Peter Pan de J.M. Barrie
Editeur : HarperDesign
Année de sortie : 2015
Nombre de pages : 250
Synopsis : « She asked where he lived. « Second to the right », said Peter, « and then straight on till morning. »" Let your imagination take flight as you journey with Peter Pan, Tinker Bell and the Darling children to the magical island of Neverland in this beautiful new unabridged gift edition of J.M. Barrie’s classic story. All-new original illustrations and ten exclusive interactive elements from the award-winning design studio MinaLima create an enchanted adventure for readers of all ages – all you need is to think lovely thoughts and use a little bit of fairy dust.
Avis : Ce livre fait partie du giveaway que j’ai gagné il y a quelque temps sur Instagram, avec The BFG de Roald Dahl et Neverwhere de Neil Gaiman. J’avais déjà été attiré par cette édition que je trouve originale et enchanteresse.
Je connaissais l’histoire de Peter Pan à travers le dessin animé Disney : le petit garçon qui ne veut pas grandir et qui, un jour, emmène avec lui les enfants Darling au Pays Imaginaire. On peut dire que l’œuvre originelle est tout de même assez différente, et c’était étrange de la découvrir d’une certaine façon : j’avais un vague sentiment de familiarité avec toutes les scènes sauf celle de la fin qui m’a achevée. Tout le long du livre, le narrateur accompagne le lecteur, et même, l’histoire qu’il raconte est déjà terminée puisqu’il le prévient de se tenir sur ses gardes, ou fait des commentaires sur la fin d’une scène qui n’a pas encore commencé. Avant même le départ des enfants, le lecteur obtient ainsi la réaction des parents ; le narrateur, omniscient, expose son jugement et répète à celui qui lit que tous deux ne sont que des spectateurs non souhaités et non connus par les personnages. J’aime toujours ce genre de jeu du narrateur avec le lecteur, cela implique d’autant plus ce dernier dans le livre, il se sent concerné d’emblée, c’est à lui particulièrement que l’on adresse la parole. Lire ce roman adulte le fait voir d’une façon tout à fait différente : Peter Pan devient un symbole, les actions des personnages prennent une dimension allégorique, et le lecteur lit entre les lignes. La petite Wendy qui devient Maman et parle de Papa en désignant Peter laisse penser à un jeu d’enfants qui découvrent la vie ; Peter qui refuse de grandir parce que cela signifie vieillir puis mourir. Certains passages concernant Peter m’ont émue : il n’a pas de mère, dit ne pas en vouloir, et pourtant, c’est tout ce qu’il cherche et que jamais il n’obtient. A travers une lecture d’adulte, il est aussi facile de retomber en enfance, de se laisser porter par l’histoire, de se croire au Pays Imaginaire avec Peter et Wendy. C’est un sentiment très agréable et, pendant le temps de la lecture, on se sent immunisé contre le temps, qui se rappelle à nous à travers l’histoire même ! J’ai adoré l’écriture de J.M. Barrie, à la fois grâce au jeu du narrateur (qui permet l’humour également), mais aussi à sa façon de raconter, aux mots qu’il emploie. Je ne sais pas si les mots rajoutés pour en expliquer d’autres viennent de l’auteur, mais parfois, ils m’ont paru drôles. Concernant les illustrations, je les ai beaucoup aimées, j’ai trouvé qu’elles allaient bien avec l’histoire, et les éléments interactifs étaient un bon ajout, que j’ai aimé manipuler. J’adore la couverture !! Aussi, j’ai adoré les histoires liées aux fées, comment elles naissent et meurent, la poussière de fée, leur langage, leur façon d’être (assez excessive) : enchanteur.
