Macbeth de William Shakespeare
Editeur : Oxford University Press (Guild Publishing London)
Année de sortie : 1990 [1987]
Nombre de pages : 25 (c’est bien le texte intégral, mais écrit en minuscule !!)
Synopsis : Pas de synopsis pour cette édition, donc je vous mets celui de Livraddict : Le général écossais Macbeth revient du combat où il a vaillamment défendu son seigneur Duncan quand, en pleine lande, trois sorcières apparaissent et lui annoncent qu’il deviendra roi. Lorsque Duncan lui rend visite pour le récompenser de sa bravoure, Macbeth, hanté par la prédiction des sorcières et poussé par sa femme, tue son hôte et s’empare du pouvoir. En proie au remords, le couple sombre peu à peu dans la folie…
Avis : Cela fait très longtemps que je voulais lire Macbeth, et, je ne sais pas pourquoi, je repoussais toujours ma lecture. Puis, j’ai vu qu’un film était sorti en 2015 avec Michael Fassbender, et je me suis dit que ce serait sympa de regarder avec mon compagnon – bien sûr, pas avant d’avoir lu la pièce !
Shakespeare a un don : il parvient à me faire aimer des personnages, à me faire ressentir de la sympathie pour eux, alors qu’ils ne le méritent clairement pas quand on lit la pièce. J’étais vraiment compatissante envers Macbeth, qui se laisse consumer par l’envie, par l’ambition, poussé par sa femme à commettre des actes irréparables. Dès la prophétie des sorcières, on sent que le personnage va être tourmenté par ce qu’elles ont prédit, que la fatalité va s’acharner sur lui : il sera baron de Cawdor, puis roi. Il ne cesse d’y penser, il en parle à sa femme, et elle le pousse à forcer le destin. Pourtant, Macbeth, au début de la pièce, ne semble pas particulièrement ambitieux : il sert son roi, fait la guerre, mais ne pense pas à la royauté pour lui-même avant que les sorcières ne lui en parlent. Une fois l’idée implantée, elle fait son chemin et conduit Macbeth - ainsi que sa femme - vers le crime, puis vers les remords et la folie. Il est prêt à croire tout ce que lui prédisent les sorcières : il n’interprète pas ce qu’elles disent et se retrouve vite au pied du mur. Comme dans Othello, ce n’est pas celui qui insuffle l’idée qui fait le « sale boulot » ; ce n’est pas Iago qui tue Desdémone ou Cassio, comme ce n’est pas Lady Macbeth qui tue le roi. C’est le personnage principal qui devient criminel, et qui, pourtant, étrangement, reste « sympathique » au lecteur, parce qu’il est manipulé plus qu’il n’est criminel de son plein gré. Rien que pour ça, je ne peux pas ne pas aimer les pièces de Shakespeare !
Ce que j’aime aussi dans cette pièce – excepté le fait que c’est une tragédie – est l’ambiance, plus sombre que dans les pièces que j’ai lues précédemment. D’abord, l’histoire débute par une guerre, et donc, concrètement, par un bain de sang, qui se poursuit avec des meurtres. La pièce est aussi plus sombre à cause de – ou grâce à - la magie présente ici, une magie noire, exécutée par des sorcières qui invoquent le nom d’Hécate, déesse lunaire, protectrice parfois, mais aussi déesse de l’ombre et des morts. C’est cet aspect de la déesse qui est mis en avant ici : invoquée par les sorcières, elle chante avec elles, et les aide dans la concoction d’une sorte de potion. Lady Macbeth, elle aussi, contribue à l’ambiance plus sombre, notamment par le fait qu’elle n’écoute pas son mari quand il doute ; elle le pousse plutôt à réaliser la prophétie des sorcières, quitte à devoir tuer pour y parvenir. Elle est rattrapée par des remords, qui font surface la nuit, sous forme de crises de somnambulisme pendant lesquelles elle revit sa conversation avec Macbeth. Mais, en voulant réaliser la prédiction à tout prix, le général a oublié, momentanément, une partie de celle-ci : Banquo, l’ami du général, lui aussi, s’est vu prédire quelque chose. Autre chose de très appréciable : l’écriture, excellente, un peu difficile parfois, mais agréable.
La fin est, évidemment, tragique : les personnages ont succombé à la folie, Macbeth voit des fantômes et se barricade dans son château, persuadé d’être invincible grâce à une nouvelle prophétie. Il s’est laissé abuser, et le lecteur ressent, quand même, encore, de la sympathie pour lui à la fin.
Donc, une très bonne pièce, sombre et bien écrite, et dont les personnages sont appréciés, malgré leurs crimes !
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