Millénium, tome 2 : La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette
Editeur : Babel noir
Année de sortie : 2012 [2006]
Nombre de pages : 792
Synopsis : Tandis que Lisbeth Salander coule des jours supposément tranquilles aux Caraïbes, Mikael Blomkvist, réhabilité, plus célèbre et pugnace que jamais, s’apprête à publier dans Millénium un dossier aux allures de brûlot sur un trafic de prostituées dans pays de l’Est impliquant des personnes haut placées. A son grand désarroi, Mikael n’a plus de nouvelles de Lisbeth depuis des mois, mais il la voit une nuit dans les rues de Stockholm échapper de justesse à une agression.
Quand les deux journalistes qui enquêtaient pour Millénium sont assassinés, Lisbeth, suspectée, se retrouve traquée par la police et les médias. Mikael sait ce qu’il lui doit, et compte bien payer sa dette.
Mêlant femmes violentées, crapules avides et sombres salopards, l’intrigue trépidante de ce deuxième volet permet enfin d’éclairer le passé de l’une des héroïnes les plus originales et les plus fascinantes de l’histoire du polar, la cultissime Lisbeth.
Avis : J’ai lu le premier tome de la série, Les hommes qui n’aimaient pas les femmes, il y a longtemps, mais j’en gardais un bon souvenir …
… alors quand mon tirage au sort est tombé sur La fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette, j’étais plutôt contente d’enfin poursuivre après (je viens de vérifier) 5 ans !!
Il y a tant à dire sur ce livre … D’abord, du point de vue matériel, j’aime bien les couvertures de la série (et de la maison d’édition en général). L’association rouge/noir annonce tout de suite ici une histoire sombre. J’aime aussi que Lisbeth soit représentée sur chaque couverture ! Dans ce deuxième tome, on comprend qu’elle est, en quelque sorte, la véritable héroïne de la série – en tout cas, on se concentre beaucoup sur elle ici, ce qui est un des aspects positifs du livre ! La suivre était génial ; l’auteur nous donne des bribes de sa façon de penser, de sa façon de voir le monde. D’autres aspects positifs : l’histoire, qui, comme je l’ai dit, concerne plutôt Lisbeth, même si, évidemment, Mikael est impliqué ; la découverte du passé de Lisbeth, enfin !! Le lecteur avait eu un petit aperçu à la fin du premier tome il me semble, et à la fin des films Millénium, mais aucune explication ! Enfin, tout est expliqué ! Autre aspect positif, le suspense : le lecteur ne sait pas ce qui va arriver aux personnages, et certaines scènes m’ont vraiment scotchée !! Je me demandais vraiment s’ils allaient s’en sortir, comment cela allait finir ! Du coup, dernier point positif : l’addictivité. Il est très dur de poser ce livre, et très frustrant de ne pas pouvoir le livre d’une traite. Tant de mystères donnent envie de SAVOIR !!
Passons aux mauvais côtés : ce livre est assez long, 792 pages, et j’ai trouvé qu’il y avait beaucoup de répétitions et beaucoup de scènes inutiles. Certes, elles ajoutent au « réalisme » de l’histoire, mais il y en a peut-être trop. Par exemple, je n’ai pas compris l’intérêt des premières scènes de Lisbeth, et de l’histoire dans laquelle elle est embarquée. Second bémol : la qualité de la langue. Le lecteur sent la traduction dans la maladresse des phrases, ou se retrouve avec des phrases mal construites. Mais dans le corps même du texte, il est possible de trouver des choses bizarres : des phrases qui se suivent et qui n’ont rien à voir, des fins de paragraphes qui tombent à plat. C’est vraiment dommage, car ces problèmes m’empêchent de faire de ce livre un coup de cœur ! Dernier bémol : le synopsis, qui en dit encore beaucoup trop !!
