Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour septembre, 2016

Le bon fils de Denis Michelis

Posté : 30 septembre, 2016 @ 5:17 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Le bon fils Genre : Contemporaine

Editeur : Editions Noir sur Blanc (Notabilia)

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 211

Synopsis : Un père et son fils cherchent à se faire une place l’un auprès de l’autre dans une nouvelle vie à la campagne. Mais comment peuvent-ils espérer en leur avenir si le fils refuse de bien travailler au lycée et si le père néglige son rôle de parent ? L’arrivée inopinée d’un dénommé Hans, un « ami » de longue date, personnage équivoque aux méthodes étranges, bouscule leur vie et lui donne un sens insoupçonné.

Le roman entrelace obsessions et métaphores sur le mythe d’Œdipe et nous donne à mesurer à quel point le passage à l’âge adulte transfigure la réalité.

De son ton dérangeant, Denis Michelis cisèle dans cette tragicomédie une critique drôle et acerbe de notre conception de la réussite familiale, sociale et amoureuse.

Denis Michelis signe ici son deuxième roman.

« Si j’avais eu le choix, poursuit mon vieil âne de père, je t’aurais laissé filer sur la longue route, mais les pères doivent rendre soin de leurs fils, c’est ainsi depuis toujours.

Même si c’est un fils comme toi. »

 

Avis : Le premier roman de Denis Michelis m’avait frappé ; en apprenant la sortie de son deuxième roman, je m’attendais à une nouvelle surprise. Je ne peux pas dire que je suis déçue !

C’est une nouvelle claque, un nouveau coup de poing, un nouveau roman qui frappe le lecteur et ne le laisse pas indemne. Il traite de la relation entre Albertin et son père, une relation difficile, faite de négligence et de rejet. Le père n’accepte pas son fils tel qu’il est, et Albertin a de plus en plus de mal à s’accommoder de l’attitude de son père. Il est sans cesse rabaissé ; sans cesse, il se voit répéter qu’il n’est pas un bon fils, qu’il n’aide pas suffisamment son parent, qu’il ne sait pas quoi faire de plus pour lui, qu’il a tout essayé mais, qu’en gros, il est pourri. Déjà par cet aspect, le livre peut être difficile : ce rejet et ce rabaissement constant font sentir au lecteur la fragilité grandissante de l’adolescent ; comment avoir confiance en soi et en son avenir quand votre propre père ne croit pas en vous ? A travers cette relation est aussi abordée la façon de voir la réussite en France : elle est amoureuse, sociale et scolaire. Si l’adolescent n’a pas de copine, n’a pas d’amis, et n’a pas de bonnes notes, il n’est pas un bon fils. Cette notion est aberrante tout le long du livre, et le père met sous le nez de son fils ses éléments de réussite pour lui prouver qu’il ne vaut rien. Il faut rentrer dans le moule, et si ce n’est pas le cas, on ne trouve pas de place dans la société. La pression exercée sur Albertin est alors considérable, car il ne remplit aucun des critères que son père et la société veulent le voir remplir. L’école devient alors un lieu insupportable, peuplée de petits élèves parfaits, et de professeurs prêts à humilier un adolescent parce qu’il n’a pas fait l’exercice correctement, ou parce qu’il n’est pas conforme à ce qu’on attend ; le professeur de français est particulièrement visé ici, tourné en ridicule. Ainsi, l’histoire est-elle déjà assez difficile ; mais survient un homme mystérieux, un élément perturbateur qui va changer la vie d’Albertin, et transformer peu à peu le roman en cauchemar. Ce personnage introduit une sorte de fantastique, et fait osciller le récit entre rêve et réalité. Difficile de l’aimer : il crée autour de lui une aura de fascination et de répulsion. Le lecteur ne sait absolument rien de lui, excepté son nom, et ce qu’il peut deviner de ses conversations avec les autres personnages. Quant à l’écriture, elle est frappante, forte, et à l’image, m’a-t-il semblé, de la pensée d’Albertin : fragmentée. J’ai aussi aimé la division du livre en actes, comme une pièce de théâtre. Chaque acte est caractérisé par un mot qui signifie l’ajout d’un nouvel élément.

