Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour août, 2016

Choix de poèmes de Paul Celan

Posté : 26 août, 2016 @ 10:23 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Choix de poèmes Genre : Poésie

Editeur : Gallimard (NRF)

Année de sortie : 1998

Nombre de pages : 376

Synopsis : Cette édition propose un choix de poèmes réalisé par Celan lui-même. C’est le parcours de l’auteur dans son œuvre. L’extrême dispersion des éditions de Celan en français confère à ce livre une fonction d’éclaireur, de viatique. Celui-ci invite à plus qu’à la découverte d’un poète majeur de ce siècle : il favorise une approche qui se change en reconnaissance.À l’effrayante question : comment écrire après Auschwitz ? Celan répond : en usant du langage de la mort. Car il eut à affronter et à vivre l’un des plus tragiques paradoxes qui soit : sa langue maternelle, l’allemand, est à la fois celle qui fonde sa culture et son identité, mais aussi celle qui régit le camp d’extermination où disparaissent ses propres parents. Et pourtant, Celan ne peut sans «mentir» (c’est lui qui le note) se soustraire à cette langue de l’enfance et de l’oppression mêlées.

 

Avis : Je devais lire ce livre pour un cours sur la vie et le temps. J’avais déjà entendu parler de Celan, mais sans jamais vraiment lire un de ces recueils.

Ici, l’auteur a choisi, parmi tous les poèmes qu’il a publiés dans des recueils différents, ceux qui lui parlaient le plus peut-être, ou ceux qu’il jugeait les mieux écrits ; toujours est-il que ce n’est pas un éditeur qui a décidé de rassembler des œuvres de Celan pour les publier à nouveau, mais lui-même. Ce livre est donc divisé par rapport aux recueils déjà publiés : Pavot et mémoire, De seuil en seuil, Grille de parole, La Rose de Personne, Renverse du souffle. Rien que les titres peuvent paraître obscurs, mais ils sont déjà empreints d’histoire et d’émotion, plus particulièrement pour moi La Rose de Personne, que je trouve à la fois triste, énigmatique et beau. Aussi, on entre dans le recueil avec le contexte : la déportation, la Shoah, la Seconde Guerre mondiale, mais aussi la langue allemande, langue de la mort, mais aussi celle qui sert à Celan à écrire après cette mort. Je n’ai jamais fait d’allemand, donc j’ai dû lire les traductions, mais déjà rien que là, et malgré le fait que l’impact soit souvent (presque toujours) plus fort en VO, j’ai été parfois soufflée par les poèmes, bouleversée par certaines images assez particulières, mais qui parlent à la sensibilité du lecteur. Les grands thèmes de la littérature (et surtout de la poésie) d’après-guerre sont évoqués, et j’ai pensé à Fondane, que j’ai étudié l’année dernière, notamment avec les mentions au fait que les Juifs devaient divertir les Allemands sous la contrainte, celle de Babel, de l’exil, de la mort, de la voix, de la religion. J’ai particulièrement été touchée par certains poèmes, comme « Psaume » dans La Rose de Personne :

« Un Rien,

voilà ce que nous fûmes, sommes et

resterons, fleurissant :

la Rose de Néant, la

Rose de Personne. »

ou « Fugue de mort » dans Pavot et mémoire , qui prend la forme musicale d’une fugue qui devient, lue, une litanie :

« Lait noir de l’aube nous te buvons la nuit

te buvons à midi la mort est un maître d’Allemagne

nous te buvons le soir et le matin nous buvons et buvons

la mort est un maître d’Allemagne son œil est bleu

il atteint d’une balle de plomb il ne manque pas

un homme habite la maison Margarete tes cheveux d’or

il lance ses grands chiens sur nous il offre une tombe dans le ciel

il joue avec les serpents et rêve la mort est un maître d’Allemagne

tes cheveux d’or Margarete

tes cheveux cendre Sulamith » 

Les vers, le son et l’harmonie qui produisent touchent le lecteur en plein cœur, provoque l’émotion, provoque la prise de conscience (souvent répétée au cours des lectures) de la difficulté de survivre à cette guerre, de l’impossibilité, de sa violence, de sa cruauté, de son inhumanité, de son horreur. L’hermétisme que le lecteur peut trouver parfois se comprend : il n’est pas possible d’écrire comme avant, pas possible de dire non plus explicitement, les images parlent mieux, les images disent sans dire, elles font deviner, et c’est déjà suffisant pour que le lecteur sente qu’il ne pourrait pas supporter le dire.

