Thirteen Reasons Why de Jay Asher
Editeur : Penguin Books
Année de sortie : 2013 [2007]
Nombre de pages : 288
Titre en français : Treize raisons
Synopsis : You can’t stop the future. You can’t rewind the past. The only way to learn the secret … is to press play.
Clay Jensen returns home to find a strange package with his name on it. Inside he discovers several cassette tapes recorded by Hannah Baker – his classmate and first love – who committed suicide two weeks earlier.
Hannah’s voice explains there are thirteen reasons why she killed herself. Clay is one of them. If he listens, he’ll find out why.
All through the night, Clay keeps listening – and what he discovers changes his life …
Forever.
Avis : Ce livre était dans ma wish-list depuis longtemps, et il en est enfin sorti grâce à la série TV qui est sortie récemment. Certaines de mes amies ont regardé et ont aimé, alors j’ai sauté le pas !
Et je ne regrette pas du tout de l’avoir fait. Bien sûr, dès le début, le lecteur sait que le thème est difficile, et que donc, le livre risque d’être difficile à lire aussi à certains moments. En effet, Hannah est déjà morte quand la lecture commence, et ces cassettes que Clay reçoit sont tout ce qu’il reste d’elle, tout ce qu’il lui reste pour expliquer son geste, expliquer sa lente descente. « lente descente » : c’est exactement ça. Hannah parle d’un effet boule de neige, et le lecteur comprend au fil des pages que l’expression est très bien choisie. En effet, tout ce dont elle parle semble des petits riens, des situations embarrassantes ou des gestes déplacés, par-ci par-là, pas des choses qui méritent que l’on se donne la mort. Et pourtant, accumulés, ces petits riens sont devenus énormes, insupportables. Evidemment, le message est clair - Jay Asher le dit lui-même lorsqu’il répond à treize questions à la fin de mon édition - : il est important de faire attention à notre façon de traiter les autres, à nos préjugés, à nos moqueries, à nos remarques. Parce que nous ne connaissons pas la vie des autres, nous ne savons pas ce qu’ils vivent, et ils n’ont pas à nous le dire pour que nous soyons corrects avec eux. Nous sommes tous sujets aux préjugés – ne dites pas que vous ne l’avez jamais été, c’est faux -, mais ce n’est pas une raison pour leur céder, pour les laisser diriger nos pensées et nos opinions. On dirait une morale à deux sous, mais tant de gens se laissent guider par les on-dit, les rumeurs, par ce qu’ils croient vrai et pas par la vérité elle-même. Il est facile de juger quelqu’un, de rejeter la faute sur quelqu’un dont la réputation est salie ; il est plus facile alors de se sentir bien dans sa peau, de se sentir irréprochable. Ce sont les apparences qui comptent. Hannah est victime des préjugés des autres, ils la voient telle qu’elle est présentée, et jamais telle qu’elle est vraiment. Dès le début, elle n’a aucune chance avec les différents personnes mentionnées, excepté avec Clay. Et c’est là que l’histoire prend une tournure particulière : [SPOILER] Clay est certain qu’il aurait pu aider Hannah, qu’elle avait décidé de se suicider, qu’elle était convaincue que c’était la solution, et qu’elle n’a pas cherché une dernière fois à se sauver la vie avec lui. Il aurait pu être là si elle s’était ouverte à lui. Et j’ai eu du mal à décider si Clay avait raison ou tort. D’un côté, c’est vrai, il aurait pu être là pour elle si elle l’avait décidé, si elle lui avait demandé de l’aide. Mais, d’un autre, elle avait tellement peur d’être à nouveau déçue et, cette fois, par lui, par quelqu’un d’irréprochable apparemment. Elle ne pouvait pas lui faire confiance parce qu’elle avait déjà fait confiance avant lui, et que tout le monde l’avait laissé tomber. J’ai compris Clay, et j’ai compris Hannah. Sa détresse était telle qu’à la fin, elle choisit sciemment de s’autodétruire, elle choisit de faire quelque chose qu’elle ne veut pas faire pour ne plus pouvoir revenir en arrière, pour ne plus pouvoir vivre. Sa dernière tentative de se raccrocher à la vie est un échec total, et, pourtant, le lecteur, ainsi que Clay – un peu une figure du lecteur dans la mesure où il découvre les cassettes en même temps que lui – garde l’espoir insensé que cette dernière mesure