Albertin, le personnage principal, tente de se rebeller contre l’attitude de son père, et aussi contre la société, qui veut le rendre conforme à ses attentes, sans que lui le veuille. Visiblement peu aimé, il souffre des relations qu’il a (ou de l’absence de relations) avec ses parents. Le lecteur se rend pourtant vite compte qu’Albertin est vulnérable, facilement manipulable, et que la relation avec son père s’est tellement envenimé qu’il en vient à le détester. Que celui-ci s’en rende compte ou pas, il ne change pas d’attitude et devient même plus dur et insupportable au fil du livre. C’est cette relation même qui semble le faire douter de lui. A l’arrivée de Hans, son comportement change, comme celui du père. Ce personnage est vraiment exécrable ; difficile de faire pire père. Concentré sur sa petite personne, il en oublie que son fils a des sentiments, et que ses paroles lui font mal ; il ne s’en soucie pas, seuls sa santé et son bien-être comptent. Cet égoïsme est si énervant ! Le lecteur en vient à ressentir la même chose qu’Albertin pour ce père si peu paternel. Quant à Hans, j’en ai déjà parlé plus haut : fascinant et repoussant, mystérieux, il incarne un cauchemar, et rend celui-ci possible dans le récit. Surgi de nulle part, inconnu qui tente de se faire reconnaître, autoritaire avec les deux autres personnages qui obéissent sans faire de difficulté, il est si étrange qu’on se demande parfois, au cours du récit, s’il est réel. Il fait entrer le roman dans une autre dimension, ce que je trouve original. D’autres personnages se trouvent dans ce livre, comme les élèves de l’école, certains très snobs, d’autres qui semblent tenter de l’être moins, sans grand succès apparemment, la professeur de français, ridiculisée, tyrannique, une bien pensante bien énervante. Ce peu de personnages donne un huis clos angoissant entre Albertin, son père et Hans, contrebalancé par quelques passages à l’école. Reste tout de même un protagoniste, si on peut l’appeler ainsi : l’hêtre dans le jardin d’Albertin, son seul ami, ce qui le rend attachant alors même qu’il ne parle pas et n’agit pas, celui à qui il raconte tout, et celui par qui on connaît la fin de l’histoire …

Fin horrible, apothéose dans le cauchemar. Je ne m’y attendais, alors que, peut-être, c’était évident. Jamais je n’y aurai pensé ! Cette fin fait que le roman, qui nous a avalé, nous rejette violemment, hébété, ahuri par la dernière action.

 

Donc, un très bon roman, sombre et frappant, qui montre les failles de la société, de la famille, mais qui dérive aussi vers un fantastique dilué qui rend le livre d’autant plus original.

Riquet à la houppe d’Amélie Nothomb

Posté : 29 septembre, 2016 @ 9:16 dans Avis littéraires | 4 commentaires »

Genre : ContemporaineRiquet à la houppe

Editeur : Albin Michel

Année de sortie : 2016

Nombre de pages : 188

Synopsis : « L’art a une tendance naturelle à privilégier l’extraordinaire. »

 

Avis : Ce livre me crie de le lire depuis un moment, je ne pouvais plus résister !

