Le Spleen de Paris de Baudelaire
Editeur : Le Livre de Poche
Année de sortie : 2010
Nombre de pages : 217
Synopsis : Lorsqu’il commence à publier ses petits poèmes en prose dans des revues et des journaux, Baudelaire a beau les qualifier modestement de « bagatelles », il a pleinement conscience de ce qu’ils ont de singulier. Et nous le savons mieux désormais, ce qui s’inaugure de manière capitale dans ces textes qui visent à capter l’étrangeté du quotidien de son temps, ce n’est rien moins qu’une forme littéraire nouvelle. Rimbaud et Mallarmé vont s’en souvenir très vite – et bien d’autres après eux. Bien que le poète y songeât depuis 1857, l’année des Fleurs du Mal, Le Spleen de Paris ne parut que deux ans après sa mort, en 1869. Ses poèmes en prose constituaient pourtant à ses yeux le « pendant » de ses pièces en vers, et les deux livres, en effet, se font écho à maints égards. Mais, à la différence des Fleurs du Mal, ce n’est pas ici un recueil composé qui nous est offert : un espace de liberté, bien plutôt, où le flâneur témoigne d’un nouveau regard venu à l’homme moderne pour lequel la réalité multiplie ses images …
Avis : Une petite relecture de Baudelaire ne fait jamais de mal, surtout après avoir encore relu Les Fleurs du Mal !
Evidemment, Baudelaire est aussi habile en prose qu’en rimes ; ses récits sont poétiques, les rythmes et la mélodie sont là, parfois même des rimes internes qui sonnent parfaitement à l’oreille du lecteur. Les images foisonnent elles aussi, mais différemment de celles des Fleurs du Mal : elles m’ont d’abord paru moins sombres, puis, ici, c’est surtout le thème de la ville qui est mis en avant, et sont ainsi racontées des sortes de scènes de vie, des anecdotes trouvées dans la rue, des petites histoires, parfois misérables, parfois amoureuses, diverses en tout cas. On retrouve tout de même des récits en lien avec des poèmes des Fleurs, comme » Un hémisphère dans une chevelure » ou « L’invitation au voyage ». Le thème du mal est bien moins présent, ainsi que ceux qui l’accompagnent, à savoir la folie, le monstrueux, la mort, le diable, l’angoisse, etc. Le spleen est toujours là, mais peut-être moins oppressant. Petit plus : même si elle n’a pas grand-chose à voir avec le livre, j’aime la couverture de mon édition ; j’associe maintenant toujours Le Spleen de Paris à la couleur jaune. Même si j’aime ce recueil, je préfère tout de même Les Fleurs du Mal, mon premier amour, plein de beauté dans sa laideur, et de sonorités enchanteresses.
Donc, un excellent recueil de prose poétique, où le lecteur sent toujours le talent de Baudelaire, sur le thème plus précis de la ville.