Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour avril, 2017

Cosmétique de l’ennemi d’Amélie Nothomb

Posté : 29 avril, 2017 @ 10:53 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 4 commentaires »

Cosmétique de l'ennemiGenre : Contemporaine

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 123

Synopsis : « Sans le vouloir, j’avais commis le crime parfait : personne ne m’avait vu venir, à part la victime. La preuve, c’est que je suis toujours en liberté. » C’est dans le hall d’un aéroport que tout a commencé. Il savait que ce serait lui. La victime parfaite. Le coupable désigné d’avance. Il lui a suffi de parler. Et d’attendre que le piège se referme. C’est dans le hall d’un aéroport que tout s’est terminé. De toute façon, le hasard n’existe pas.

 

Avis : Je partais en week-end prolongé, donc je me suis dit que j’allais choisir de petits livres faciles à lire : Cosmétique de l’ennemi rentrait pour moi dans cette catégorie …

jusqu’à ce que je le lise ! Certes, c’est une lecture très rapide : en deux heures de voiture, je l’avais terminé. Mais je ne pense pas qu’on puisse dire que c’est un livre facile. L’écriture, comme toujours avec Amélie Nothomb, est fluide, et le lecteur passe de mot en mot très rapidement – ce qui ne veut pas dire qu’ils ne sont pas importants. De plus, le récit est principalement composé de dialogue, ce qui permet d’entrer dans l’histoire rapidement, ce qui donne plus de vie au livre, et ce qui donne des répliques bien senties, mémorables tant elles sont percutantes ! Mais le thème principal abordé n’est pas un de ceux que j’appellerai faciles ! Et surtout, avec le synopsis, je ne m’attendais pas du tout à ce genre d’histoire !! Je ne veux surtout pas gâcher la surprise à ceux qui ne l’ont pas encore lu, donc je ferai des encarts spoilers à chaque fois qu’ils me sembleront nécessaires ! L’histoire en elle-même commence doucement : un homme en aborde un autre dans un hall d’aéroport, et commence à l’importuner, à le suivre, à lui parler sans cesse, à lui raconter les grands événements de sa vie. Le lecteur est ici face à une situation dans laquelle il pourrait se trouver, ce qui lui permet de s’identifier d’emblée à Jérôme, l’importuné, et pas du tout à Textor, l’importun. Il choisit tout de suite un camp, et ce choix ne fera que se consolider au fil des révélations de Textor, assez affreuses pour faire tressaillir le lecteur, pour l’indigner, pour avoir envie d’entrer dans le livre et de lui faire payer lui-même ce qu’il a fait. C’est alors que surgit le premier rebondissement ! Je n’en croyais pas mes yeux !! Tout s’emboîte logiquement pour y aboutir, et pourtant, je ne l’ai pas du tout vu venir !! Je ne m’attendais pas non plus à la réaction des deux personnages ! Quant au second rebondissement, il m’a achevée ! Je n’étais pas du tout arrivée à cette conclusion, cela m’a vraiment surprise ! Amélie Nothomb a le don de faire croire à son lecteur qu’il a tout compris, alors qu’en fait, il est complètement à côté de la plaque ! Ainsi le thème principal est-il [SPOILER] la schizophrénie, le fait qu’un homme ait deux personnalités complètement opposées, et que l’une agisse indépendamment de l’autre. Ici, Textor rencontre Jérôme pour lui faire comprendre qu’ils sont deux, et que si le meurtre de sa femme n’a jamais été résolu, c’est parce que c’est lui-même qu’il l’a commis en oubliant qu’il est le meurtrier au moment de reprendre sa « première » identité. Cela pose aussi la question de la culpabilité après un crime, de la façon de chacun de le porter, ainsi que la question de savoir comment une personne peut se retrouver avec plusieurs personnalités, savoir ce qui cause ce trouble, cette division de l’être normalement unique. Cela pousse le lecteur à se poser des questions : qui sommes-nous vraiment ? nous connaissons-nous vraiment ? [FIN DU SPOILER] Complètement bluffant ! Petites remarques : avec la personnalité de Textor Texel et ses révélations, celui-ci m’a fait penser à Prétextat Tach dans Hygiène de l’assassin, surtout dans sa façon de parler ; de plus, leurs noms sont proches maintenant que je les écris côte à côte ! Ce nom, d’ailleurs, amène une réflexion sur le texte et le tissu, ce qui donne une belle mise en abîme. Enfin, le lecteur apprend toujours quelque chose avec Amélie : ici, l’étymologie de « cosmétique » par exemple !