D’abord, cette couverture !!! Plus on avance, et plus j’ai l’impression qu’elles sont de plus en plus belles ! J’adore l’ambiance de celle-ci, le petit sourire, les couleurs aussi ! Le lecteur retrouve ici une nouvelle réécriture, cette fois de « Riquet à la houppe ». J’en ai déjà lu une de ce conte chez Pierre Dubois, et c’était la meilleure nouvelle de son recueil !! Ici, pas de comparaison possible il me semble : le genre n’est pas le même, et le conte réinventé est si différent chez les deux auteurs qu’elle ne semblerait pas pertinente – soit dit en passant, je n’ai toujours pas lu l’original de ce conte … Shame ! Certains aspects du conte sont repris – comme je ne l’ai pas lu, je ne peux pas être précise - comme les deux personnages. Ici, Riquet ne s’appelle pas Riquet, mais lui ressemble énormément. J’ai adoré lire son histoire, ainsi que celle d’un autre personnage – je ne donne pas les prénoms ici, toujours aussi originaux, je ne voudrais pas vous gâcher le plaisir de les découvrir ! On suit les personnages de leur naissance à la fin du roman : on passe donc par leur enfance, leur adolescence, leur début dans l’âge adulte ; j’ai aimé les suivre, m’attacher à eux. J’ai eu du mal avec la souffrance qu’ils sont obligés d’endurer : qu’elle vienne d’eux-mêmes ou de la réaction des autres, tant de rejet m’a touchée. On retrouve de nouveaux thèmes et de belles convictions ; les thèmes d’abord : la laideur, et la réaction à cette laideur, la contemplation et le très peu de place qu’on lui accorde dans nos sociétés, la cruauté des enfants et l’hermétisme des adultes pour des êtres qu’ils ne comprennent pas, l’intelligence que l’on ne suppose pas à l’enfant, et qui est présente ici, enfin, la beauté, comme un joyau précieux, que ce soit celle d’une personne, d’un bijou, d’un animal, d’un objet du quotidien qui apparaît quand on le regarde véritablement. Quant aux « convictions », si on peut les appeler ainsi : la supériorité des oiseaux, que j’ai aimés découvrir ici ; j’ai souvent songé à apprendre leur nom à tous, et finalement, j’ajoure toujours, il est peut-être temps de s’y mettre, leur liberté, leur différence fondamentale avec l’homme, leur caractère « sacré » – j’ai aimé que l’auteur nous parle de la place des oiseaux dans l’histoire et dans les religions – ; le fait que l’homme recherche avant tout l’utilité, ce qui place les oiseaux, – et dans ce cas aussi, la littérature, si l’on ne recherche que ce qui peut servir pratiquement – au rang de choses négligeables, l’homme a oublié que la vie ne tourne pas autour de l’argent et de l’utilité, il en vient à se foutre de la disparition de quoi que ce soit si cela ne lui est pas utile dans la vie … vive l’homme ! ; la place de l’amour dans la littérature, et le cas particulier des fins heureuses, j’ai aimé trouver ici l’opinion même de l’auteure, qui prend la parole explicitement à ce moment-là, et qui parle aussi un peu d’elle-même – j’avoue que j’étais impressionnée par ce qu’elle dit ! L’écriture est toujours aussi belle, poétique, peut-être moins cynique qu’à l’accoutumée ; j’ai souri, j’ai ri, j’ai acquiescé, j’ai été étonnée, j’adore !