Peter Pan est le personnage éponyme du roman. Comme je le disais au-dessus, vu par un adulte, il devient un symbole. Il refuse de grandir et de retourner dans le monde normal, préférant vivre dans le Pays Imaginaire et vivre des aventures qu’il oublie au fur et à mesure qu’elles arrivent. En effet, ce personnage est assez spécial : il change d’humeur très vite, préfère faire semblant que faire vraiment, méprise les adultes, et surtout les mères, dont il jure qu’il n’a pas besoin, se montre souvent égoïste et parle principalement de lui, cache ses sentiments derrière une façade d’indifférence qui finit par être véritable. Ce n’est pas du tout un héros classique comme on peut en voir dans la plupart des livres pour enfants ou YA, un héros qui fait preuve de grandeur d’âme et de courage, qui se sacrifie pour les autres ou montre ses sentiments. Peter est téméraire, et il aime se vanter, il veut se montrer plus intelligent que le Capitaine Crochet, ou que les autres enfants – donc personne ne peut savoir quelque chose qu’il ignore -, dont il est le chef incontesté. Il ne semble avoir peur de rien, ce qui en fait un objet d’admiration pour les enfants perdus, perdus parce que sans mère. Au début, j’ai eu du mal à me faire au caractère de Peter, assez agaçant finalement ; mais, petit à petit, il m’a vraiment émue, tout comme il a ému Wendy. La petite fille sait que Peter se cache derrière une façade, elle tentera même de le ramener avec elle dans le monde normal. Au Pays Imaginaire, elle est la seule fille : elle devient donc Maman, et se retrouve à prendre soin de tous les garçons autour d’elle. Ce rôle, pour moi, la pousse à grandir, alors même que c’est ce que Peter ne veut pas. Chargée de raconter des histoires aux enfants, elle est aussi celle qui console Peter sans qu’il le sache, qui voit ce que les autres ne voient pas. Elle s’éveille ainsi à la vie dans un monde qui n’est pas le sien. Je me rappelle ne pas du tout avoir aimé Wendy dans le dessin animé ; ici, j’ai apprécié le personnage, qui, elle aussi, est un peu un symbole. Elle est accompagnée de ses frères, John et Michael, qui m’ont semblé assez effacé. Ils font vite partie de la bande des enfants perdus ; ils perdent peu à peu leurs souvenirs, ne se rappellent pas leur mère et leur père, leur vie d’avant. Les autres enfants perdus sont plus ou moins touchants ; j’ai particulièrement aimé Tootles, qui n’a pas confiance en lui, mais qui finit par prendre le dessus sur sa timidité. Les autres ont tous un caractère différent, comme par exemple, Slightly, qui se vante de tout savoir, et, surtout, de se souvenir de sa vie d’avant dans le monde normal, et donc de sa mère. D’autres personnages apparaissent comme les Darling, la mère, que j’ai beaucoup aimé, qui tient à ses enfants plus que tout et qui possède une magie propre à toutes les mères, le père, qui m’a un peu agacée avec ses façons de montrer qu’il est le chef de famille, et qui, finalement, m’a fait mal au cœur lui aussi à la fin ; Nana, que j’avais aimé dans le film, et que j’ai aimé à nouveau dans ce livre ! ; Captain Hook, très sombre, et pourtant assez ambivalent, pas vraiment le méchant en puissance qu’on peut imaginer puisqu’il ressent des choses qu’il écarte aussi vite pensées, c’est un personnage avec des sentiments, des peurs qu’il cache, et une haine inextinguible pour Peter Pan, ce qui m’a un peu fait penser au capitaine Achab dans Moby Dick ! ; ses membres d’équipage, des pirates qui aiment tuer à la fois les enfants perdus et les Indiens, dont un, Smee, qui ne semble pas du tout avoir l’âme d’un pirate et inspire finalement plutôt la sympathie ; Tinker Bell, personnage que j’aime beaucoup malgré ses humeurs excessives et ses coups bas, qui m’a fait mal au cœur elle aussi puisque Peter ne la comprend pas du tout, qui est prête à se sacrifier pour lui, ce qu’on apprend d’elle à la fin m’a brisé le cœur, c’est trop soudain et dit avec trop d’indifférence ! ; les Indiens, dirigés par Tiger Lily, personnage que j’aime beaucoup également, sur lequel il existe un livre YA que j’aimerais beaucoup lire, Tiger Lily de Jodi Lynn Anderson.
Le thème de l’enfance est évidemment premier. Le narrateur nous rappelle la capacité qu’ont les enfants de s’émerveiller, de s’étonner, de croire en des choses magiques comme les fées, tout ce qu’ils perdent en grandissant. Cette idée est si triste … et pourtant plutôt vraie. La plupart des adultes perdent leur faculté à rêver et à s’imaginer des choses incroyables, magiques, surnaturelles. Ils sont si ancrés dans la réalité qu’ils perdent une part de leur innocence et de leur imagination. C’est tellement dommage ! Quelque part, on peut comprendre Peter qui ne veut pas grandir !
La fin n’a rien à voir avec celle du dessin animé, et je comprends pourquoi. Elle est très triste, déchirante, elle m’a fait monter les larmes aux yeux. Toute la détresse de la situation frappe le lecteur, qui ne peut que se sentir mal.
Donc, un excellent classique, pour enfants mais aussi pour adultes, dans une édition illustrée qui communique bien la magie de l’histoire.
2 commentaires »
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Encore un nouveau livre dans ma wish list!
J’ai vraiment hâte de voir ton avis dessus !!