Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Splintered de A.G. Howard

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 18 août 2016 @ 17 h 16 min

Genre : Fantastique Splintered

Editeur : Amulet

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 371

Synopsis : Alyssa Gardner hears the thoughts of plants and insects. She hides her délusions for now, but she knows her fate: she will end up like her mother, in an institution. Madness has run in her family ever since her great-great-great-grandmother, Alice Liddell, told Lewis Carroll her strange dreams, inspiring his classic Alice’s Adventures in Wonderland. But perhaps she’s not mad. And perhaps Carroll’s stories aren’t as whimsical as they first seem …

 

Avis :  Je suis tombée sur ce livre par hasard en cherchant des réécritures de contes, j’avais encore en mémoire l’Alice de Tim Burton, et il m’y a immédiatement fait penser.

J’attendais beaucoup de Splintered : un pays des Merveilles assez gothique, une héroïne décalée, et des personnages fous à lier. C’est peut-être pour cette raison que j’ai eu un peu de mal au début. Le lecteur se retrouve dans le monde des humains avec une jeune fille qui entend parler les insectes et les fleurs, et qui se croit sur le point de sombrer dans la folie, comme ses ancêtres féminines avant elle. Jusqu’à ce qu’une nouvelle voix, familière, sorte du lot et lui enjoigne d’aller au pays des Merveilles lever la malédiction qui pèse sur sa famille. Cette idée m’a semblé excellente et plutôt cohérente : Alice a fait des bêtises à Wonderland et a dû en payer le prix, ainsi que ses descendantes. Le fait que seule lui d’entre elles puisse sauver toute la lignée m’a aussi semblé cohérent. Pourtant, la vie d’Alyssa est assez compliquée sans ça ! Elle vit seule avec son père, sa mère étant enfermée depuis onze ans. Je ne veux pas trop en dire, mais j’ai eu vraiment mal au cœur pour eux. La folie, si importante dans le roman de Lewis Carroll, est ici différente de ce à quoi on peut s’attendre. La malédiction des Liddell passe pour folie aux yeux des autres humains, mais la folie du pays des Merveilles correspond plutôt au côté sombre de chacun qui ressort, à l’instinct, au fait de ne pas penser avec son cerveau ou son cœur. Ainsi, le pays des Merveilles n’a-t-il rien à voir avec ce que l’on pense en connaître. Ici, les créatures fantastiques sont horribles, terrifiantes, pas tout à fait coopératives ; les fleurs n’en sont pas, et Alyssa doit se méfier de ses ennemis comme de ses alliés. C’est un monde gothique et horrifique à souhait – rien que de penser au lapin blanc (haha) ou aux Twins, j’ai des frissons – où la jeune fille se rend compte qu’elle sait des choses qu’elle ne devrait pas savoir. Le coup de cœur n’est pas venu tout de suite à cause de l’amour présent dans le livre : il prend beaucoup de place, mais surtout, j’ai eu peur qu’il soit un peu comme dans les autres romans YA : une fille rencontre un garçon, tombe éperdument amoureuse de lui jusqu’à ce que, hop, un nouveau garçon, et là, qui va-t-elle choisir ?! Je déteste ce genre d’histoires, et j’ai eu l’impression que ce livre prenait cette tournure. Sauf que quelque chose est différent, et ce quelque chose a sauvé Splintered ; cet amour, comme souvent dans la YA, ne vient pas de nulle part, il est ancré depuis longtemps, il a toujours été présent chez Alyssa, et ce qui lui arrive ne fait que le révéler. Cela ne vient pas en trois secondes, cet amour a une histoire, et c’est beaucoup qu’un coup de foudre immédiat pour le nouveau beau gosse de la classe ! L’écriture, quant à elle, est agréable, je n’ai pas compris certains noms de fleurs ou d’animaux du premier coup, mais j’ai su comprendre avec le contexte et l’histoire d’Alice au pays des Merveilles en arrière-fond. La réécriture est réussie, excellente même, et m’a beaucoup fait penser à Tim Burton, en encore plus gothique et morbide (ce qui peut paraître surprenant) ! Les différents personnages sont bien « remasterisés », les fameux épisodes d’Alice sont repris, pour le plus grand plaisir du lecteur qui les relit différemment avec joie ! Gros plus : les costumes et le décor décrits, très détaillés donc parfois un peu difficile à visualiser, mais une fois que c’est fait, le lecteur les imagine très bien comme dans un film, et ils sont splendides ! En plus de cela, l’apparence des Netherlings est à couper le souffle ! Encore un plus : la couverture, tellement belle, et qui donne tout de suite envie de plonger dans Wonderland ! 