Riquet (dont je ne donnerai pas le nom !) est un personnage attachant. D’apparence repoussante, et même manifestement monstrueux, il compense par son intelligence supérieure qui lui permet d’arriver à ses fins sans même que les autres s’en rendent compte. Il a conscience de sa laideur et sait qu’il doit, d’une manière ou d’une autre, s’en accommoder, et faire en sorte que les personnes autour de lui passent outre sans s’en apercevoir. Sa passion pour les oiseaux apporte une nouvelle culture au lecteur – si celui-ci ne l’avait pas déjà, ce qui était mon cas ! Sa solitude, et son absence total de besoin des autres le rendent encore plus à part. Conscient d’être différent, il n’a pas envie de devoir changer pour les autres ; s’ils ne peuvent pas l’accepter, lui ne fera pas non plus d’effort. Certaines de ses répliques – même celles relayées par le narrateur quand il est bébé – m’ont fait rire ; Riquet n’est pas un personnage sinistre, ou qui se plaint sans cesse de son apparence, du rejet des autres, ou de quoi que ce soit. Quant au second personnage – vous n’aurez pas son nom non plus ! – elle – vous saurez juste que c’est une fille – est dans la contemplation, dans le regard vraiment porté sur les choses, une attention que les autres ne leur accordent pas. Elle aussi est rejetée, en raison de sa beauté et du fait qu’elle ne parle pas beaucoup, et préfère regarder. Elle est vite catégorisée - joli préjugé quand on ne cherche pas à comprendre les gens. Je me suis aussi beaucoup attachée à ce personnage : j’ai adoré l’endroit où elle grandit, la personne qui l’élève, la particularité de cette personne aussi, qui va un peu pousser la jeune fille vers son avenir. D’autres personnages se trouvent dans ce livre, je ne vous donnerai pas les noms non plus – c’est un plaisir pour moi de les découvrir, je ne voudrais gâcher celui de personne ! – : les parents de Riquet, stupéfaits par l’apparence de leur fils, d’excellents parents – j’ai adoré le passage avec le directeur !! – ; les parents du second personnage, que je n’ai pas du tout apprécié, le père est complètement effacé et la mère m’a semblé insupportable ; la grand-mère du second personnage, que j’ai adoré, si attachante et douce, si persuadée de l’intelligence supérieure de sa petite-fille ; d’autres personnages secondaires qui poussent les protagonistes d’un côté ou d’un autre, leur font emprunter des chemins qui les mènent irrévocablement vers …

La fin. Je l’ai aimé, je l’ai trouvé belle. Je ne peux pas trop en dire, mais j’ai aimé aussi le « mystère » qui reste tout de même entre les personnages.

 

Donc, un très bon roman, presque un coup de cœur, il ne manque pas grand-chose, juste l’émotion particulière que m’ont procuré mes Nothomb préférés. Tout de même en très bonne place dans l’ordre de mes favoris !

Le Pacte des Marchombres, tome 1 : Ellana de Pierre Bottero

Posté : 28 septembre, 2016 @ 7:33 dans Avis littéraires | 4 commentaires »

Genre : Fantasy, JeunesseEllana

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 382

Synopsis : Seule survivante d’un groupe de pionniers après l’attaque de leur caravane, une fillette est recueillie par un peuple sylvestre et grandit à l’écart des hommes. A l’adolescence, elle décide de partir en quête de ses origines. Sous le nom d’Ellana, elle croise alors le plus grand maître marchombre, Jilano Alhuïn, qui la prend pour élève et l’initie aux secrets de sa guide. Un apprentissage semé de rencontres et de dangers … Le Pacte des Marchombres invite le lecteur à pénétrer dans les arcanes d’une guilde aux pouvoirs extraordinaires, et à suivre le destin d’Ellana Caldin, héroïne prodigieuse par sa psychologie, ses exploits physiques et son insatiable goût de liberté.

 

Avis : Je me suis lancée dans cette lecture avec Sylphideland, une super blogueuse que je ne peux que vous conseiller !! (elle critique des perles, et j’adore son humour !!) Voici le lien vers sa chronique et celui vers son compte Livraddict !!