Les personnages ne sont que deux en scène, malgré la proximité d’une foule dans un hall d’aéroport, ce qui donne une impression de huis-clos, renforcée par les révélations de Textor. Celui-ci est un personnage abject, impossible à aimer, et qui possède une conception de l’amour, de la liberté et du désir toute particulière ! Dès le début, dès son irruption dans le champ de vision et le champ auditif de l’autre personnage, il devient agaçant, quelqu’un dont on aimerait se débarrasser, quelqu’un qui ne vit que pour importuner les autres autour de lui. Ses révélations le rendent d’autant plus ignobles qu’il ne semble pas se rendre compte de la gravité de ce qu’il a fait : pour lui, ses actes étaient tout à fait normaux, et il les explique avec force arguments, énervant encore plus le lecteur et Jérôme, qui devient alors comme son reflet dans le texte. Celui-ci semble être un homme ordinaire, celui que l’on rencontre justement dans les halls d’aéroport en train d’attendre, agacé par son retard. Il est banal, même si, selon Textor, il est plutôt charismatique. Obligé de subir la présence de Textor, il l’écoute et réagit, avec ironie ou indignation, à ses multiples confessions. Mais il prend une dimension tout à fait différente dès le premier rebondissement ; cela est renforcé après le second rebondissement. [SPOILER] Si Jérôme était bien une figure du lecteur, celui-ci se retrouve dans une situation où lui-même est confronté à son être intérieur, à son propre Textor, à sa schizophrénie non-déclarée, à ses multiples facettes de sa personnalité, facettes qu’il cache, pour la plupart, parce qu’elles ne sont pas conventionnelles, ou qu’elles déplairaient à son entourage. Il se sent alors mal à l’aise, pris dans l’histoire d’une façon à laquelle il ne s’attendait pas, acteur par procuration d’une situation dans laquelle il ne veut jamais se trouver. [FIN DU SPOILER]

La fin est monumentale, tout comme l’est le second rebondissement. C’est le moment de vérité, le lecteur s’attend à tout ; la fin est divisée en deux parties, laissant le suspense entier : [SPOILER] en effet, le lecteur pourrait croire qu’elle vient quand Jérôme a achevé de tuer Textor, et qu’il s’en va ; mais en réalité, la véritable fin se trouve à la page suivante, séparée du corps du texte, comme un épilogue, et l’on se rend bien compte que Textor était bien Jérôme, une création de son esprit, un Mr. Hyde, son double projeté sous les yeux ! [FIN DU SPOILER]

 

Donc, un livre qui m’a grandement surprise, qui m’a troublée et mise mal à l’aise, qui aborde un thème important qui m’est cher. Bien sûr, un coup de cœur !

The Discworld series, book 1 : The Colour of Magic de Terry Pratchett

Posté : 28 avril, 2017 @ 10:34 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Fantasy, Humoristique The Colour of Magic

Editeur : Corgi

Année de sortie : 1988 

Nombre de pages : 285

Titre en français : Les annales du disque-monde, tome 1 : La huitième couleur

Synopsis : On a world supported on the back of a giant turtle (sex unknown), a gleeful, explosive, wickedly eccentric expedition sets out. There’s an avaricious but inept wizard, a naive tourist whose luggage moves on hundreds of dear little legs, dragons who only exist if you believe in them, and of course THE EDGE of the planet …

‘One of the best, and one of the funniest English authors alive’ Independent

 

Avis : Cela faisait un moment que ce livre traînait sur mes étagères ; il m’est souvent venu en mains, mais je ne l’avais pas encore lu. Cette fois, je me suis lancée !

