Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour décembre, 2016

Throne of Glass, book 1 de Sarah J. Maas

Posté : 30 décembre, 2016 @ 10:52 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : Throne of Glass Fantasy, Jeunesse

Editeur : Bloomsbury

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 404

Titre en français : Keleana, tome 1 : L’assassineuse / La prisonnière

Synopsis : Meet Celaena Sardothien. Beautiful. Deadly. Destined for greatness.

In the dark, filthy salt mines of Endovier, an eighteen-year-old girl is serving a life sentence. She is a trained assassin, the best of her kind, but she made a fatal mistake. She got caught.

Young Captain Westfall offers her a deal: her freedom in return for one huge sacrifice. Celaena must represent the prince in a to-thre-death tournament – fighting the most gifted thieves and assassins in the land. Live or die, Celaena will be free. Win or lose, she is about to discover her true destiny. But will her assassin’s heart be melted ?

 

Avis : Choisi pour être le dernier livre de l’année 2016, je pensais que Throne of Glass serait un coup de cœur ! J’ai lu et vu tellement de bons avis sur lui, tellement de lecteurs en faisaient l’éloge que je me suis dit que ce devait être un bijou.

Eh bien, on est loin du coup de cœur ! Je m’attendais à un livre Fantasy à l’univers bien développé, à une héroïne badass anticonformiste et très méfiante par rapport à la royauté, à un tournoi épique, un peu à la Hunger Games. Certes, l’univers n’est pas laissé de côté : le monde créé par l’auteur est fait de plusieurs régions, dont Adarlan et Eyllwe, qui sont les plus mises en avant. La politique du roi est clair : c’est un tyran, il veut conquérir le monde, et se fiche de devoir tuer pour y parvenir. Il a décidé de faire faire le sale boulot par quelqu’un d’autre, un champion, le gagnant d’un tournoi qu’il organise dans sa capitale, Rifthold. Tournoi qui oppose les champions de plusieurs de ses conseillers et amis, afin de pimenter la vie à la Cour. Et qui se révèle être assez décevant, si ce n’est sur la fin. Je m’attendais à des épreuves palpitantes, à du suspense, à des morts spectaculaires. Rien de tout cela : les épreuves sont simplissimes pour l’héroïne, elle doit même se retenir d’être la meilleure, et certaines sont mentionnées par une phrase. Autant vous dire que j’étais un peu déçue ! La seule vraie épreuve est celle de la fin ! Vient ensuite la question de Celaena, l’héroïne. Certes, c’est une « assassineuse » – ce mot n’existe pas ! -, donc elle n’est forcément pas du tout à sa place dans le château du roi de qui elle tuait les sujets. Elle n’a rien d’une femme de la Cour. Et pourtant … Je m’attendais à ce qu’elle déteste tout ce qui a trait à la royauté, à la Cour, à l’homme qui, apparemment, a détruit sa vie ; et elle s’extasie sur de belles robes, sur des bals auxquels elle n’a pas le droit de participer parce que tout le monde a peur d’elle – alors que, tout le long, il ne semble pas y avoir de quoi, puisqu’elle ne fait pas un geste de travers. Mais ce n’est pas ce qui m’a vraiment dérangé : elle a le droit de chercher le bonheur ailleurs que dans la mort, même si ça ne me semble pas du tout coller avec le personnage. Ce qui m’a dérangé, le pire dans ce livre, c’est un énième triangle amoureux duquel elle est, évidemment, le centre parce que, évidemment, Celaena est une héroïne parfaite, malgré son statut d’assassin. Je déteste les triangles amoureux, je n’ai jamais aimé ça, je n’aimerai jamais ça, et je trouve vraiment dommage d’en mettre un au centre d’une histoire où il n’a pas vraiment lieu d’être. Pourquoi ne pas se concentrer sur autre chose, sur le tournoi par exemple, qui méritait d’être mieux exploité, ou la partie magique de l’histoire, qui m’a assez intriguée ? Une femme qui vient de sortir d’un camp de travail forcé et à qui on offre la liberté en échange d’un tournoi pense-t-elle vraiment aux hommes qu’elle voit autour d’elle ? Aussi, j’ai entendu dire qu’on ne pouvait pas deviner les retournements de situation de Sarah J. Maas. J’étais contente, j’aime être surprise, ne pas savoir à quoi m’attendre ; or, j’ai trouvé Throne of Glass assez prévisible. Quand l’héroïne se demande qui est le meurtrier, je m’en doutais avec les indices semés par l’auteur, et je me doutais aussi de la fin, et de la petite allusion d’Elena.