C’est mon tout premier livre de Pierre Bottero, je n’ai jamais lu La Quête d’Ewilan, même si j’aimerais beaucoup tenter un de ces jours ! (même si maintenant, j’ai quelques réticences vu les avis que j’ai pus voir dernièrement sur la série …) Ellana m’avait été vanté un jour par quelqu’un comme sa série Fantasy préférée, je m’étais imaginé une trilogie formidable. C’est un bon livre Fantasy, assez différent peut-être des YA que l’on voit en ce moment (voir mon petit coup de gueule dans la chronique de The Book of Ivy). L’action se déroule dans un univers imaginaire, assez contrasté : on y trouve des forêts – coup de cœur pour les Petits ! -, un désert, des villes plus ou moins grandes (plutôt moins, et l’auteur explique pourquoi, ce que j’ai trouvé intéressant), des fleuves. J’ai aimé ces changements de paysages, et la magie que ces lieux recèlent : la poésie qu’Ellana voit dans le désert m’a touché, et j’envie sa vie dans la forêt ! En revanche, concernant l’histoire, j’ai trouvé (comme très souvent, ça devient une habitude !) que le synopsis en disait trop. Il va trop loin dans le livre, tout en supprimant tout de même pas mal de choses, heureusement ! Résultat, je vais finir par ne plus lire les synopsis du tout ! En effet, Ellana rencontre bien un maître marchombre, une guilde mystérieuse, qui maîtrise des pouvoirs fascinants – toujours plus ou moins liés à la nature me semble-t-il, ce qui les rend d’autant plus beaux -, qui prône une liberté totale, une indépendance complète – je comprends l’envie d’être libre, mais au point où arrive Ellana, je ne pense pas que ce soit possible -, qui entraîne une belle relation maître / élève – faite de respect, d’autorité naturelle et de progrès des deux côtés -, qui possède aussi des rites d’entrée – j’ai adoré le passage du Rentaï !!-, et dont la poésie est belle, douce parfois, dure et difficile d’autres fois. Evidemment, cette poésie se retrouve dans l’écriture, que j’ai apprécié dans ces moments-là. Certains passages m’ont émue, un peu partout dans le livre. Petit plus : j’adore la couverture, je la trouve vraiment très belle – même si Ellana ne me semble pas du tout faire cet âge dans le livre !

Quant aux personnages : je n’ai pas vraiment réussi à m’attacher complètement à Ellana, l’héroïne. Son envie de liberté, d’indépendance totale m’a peut-être gêné : elle tente d’être tout à fait détachée, n’y parvient pas, et persiste quand même ! Cela la rend un peu froide. Elle ne se confie totalement à personne – même pas à son maître me semble-t-il -, ne veut pas lier de relation trop forte avec qui que ce soit – ce qui signifie ni ami, ni amant -, garde ainsi une distance constante avec tous, ce qui, pour moi, s’est transformée en distance avec le lecteur lui-même. Peut-être plus jeune l’aurais-je vu autrement, peut-être comme une grande sœur, ou comme quelqu’un à qui j’aurais aimé ressembler. Ce n’est pas du tout le cas maintenant ! Ellana est un personnage fort, sûr de ses convictions, qui a confiance en elle, intrépide, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds, qui a du répondant et est capable de coups de folie qui ne loupent jamais. Mais, dans sa témérité, elle est aussi sage, elle prend les bonnes décisions, et donnent les bonnes réponses. Elle est exceptionnelle. En gros, elle est parfaite dans sa pseudo imperfection. Et ce peut être un peu énervant. Le lecteur sait qu’elle est particulière, mais le récit ne fait que nous le redire sous des formes différentes. Je ne me suis pas beaucoup plus attachée à Jilano Alhuïn, même s’il m’a intéressé de par les secrets qu’il garde et ce qu’il peut nous apprendre sur la guilde des marchombres. Autoritaire sans l’être, inspirant naturellement le respect, il est le maître parfait, celui qui sait écouter, qui comprend, qui va tout faire pour que son élève se dépasse le plus possible, pas pour être la meilleure, mais pour s’améliorer elle-même – je ne sais pas si c’est très clair, mais on retrouve cette idée dans le livre. Il ne semble jamais tyrannique, à part une fois, mais il semble que ce soit à dessein. Il est convaincu de la valeur d’Ellana – son côté exceptionnel est encore mis en avant parce que Jilano ne prenait plus d’apprenti avant elle. Il fait un très bon maître, et sa perfection ne le rend pas énervant : certains devraient peut-être s’en inspirer un peu pour construire de meilleures relations maître/élève. D’autres personnages se trouvent dans ce livre, comme Nillem, que je sens venir de très loin, très ambitieux, trop même ; Sayanel Lyyant, personnage d’abord mystérieux, auquel je ne me suis pas attaché non plus ; les parents d’Ellana, visiblement très amoureux, et surtout sa mère, à qui je me suis attachée même si elle apparaît très peu de temps ! ; Nahis, adorable petite fille innocente ; les Petits, et surtout Pil et Ouk, qui m’ont bien fait rire et qui vivent dans un autre endroit qui m’a enchanté !