Je ne sais pas pour vous, mais j’ai toujours du mal à entrer dans un livre, le temps que l’univers se mette en place, que les personnages me deviennent sympathiques, le temps que je sois entrée dans l’histoire. Cette difficulté est encore plus grande dans les livres Fantasy, donc y compris dans The Colour of Magic. Le lecteur entre dans un monde complètement inconnu dans lequel il commence par être perdu : les points cardinaux n’ont plus le même nom (mais, du coup, lequel correspond auquel ?), le monde est soutenu sur le dos d’éléphants juchés sur une tortue (?!!), l’univers est composé de tortues qui flottent, et il existe un bord du monde. Malgré cette barrière de l’inconnu, j’ai vite tenté de tout remettre en ordre et j’ai véritablement apprécié l’univers présenté par l’auteur, complètement loufoque, ce qui fait tout son charme ! Son humour est rafraîchissant, et parfois inattendu, prenant le lecteur par surprise ! L’écriture est agréable, un savant mélange de description et de dialogues qui fait que la lecture n’est pas lourde. Ce que j’ai particulièrement apprécié dans ce livre est la reprise de certains lieux communs de la Fantasy pour les détourner et, souvent, les rendre ridicules ! Par exemple, le héros n’est pas du tout celui auquel on peut s’attendre dans une œuvre de Fantasy : il n’est pas courageux, il n’a pas les valeurs morales attendues, il n’a pas de pouvoir particulier, il n’est pas vraiment l’élu, l’anti-héros par excellence, tout comme son compagnon ! Le livre est divisé en quatre parties, qui correspondent chacune à une aventure particulière. Autre exemple : les  »héros » des histoires sont en fait des barbares qui se battent pour peu et n’ont pas énormément de neurones ! L’action est donc présente, et se renouvelle constamment !

Rincewind, magicien qui a été exclu de l’école de sorcellerie, se retrouve héros de ce livre ; comme je le disais juste au-dessus, il est véritablement l’anti-héros par excellence, mais celui que l’on apprécie, pas celui que l’on déteste ! Ses excès de panique sont drôles, tout comme la façon dont il est toujours acculé par des personnages plus puissants que lui. Il n’est pas maître de son destin visiblement, et se retrouve à devoir protéger un touriste qui n’a pas du tout l’air de tenir à la vie ; dans tous les cas, il vit dans une réalité où tout s’arrange toujours ! Les personnalités des protagonistes sont donc opposées, ce qui donne de bonnes scènes hilarantes ! Twoflower, ce compagnon idéaliste et fasciné par absolument tout, même une bagarre pour le tuer, est drôle, souvent sans le vouloir. Il est toujours de bonne humeur, toujours positif, ce qui, étrangement, le sort de nombreux faux pas. Il est accompagné par son bagage, une malle pourvue de jambes, hilarante elle aussi, sans le vouloir elle aussi : on dirait un chien qui suit son maître partout en causant le maximum de dommages sur son passage ! D’autres personnages apparaissent, comme certains « héros » dont je parlais plus haut ou les dragons (ils parlent !) que j’ai particulièrement aimé ! 

La fin (là encore, l’auteur joue avec le lecteur !) laisse présager une très bonne suite ! Bien sûr, comme la plupart des premiers tomes de série, le monde est séduisant, et donne envie d’en savoir encore plus : je pense donc que je préférerai le tome suivant à celui-ci, qui n’est pas loin du coup de cœur, mais qui n’en est tout de même pas un !

 

Donc, un très bon premier tome qui introduit bien le monde et les personnages, et qui donne vraiment envie d’aller plus loin !

A Cat Called Birmingham : A biography of nine lives de Chris Pascoe

Posté : 25 avril, 2017 @ 10:25 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 2 commentaires »

A Cat Called BirminghamGenre : Humoristique, Contemporaine

Editeur : Hodder & Stoughton

Année de sortie : 2004

Nombre de pages : 182

Titre en français : Monsieur Chatastrophe : une biographie de neuf vies

Synopsis : Darwin coined his theory of evolution based on survival of the fittest. He’d obviously never met Brum.

In the long history of mankind’s relationship with felines, one cat stands head and shoulders below the rest. Highly inflammable, the glass-jawed Birmingham lurches from one catastrophe to the next. Through encounters with washing machine spin cycles to his lovelorn pursuit of the agressively uninterested Sammy, Chris Pascoe’s hilarious book paints an intimate portrait of the author’s calamitous relationship with a cat wholly unsuited to being feline.

Persistenly molested by an irate sparrow, physically incapable of negotiating the intricacies of the cat-flap and with a near-fatal appreciation of the effects of gravity, Brum nevertheless remains steadfast in his subconscious pursuit of oblivion.

