La Passe-Miroir, tome 1 : Les fiancés de l’hiver de Christelle Dabos
Editeur : Gallimard Jeunesse
Année de sortie : 2015
Nombre de pages : 519
Synopsis : Sous son écharpe élimée et ses lunettes de myope, Ophélie cache des dons singuliers : elle peut lire le passé des objets et traverser les miroirs. Elle vit paisiblement sur l’arche d’Anima quand on la fiance à Thorn, du puissant clan des Dragons. La jeune fille doit quitter sa famille et le suivre à la Citacielle, capitale flottante du Pôle. A quelle fin a-t-elle été choisie ? Pourquoi doit-elle dissimuler sa véritable identité ? Sans le savoir, Ophélie devient le jouet d’un complot mortel.
Une héroïne inoubliable, un univers riche et foisonnant, une intrigue implacable. Découvrez le premier livre d’une grande saga fantastique et le talent d’un nouvel auteur à l’imaginaire saisissant.
Avis : J’ai vu beaucoup de revues positives sur ce livre, et j’avais envie de Fantasy, donc je me suis lancée !
Malgré tous ces avis, je ne m’attendais pas à autant aimer Les fiancés de l’hiver ! D’abord, la couverture est très attirante, avec cette cité qui flotte dans les airs, ces nuages autour, cela donne envie de découvrir l’univers créé par l’auteur ! Et quel univers ! J’ai aimé la géographie particulière de ce monde, très originale, les différences entre les familles qui y vivent, comme celles entre les Animistes et les habitants du Pôle, les pouvoirs qu’ils possèdent, puis la Cour quand on arrive sur le Pôle, Clairdelune, les intrigues, les complots. C’est fascinant à découvrir, et le lecteur a envie d’en apprendre plus – surtout vers la fin du livre, quand l’auteur a le don de finir un chapitre sur quelque chose qui donne immédiatement envie de lire la suite ! Quant à l’histoire, le lecteur suit Ophélie, forcée de se marier avec Thorn, un homme qu’elle ne connaît pas, qui vient d’un monde inconnu également. Elle s’interroge sur le fait qu’on l’ait choisie, dès le début, et jusqu’au Pôle, où elle tente de démêler les fils de la toile qui se tisse autour d’elle. Je me disais que c’était plutôt commun, les mariages forcés dans la littérature de jeunesse, et que je risquais peut-être de m’ennuyer, je pensais savoir ce qui allait venir ; je me trompais ! C’est cohérent, bien mené, et pas du tout ennuyeux ! Je ne m’attendais pas à tout ce qui arrive à l’héroïne, ni à tant de violence ! Nous sommes dans un univers de Cour, il n’y a rien de plus impitoyable, et je trouve que l’auteur le rend très bien ! L’écriture est agréable, quelques touches de poésie parfois dans l’emploi de certains termes. Dans ce livre se trouvent aussi des réflexions sur la hiérarchie entre les hommes – une belle façon de montrer qu’un homme en vaut un autre, et qu’il n’y a pas de différence de valeur entre eux -, sur l’apparence, et surtout celle que les riches / aristocrates mettent en avant, ce que ce vernis cache de pourriture.
Concernant les personnages, Ophélie est bien sûr l’héroïne, mais une héroïne imparfaite, consciente de ses défauts, et qui ne fait rien pour les améliorer : elle préfère rester elle-même, et tant pis si elle ne plaît pas. Je me suis facilement attachée à elle. Négligée, absorbée par ses livres et son musée, elle ne compte pas faciliter la tâche à son futur époux, qu’elle ne compte pas aimer non plus ! Ce n’est pas une héroïne badass, elle n’est pas « l’élue » ; ce n’est pas pour autant qu’elle n’a pas de qualités. Elle s’accepte telle qu’elle est, ne se ment pas, ni ne ment aux autres, elle est consciente des difficultés qui l’attendent et est prête à affronter les obstacles qui se dresseront sur son chemin. Courageuse, têtue, déterminée, elle est tout de même fragile, rien que physiquement : elle ne fait pas le poids, et surtout pas face à Thorn, son fiancé. Ils se ressemblent dans le fait qu’ils ne parlent pas, qu’ils ne savent pas s’exprimer, mais ils n’ont rien à voir physiquement. Elle est toute petite et frêle, lui est maigre mais gigantesque. Il est aussi très mystérieux, ne parle pas de lui à sa fiancée, n’apprend pas à la connaître : il est très agaçant. Mon avis sur lui a évolué en même temps que celui d’Ophélie, passant de l’agacement, à la compassion, à la tristesse, puis à la colère. Il est obsédé par son travail, par les intrigues, il déteste les gens, et ne fait confiance qu’à sa tante Berenilde, qui se cache derrière une apparence sympathique. Gracieuse, élégante, pour elle aussi, les sentiments du lecteur changent. La cerner est compliqué : dès que l’on découvre la raison pour laquelle elle est comme elle est, on ne peut s’empêcher d’avoir pitié. La tante Roseline m’a souvent fait rire, j’aime son personnage décalé à la Cour du Pôle ! D’autres personnages apparaissent, comme Renard, que j’apprécie, Archibald, homme à femmes par excellence, le chevalier, que le lecteur a envie d’étriper, et les autres membres du clan des Dragons, tous plus sympathiques les uns que les autres. La famille d’Ophélie est brièvement présente, j’aime beaucoup son oncle, touchant et attachant.
La fin donne vraiment envie de lire la suite, que je n’ai pas encore ! On termine sur un événement qui va à nouveau changer la vie d’Ophélie.
Donc, un très bon premier tome, qui donne envie de lire la suite très vite ! Un univers bien construit, une héroïne attachante, une histoire qui promet d’être encore meilleure dans Les disparus du Clairdelune !