Superman : Red Son de Mark Millar
Editeur : Eaglemoss
Année de sortie : 2016
Nombre de pages : 138
Synopsis : Ukraine, 1938. Une fusée s’écrase en pleine campagne : à son bord, un bébé qui va être rapidement adopté par un couple de fermiers. Des années plus tard, l’enfant a grandi au sein du régime stalinien. Il devient alors le héros des travailleurs et la fierté de l’Etat soviétique. Son nom ? Superman ! Mais lorsque Joseph Staline meurt, c’est à cet homme de fer qu’il incombe de diriger et de faire fructifier un empire à l’abandon …
Avis : Je ne chronique jamais les comics habituellement, mais pour celui-ci, je me suis dit que j’allais faire une exception !
Red Son, comme écrit dans le synopsis, raconte l’histoire de Superman s’il était né en URSS, et plus précisément, en Ukraine. Le lecteur peut déjà se dire : « D’accord, alors, on va retrouver la ribambelle de clichés sur les méchants soviétiques face aux gentils Américains, cela va donner un comics très manichéen, au secours ! » Eh bien, pas du tout ! Nous sommes plutôt dans le gris, et dans le grand problème de comment bien diriger un pays ! C’était très original, très bien mené ! Les réflexions politiques sont bien présentes, et l’on retrouve la psychologie habituelle de Superman : il veut faire le bien, il veut ce qu’il y a de mieux pour la Terre, mais est-ce qu’il a le droit de mettre tout en oeuvre pour cela, y compris transformer les gens qui ne conviennent pas à son idéologie ? Cela en fait un comics assez effrayant, puisqu’on voit les limites des meilleures intentions. Superman ne veut pas de violence, mais il ne se rend pas compte que ce qu’il fait subir au monde entier équivaut à de la violence psychologique. Il ne tue personne, mais ceux qui ne pensent pas comme lui se voient « changés ». Sinon, j’ai beaucoup aimé les allusions au comics d’origine, la petite apparition de Martha Kent, l’amour entre deux personnages qui ne sont, dans ce monde, pas fait pour être ensemble. Aussi, étant donné que l’univers est dystopique, l’image que l’on a de Superman est assez différente de celle habituelle : il est capable de faire des choses que l’on n’imaginait pas avec le Superman originel.
En effet, Superman, comme je l’ai dit, devient ambivalent, ce qu’il n’était pas du tout pour moi dans les autres comics qui le présentent. Toujours aussi bon, il se laisse emporter par ses désirs d’un monde idéal, et n’ouvre jamais les yeux sur ce qu’il en fait véritablement. Ce superhéros est donc plus sombre que l’original, beaucoup plus impliqué politiquement, et plus persuadé de son importance pour le monde : tous ont besoin de lui, et il se doit de faire le nécessaire. Quant à Lex Luthor, il m’a paru toujours aussi détestable, voire plus encore, que dans les comics d’origine, mais lui aussi pense œuvrer pour son pays, et donc pense faire ce qu’il y a de mieux je suppose. Bien sûr, il y a une part d’égoïsme chez Lex qui en fait, normalement, l’opposé parfait de Superman. J’ai tout de même aimé son évolution, malgré sa goujaterie ! Loïs, quant à elle, est égale à elle-même en ce qui concerne le caractère, mais je me demande vraiment comment elle a fait pour finir avec le mari qu’elle a !! Toujours aussi dévouée à son journal, elle est à la botte de son époux, et semble tellement vivre dans son ombre que c’en est énervant ! En fait, rectification : il lui manque une bonne partie de son caractère ! Diana, aussi appelée Wonder Woman, est aussi présente dans ce comics : c’est mon héroïne préférée, j’étais donc très heureuse de la retrouver. C’est encore plus étrange de la voir en supportrice du communisme que Superman. Son costume est toujours aussi beau, mais son caractère à elle aussi m’a semblé changé. Elle est forte, mais fragilisée par un sentiment qui la perdra. D’autres personnages sont présents ici, notamment Piotr, le jaloux par excellence, qui semble un peu remplacer Lex dans son opposition avec Superman ; Staline, très bien représenté ici ; la reine des Amazones et mère de Diana, dont je ne me souviens le nom, qui tente un rapprochement avec l’URSS grâce à l’affinité qui pourrait exister entre sa fille et le protégé de Staline.
La fin … Mais quelle fin ! Je ne m’y attendais pas, et j’ai trouvé ça tellement intéressant ! Un beau cycle qui se ferme – même si ça peut paraître un peu incohérent si on pense à la survie de l’Humanité.
Donc, un excellent comics, qui mérite vraiment le détour, original et bien mené, qui montre vraiment la difficulté de diriger un pays, et que la vie n’est pas noire ou blanche, mais bien faite de couleurs plus ou moins prononcées !
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