The question is, will nine lives be enough ?

 

Avis : Après avoir lu Danse Macabre, j’avais besoin de livres qui me mettent de bonne humeur : quoi de mieux que la vie d’un chat absolument dingue ?

Quand je lis, il est rare que j’éclate de rire, ou que j’éclate en sanglots : souvent je souris, ou je me sens triste, mais je contrôle mes émotions. Eh bien, là, j’ai été incapable de le faire ! J’ai éclaté de rire en m’imaginant les situations dans lesquelles se met Birmingham - et dans lesquelles il entraîne son humain par la même occasion ! J’ai adopté un chat depuis peu, et elle aussi peut faire des bêtises, mais l’imaginer à la place de Brum était hilarant ! J’aurais fait la même chose que lui si mon chat avait était aussi casse-cou ! J’ai aimé la division en chapitres très courts qui relatent chacun une catastrophe, ou plutôt, une catégorie de catastrophes ; en effet, l’auteur nous explique que cela n’arrive pas qu’une seule fois ! Par exemple, Brum a pris feu à peu près six fois, de manière différente presque à chaque fois ! J’ai aimé aussi les petites illustrations qui accompagnent chaque chapitre. Elles m’ont fait rire elles aussi, plus particulièrement celle qui représente Brum à demi sorti par la chatière, et donc à moitié trempé parce qu’il pleut ! Les hypothèses que fait Chris Pascoe sur ce que doit penser son chat sont très drôles également !! Il reprend ainsi le schéma du Journal de Bridget Jones - avec succès !! A vrai dire, cette adaptation m’a plus fait rire que l’original … -, ou imagine qu’ils sont tous les deux morts et qu’ils ont une conversation d’égal à égal. Il se pose aussi un tas de questions sur les chats, se demande si le sien n’est pas une sous évolution, un miacis, s’il se considère comme un chat. Passage préféré : celui avec Maya ! C’était si mignon ! Je n’avais eu qu’un seul exemple de chat qui faisait ce genre de choses : celui d’Hemingway. En revanche, j’ai eu un peu de mal avec les passages sur les enfants qui brutalisent les chats, qui ne se rendent pas compte que ce sont des êtres vivants et les manipulent comme des jouets.

 

Donc, un livre très agréable, qui m’a beaucoup fait rire, qui me donne envie de lire la suite, Take the Cat out of Slough, ainsi que d’autres livres sur les chats !

Danse Macabre de Stephen King

Posté : 24 avril, 2017 @ 7:29 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Danse Macabre Genre : Essai, Horreur

Editeur : Hodder & Stoughton

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 460

Titre en français : Anatomie de l’horreur (en deux tomes)

Synopsis : There is a reason why Stephen King is one of the bestselling writers in the world, ever; Described in the Guardian as an author who ‘knows how to engage the deepest sympathies of his readers’, Stephen King writes books that draw you in and are impossible to put down.

It was not long after Halloween when Stephen King received a telephone call from his editor. ‘Why don’t you do a book about the entire horror phenomenon as you see it? Books, movies, radio, TV, the whole thing?’

The result is this unique combination of fantasy and autobiography, of classic horror writing honed to an unforgettable edge by the bestselling master of the genre.

DANSE MACABRE ranges across the whole spectrum of horror in popular culture from the seminal classics of Dracula and Frankenstein. It is a charming and fascinating book, replete with pertinent anecdote and observation, in which Stephen King describes his ideas on how horror works on many levels and how he brings it to bear on his own inimitable novels.

 

Avis : Je déteste les films d’horreur. Alors pourquoi ai-je lu ce livre ?

D’abord, si je déteste les films d’horreur, c’est parce que, souvent, je ne les vois que comme des occasions de voir de la boucherie et du sang, sans histoire, et donc, sans intérêt. Et pourtant, je me suis toujours demandée ce qui pouvait attirer tant de gens vers ces films. Quand j’ai vu que Stephen King avait publié un essai sur le genre horrifique - films, livres, etc -, je me suis dit que je pourrais le lire, que peut-être, je comprendrais ce qu’il y a de si fascinant dans l’horreur, ce qui attire certains de mes amis, ce qui fait que ce sont de grands films. Eh bien, j’ai compris.