Cette femme d’ailleurs, Celaena, est, comme je le disais, parfaite. Assassin, elle arrive à Rifthold en pensant d’emblée qu’elle va détester tout le monde, ce qui n’est pas le cas, évidemment. Elle a peur des hauteurs – son seul défaut si c’en est un – et elle est marquée par son année à Endovier. Et pourtant, elle est parfaite : belle, intelligente, elle adore lire, joue du piano, sait manier toutes les armes possibles et imaginables, peut tuer n’importe qui en trois secondes, et même plusieurs personnes en si peu de temps. Elle a un passé difficile qu’on ne découvre pas ici – sans doute dans les prochains tomes – et elle tente de se protéger de cela, ainsi que de l’affection qu’elle peut ressentir pour certains autres personnages. Et malgré ça, j’ai eu du mal à m’attacher à elle, parce que la première scène montre une jeune fille abattue par la mine, qui semble un grand assassin, et qui trouve le prince qui vient la chercher très beau !! Je n’en croyais pas mes yeux en lisant cela !! Au fil du livre, j’ai réussi à m’attacher un peu à elle, mais rien comparé aux autres héroïnes Fantasy que j’ai pu rencontrer dans d’autres séries. Elle rencontre d’autres personnages, et notamment, le prince Dorian. Je n’ai pas arrêté de penser à Dorian Gray à chaque fois que je lisais son prénom ! Coureur de jupons, arrogant, mais aîné qui a des relations compliquées avec son père, le prince m’a un peu agacé au début. Il est clair qu’il regarde Celaena comme une femme, et pas comme son champion, il ne se rend pas compte de quoi elle est capable et de qui elle est. Il flirte avec elle, vient lui rendre visite, et la voit comme une femme différente de toutes les autres. A la fin, il passe pour lâche et naïf. S’y trouve aussi Chaol Westfall, que j’ai beaucoup apprécié, même si lui aussi peut passer pour un stéréotype. Il se cache derrière une armure, se montre dur et sans émotions, alors qu’il est, évidemment, tout le contraire, ce qui se voit parfois. La fin le montre bien comme l’opposé de Dorian. Le lecteur rencontre aussi Kaltain, insupportable et pleine d’ambitions, le roi, tyrannique et imposant, le duc, que l’on sent maléfique dès le début, Cain, un peu la caricature du champion bodybuildé, Nehemia, que j’ai beaucoup aimé, une princesse guerrière qui correspond bien à l’image d’une femme comme aurait dû l’être Celaena, Elena, qui aide Celaena, et fait comprendre au lecteur qu’elle n’est pas un simple assassin.

Ce livre est, apparemment, une réécriture de Cendrillon. Peut-être dans le fait que Celaena ne peut pas aller au bal, mais poà)pourquoi le triangle amoureux ? Et pourquoi le tournoi ? Et bien sûr, le château et le trône de vair correspondent à la pantoufle de vair de la Cendrillon d’origine.

La fin est la seule scène épique ! Comme j’aurais aimé que le tournoi ne soit fait que de cela ! La scène est longue. La toute fin est faite d’allusions, sans doute éclaircies dans le tome suivant !

 

Donc, un premier tome plutôt décevant, même s’il promet une bonne série Fantasy. Je lirai la suite, mais pas tout de suite sans doute.

Pas pleurer de Lydie Salvayre

Posté : 24 décembre, 2016 @ 11:03 dans Avis littéraires | 4 commentaires »

Genre : Contemporaine Pas pleurer

Editeur : Seuil (Cadres rouges)

Année de sortie : 2014

Nombre de pages : 279

Synopsis : Deux voix entrelacées.

Celle, révoltée, de Bernanos, témoin direct de la guerre civile espagnole, qui dénonce la terreur exercée par les nationaux avec la bénédiction de l’Eglise contre « les mauvais pauvres ».