va empêcher le drame. [FIN DU SPOILER] Etrangement, à certains moments, je me suis identifiée à Hannah : parfois, quand les petits riens s’accumulent, on ne sait plus comment s’en sortir. Ils deviennent des montagnes, et il faut se remonter les manches pour les dépasser. J’ai vu beaucoup d’avis dire que c’est manichéen, que tout le monde est méchant et qu’Hannah se présente comme la victime idéale. Je trouve cela complètement faux. Certains sont « méchants » par manque de discernement, ou par ignorance, par bravade, pour impressionner les copains ; mais peu ont véritablement un fond méchant. Peu se rendent véritablement compte de ce qu’ils font en réalité. J’ai eu l’impression de voir une bande de lycéens qui ont trouvé un bouc émissaire, d’autres qui en profitent, d’autres qui interprètent son comportement et qui agissent en conséquence. Mais personne ne cherche vraiment à connaître Hannah, à parler avec elle, à l’aider. Certains avis disent que sa réaction est exagérée : imaginons un peu la détresse et l’amertume d’Hannah, qui a tenté de s’intégrer et qui se retrouve avec une réputation de Marie-couche-toi-là, seule, sans amis, sans personne à qui se confier, avec une situation familiale qui laisse elle aussi à désirer, et des gens qui tentent de lui montrer qu’elle peut leur faire confiance avant de lui planter un couteau dans le dos. Encore une fois, je la comprends. C’est sa vengeance, sa façon de les hanter, de les empêcher de l’oublier, sa façon de faire justice quand la justice ne peut rien faire pour elle. Enfin, j’ai aimé le format de la narration : le lecteur a la réaction de Clay en même temps que les cassettes d’Hannah, ce qui coupe son récit, mais ce qui paraît plus réaliste. J’aurais aimé écouter ses cassettes, mais je pense que l’expérience de lecture aurait été encore pire …
Sans doute à cause du thème, j’ai eu du mal, au début, à m’attacher aux personnages. Clay a l’air d’être quelqu’un de bien, presque parfait, mais le lecteur doute dès qu’il comprend que chaque personne qui reçoit les cassettes est une des raisons pour lesquelles Hannah s’est donnée la mort. Et surtout, dès qu’il lit les différentes histoires liées aux différentes personnes, toutes plus dérangeantes les unes que les autres. Et le fait que Clay arrive tardivement laisse à penser qu’il a fait quelque chose de particulièrement grave. Pourtant, au fil du temps, des cassettes, et de ses réactions, je me suis attachée à lui, et j’ai aussi compris son amour pour Hannah. Il regrette, et pense qu’il aurait pu faire plus pour elle, ce qui donne des moments particulièrement émouvants. Quant à Hannah elle-même, en la lisant – faute de pouvoir l’écouter -, on comprend que son image et sa véritable personnalité n’ont rien à voir, et l’on s’attache à elle. Comme je l’ai dit, je l’ai comprise, et donc appréciée, et j’ai infiniment regretté qu’elle ne soit pas sauvée. D’autres personnages apparaissent, que le lecteur déteste plus ou moins ; parmi les pires : Bryce, ou LE macho par excellence, Mr. Porter, ou l’inutilité professorale incarnée, Courtney, ou la garce par excellence, Jenny, ou l’irresponsabilité incarnée. En fait, je les déteste pratiquement tous à la fin du livre. Petit choc face à la réaction des élèves du cours de communication face à la demande anonyme d’aborder le thème du suicide.
La fin laisse un espoir, pas pour Hannah, bien sûr, mais pour Clay. Il ne refera plus les mêmes erreurs, il parlera, il tentera d’aider.
Donc, un livre important qui traite d’un sujet qui effraie, mais qui devrait être abordé plus souvent. Une claque qui nous rappelle que nous sommes tous sujets aux préjugés, aux moqueries, et donc, à des petits riens qui peuvent gâcher la vie.
2 commentaires »
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Oh !!
(pas en VO hein, tu te doutes xD) Tu m’as intrigué 
J’avoue que la série ne m’attirait absolument pas, de part sa gravité, mais du coup je vais peut-être plutôt lire le livre
Bisous !
C’est exactement ma réaction à la fin : Oh ! xD
Certaines de mes amies m’ont dit du bien de la série, du coup, je voulais lire le livre avant quand même !! Ravie de t’avoir intriguée ! J’espère que tu apprécieras la lecture, tiens-moi au courant !
Bisous !!