Et je suis vraiment contente d’avoir lu ce livre ! J’ai une vision tout à fait différente de l’horreur après l’avoir refermé, même si je pense que tout le monde n’a pas la même façon de considérer ce genre que l’auteur. Bien sûr, comme il parle de sa propre vision de l’horreur, Stephen King parle de lui ici, il évoque certaines anecdotes personnelles qui expliquent pourquoi il écrit des histoires d’horreur, pourquoi il est fan des films d’horreur. J’ai trouvé son essai passionnant – même si, à certains moments, je l’ai trouvé un peu plus long, mais j’expliquerai pourquoi ensuite ! Il rend le genre bien plus profond que juste des litres d’hémoglobine ; il nous fait réfléchir sur ce qui nous fait véritablement peur dans ces histoires, sur ce que ces films/livres représentent réellement, comment nous les voyons. Il étudie ainsi plusieurs films et livres un peu plus en détail par rapport à d’autres, en nous montrant pourquoi ils parviennent à nous faire peur - et ce, en nous spoilant la plupart du temps, à mon grand regret ! Il passe par Dracula, Frankenstein et Dr. Jekyll and Mr. Hyde, ce qui m’a ramené à mon mémoire, confirmant des idées, en ajoutant d’autres. Ces livres sont parmi mes préférés, et ils sont classés dans le genre horrifique, ce que je n’avais jamais vraiment remarqué avant de commencer à travailler sur eux. De plus, il évoque les contes de fées, ce qui peut paraître complètement hors de propos, mais qui ne l’est absolument pas ! J’ai adoré découvrir ce point de vue original, presque paradoxal, et qui pourtant, tient parfaitement la route ! Ce que j’adore aussi dans ce livre, ce sont les tonnes de références que King nous donne ! Ma wish-list a encore explosé avec le nombre de livres que j’y ai ajouté ! Concernant les films, c’est plus compliqué : j’ai plusieurs phobies, dont l’une est le sang ; compliqué quand on veut regarder un film d’horreur ! J’en ai regardé trois : The Grudge, que je n’ai pas réussi à regarder tout le long et qui m’a fait faire des cauchemars pendant des mois ; Scream 4, que j’ai vu au cinéma – quelle idée débile j’ai eu ! ; la tétralogie Alien (à la suite, je précise …), parce que mon compagnon est fan et qu’il voulait absolument que je les vois : résultat, un coussin entre les mains au cas où, et des cris réguliers à chaque fois qu’il y avait du sang – et ces passages sanglants sont nombreux ! Et pourtant, j’ai beaucoup aimé cette dernière série, malgré la peur et les séquences que je n’ai pas réussi à regarder. Stephen King parle du premier Alien, qui était sorti à l’époque où il publie le livre – 1981 -, et le classe parmi les vingt films qui font véritablement peur, pas seulement à cause des aliens en tant qu’êtres physiques, mais pour l’idée d’un être qui se sert des humains pour vivre avant de les tuer – de manière assez dégoûtante, avouons-le – et qui va être ramener sur Terre par le Stromono si les membres d’équipage ne sont pas capables de l’abattre ; également pour l’idée de scientifiques fous qui veulent étudier la créature extraterrestre, au risque de cause la mort de l’équipe chargée de transporter l’être jusque sur Terre, et sans se rendre compte que l’espèce humaine elle-même est en danger. Bientôt sort Alien 5 : Covenant ; mon compagnon m’a déjà proposé d’aller le voir, mais je me demande si j’aurais le courage d’y aller ! Avec cet exemple d’Alien, Stephen King nous montre que les films d’horreur font peur parce qu’ils touchent à des points de pression chez nous, à des choses qui nous terrifient mais qui sont enfouies en nous, que l’on ne veut pas voir en face, comme c’était déjà le cas avec les trois premiers romans dont il parle. J’ai apprécié le fait que Stephen King ne parle, en fait, pas que de l’horreur : il mentionne aussi la science-fiction et la Fantasy qui sont, pour lui, souvent associées à l’horreur ; et je me suis vite rendue compte qu’il avait raison ! Il mentionne aussi le fait que ces trois genres ne soient pas considérés comme de la littérature, soient même mal vus par les critiques, les institutions, etc. Cette façon de diviser la littérature m’a toujours agacé : je considère la Fantasy et la science-fiction comme faisant partie intégrante de la littérature, et pourquoi l’horreur n’y aurait-elle pas sa place ? Ces genres aussi demandent une « analyse », cachent quelque chose de plus que juste une histoire de surface. Eux aussi méritent leur place dans nos bibliothèques ! Enfin, ce que j’ai également beaucoup apprécié dans ce livre, c’est l’écriture de l’auteur : Stephen King s’adresse à son lecteur tout le long, tantôt comme à un invité, tantôt comme à un ami, mais surtout, il reprend la métaphore de la danse du début à la fin, ce qui m’a semblé étrangement poétique de sa part. Il prend la main du lecteur, et le guide à travers la danse macabre du genre horrifique. Il est vrai que, comme il le dit, il marche parfois sur nos pieds, mais il est pardonné, car c’est une maladresse, et non une intention malveillante. Il ne cesse de répéter qu’il ne veut surtout pas être poncif, nous faire un sermon, nous montrer qu’il est un expert ; il veut simplement nous faire part de ses idées, mais surtout, nous faire entrer dans le monde de l’horreur et tenter de nous le faire comprendre. Il donne aussi clairement son avis, qu’il soit positif ou négatif : il peut nous dire beaucoup de bien de certains auteurs, et descendre en flèche d’autres en une seule phrase !