La fin n’annonce pas vraiment de grandes choses pour Ellana, mais le lecteur sait que son chemin sur la voie est encore long, et que les tomes suivants seront chargés d’aventures ! Je lirai la suite avec plaisir !

Dans mon édition, se trouve aussi, après le roman, deux textes de Pierre Bottero que j’ai appréciés, tous les deux sur la genèse du Pacte des Marchombres, mais aussi sur ce qui le pousse à écrire, la valeur qu’il accorde à la littérature, son travail d’instituteur, et les thèmes qu’il aborde dans son roman, et pourquoi. J’ai beaucoup aimé ces textes, surtout la vision de la littérature qu’a l’auteur : il vit le livre véritablement, et je me suis complètement vu dans ce qu’il disait !

 

Donc, un bon roman Fantasy, une belle poésie, un univers riche et contrasté, mais peut-être des personnages trop lisses, surtout l’héroïne.

Le Spleen de Paris de Baudelaire

Posté : 26 septembre, 2016 @ 7:33 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 2 commentaires »

Genre : Classique, Poésie Le Spleen de Paris

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 217

Synopsis : Lorsqu’il commence à publier ses petits poèmes en prose dans des revues et des journaux, Baudelaire a beau les qualifier modestement de « bagatelles », il a pleinement conscience de ce qu’ils ont de singulier. Et nous le savons mieux désormais, ce qui s’inaugure de manière capitale dans ces textes qui visent à capter l’étrangeté du quotidien de son temps, ce n’est rien moins qu’une forme littéraire nouvelle. Rimbaud et Mallarmé vont s’en souvenir très vite – et bien d’autres après eux. Bien que le poète y songeât depuis 1857, l’année des Fleurs du Mal, Le Spleen de Paris ne parut que deux ans après sa mort, en 1869. Ses poèmes en prose constituaient pourtant à ses yeux le « pendant » de ses pièces en vers, et les deux livres, en effet, se font écho à maints égards. Mais, à la différence des Fleurs du Mal, ce n’est pas ici un recueil composé qui nous est offert : un espace de liberté, bien plutôt, où le flâneur témoigne d’un nouveau regard venu à l’homme moderne pour lequel la réalité multiplie ses images …

 

Avis : Une petite relecture de Baudelaire ne fait jamais de mal, surtout après avoir encore relu Les Fleurs du Mal !

Evidemment, Baudelaire est aussi habile en prose qu’en rimes ; ses récits sont poétiques, les rythmes et la mélodie sont là, parfois même des rimes internes qui sonnent parfaitement à l’oreille du lecteur. Les images foisonnent elles aussi, mais différemment de celles des Fleurs du Mal : elles m’ont d’abord paru moins sombres, puis, ici, c’est surtout le thème de la ville qui est mis en avant, et sont ainsi racontées des sortes de scènes de vie, des anecdotes trouvées dans la rue, des petites histoires, parfois misérables, parfois amoureuses, diverses en tout cas. On retrouve tout de même des récits en lien avec des poèmes des Fleurs, comme  » Un hémisphère dans une chevelure » ou « L’invitation au voyage ». Le thème du mal est bien moins présent, ainsi que ceux qui l’accompagnent, à savoir la folie, le monstrueux, la mort, le diable, l’angoisse, etc. Le spleen est toujours là, mais peut-être moins oppressant. Petit plus : même si elle n’a pas grand-chose à voir avec le livre, j’aime la couverture de mon édition ; j’associe maintenant toujours Le Spleen de Paris à la couleur jaune. Même si j’aime ce recueil, je préfère tout de même Les Fleurs du Mal, mon premier amour, plein de beauté dans sa laideur, et de sonorités enchanteresses.

