Les Misérables de Victor Hugo
Editeur : Pocket
Année de sortie : 2013
Nombre de pages : 1648
Synopsis : Peut-on imaginer un monde sans Jean Valjean, Cosette, Gavroche, Javert ou Fantine, à jamais vivants au Panthéon de l’esprit humain ? En 1862 paraissent Les Misérables qui désignent toutes les victimes d’un ordre social dont Victor Hugo condamne les injustices. Immense épopée populaire, le roman est emporté dans l’air de Paris et de ses bas-fonds, l’odeur des barricades et de la Révolution. Il deviendra l’une des œuvres les plus lues dans le monde. On dit que lorsque les premières épreuves sortaient des presses, les correcteurs et les imprimeurs pleuraient.
Avis : J’ai décidé de lire ce livre en cinq temps, correspondant aux cinq tomes, comme s’ils avaient été publiés séparément. Je me voyais mal tout lire d’une traite.
06/06/2016 : Premier tome : Fantine. D’abord, l’écriture est merveilleuse, l’auteur transparaît souvent à travers son narrateur, le lecteur peut lire ses opinions dans ce qui est écrit. Passons directement aux personnages : Fantine est elle aussi merveilleuse, un ange souillé qui blesse et brise le cœur du lecteur. On ressent tour à tour pitié, désespoir, mais aussi la certitude qu’elle a trouvé un paradis. Jean Valjean, quant à lui, est un roc dans le roman, impressionnant, un homme en rédemption sur le point d’être perdu. Une grande place est donné à la religion, c’est un véritable éclair pour certains personnages. Cosette fait déjà mal au cœur, j’ai du mal à imaginer la suite puisque le second tome porte son nom. Javert est évidemment affreux, un personnage lugubre, et en même temps impressionnant par son entièreté. L’évêque de Digne, lui, est un personnage fantastique, comme un archange qui prend en charge un ange en devenir. Enfin, les Thénardier, ou l’horreur à visage humain ; la sœur Simplice, ou la pureté et la justice même. De nombreuses réflexions sont présentes ici : misère, justice, innocence, sort qui s’acharne, coïncidences affreuses, rédemption, commérages et horreurs que les hommes sont capables de commettre par négligence, ou par méchanceté pure, par envie de faire du mal parfois. On y trouve aussi une belle description de la nature humaine dans ses différents aspects. Le geste final est fait d’amour pur, et l’on prend conscience d’une justice supérieure par rapport à celle des hommes. Côté sensations, je dois dire que je ne m’attendais pas à ça : j’ai souvent eu les larmes aux yeux en lisant ce tome ; Les Misérables est un vrai concentré d’émotions ! On ne peut pas rester indifférent à ce qui arrive à Fantine, à Jean, à Cosette. J’ai été subjuguée, j’ai hâte de lire la suite, mais je veux quand même lire d’autres choses avant : 1640 pages d’un coup, ça fait tout de même très peur !
20/02/2017 : Deuxième tome : Cosette. Une écriture toujours aussi belle, mais un peu déçue de commencer ce nouveau tome avec un descriptif de la bataille de Waterloo, qui n’a rien à voir avec l’histoire ! Dans ce volume, j’ai eu l’impression qu’Hugo faisait plus de digressions, sans que le livre donne une impression de longueur pour autant – contrairement à L’Homme qui rit, où je sentais que je n’avançais pas avec toutes ses parenthèses ! Comme le titre l’indique, ce tome se concentre sur Cosette, petite fille qui fait toujours plus mal au cœur, qui semble un fantôme dans une vie qui n’est pas faite pour elle. Jean Valjean est toujours aussi formidable, un personnage à part qui ne laisse pas le lecteur indifférent, et qui ne se laisse pas facilement oublier. La rédemption continue pour lui, qui doit remplir sa promesse auprès de Fantine : aller chercher Cosette, l’arracher aux Thénardier, incarnation de la méchanceté ; comme le lecteur est heureux à la perspective de ce passage ! Toujours autant de réflexions sur la nature humaine, même si celles-ci m’ont moins marqué ; toujours une grande place de la religion, d’autant plus avec le lieu dans lequel s’achève le tome. En revanche, l’émotion a été bien moins présente pour moi ici : pas de larmes, de légers pincements au cœur seulement. Une fin pleine d’espoir, mais le lecteur se doute que quelque chose va arriver dans le tome suivant. Je pense vite continuer, une lecture entre-deux et je reprends !