Celle, roborative, de Montse, mère de la narratrice et « mauvaise pauvre », qui, soixante-quinze ans après les événements, a tout gommé de sa mémoire, hormis les jours enchantés de l’insurrection libertaire par laquelle s’ouvrit la guerre de 36 dans certaines régions d’Espagne.

Deux paroles, deux visions qui résonnent étrangement avec notre présent et font apparaître l’art romanesque de Lydie Salvayre dans toute sa force, entre violence et légèreté, entre brutalité et finesse, porté par une prose tantôt impeccable, tantôt joyeusement malmenée.

 

Avis : Ce livre a été présenté pendant un de mes cours, et l’élève était si passionnée qu’elle m’a donné envie de le lire !

C’est une histoire forte, racontée par deux personnes, Bernanos et Montse : tous deux reviennent sur la guerre d’Espagne de 36 à 39 et évoquent leur expérience. Bernanos, lui, est traumatisé par les exactions des nationalistes, mais plus particulièrement par le fait que l’Eglise les cautionne et lave les meurtriers de leurs crimes. Il est ainsi ébranlé dans sa foi, dans sa confiance en l’Eglise, et comprend que son Dieu n’est pas celui des autres, car il ne réclame pas le meurtre de « mauvais paysans ». C’est ce qui le décide à écrire Les grands cimetières sous la lune, quitte à être accusé de communiste et d’irréligieux, quitte à se trouver victime de tentative de meurtre : il ne peut pas se taire, quand d’autres, comme Claudel, glorifie les nationalistes et leurs crimes, considérés comme étant pour Dieu, donc légitimes. Dans les passages où la narratrice parle de Bernanos, ce n’est jamais lui qui parle directement, excepté à travers des citations de son livre. Montse, quant à elle, raconte son été 36, le plus beau de sa vie, le seul souvenir qu’il lui reste de toute sa vie. Elle parle directement parfois, ce qui donne des passages parfois drôles où elle mélange français et espagnol, un de mes aspects préférés du livre. Cela ne sonne pas faux, et on reconnaît bien à la fois les mots français et les mots espagnols. De son point de vue, le lecteur se retrouve dans un village espagnol où la révolution s’insinue peu à peu, et où les querelles entre paysans, mais aussi entre eux et les propriétaires vont bon train. Le lecteur passe du présent, où Montse raconte l’histoire à sa fille, au passé, où elle semble revivre ce moment qu’elle évoque. De plus, le lecteur sent l’hommage, l’amour de la narratrice pour sa mère, surtout avec cette phrase : « cet été radieux que j’ai mis en sûreté dans ces lignes puisque les livres sont fait, aussi, pour cela. » Le témoignage des deux personnages est poignant, difficile à lire parfois, et les commentaires de la narratrice penchent parfois vers l’humour noir : les faits relatés sont si horribles qu’on sent parfois l’ironie derrière l’humour, l’indignation aussi, surtout dans les déclarations du pape ou des gouvernements français et anglais qui refusent d’intervenir. J’ai appris beaucoup de choses sur la guerre, dont je ne savais, en réalité, pas grand-chose : j’avais du mal à positionner Franco et à comprendre ce qui était arrivé.