 

Donc, un recueil qui frappe, qui bouscule, qui bouleverse, qui peut sembler difficile à comprendre, mais qui parle plus au cœur et aux sentiments qu’au cerveau.

La délicatesse de David Foenkinos

Posté : 24 août, 2016 @ 11:47 dans Avis littéraires | 2 commentaires »

La délicatesseGenre : Contemporaine

Editeur : Folio

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 210

Synopsis : « François pensa : si elle commande un déca, je me lève et je m’en vais. C’est la boisson la moins conviviale qui soit. Un thé, ce n’est guère mieux. On sent qu’on va passer des dimanches après-midi à regarder la télévision. Ou pire : chez les beaux-parents. Finalement, il se dit qu’un jus, ça serait bien. Oui, un jus, c’est sympathique. C’est convivial et pas trop agressif. On sent la fille douce et équilibrée. Mais quel jus ? Mieux vaut esquiver les grands classiques : évitons la pomme ou l’orange, trop vu. Il faut être un tout petit peu original, sans être toutefois excentrique. La papaye ou la goyave, ça fait peur. Le jus d’abricot, c’est parfait. Si elle choisit ça, je l’épouse …

_Je vais prendre un jus … Un jus d’abricot, je crois, répondit Nathalie.

Il la regarda comme si elle était une effraction de la réalité. »

 

Avis : Une amie m’a parlé de ce livre il y a quelques jours, et avant de plonger dans une nouvelle lecture pour les cours, je me suis dit qu’un peu de légèreté ne me ferait pas de mal !

Je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avec ce livre. Le synopsis ne révélait rien de l’histoire (pour une fois !). Je suis donc entrée dans le livre sans arrière-pensée. Après les premières pages, je m’attendais à une belle histoire d’amour (pas trop mon type de livre, mais on peut essayer !). Puis, j’ai été surprise par la tournure que prenait le roman : un petit choc, bouche bée, relecture, non je n’ai pas rêvé. Je ne veux pas spoiler, cela va être un peu difficile : le lecteur plonge alors dans l’horreur de la situation, son impossibilité, et surtout, l’impossibilité de vivre après ça. Le personnage est soutenu, mais découvre aussi l’hypocrisie, les regards, la pitié, tout ce qui est insupportable après un tel drame. La difficulté de revenir est grande, et l’auteur traduit bien la douleur ; on ne peut qu’imaginer, et on ne veut pas le faire ; le personnage refuse, et pourtant, se voit obligé d’accepter. Je me suis, par la suite, doucement installée dans l’histoire, celle de la reconstruction à tous les niveaux du personnage. La délicatesse n’est pas un coup de cœur, mais l’écriture est agréable et offre de beaux passages.

Concernant les personnages : Nathalie est une femme présentée comme parfaite par les autres personnages qui l’entourent. Elle est différente, dotée d’une grâce divine, une déesse, une fée, quelqu’un d’exceptionnel et qu’on ne peut aimer. Malgré l’aspect un peu énorme de ce résumé, j’ai apprécié Nathalie : les incursions que le lecteur fait de son point de vue montre qu’elle n’est pas si parfaite, et c’est cela qui fait, justement, sa perfection. A la fois fragile et forte, douce et ferme, elle sait se faire respecter tout en n’étant pas méchante ou trop sèche. Etant responsable d’un groupe, elle sait faire preuve d’autorité, tout en restant, si c’est possible, amicale avec ses collègues. Sa découverte de l’hypocrisie fait peine à voir, et son agacement est très compréhensible. Je me suis sentie proche d’elle à certains moments, ce qui a renforcé mon attachement pour le personnage. François, quant à lui, est l’être aimé de Nathalie ; à voir leur rencontre, ils sont faits l’un pour l’autre. J’ai aimé sa maladresse au moment de l’aborder, mais aussi cette nécessité de lui parler. François représente la vie : ces moments avec Nathalie sont faits de rire, d’amour, de folie. Ces passages sont très agréables à lire, mais teintés de tristesse. D’autres personnages gravitent autour de ce couple : Charles, que j’ai vraiment détesté, qui m’a semblé insupportable et égoïste, incapable de s’effacer, incapable de comprendre que son bonheur n’est pas celui des autres, incapable de se contenter de ce qu’il a et de comprendre qu’il n’aura jamais ce qu’il désire. Sa dernière phrase à Nathalie a achevé de me le faire haïr !! ; Markus, que j’ai vraiment apprécié, avec son humour décalé, un peu sinistre, ses petites répliques un peu absurdes. J’ai aimé aussi l’évolution du personnage, le fait qu’il prenne confiance en lui, qu’il se rende compte que ce qui lui arrive n’est pas une erreur, et qu’il tente de prendre les choses en main, tout en les laissant s’installer peu à peu ; Chloé, que je n’ai pas pu apprécier, qui m’a même énervé, la reine des ragots ; Madeleine, adorable, même si on ne la voit que pendant un très court instant.