 

Donc, un excellent recueil de prose poétique, où le lecteur sent toujours le talent de Baudelaire, sur le thème plus précis de la ville.

Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, book 1 de Ransom Riggs

Posté : 25 septembre, 2016 @ 10:29 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 2 commentaires »

Miss PeregrineGenre : Fantastique, Jeunesse

Editeur : Quirk

Année de sortie :2011 

Nombre de pages : 349

Titre en français : Miss Peregrine et les enfants particuliers, tome 1 

Synopsis : A mysterious island. An abandoned orphanage. A strange collection of very peculiar photographs. It all waits to be discovered in Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, an unforgettable novel that mixes fiction and photography in a thrilling reading experience. As our story opens, a horrific family tragedy sets sixteen-year-old Jacob journeying to a remote island off the coast of Wales, where he discovers the crumbling ruins of Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children. As Jacob explores its abandoned bedrooms and hallways, it becomes clear that Miss Peregrine’s children were more than just peculiar. They may have been dangerous. They may have been quarantined on a deserted island for good reason. And somehow – impossible though it seems – they may still be alive. A spine-tingling fantasy illustrated with haunting vintage photography, Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children will delight adults, teens, and anyone who relishes an adventure in the shadows.

 

Avis : J’avoue que j’ai découvert ce livre (avec pas mal d’autres !) en consultant une liste des œuvres qui allaient être adaptées au cinéma dans les années à venir. Quand j’ai vu le résumé de Miss Peregrine’s Home for Peculiar Children, et le directeur chargé du tournage (Tim Burton !!!), j’ai su que ce livre allait me plaire !

Et je ne me suis pas trompée ! C’est un coup de cœur !! Si bien que je ne sais pas trop par quoi commencer ! Peut-être par ça : voici un livre qui peut être considéré comme de la YA et que j’ai trouvé vraiment original, que ce soit concernant l’histoire, les personnages et le support ! Pas d’amour qui tombe du ciel, pas de schéma narratif couru d’avance ; je suis allée de surprise en surprise, et j’ai adoré ça ! J’ai vu certains commentaires sur la longueur du début : c’est vrai que ça peut paraître un peu long, mais justement, le début installe bien l’histoire ! On est plongé dans la vie de Jacob, on comprend d’où lui viennent ses histoires, et un événement important se déroule quand même dans le premier chapitre !! En parlant de chapitre, ceux-ci peuvent faire peur par leur longueur : honnêtement, je n’ai pas vu les pages passer ! Une des choses qui m’a particulièrement plu ici : le mélange, le contraste entre ambiance gothique et couleurs très vives, ce que l’on retrouve justement souvent dans l’univers de Tim Burton (j’ai beaucoup pensé à la façon dont il pourrait adapter le film, notamment des scènes que je me suis bien imaginée voir à l’écran !) C’était un mariage parfait !! J’ai adoré l’histoire des deux types d’hommes, que l’on retrouve souvent dans les œuvres où il existe des mutants et des personnes « normales », celle des personnes particulières, fascinante, attirante, l’accueil qui leur a été réservé (étonnant …), comment elles ont vécu et vivent encore, celle des wights et des hollows (je ne sais pas comment ces mots ont été traduits, donc je préfère les laisser en VO) (hollow qui m’a fait penser à Bleach !), intéressante et terrifiante, celle du grand-père de Jacob, que son petit-fils apprend peu à peu à connaître à travers ce qui lui est révélé peu à peu, celles des enfants particuliers, qu’on ne connaît pas toutes, et déjà le peu qui est dit donne envie d’en savoir plus, celle des boucles, que j’ai trouvé très intelligente, captivante ! Evidemment, les photos ne font qu’ajouter du bonus à ce livre ! Elles le rendent encore plus attrayant, encore plus vivant. Certaines sont vraiment effrayantes, j’en ai eu la chair de poule ! M’ont aussi donné la chair de poule certaines scènes sanglantes, dont une qui m’a hérissé les poils, et dont je ne peux pas me souvenir sans une moue de dégoût ! J’ai aussi aimé (mais, qu’est-ce que je n’ai pas aimé ?!) l’écriture de Ransom Riggs, belle, parfois poétique dans le sens gothique du terme (je ne sais pas si je me fais bien comprendre !), en accord avec l’atmosphère générale du livre.