Concernant les personnages, la narratrice découvre les détails et les horreurs de la guerre en même temps que le lecteur, à la lecture de Bernanos et pendant l’histoire que sa mère lui raconte. Ses émotions sont donc les nôtres, nous comprenons ce qu’elle ressent et nous indignons avec elle de ce que nous découvrons. Quant à Montse, je me suis beaucoup attachée à elle. Ses écarts de langage la rendent touchante, ainsi que l’émotion avec laquelle elle raconte. Sa fille nous dit parfois qu’elle essuie une larme, ou qu’elle s’arrête un moment, qu’elle regarde par la fenêtre et qu’elle semble revivre ce qu’elle raconte. Montse, plus qu’une femme, ressemble à un spectre qui reviendrait quelques instants raconter ce qu’elle a vécu pour repartir dans son monde ensuite. La jeune fille qu’elle était est elle aussi attachante. Elle est proche de son frère José, qui la convertit aux idées révolutionnaires. C’est grâce à lui qu’elle rencontre l’homme de sa vie, qu’elle perd aussitôt après. José est un révolutionnaire convaincu, mais au fil du temps, la désillusion s’abat sur lui, pour repartir et faire revivre son rêve utopique. Lui aussi est un personnage attachant, qui nous touche et nous serre le cœur. Devant les horreurs de la guerre, José se demande si tout cela vaut vraiment le coup, et en conclut que non, la vie et la dignité humaine étant plus précieuses que des idéaux. Se trouve également dans le livre Diego, au passé trouble et à l’apparence peu avenante pour Montse. Il est assez mystérieux, assez sombre aussi, et difficile à cerner. Au cours de la lecture, on apprend son histoire, assez peu ordinaire, et qui nous permet de mieux le comprendre. Difficile de l’apprécier, mais le lecteur s’attache à lui peu à peu. D’autres personnages se trouvent dans le livre, comme les parents de Montse, des paysans qui veulent un bon mariage pour leur fille et qui sont contre les idéaux de leur fils, Don Jaime, personnage antipathique à première vue, mais finalement surprenant, Doña Sol, qui m’a fait mal au cœur, Doña Pura, qui m’a donné envie de vomir, et d’autres encore, dont Bernanos, dont j’ai déjà parlé plus haut, indigné et désespéré par les meurtres commis sous la houlette de l’Eglise.

La fin est touchante elle aussi : l’histoire est terminée, l’été est fini, et Montse revient dans le présent avec sa fille.

 

Donc, un très beau livre, fort en émotions, qui m’a beaucoup appris, et dont le mélange français/espagnol est très plaisant à lire ! 

Paulina 1880 de Pierre Jean Jouve

Posté : 20 décembre, 2016 @ 7:21 dans Avis littéraires | 4 commentaires »

Genre : Paulina 1880Contemporaine

Editeur : Folio

Année de sortie : 2011

Nombre de pages : 246

Synopsis : Paulina Pandolfini.

Née à Milan le 14 juin 1849. Fille cadette de Mario Giuseppe Pandolfini et de Lucia Carolina son épouse.

Célibataire sans profession.

A séjourné comme novice dans le couvent de la Visitation de Mantoue de 1877 à 1879.

A tué à Florence, le 28 août 1880, son amant le comte Michele Cantarini.

Condamnée par jugement de la Cour de Florence en date du 12 avril 1881, à vingt-cinq années d’emprisonnement. A purgé sa peine dans la prison judiciaire de Turin jusqu’au 15 juin 1891, date à laquelle elle fut graciée.

 

Avis : Je devais lire ce livre pour le prochain semestre, et, voyant la longueur des chapitres, je me suis dit que ce serait rapide et agréable.

Alors, rapide, d’accord. Mais agréable, pas du tout. Je n’ai aimé ni le sujet, ni l’écriture, qui était présentée comme poétique. Je n’ai pas vu où elle l’était ! Elle n’est pas mauvaise, mais pas exceptionnelle non plus. Quant au sujet, le mélange entre amour et religiosité, je n’ai pas du tout apprécié. Cela colle peut-être avec l’époque, et certains peuvent aimer découvrir ce que l’amour pouvait être pour une jeune fille religieuse en 1860, mais ce ne fut pas mon cas ! De plus, quel est l’intérêt de mettre, comme synopsis du livre, l’avant-dernier chapitre ? Quelle est cette manie de tout révéler dès la quatrième de couverture ? Cela tue complètement l’intérêt du lecteur, qui se dit qu’il a déjà tout lu et qu’il sait comment tout se termine. En prenant du recul sur cette lecture, je me sens agacée. Je n’ai pas détesté mais je n’ai rien ressenti face aux déboires amoureux de Paulina, face à ses doutes. Tout cela est bien développé et peut plaire à d’autres, mais je n’ai ressenti que de l’indifférence ce qui est assez rare. Je n’ai pas été touchée par les personnages auxquels je ne me suis pas attachée, je n’ai pas ressenti d’empathie pour Paulina, ni pour Michele, l’histoire ne m’a pas émue. Une vraie déception ! Pour parler de la couverture : d’accord, Paulina pêche, mais de là à l’associer au Péché de Franz von Stuck ? Je trouve que cela ne colle pas.

