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I found myself in Wonderland.

Laëtitia ou la fin des hommes d’Ivan Jablonka

Classé dans : Avis littéraires — 30 janvier 2017 @ 15 h 51 min

LaëtitiaGenre :Témoignage 

Editeur : Seuil (La Librairie du XXe siècle)

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 366

Synopsis : Dans la nuit du 18 au 19 janvier 2011, Laëtitia Perrais a été enlevée à 50 mètres de chez elle, avant d’être poignardée et étranglée. Il a fallu des semaines pour retrouver son corps. Elle avait 18 ans.

Ce fait divers s’est transformé en affaire d’Etat : Nicolas Sarkozy, alors président de la République, a reproché aux juges de ne pas avoir assuré le suivi du « présumé coupable », précipitant 8000 magistrats dans la rue.

Ivan Jablonka a rencontré les proches de la jeune fille et les acteurs de l’enquête, avant d’assister au procès du meurtrier en 2015. Il a étudié le fait divers comme un objet d’histoire, et la vie de Laëtitia comme un fait social. Car, dès sa plus jeune enfance, Laëtitia a été maltraitée, accoutumée à vivre dans la peur. Ce parcours de violences éclaire à la fois sa fin tragique et notre société tout entière : un monde où les femme se font harceler, frapper, violer, tuer.

 

Avis : J’ai lu très peu de témoignages, et ai été obligée de lire celui-ci pour les cours.

Honnêtement, jamais je ne me serais tournée vers ce livre de moi-même : les seuls témoignages que je lis sont ceux de la Seconde Guerre mondiale. Mais je me suis dit que, pour une fois, je pouvais faire un petit effort. Eh bien, je confirme : ce genre d’ouvrages n’est pas fait pour moi ! Loin d’être submergée par l’émotion, j’ai été agacée la majeure partie du livre : en fait, plus j’avançais, et plus j’étais énervée. D’abord, un peu de positif : il faut reconnaître que l’auteur est très précis, qu’il a fait un long travail de recherches, a interrogé les gens qui se sont chargés de l’affaire ainsi que les proches de la jeune fille. De plus, les événements liés à l’affaire, comme les manifestations des magistrats, sont intéressants à connaître : le lecteur entre dans le système judiciaire et se rend compte qu’il n’est pas aussi efficace qu’il pourrait à cause d’un manque de personnel et de moyens considérable. Il présente aussi un projet qui semble à première vue honorable : célébrer la vie d’une jeune fille disparue, assassinée. Mais les façons de « célébrer » … Et la « célébration » en elle-même … L’auteur dit se placer du côté de la vie, mais comment est-ce possible quand on parle de quelqu’un 1) que l’on n’a pas connu, 2) de qui l’on parle justement parce que cette personne est morte ? Le récit des faits, du meurtre, les détails sur comment il a été effectué sont loin de célébrer la vie et sont clairement du côté du fait divers brut ! Et cette célébration m’a donné une impression de voyeurisme que je déteste : entre le mur Facebook, les messages des amis, les lettres, les conversations rapportées, je me suis dit que je n’avais pas envie de savoir tout ça sur une personne qui ne m’aurait jamais parlé d’elle. De plus, les répétitions alourdissent le livre : si je ne sais pas que Laëtitia a trompé son petit ami ce jour-là, je ne le saurai jamais ! Quel est l’intérêt de répéter cette information tout le long du livre ? Une fois suffisait ! J’imagine l’impression que doit avoir ce petit ami s’il a lu ce livre : alors, ce qu’on retient du dernier jour de sa copine, c’est qu’elle l’a trompé et qu’elle s’est ensuite fait assassiner ! Que dire des « explications » sociologiques, psychologiques, les fictions pour tenter de comprendre Laëtitia ainsi que les passages pathétiques où l’auteur déplore sa mort (du genre « je suis encore en vie, et, elle, elle est morte » !) ! Alors, Laëtitia était destinée à mourir ainsi ?! Comment peut-on dire une chose pareille ?! Et toutes ses références littéraires et comparaisons qui permettent de la sacraliser ! Ce vocabulaire de la tragédie qui revient perpétuellement dans le texte ! Au fil des pages, j’ai eu une impression d’hypocrisie aussi : s’il parle de Laëtitia, c’est uniquement parce qu’elle est morte, il ne l’aurait jamais célébré vivante, jamais il ne se serait intéressé à elle ! Et ce pamphlet politique en arrière-fond, publié lors de la tentative de reconquête de Nicolas Sarkozy, ainsi que des remarques sur la justice qui m’ont laissée perplexe. La question, enfin, de la légitimité de l’auteur : en quoi a-t-il le droit d’écrire un livre pareil ? Il dit qu’il le dédie à Jessica, mais l’a-t-elle lu ? Et qu’en penserait-elle, vu qu’il ne lui a posé des questions que sur des moments heureux, et que ne sont pas vraiment ceux que l’on retient après avoir refermé le livre ?

 

Donc, un livre que je n’ai pas du tout aimé, qui m’a beaucoup énervé, sans doute parce que ce genre de livres, les témoignages, ne sont pas faits pour moi !

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