Passons maintenant à de petites remarques négatives ! N’ayant pas vu / lu les films / livres dont parle l’auteur, comme je l’ai dit, il m’a spoilé la majorité d’entre eux. Cela ne me dérange pas pour les films, que je n’avais pas vraiment l’intention de regarder ; beaucoup plus pour les livres, qui m’ont vraiment intéressé pour la plupart d’entre eux ! Bien sûr, ces spoilers étaient inévitables, donc ce n’est pas vraiment la faute de l’auteur, plutôt la mienne de ne pas les avoir lus avant. Parfois, j’ai aussi senti que l’essai était vraiment fait pour les fans de l’horreur : je ne connaissais pas la majorité des références données, et j’ai parfois perdu dans le livre, notamment à cause de certains termes spécifiques, ou dans certains passages où l’auteur se concentre sur un film, ou sur une série – par exemple, The Twilight Zone – ; il fallait des connaissances préalables que je n’avais pas pour tout comprendre. Enfin, cet essai date de 1981 : de nombreux films et livres horrifiques sont sortis depuis, et j’ai l’impression que certaines remarques de King sont dépassées parce qu’elles ont été résolues entre temps ; par exemple, son regret que la radio ne diffuse plus d’histoires d’horreur peut être pallié par l’audiobook, qui permet de retrouver les sensations ressenties lors des émissions de radio. J’aimerais avoir l’avis de King sur la plupart des œuvres qui sont sorties entre temps : Dracula de Coppola – réalisateur que l’auteur semble véritablement apprécier -, les autres Alien, The Grudge (parce que ce film m’a vraiment fait peur !), mais aussi certains romans, comme les derniers qu’il a écrits, ou Maudits de Joyce Carol Oates – il la mentionne aussi. Aussi, il parle beaucoup des peurs de la société de l’époque, en évoquant de nombreux événements qui ont marqué le genre horrifique : lancement de Spoutnik par les Russes, assassinat de Kennedy, assassinat de Martin Luther King, le massacre de Johnstown ; j’aimerais savoir en quoi l’horreur a évolué maintenant, avec le 11 septembre par exemple. Ce serait formidable d’avoir une version moderne de cet essai ; bien sûr, cela représente un travail colossal, mais je ne peux m’empêcher de l’espérer !

Stephen King conclut avec un chapitre sur la moralité et la magie, en donnant des exemples d’écrivains du genre horrifique à qui des journalistes ont posé des questions du genre : « Comment justifiez-vous de prospérer grâce aux peurs des autres ? » Ce dernier chapitre est composé lui-même de « chapitres » où s’entremêlent la prose de King et des faits-divers dans lesquels des romans ou films d’horreur sont impliqués. Mais n’est-ce pas trop facile de dire que certaines personnes peuvent se servir de la fiction pour commettre des meurtres ? Elles les auraient commis de toute façon, de manière moins originale parce que sans l’appui du film ou du livre, mais elles l’auraient fait. La responsabilité n’est alors pas celle de l’auteur, mais celle de la personne qui s’est mis en tête de refaire ce qu’elle a vu. Stephen King voit plutôt l’horreur comme une catharsis, comme une façon de se faire peur pour éviter d’avoir peur de la réalité, mais aussi, comme l’expression de l’imagination de l’auteur, sa capacité à redevenir un enfant, à retrouver la magie de l’enfance, son innocence et sa crédulité face à quelque chose qui lui fait peur. Le livre s’achève sur une liste de films et de livres, la dernière que je vais m’empresser de regarder après cette chronique, pour achever de faire déborder ma wish-list ! 