Paulina est donc l’héroïne de ce livre, qui porte son nom, et la date de son meurtre. Comme je l’ai dit, elle ne m’a pas touchée. Elle est la joie de vivre incarnée étant jeune, puis elle sombre dans le péché, doute beaucoup, se tourne vers la foi de façon exagérée et tente de se repentir pour mieux plonger. Elle peut faire pitié, elle peut faire mal au cœur, mais elle m’a laissée froide. Pourtant, je sais que je ne suis pas une insensible, mais là, rien ne s’est passé. C’est un peu la même chose avec Michele : j’ai peut-être ressenti un peu plus de peine pour lui. Il s’est marié trop tôt, et est tombé amoureux trop tard. Le bonheur qu’il se crée peut être durable, si Paulina le veut – mais là encore, elle se voit comme une pécheresse qui vole la place de l’épouse et donc refuse de légitimer leur union. Michele est un peu celui qui n’a pas compris l’héroïne et qui le paie très cher. D’autres personnages se trouvent dans le roman, comme le père de Paulina, Mario. Sa fille est son bijou, elle est le joyau de la famille. Les frères de la jeune fille apparaissent aussi, tous plus ou moins contre elle. Sa mère est très effacée et disparaît rapidement.

La fin n’est pas surprenante : le lecteur pouvait se douter que la tentative de Paulina échouerait. Le nouveau personnage qui apparaît vient de nulle part, et on se demande comment Paulina et lui se sont rencontrés. En tout cas, l’héroïne est toujours en plein repentir.

 

Donc, une déception, qui traite un sujet qui ne m’attire pas du tout et qui ne m’a pas plu. Des personnages assez peu attachants, et une histoire dont on connaît la fin.

A la recherche du temps perdu, tome 6 : Albertine disparue de Marcel Proust

Posté : 19 décembre, 2016 @ 8:40 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Albertine disparue Genre : Classique

Editeur : Folio

Année de sortie :2015 

Nombre de pages : 273

Synopsis : « Mademoiselle Albertine est partie » ! Comme la souffrance va plus loin en psychologie que la psychologie ! Il y a un instant, en train de m’analyser, j’avais cru que cette séparation sans s’être revus était justement ce que je désirais, et comparant la médiocrité des plaisirs que me donnait Albertine à la richesse des désirs qu’elle me privait de réaliser, je m’étais trouvé subtil, j’avais conclu que je ne voulais plus la voir, que je ne l’aimais plus. Mais ces mots : « Mademoiselle Albertine est partie » venaient de produire dans mon cœur une souffrance telle que je sentais que je ne pourrais pas y résister plus longtemps. Ainsi ce que j’avais cru n’être rien pour moi, c’était tout simplement toute ma vie.

 

Avis : Le cinquième tome m’a moins plu que les autres, j’avais un peu peur que celui-ci fasse pareil, puisqu’il est encore centré sur le même sujet, la jalousie du personnage envers Albertine.

Eh bien, j’avais raison ! Albertine disparue m’a encore moins plu que La Prisonnière. Le thème central est toujours la jalousie, le personnage est toujours aussi paranoïaque, et contradictoire surtout ! Il aime, il n’aime plus, il croit quelqu’un, il ne le croit plus, il veut savoir, il ne veut pas savoir. Cet aspect du livre m’a agacée : le personnage est tellement velléitaire ! Le lecteur a parfois envie de le secouer ! Et la pauvre Albertine, qui se voyait acceptée puis rejetée plusieurs fois à la suite, a décidé de partir. J’ai trouvé que le personnage principal tournait en rond, confronté à quelque chose qu’il ne veut pas comprendre, et qui, il en est certain, va s’arranger rapidement. On retrouve d’autres personnages, mais cela reste assez annexe par rapport à Albertine et au personnage principal. L’écriture est toujours aussi agréable, j’aime toujours autant : l’auteur sait parfois décrire des choses évidentes, mais pour lesquelles nous n’avons pas de mots. Pour la couverture, je me suis imaginée Albertine de cette façon tout le long du livre !