Jacob, le narrateur et héros du roman, est un garçon que tout le monde trouve étrange, même ses propres parents. Sans ami, plutôt solitaire, proche de son grand-père, il était terrifié enfant par les histoires que ce dernier lui racontait à propos d’enfants particuliers poursuivis par des monstres. Mais au fil du temps, Jacob grandit et n’y croit plus. Jusqu’à ce que … je ne vous dirai pas ! Mais quelque chose se passe, et le héros se demande si son grand-père était fou, ou si ces enfants existent réellement. Je me suis facilement attaché à Jacob : il pense osciller entre folie et raison, il se demande si tout est réel ou s’il rêve, il tente de comprendre ce qui lui arrive, ce qui est arrivé à son grand-père. Il comprend peu à peu l’impact de son « aventure » sur sa vie en général : il ne sera plus jamais le même. Cela signe une évolution chez le personnage – on pouvait en voir l’embryon au début déjà. C’est aussi, en quelque sorte, un héros masculin typique, dans le genre « lucidité à propos de ses capacités » et « non confiance en soi » : il sait qu’il est lâche, qu’il n’est pas capable de certaines choses, il ne se sent pas l’âme d’un héros. Et pourtant, il ne m’a jamais agacé ; il est même touchant ! Sa solitude et son besoin d’amour sont émouvants. J’ai aimé aussi le personnage d’Emily Bloom, même si j’ai peut-être eu un peu de mal au début. Blessée depuis longtemps, l’attaque est sa meilleure défense (même si cette défense ne dure pas longtemps !) Son don (ou ses pouvoirs, ou sa particularité, comme vous préférez) m’a fasciné, plus encore que ceux des autres enfants, même si je les ai tous trouvés fascinants. Au fur et à mesure, la jeune fille s’ouvre, dévoile sa véritable personnalité, laisse entrer le narrateur dans son monde, et le lecteur les suit. Elle reste tout de même un personnage fort, endurci par les années, et capable de tout pour protéger ceux qu’il aime. Le personnage d’Alma Peregrine m’a plu également : protectrice à l’excès, mystérieuse et autoritaire, elle est l’image même de la directrice adorée, mais crainte. Je n’ai pas eu beaucoup de mal à me l’imaginer ! Viennent ensuite tous les enfants particuliers : Olive, de qui j’adore le don, Millard, espiègle à cause de sa particularité même, Enoch, assez dérangeant, Bronwyn, ou She-Hulk, Hugh et ses abeilles, Fiona, peut-être encore plus étrange que les autres, Claire, personnage peu exploité pour le moment, à l’apparence adorable et à la particularité tout à fait singulière !, Victor, à qui il est arrivé quelque chose que l’on finit par découvrir, et d’autres encore ! Est également présent Abraham Portman, mystérieux grand-père de Jacob, qui a caché une double vie à sa famille toute sa vie, double vie que son petit-fils s’efforce de découvrir ! J’ai aimé ce personnage, qui veut préparer Jacob, et qui n’échoue pas complètement !

La fin m’a fait verser une larme (ce qui est rare !) Elle donne envie de lire la suite que, grâce à une Bookstagrammeuse, j’ai eu la présence d’esprit d’acheter en même temps que le premier tome ! Des choses nous sont révélées, un projet semble se mettre en place, et la vie des enfants particuliers et de Jacob est bouleversée à jamais !

 

Donc, un excellent premier tome, délicieusement gothique et coloré, plein de surprises, qui donne envie de découvrir la suite des aventures des enfants particuliers !

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