 

Donc, un essai convaincant, qui me fait voir le genre horrifique différemment, et qui me pousse à essayer de lire certains chefs-d’œuvre du genre !

The World of Ice & Fire : The Untold History of Westeros and the Game of Thrones de G. R. R. Martin, Elio M. Garcia, Jr., et Linda Antonsson

Posté : 17 avril, 2017 @ 5:21 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Genre : Fantasy, Beaux Livres The World of Ice & Fire

Editeur : Bantam

Année de sortie :2014 

Nombre de pages : 311

Titre en français : Game of Thrones : Le Trône de fer, les origines de la saga

Synopsis : The never-before-seen History of Westeros and the lands beyond with hundreds of pages of all-new material from George R. R. Martin.

If the past is prologue, then George R. R. Martin’s masterwork – the most inventive and entertaining fantasy saga of our time – warrants one hell of an introduction. At long last, it has arrived with The World of Ice &Fire.

This lavishly illustrated volume – featuring more than 170 original pieces of full-color art – is a comprehensive history of the Seven Kingdoms, providing vividly constructed accounts of the epic battles, bitter rivalries, and daring rebellions that lead to the events of A Song of Ice and Fire and HBO’s Game of Thrones. In a collaboration that’s been years in the making, Martin has teamed with Elio M. Garcia, Jr., and Linda Antonsson, the founders of the renowned fan site Westeros.org – perhaps the only people who know this world almost as well as its visionary creator.

Collected here are all the accumulated knowledge, scholarly speculation, and inherited folk tales of maesters and septons, maegi and singers. It is a chronicle which stretches from the Dawn Age to the Age of Heroes; from the Coming of the First Men to the arrival of Aegon the Conqueror; from Aegon’s establishment of the Iron Throne to Robert’s Rebellion and the fall of the Mad King, Aerys II Targaryen, which has set into motion the « present-day » struggles of the Starks, Lannisters, Baratheons, and Targaryens. The definitive companion piece to George R. R. Martin’s dazzingly conceived universe, The World of Ice &Fire is indeed proof that the pen is mightier than a storm of swords.

 

Avis : Cela fait un moment que je voulais lire The Untold History of Westeros : rien que voir les illustrations en feuilletant le livre m’a donné encore plus envie en le recevant. Mais, comme je me connais, je n’ai pas voulu le lire avant de pouvoir le faire de bout en bout, sans avoir à m’arrêter parce que je ne peux pas transporter le livre. Donc, j’ai attendu des vacances pendant lesquelles je n’avais pas trop de choses à faire ! Et voilà !