Concernant les personnages, comme je l’ai dit, le principal m’a agacée. Il est incapable de prendre une décision, incapable de comprendre ce qu’il ressent, confond l’amour et l’indifférence, semble vivre dans une tragédie au lieu de vivre dans la vraie vie ! Il ne profite jamais parce qu’il pense toujours à des plaisirs non accessibles, ou qui ne l’intéressent pas vraiment une fois atteints. Quant au narrateur, il juge sa conduite avec indulgence, et anticipe encore sur la suite en faisant au lecteur de petites allusions sur des révélations futures. Albertine, comme elle est partie, est plus effacée ici et vue, bien sûr, qu’au travers des yeux du narrateur / personnage, qui ne la comprend pas, et ne fait qu’imaginer ce qu’elle peut ressentir. C’est un personnage ambivalent que le lecteur finit par apprécier tant elle est malmenée ! Aussi, le personnage découvre des choses qui éclaire Albertine, qui la rende peut-être plus compréhensible, et qui montre qu’elle devait souffrir auprès du héros. D’autres personnages se trouvent dans ce livre, mais bien moins importants que les autres : comme la mère du personnage principal, toujours en deuil de sa mère, et dont le héros se souvient avec tendresse ici ; Robert de Saint-Loup, sur qui l’on apprend des choses auxquelles on ne s’attendait pas ; M. de Charlus, trop peu présent à mon goût, et qui vieillit (bien sûr) au fil du temps ; Oriane de Guermantes, toujours duchesse et toujours aussi encline à critiquer les autres, même ses amis décédés les plus chers ! ; Gilberte Swann, ou l’incarnation de l’ingratitude faite fille ; Andrée, ou la fille qui oublie son amie plus vite que son ombre ; Françoise, la domestique de la famille du personnage principal, toujours aussi bien décrite dans sa façon d’haïr et d’aimer à la fois.

La fin semble montrer l’incapacité – encore plus grande que dans les autres livres – du héros à écrire et même ici, à faire fonctionner son imagination. Il comprend aussi pourquoi ses deux histoires d’amour principales n’ont pas fonctionné et se demande comment serait sa vie s’il avait été plus perspicace. Il me semble que le dernier tome est centré sur l’écriture, ce qui opérera un changement de sujet assez radical avec ce volume !

 

Donc, le tome de la Recherche que j’ai le moins aimé, même si l’écriture est toujours aussi bonne.

Specimen Days de Michael Cunningham

Posté : 11 décembre, 2016 @ 11:40 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

Genre : ContemporaineSpecimen Days

Editeur : Harper Perennial

Année de sortie : 2006

Nombre de pages : 305

Titre en français : Le livre des jours

Synopsis : A beautiful young woman, a boy, his dead brother. Three people, three destinies – in three very different stories. In the squalor and wonder of nineteenth-century New York the machine age is born; a modern metropolis is in thrall to the threat of random terror; and on a future Earth otherwordly life has arrived. In each the trio take different roles, altered but recognisable, travelling toward some strange, beautiful, redemptive end. A haunting, explosively inventive novel, Specimen Days is the work of one of our most daring and visionary writers.

 

Avis : Deux amies m’ont beaucoup parlé de ce livre, toutes les deux m’assurant que j’aimerais beaucoup ! Ayant foi dans leur jugement, j’ai fini par me lancer !