24/02/17 : Troisième tome : Marius. Pourquoi, pourquoi, pourquoi tant de digressions ?!! L’auteur nous présente de nouveaux personnages secondaires – et même carrément d’arrière-plan ! – et retarde ainsi l’action qui n’arrive qu’à la fin ! Il est vrai que cette scène finale a su me captiver, mais le reste était long ! C’était long, non parce que c’est long à lire, mais parce qu’il ne se passe rien qui fasse avancer l’histoire pendant ces digressions. Le pire, c’est que le tome suivant commence par : « Livre I : Quelques pages d’histoire » ! Dans ce tome, nous rencontrons quand même un personnage important, Marius, qui rencontre chaque personnage des tomes précédents sans les connaître, bien sûr, et fait des choix face auxquels le lecteur ne peut que pousser un grand soupir. Dans son ignorance, il commet des impairs. Thénardier est encore pire que pire, sans doute un des personnages que je déteste le plus dans toute la littérature ! Jean Valjean est toujours aussi héroïque, admiré par le lecteur et par certains autres personnages. Encore une fois, les réflexions se portent sur la condition humaine, mais du « mauvais côté » de la misère, ceux qui finissent bandits. Encore moins d’émotion que dans le tome précédent, excepté à la fin ! Pas de pause cette fois, j’entame tout de suite le quatrième tome *espoir de finir ce livre avant la fin du mois !!*
26/02/17 : Quatrième tome : L’idylle rue Plumet et l’épopée rue Saint-Denis. Evidemment, toujours des digressions, qui sont ici des réflexions générales sur l’argot, la société. Ce n’est pas du tout inintéressant, mais cela casse le rythme de l’action, et peut atténuer l’intérêt du lecteur. Le titre de ce tome porte très bien son nom puisque le lecteur assiste ici à la naissance d’une histoire d’amour entre deux personnages, et à une bataille « épique » sur les barricades : des intrigues qui paraissent antagonistes mais qui se rejoignent à la fin. Toujours le même attachement aux personnages : Jean Valjean, celui qui cherche (et a atteint ?) la rédemption, mais à qui il reste une part d’ombre, Cosette, jeune fille désormais, qui s’éveille à la vie, à l’amour, Marius, jeune homme toujours partagé entre deux entités, son père et son amour, Eponine, personnage que j’ai réussi à apprécier mais qui reste tout de même mauvais. Une fin qui laisse présager une suite (et fin !!) détonante ! Toujours, bien sûr, une excellente écriture !
28/02/17 : Cinquième tome : Jean Valjean. La fin. La fin de cette fresque littéraire immense, de ce pavé qui pourrait assommer (ou tuer !) quelqu’un, de ce livre qui fait si peur, et qui, pourtant, est tellement génial !! Oui, il y a des digressions, et cela donne un effet de longueur, mais je dis bien « un effet » : les longueurs n’en sont pas vraiment, le lecteur apprend plein de choses – même si elles ne servent pas toutes à l’intrigue, ce qui peut être un peu énervant parfois, puisque l’action est coupée par les explications, par exemple, sur les égouts de Paris ! - et se rend compte qu’Hugo était quelqu’un qui savait beaucoup de choses, qui savait s’exprimer, qui savait expliquer, et qui savait merveilleusement bien écrire. Ses analyses de la société, de l’insurrection, de l’émeute, de l’amour, des relations entre les hommes : tout enrichit le lecteur, et le laisse parfois bouche bée devant la vérité énoncée sous ses yeux. Ce tome se concentre plus sur Jean Valjean, un des personnages qui rejoint directement le Panthéon de mes personnages adorés. Mais quel personnage, quelle figure, quelle grandeur, quelles leçons il nous donne depuis le début du roman jusqu’à sa toute fin !! Personne n’arrive à sa hauteur, il les désarme tous !! [SPOILER] Et cette ingratitude de la part de Cosette et de Marius, si insupportable !! Et Hugo qui nous dit de ne pas leur en vouloir !! Mais si !! On ne peut pas faire autrement !! Et ce Javert, qui devient grand, qui comprend le monde, et qui ne le supporte pas ! J’ai eu un élan d’affection pour lui ! Il se rend compte de son erreur depuis tout ce temps !! [FIN DU SPOILER] On peut dire que l’émotion est bien présente dans ce tome !! En fait, j’ai eu l’impression que le premier et le dernier se répondaient parfaitement à ce niveau-là, ce qui fait que ce sont mes deux tomes préférés, et ce qui fait que ce livre est un coup de cœur : il commence parfaitement, et s’achève parfaitement, justifiant ainsi les trois tomes intermédiaires, qui se révèlent, par l’éclairage de celui-ci, excellents eux aussi. Le lecteur sent les larmes monter, son cœur se serrer. L’auteur est très fort et emploie des phrases qui coupent le souffle de celui qui lit ! Et cette fin … Dans le genre, je t’achève, il n’y a pas pire !! Comment peut-on écrire une fin aussi triste ?! On pouvait s’en douter avec le titre, mais [SPOILER] l’auteur nous a quand même parlé de justice dans ce dernier tome : où est-elle ici ? Je m’attendais vraiment à ce qu’elle soit faite !! [FIN DU SPOILER] En tout cas, je suis fière d’avoir fini ce livre, fière de l’avoir découvert, et heureuse de l’avoir apprécié, peut-être pas encore à sa juste valeur, mais adoré à mon niveau pour l’instant ! Je ne pense d’ailleurs pas du tout rendre justice au livre dans cet article !! Il est si riche, il est impossible d’en faire un résumé, ou de mettre en évidence tout ce qui est excellent !
Donc, un livre qui fait peur, mais qui vaut vraiment le coup, dans lequel des digressions sont présentes, mais elles nous apprennent plus qu’elles ne nous ennuient, une écriture merveilleuse, riche, facile à lire et qui emporte le lecteur, des personnages que l’on adore, que l’on exècre, et parmi eux, Jean Valjean, personnage mémorable entre tous, celui que le roman met à l’honneur, celui à qui il rend hommage, celui qui est mis en avant, celui qui montre ce qu’est la rédemption, ce qu’est la misère, ce qu’est la bonté, et qui nous transperce le cœur par son abnégation !!