La fin est assez étrange, et peut être soumise à plusieurs interprétations : tout est arrivé ou est-ce un rêve ? Si vous avez lu le livre, dites-moi ce que vous en pensez !

 

Donc, un bon roman qui traite d’un sujet difficile, et qui parvient pourtant à nous emporter dans l’histoire.

Comme un roman de Daniel Pennac

Posté : 22 août, 2016 @ 8:58 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 2 commentaires »

Genre : Comme un romanEssai

Editeur : Folio

Année de sortie : 2005

Nombre de pages : 198

Synopsis : LES DROITS IMPRESCRIPTIBLES DU LECTEUR

1. Le droit de ne pas lire.

2. Le droit de sauter des pages.

3. Le droit de ne pas finir un livre.

4. Le droit de relire.

5. Le droit de lire n’importe quoi.

6. Le droit au bovarysme (maladie textuellement transmissible)

7. Le droit de lire n’importe où.

8. Le droit de grappiller

9. Le droit de lire à haute voix.

10. Le droit de nous taire.

 

Avis : Ce livre m’a d’abord attiré grâce à son synopsis : j’adore les essais sur la littérature ou la lecture, et je me suis dit que j’allais adorer celui-ci !

Je ne me suis pas trompée ! D’abord, cet essai se lit – comme son titre l’indique – comme un roman, ce qui est déjà différent des autres livres de ce genre que j’ai déjà pu lire. Ajoutons à cela un style d’écriture très agréable, ni pédant, ni dogmatique, qui fait comprendre par un exemple les idées de l’auteur : on obtient un livre indispensable, un des meilleurs qu’il m’ait été donné de lire ! Il est divisé en quatre parties : d’abord, « Naissance de l’alchimiste », qui traite principalement de l’apprentissage de la lecture, de l’éveil de l’enfant aux lettres, de sa fascination et de son envie de lecture. Il introduit également l’histoire de parents qui ne savent pas comment éveiller le désir de lecture chez leur adolescent, pour qui elle est devenue une corvée, un devoir pour lequel il ne prend aucun plaisir, ainsi que chez leur second enfant plus jeune. J’ai adoré la façon dont l’auteur nous parle des découvertes de l’enfant, du rituel de la lecture le soir, mais aussi comment il fait comprendre que, s’il perd le goût de lire, c’est soit parce qu’il n’a pas « besoin des livres », soit parce que ses parents et l’école ont transformé la lecture en corvée. Ainsi, il montre comment il est possible de réveiller l’alchimiste en lui, à un âge où il est encore en train d’apprendre à lire et à écrire.

Dans la seconde partie, « Il faut lire (le dogme) », le lecteur suit à nouveau l’adolescent qui doit finir son livre pour l’école, en nous montrant que la lecture est devenue un dogme, ce qui en a ôté tout plaisir. Le métier de professeur est évoqué, ainsi que les parents qu’ils rencontrent et qui lui parlent de la nécessité de lire ; lui-même en parle, et ainsi enlève le goût de lire à ses élèves. Cette absence d’envie viendrait de l’apprentissage de la littérature : l’Etat est là pour le résultat, et non pour donner envie de lire. Il faut connaître les classiques, et donc lire ; mais le lecteur ne prend aucun plaisir, il ne lit pour lire, mais pour atteindre un objectif. Je me suis beaucoup retrouvée quand est évoqué le lecteur et sa façon de voir la lecture : elle comble un vide, un manque, elle est nécessaire, elle change la vie parfois, elle est partage. C’est la raison pour laquelle je voudrais devenir professeur : pour partager ma passion de la littérature. Et l’auteur donne ici une merveilleuse façon de le faire : lire, tout simplement lire. L’exemple de Georges Perros m’a fait rêvé, ainsi que celui que l’auteur met en pratique ensuite dans son histoire. Il n’existe pas de plus beau partager, de plus belle façon de transmettre que celle-ci. Le rêve final de cette partie en est vraiment un ! Il est à la fois drôle et un peu triste, parce qu’on ne jugera jamais les candidats à l’agrégation sur leur capacité à donner envie de lire à leurs futurs élèves.