Malgré le fait d’être sûre que ce livre allait me plaire dès les premières pages, il vient après un coup de cœur presque impossible à battre. Difficile pour n’importe quel livre de passer après Bleak House ! Et pourtant, j’ai été complètement séduite par Specimen Days, et d’abord, par l’écriture de l’auteur. Ce peut être étrange de dire ça, vu les références tout le long de l’œuvre, mais je l’ai trouvée poétique. Elle me faisait ressentir des émotions qui rendaient l’histoire compréhensible – sans elles, elle peut paraître absurde. Elle est aussi ce qu’on pourrait appelée philosophique, tout en utilisant les sentiments pour nous faire comprendre les choses : une petite réflexion sur l’apparence, sur l’imagination, sur le temps et l’idée d’une continuité entre les siècles, de réincarnation aussi. Je n’avais jamais lu de roman de ce genre, je l’ai donc trouvé original, innovant. Il est divisé en trois parties qui se passent à des époques différentes, passé, présent et futur. La première est ma préférée : tellement d’émotions, tellement de pincements au cœur. On suit un petit garçon qui a perdu son frère et qui tente de protéger sa fiancée veuve avant même le mariage. Malgré la poésie de l’écriture, les difficultés de la vie ne sont pas épargnées aux personnages, et donc pas non au lecteur. On peut dire qu’il y a une sorte d’idéalisation, mais pas comme on l’imagine habituellement. Le petit sur lequel la narration est concentrée est si touchant, il donne tellement envie de le protéger du monde extérieur. La fin m’a achevée. La seconde partie est concentrée sur la jeune femme, mais je ne veux pas trop vous en dire, comme le synopsis ne dit pas grand-chose dessus. Ici, l’auteur se concentre sur les peurs actuelles, le terrorisme notamment, mais traité d’une façon assez particulière. La fin est sidérante elle aussi, mais d’une manière différente de la première. La troisième partie est concentrée sur le deuxième garçon, Simon. C’est sans doute celle que j’ai le moins aimée, même si elle était tout de même belle. Elle m’a paru plus longue, plus étrange peut-être, mais j’ai aimé l’histoire de la jeune femme. La fin, encore une fois, est déchirante, même si elle n’engendre pas de désespoir. Aussi, j’ai adoré les références aux histoires précédentes dans les deuxième et troisième partie : elles sont un autre fil rouge, avec le recueil mentionné et de petits éléments qui se retrouvent dans chaque histoire. Cela fait un lien de plus que j’ai beaucoup apprécié ! Petite remarque sur la couverture : j’aime beaucoup celle-ci. Je me demandais ce que le cheval pouvait signifier, et j’ai aimé le découvrir au fil des histoires ! Du coup, je trouve que c’est intéressant de l’avoir mis sur la couverture, contrairement à d’autres, qui ont préféré représenter un gratte-ciel par exemple. Enfin, j’ai aimé et j’ai trouvé originale la référence constante à Leaves of Grass de Walt Whitman : ce livre prend une telle importance ici ! J’ai aimé les nombreuses citations, cela m’a donné envie d’enfin découvrir l’œuvre !

Concernant les personnages, même si l’histoire change et la focalisation aussi, j’ai eu l’impression que les trois protagonistes, Lucas, Catherine et Simon, ne changeaient pas de personnalité, qu’il existait une continuité entre leurs différents avatars. Lucas, d’abord, est très touchant : petit garçon un peu perdu, il est débrouillard, mais voit la vie de manière si différente des autres qu’il n’est pas accepté – en tout cas, il est toujours rejeté par quelqu’un dans chaque partie. La focalisation sur lui dans la première partie rendait l’histoire encore plus déchirante. Il est innocent, naïf, il ne comprend pas la façon de penser des adultes et de la société en général. Il ne correspond pas aux standards du monde moderne et en pâtit. Quant à Catherine, le lecteur a d’emblée une image ambivalente d’elle. D’abord une femme douce, patiente, forte, qui ne se laisse pas facilement déborder ; puis, une femme solitaire, qui montre qu’elle n’a besoin de personne, qui tente de se détacher, qui ne veut pas d’engagement, qui craque parfois. La focalisation sur elle dans la deuxième partie la rend elle aussi touchante, parce qu’on en apprend plus sur la raison pour laquelle elle agit comme elle le fait. Enfin Simon, à propos duquel, encore une fois, le lecteur a une vision ambivalente. Une image négative d’abord, celle d’un homme qui ment, qui cache, en lequel le lecteur n’a pas confiance ; mais aussi un homme qui protège, qui veut se faire comprendre et qui n’y parvient pas, un peu comme Lucas. C’est le personnage que j’apprécie le moins. D’autres personnages se trouvent dans ces histoires, et notamment Walt Whitman lui-même : j’ai été surprise de le rencontrer dans le roman.

Comme je l’ai dit précédemment, les fins sont frappantes. La dernière semble présager que le livre pourrait se poursuivre encore, avec d’autres Lucas, d’autres Catherine et d’autres Simon.

 

Donc, un livre que j’ai beaucoup aimé, proche du coup de cœur, qui m’a beaucoup touchée. J’aimerais lire d’autres livres de Michael Cunningham !

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