Hiroshima mon amour de Marguerite Duras
Editeur : Folio
Année de sortie : 2015 [1960]
Nombre de pages : 155
Synopsis : LUI : Tu n’as rien vu à Hiroshima. Rien.
ELLE : J’ai tout vu. Tout … Ainsi l’hôpital je l’ai vu. J’en suis sûre. L’hôpital existe à Hiroshima. Comment aurais-je pu éviter de le voir ?
LUI : Tu n’as pas vu d’hôpital à Hiroshima. Tu n’as rien vu à Hiroshima …
ELLE : Je n’ai rien inventé.
LUI : Tu as tout inventé.
ELLE : Rien. De même que dans l’amour cette illusion existe, cette illusion de pouvoir ne jamais oublier, de même j’ai eu l’illusion devant Hiroshima que jamais je n’oublierai. De même que dans l’amour.
Avis : J’avais été très déçue au début de l’année par ma lecture de L’Amant de Marguerite Duras. Je me suis dit qu’il fallait retenter le coup : ma sœur m’a prêté Hiroshima mon amour, qu’elle a beaucoup aimé !
J’ai bien aimé !! J’étais tellement contente en le finissant de voir que je m’étais, en quelque sorte, réconciliée avec l’auteur ! Ce n’est pas un coup de cœur, mais c’est une lecture qui vaut le coup, et qui donne envie de regarder le film ! Ici, le lecteur lit, d’une certaine façon, le scénario du film réalisé par Alain Resnais ; étant donné la forme, il est un peu plus difficile de ressentir l’émotion que l’on ressentirait à la lecture d’un roman à proprement parler ; il est aussi plus difficile d’entrer dans l’histoire, surtout que l’auteur nous fait un résumé au début pour que l’on comprenne. Les surprises n’en sont alors plus, et le lecteur sait à quoi s’attendre. Malgré cela, j’ai bien compris l’intensité de l’histoire : une jeune femme superpose deux amours, l’un à Nevers, l’autre à Hiroshima, deux villes touchées et alors rapprochées par la guerre. Tous deux sont condamnés et ne mèneront à rien : [SPOILER] la jeune fille est tombée amoureuse d’un officier allemand pendant la Seconde Guerre mondiale, ce qui va faire tomber le déshonneur sur elle et sa famille une fois la guerre terminée. La scène de la mort de l’officier est touchante, et, en l’imaginant à l’écran, je me suis dit que, bien joué, elle doit retourner les tripes du spectateur. A travers cet amour entre un Allemand et une Française, est brisé le manichéisme du monstre allemand et de la victime française. [FIN DU SPOILER] Elle est amenée à parler de cet amour au Japonais qu’elle a rencontré, et avec qui elle entretient une très brève liaison. Elle repart le lendemain, donc, cette histoire ne devrait pas avoir d’importance. Et pourtant, à travers leur histoire personnelle, on sent la résurgence de la grande Histoire, on sent comme elle donne de la valeur à ces amours, comme elle les porte et leur donne une signification particulière. Rien que dans le premier dialogue, quand elle lui dit avoir tout vu d’Hiroshima et qu’il dément, on sent que la ville est plus que simplement une ville dans laquelle se trouve une Française et un Japonais dans une chambre d’hôtel ; c’est un endroit qui rappelle l’inhumanité des hommes, un endroit qui s’est relevé du pire, qui sent toujours la mort, que l’on ne peut, encore maintenant, dissocier de la mort. Et cette mort rappelle, en quelque sorte, la mort du premier amour. A la fin, on comprend que les villes, par le choc qu’elles ont occasionné dans la vie des personnages, deviennent des façons de les désigner ; le choc les a façonnés, les a rendus tels qu’ils sont aujourd’hui.
Les appendices permettent de lire avec plus de détails, et à travers les yeux de la femme, l’épisode de Nevers. Cela permet de mettre des images sur des scènes desquelles les personnages parlent rapidement. Ils sont assez émouvants, malgré leur aspect décousu. Le livre se conclut sur les portraits respectifs du Japonais et de la Française.
Donc, une bonne lecture, qui m’a donné envie de découvrir le film ! Un bel entrelacement de l’histoire personnelle et de la grande Histoire !
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