Alyssa est une héroïne décalée, comme je m’y attendais. Déjà assez gothique, et tournée vers un art plutôt morbide, en tout cas, marginal et différent, le fait qu’elle entende parler les insectes et les fleurs la gêne, et même, la terrifie ! Elle ne veut surtout pas sombrer dans la folie qui semble héréditaire dans sa famille, et qui remonterait à la petite Alice Liddell, et à ses histoires racontées à Lewis Carroll. Au fil du livre, le lecteur découvre son enfance en même temps qu’elle, et tente peu à peu de remettre les pièces du puzzle en ordre. Au cours de son voyage à Wonderland, Alyssa change, grandit, évolue, mais refuse longtemps d’accepter qui elle est vraiment. La révélation de son identité m’a choquée, et m’a fait adorer ce livre, qui me semblait, avant cela, un peu trop prévisible. Jeb, l’ami d’Alyssa, est très important pour elle : ils se sont entraidés quand ils n’allaient pas bien, surtout pour affronter leurs problèmes familiaux, Alyssa s’efforçant de ne pas raconter la vérité sur la raison de l’état de sa mère. On le voit venir à dix kilomètres, on comprend tout de suite ce qu’il ressent, et le fait qu’il le nie – comme Alyssa d’ailleurs ! – m’a assez agacé. Sinon, lui aussi est un personnage plutôt gothique, le chevalier servant par excellence, celui qui prend encore Alyssa pour une enfant et qui pense qu’elle ne peut pas s’occuper d’elle toute seule. Son attitude protectrice le rend parfois un peu macho, et montre une jalousie excessive un peu énervante. Quant à Morpheus, j’ai aimé ce personnage fantastique, manipulateur et séducteur. Il oscille entre deux côtés : celui qu’Alyssa pensait connaître, et le côté sombre, peut-être égoïste d’un homme prêt à tromper pour obtenir ce qu’il veut. Il est difficile à cerner, et son plan est si bien organisé que le lecteur et l’héroïne ne le comprennent que quand il est trop tard ! J’aimerais beaucoup lire The Moth in the Mirror pour avoir son point de vue sur l’histoire, entrer dans sa tête et tenter de le comprendre. Le lecteur et Alyssa rencontre d’autres personnages dans ce livre. D’abord les humains : les parents de l’héroïne, auxquels je me suis beaucoup attachée, sans doute à cause de son attachement pour eux, et surtout son désir de sauver sa mère, qui m’a vraiment fait mal au cœur. Tout l’amour qu’elle porte à sa famille est beau à voir, mais aussi douloureux parce qu’elle souffre pour qu’ils soient « heureux ». Son père ne comprend pas la folie de sa femme, qui était tout à fait normale avant la naissance d’Alyssa, et surtout, avant un fameux jour après lequel il a fallu l’enfermer. Il est très protecteur avec sa fille, et c’est assez compréhensible, puisqu’il l’éduque seul depuis onze ans. Jenara, la sœur de Jeb, semble être la meilleure amie d’Alyssa. Elle est elle aussi attachante et drôle, décalée comme son amie, et au courant de son amour pour son frère, qu’elle a promis de ne pas divulguer. Elle semble très proche puisque c’est à Jenara qu’Alyssa se confie quand il est arrivé quelque chose à sa mère. Dernière humaine : Taelor, ou la petite garce de l’histoire, parce qu’il en faut toujours une. Elle est de celles qui ne cherchent pas à comprendre si l’héroïne va bien ou mal ; elle-même souffre et préfère faire passer sa colère sur les autres plutôt que de chercher du réconfort. Enfin, les habitants de Wonderland : Ivory, dont j’ai adoré le personnage, même si elle n’apparaît pas beaucoup. Sensible, elle ne comprend elle aussi que trop tard qu’elle est manipulée, et son destin m’a fait mal au cœur. Son apparence, contrairement à la plupart des autres, ne glace pas le sang, mais semble magnifique ; Red, reine déchue qui aurait jeté la malédiction sur la famille Liddell parce qu’Alice est la cause de son malheur. Il est possible de ressentir de l’empathie pour elle, puisqu’elle a été trahie ; l’avis peut changer par la suite ! ; les Twid Sisters, ou les personnages les plus horribles physiquement ! La première est repoussante, la seconde est terrifiante ! Ces deux sœurs sont impressionnantes, et leur « travail » à Wonderland est nécessaire mais assez horrible. Je ne veux pas trop en dire, mais le séjour d’Alyssa parmi elles la hantera longtemps ! ; le lapin blanc (haha) qui n’est pas vraiment un lapin, qui est repoussant comme jamais un lapin ne pourrait l’être, et qui est dévoué à la reine Red à un point tel qu’il est capable de tout ; Grenadine, qui m’a elle aussi fait mal au cœur. Elle oublie absolument tout, ce qui cause des catastrophes autour d’elle, mais ce qui lui permet aussi d’oublier la peine qu’elle a pu ressentir. Ses rubans sont surprenants ! ; le roi rouge, que l’on s’imagine d’une certaine façon selon la description de Morpheus, et qui se révèle différent en fin de compte ; le Chapelier fou, comble lui aussi de l’horreur physique avec les Twid Sisters, qui n’est pas vraiment fou, surtout monstrueux, glacé à l’heure du thé, et qui semble pouvoir aider Alyssa si elle trouve le moyen de le sauver ; le Lièvre de Mars, lui aussi un des lapins les plus affreux de la terre, fou certainement, plus que son compère le Loir, qui est ici une souris, seul animal à avoir l’apparence de son nom ! ; on retrouve aussi des cartes, qui, elles non plus, n’en sont pas vraiment, et des Elfin Knights de la Cour blanche, fascinants êtres sans émotion. On rencontre brièvement des huîtres de diverses tailles, ainsi qu’un octobenus meurtrier et des fleurs qui, encore une fois, n’en sont pas tout à fait ! La reprise du Bandersnatch et du Jabberwocky est géniale ! Petite apparition d’Humpty Dumpty, que j’ai apprécié !

La révélation finale m’a choquée et m’a fait adorer ce livre ! Je ne m’y attendais pas du tout, et c’était une surprise bienvenue quand je pensais que le roman devenait prévisible. La fin est assez compliquée parce que les intrigues et les désirs de tous se mêlent ; finalement, je ne vous dirai pas si Alyssa obtient ce qu’elle veut ! En tout cas, j’ai hâte de lire la suite !

Dernier petit plus : le premier chapitre du second tome, Unhinged ! Autant dire que lire cet extrait donne très envie d’acheter et de lire le deuxième livre tout de suite !

 

Donc, un très bon premier tome, qui éveille ma curiosité, plein à la fois de magie et d’horreur, et qui donne, malgré cette dernière, envie de retourner au Pays des Merveilles ! 

 

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