D’abord, j’adore l’idée de doter le monde d’A Song of Ice and Fire d’une Histoire : cela rend l’univers encore plus réel, encore plus représentable ! Elle est accompagnée d’une géographie, que beaucoup de lecteurs des livres, malgré les cartes, ont encore un peu de mal à se représenter (on peut encore y arriver pour Winterfell-King’s Landing, mais déjà King’s Landing par rapport à Dragonstone ou Storm’s End, c’est plus compliqué) ; de plus, les dites cartes ne montrent pas tout le monde connu, et j’ai été surprise de découvrir que Braavos, Meereen, etc, se trouvent sur un autre continent appelé Essos ! (je savais qu’elles ne se trouvaient pas à Westeros, et que le continent et elles étaient séparés par la mer, mais à part ça …) Le lecteur apprend tellement de choses, que, bien sûr, il ne retient pas tout ! De l’arrivée des Premiers Hommes à la royauté en passant par les Andals, nous sommes complètement immergés dans l’univers de la série (livre ou TV). J’ai vu certains avis qui regrettaient l’omniprésence des Targaryen ; bien au contraire, j’ai adoré qu’ils soient mis en avant de cette façon !! Dans la série, on ne sait pas grand-chose d’eux, excepté à propos de Daenerys et de son père, Aerys II : ici, on commence avec les dragonlords de Valyria pour arriver à la famille Targaryen, notamment avec Aegon the Conqueror et ses sœurs. Tous les rois qui ont régné à sa suite sont également présents, même si certains sont un peu plus effacés que d’autres, jusqu’à la révolte de Robert Baratheon – d’ailleurs, je ne savais pas que la famille Baratheon était une branche de la famille Targaryen, ni que la grand-mère de Robert en était une ! Le mot d’ »Histoire » peut donner l’impression que ce livre va être ennuyeux - je ne trouve pas l’Histoire ennuyeuse du tout, mais certaines personnes le peuvent – mais ab-so-lu-ment pas ! Comme dans la nôtre, elle est palpitante : le lecteur se trouve au milieu de complots, conflits, trahisons, intrigues de Cour, fratricides, régicides, etc ! Pas de temps morts, excepté peut-être dans la deuxième partie du livre, plutôt consacrée à la géographie, même si l’histoire de la famille « régnante » de chaque région est mise en avant. De plus, elle est racontée par un érudit qui se présente au début du livre, et qui, en l’achevant, nous permet de comprendre qu’il est déjà arrivé [SPOILER] au règne de Tommen ! [FIN DU SPOILER] Il doit donc reconsidérer certaines choses qu’il a dites au cours du livre, puisqu’il est dédié à Robert Baratheon, qu’il parle de nombreux personnages morts depuis, et qui sont encore vivants au moment où il écrivait. Les nombreuses anecdotes et mystères racontés rendent l’univers d’autant plus « réaliste » : est-ce qu’Untel a fait empoisonner Untel pour monter sur le trône ? Certains événements dont le lecteur a entendu parler dans la série se trouvent dans le livre, comme le conflit entre les Lannister et les Castamere, d’où la chanson « The Rains of Castamere », ou le tournoi pendant lequel Rhaegar offre à Lyanna Stark la couronne de roses d’hiver sous les yeux de sa femme et des frères Stark ! L’écriture, comme pour la série, est agréable, avec une pointe d’ »ancienneté ».

Bien sûr, ce qui fait l’énorme plus du livre, ce sont les nombreuses illustrations qui s’y trouvent. Elles sont fantastiques, merveilleuses, superbes !! Elles représentent de grands personnages, comme Tywin Lannister, Aerys II, Robert Baratheon, Rhaegar Targaryen, certain(e)s que l’on ne connaissait que de noms avant de lire ce livre, comme Rhaenyra Targaryen ou Nymeria, mais aussi les grands châteaux de Westeros : comment ne pas tomber amoureux de l’illustration de Highgarden ? Qui ne rêverait pas d’y vivre ? Certains scènes sont aussi illustrées, notamment des batailles célèbres, ou des grands événements, comme certains tournois dont celui de Jaehaerys I, ou la présentation de la couronne de roses à Lyanna Stark. Les endpapers sont particulièrement saisissants : le premier représente Dragonstone, le dernier, le combat entre Robert Baratheon et Rhaegar Targaryen ! Bien sûr, avant même d’ouvrir le livre, le lecteur sait déjà que le livre sera principalement consacré à la dynastie des Targaryen avec cette couverture !! Rien que le toucher en fait un livre spécial, puisqu’on dirait une sorte de grimoire ou de très vieux livre.

Enfin, ce livre m’a carrément donné envie d’une autre série dans le même univers qu’A Song of Ice and Fire, mais à propos des Targaryen. Au vu de The Untold History of Westeros, on pourrait se dire que c’est inutile, puisque beaucoup de choses sont déjà racontées ; mais au contraire, si l’auteur écrivait une série avec des points de vue différents comme c’est le cas avec la première, le lecteur pourrait découvrir la vérité sur la mort de nombreux personnages, sur les intentions d’autres, sur les conséquences de certains événements. Par les différents points de vue, il serait possible de tout remettre en perspective ! Mais j’attends déjà The Winds of Winter, je ne veux pas trop en demander ! *espoir*

 

Donc, un livre formidable, « indispensable » pour les fans inconditionnels de la série qui veulent toujours plus d’éléments sur cet univers fascinant.

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