se ranger à son avis et se dire que c’est vraiment une … Oui, donc, en fait, encore du sexisme !

La fin m’a tellement énervée ! C’était sans doute censé être une surprise, mais j’avais (peur d’avoir) compris où voulait nous mener l’auteur. Le summum du sexisme. J’applaudis.

 

Donc, sans aucun doute un des pires livres de l’année ! 

Weird Things Customers Say in Bookshops de Jen Campbell

Posté : 16 juillet, 2017 @ 6:51 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : HumoristiqueWeird Things Customers Say in Bookshops

Editeur : Constable

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 119

Titre en français : Propos cocasses et insolites entendus en librairie

Synopsis : A John Cleese Twitter question (‘What is your pet peeve?’), first sparked the Weird Things Customers Say in Bookshops blog, which grew over three years into one bookseller’s collection of ridiculous conversations on the shop floor.

From ‘Did Beatrix Potter ever write a book about dinosaurs?’ to the hunt for a paperback which could forecast the next year’s weather; and from ‘I’ve forgotten my glasses, please read me the first chapter’ to ‘Excuse me … is this book edible?’: here is a book for heroic booksellers and booklovers alike.

This full-length collection, illustrated by the Brothers McLeod, also includes top ‘Weird Things’ from bookshops around the world.

 

Avis : Un peu de détente pendant une lecture plus sérieuse !

Depuis quelques temps maintenant, je suis Jen Campbell sur Youtube – si vous pouvez regarder des vidéos en anglais, n’hésitez pas ! Les livres qu’elle montre sont tous intéressants, et elle a le don de vous donner envie de les lire ! – et, plus je la vois, plus j’ai envie de lire ses propres livres. Je me suis lancée avec Weird Things Customers Say in Bookshops ! C’est une compilation de perles de clients, du plus inspiré au plus bête ! Je m’attendais à rire tout le long, et c’est vrai que j’ai ri ; mais, à partir d’un moment, je me suis mise à soupirer, et je me suis retrouvée dans la même situation que Neil Gaiman quand il dit : « Si drôle. Si triste … Lisez-le et soupirez. » C’était exactement ça !! Je trouvais certaines perles très drôles, et d’autres me semblaient tellement impolies de la part des clients, ou énormes, qu’elles m’ont rendu triste ; je me suis demandée si le monde allait si mal pour qu’on entende ce genre de choses dans des librairies ! J’imagine la frustration, l’exaspération des libraires qui se retrouvent devant ce genre de clients, eux qui devaient rêver de conseiller des gens qui s’y connaissent un peu en livres, ou qui sont, au moins, attirés par eux ! En tout cas, j’ai aimé la repartie – tout en restant polis ! – des libraires, qui ne se laissent pas démonter devant certains clients particulièrement désagréables ! Je lirai sans doute le deuxième volume !!

 

Donc, un livre drôle, mais parfois aussi désespérant !

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