Pour les personnages, je dois dire que Lisbeth Salander est une de mes préférées dans toute la littérature ! Elle est complètement décalée, originale, par rapport aux héroïnes habituelles ! Soit disant psychotique, le lecteur SAIT que Lisbeth a des problèmes sociaux, qu’elle n’est pas comme tout le monde, mais c’est justement ça qui fait sa force, et qui la rend sympathique au lecteur. Et même, celui-ci la respecte et l’admire. Comme le disent la plupart des autres personnages qui la connaissent, elle a un sens moral exceptionnel, différent de celui de la société, mais sans aucun doute bien plus juste. Elle ne supporte ni l’injustice, ni les machos ; la façon dont elle est présentée par ceux qui ne la connaissent pas tout le long du livre m’a énervée comme rarement !! Préjugés, insultes, railleries : aucun ne la comprend, ni même ne cherche à la comprendre. En ayant vu son dossier médical, ils sont persuadés qu’elle est folle sans remettre le médecin en question. Cela m’a rappelé l’expérience de Milgram sur la soumission à l’autorité : parce qu’un médecin « renommé » leur affirme qu’elle est timbrée et doit être enfermée, ils acceptent son jugement sans broncher ! Par la suite, ils se posent des questions, mais il leur faut du temps pour laisser à Lisbeth le bénéfice du doute ! Les raccourcis faits entre satanistes, lesbiennes, putes, et folles m’ont profondément agacée – référence notamment à Hans Faste et aux michetons interrogés par Dag et Mikael dans leur enquête sur le trafic de femmes ! Mais revenons à Lisbeth ! Peut-être que, physiquement, elle n’est pas du tout impressionnante, mais c’est clairement une femme endurcie, capable, indépendante, qui prend des décisions claires et rapides. Elle est plus intelligente que la moyenne – je n’ai rien compris aux équations qu’elle s’amuse à résoudre ! Donc, comme pour le premier tome, coup de œuvre pour elle ! Bien sûr, on retrouve aussi Mikael Blomkvist, le journaliste fouineur que tout le monde déteste – sauf ses amis et le lecteur ! Encore une fois, il veut établir la vérité sur les agissements de personnes haut placées qui se pensent intouchables, et qui, donc, se permettent des choses abominables. Ici, l’auteur nous parle du trafic de femmes, ainsi que sur le fait que l’on ne sait jamais tout de ce qui arrive, et nous ouvre les yeux – si ce n’était pas déjà le cas – sur la corruption qui a cours dans la société, et même, dans les milieux qui sont censés protéger ses femmes : la justice, la police, l’Etat. Blomkvist, avec l’aide de Dag Svensson et Mia Bergman, veut tous les dénoncer. Encore une fois, le journaliste est une forte tête, qui menace et veut parvenir à ses fins, malgré le danger auquel il s’expose. J’ai trouvé que l’expression de Lisbeth, « Super Blomkvist », lui allait vraiment bien ! D’autres personnages apparaissent, plus ou moins sympathiques : Erika Berger, rédactrice de Millénium, femme forte et libre ; Nils Bjurman, toujours aussi concordant avec son magnifique tatouage ! ; Jan Bublanski, inspecteur chargé officiellement de résoudre l’enquête ; Sonja Modig, seule femme flic dans l’équipe, confrontée au machisme, à la misogynie dans sa profession. Je ne peux pas vraiment parler des autres sans spoiler certains éléments de l’histoire, donc, je me tais, mais sachez que les « méchants » sont vraiment abominables !
Le livre ouvre plusieurs réflexions, certaines dont j’ai déjà parlées comme les préjugés misogynes et le trafic des femmes. Erika Berger représente un autre aspect de la femme, la condition féminine me semblant être un des thèmes principaux de ce livre. La rédactrice de Millénium a une éthique de vie qui peut paraître aux individus « lambdas » être scandaleuse. En effet, elle n’est pas fidèle à son mari, celui-ci le sait, et cela ne le dérange absolument pas. Elle rêve même d’un ménage à trois qu’elle sait, pourtant, impossible. Face aux deux premières façons d’aborder la femme, Erika Berger correspond à la liberté, à une femme indépendante qui a choisi un mode de vie, et qui se fiche éperdument de ce qu’on peut penser d’elle. Le lecteur peut commencer par avoir des préjugés la concernant, puis il finit par se dire qu’elle vit comme elle le souhaite, et que cela s’applique non seulement dans la littérature, mais aussi dans la vie de tous les jours. Tant de gens sont bourrés de préjugés, et tentent de faire culpabiliser untel, ou l’insultent parce qu’il a choisi une vie différente. Qu’est-ce que ça m’agace … Chacun fait ce qu’il veut, concentrons-nous sur nos vies, et ne jugeons pas sans savoir !
La fin est scandaleuse !! Elle est tellement frustrante !! Mais comment peut-on finir un livre de cette façon ?!! Elle force le lecteur à lire la suite IMMEDIATEMENT !!
Donc, un très bon deuxième tome, à la hauteur du premier, malgré quelques défauts. Hâte de lire la suite !!
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