La troisième partie, « Donner à lire », montre un professeur qui enseigne à des élèves qui ont perdu le goût à l’étude et à la lecture par la même occasion. Leur donner à nouveau envie est difficile, mais l’exemple donné fait à nouveau rêver ! Bien sûr, l’auteur explique que ce n’est pas si simple ; il faut cultiver ce goût rendu, cette envie offerte. Cette partie est ma préférée : elle m’a donné espoir, m’a montré qu’il est toujours possible de transmettre l’envie et de faire son métier par la même occasion – le fameux programme ! J’ai adoré lire la réaction des élèves, le rôle de transmetteur du professeur, qui, au début, ne fait rien qu’offrir, que donner, pour rendre à ceux qui n’aiment pas lire cet amour de la fiction, des personnages, cette envie de savoir ce qui arrive à la fin, et, finalement, cette envie d’apprendre l’ »autour », le but seul de l’éducation de la littérature dans le cadre de l’école – gâchis suprême quand il est enseigné seul. La réflexion sur le temps de lire m’a paru très vraie, prouvée tous les jours par la façon de lire – ou de ne pas lire – de tous. Et le fait de dire que les livres ne sont pas écrits pour qu’on les commente !! Quand j’entends des gens critiquer l’étude de la littérature en disant : « Ben oui mais, ça tombe, l’auteur n’a pas du tout voulu dire ça ! », j’ai envie de leur faire lire ce livre, et de leur dire que les livres disent ce qu’on leur fait dire, jamais ce que l’auteur avait l’intention de leur faire dire. Le lecteur comprend ce qu’il veut comprendre, interprète comme il veut interpréter, ressent ce que les mots lui disent personnellement. Un livre ne peut pas être reçu par tous de la même façon ; c’est la raison pour laquelle certains aiment un livre et d’autres pas. Un livre parle à un individu, entre en résonance avec sa vie, avec ses émotions du moment. Certes, il existe un contexte, et l’interprétation peut mener à une sur-interprétation, ou à n’importe quoi ; mais le livre devient celui du lecteur quand il est lu, sans quoi il reste lettre morte sur papier blanc ! Revenons au livre ! La vision du livre et de lecteur montrée ici favorise le fait que les « jeunes » n’aient pas envie de lire : ils ont peur, ou ils voient les livres comme inaccessibles, et le lecteur comme quelqu’un de marginal, de sage, ou de bizarre. La façon qu’a l’auteur de faire voir ce que sont vraiment un livre et un lecteur, et surtout la façon dont le lecteur considère ses livres m’a surprise : je me suis reconnue sans vouloir me reconnaître. Le mauvais traitement infligé à nos propres livres, l’attachement, le sentiment d’appartenance, le fait d’avoir du mal à rendre un livre prêté que l’on a aimé … Est ensuite évoquée la façon de traiter le livre chez les professionnels ou à l’Université, tout comme l’ineptie des synopsis, qui sont parfois ridicules, qui dévoilent parfois trop (tout même !), que le grand frère de l’auteur fait bien mieux parce que ses résumés sont personnels et fait pour intéresser son frère.

Enfin, la dernière partie, « Le qu’en-lira-t-on (ou les droits imprescriptibles du lecteur) » traite de nos façons de lire, de notre liberté absolue de lecteur. Sont évoqués les versions abrégées des classiques, que j’ai toujours trouvé absurde et sans intérêt, et pour lesquelles l’auteur donne une alternative bien meilleure (sauter des pages). Je me suis beaucoup reconnue dans cette partie : le fait de ne pas finir un livre, ou de ne pas aimer un auteur (question de goût, d’attente), de relire et de découvrir que notre avis a changé (ou pas), le bovarysme (le premier état du lecteur, les sensations que nous procure la lecture), le fait de lire n’importe où (combien de fois ai-je entendu la petite phrase : « Mais tu n’as pas besoin de ton livre pour aller là-bas ! »), le fait de grappiller (passer des heures à relire des passages que l’on connaît bientôt par cœur, ou dans des livres que l’on n’a pas encore lus !), le fait de relire, et surtout, de lire ce que je veux ! L’auteur fait la distinction entre les bons et les mauvais romans (les Harlequin que je trouve sans intérêt, mais qui plaisent beaucoup à de nombreuses personnes), mais c’est tout de même un droit du lecteur de lire n’importe quoi, et donc de lire des livres qui peuvent être considérés comme mauvais. Cela ne veut pas dire, évidemment, que les livres qui ne sont pas des classiques sont mauvais : parmi les contemporains et les YA peuvent se cacher de bons livres, tout comme dans des genres qui ne sont pas encore reconnus en France comme de la bonne littérature, la Fantasy ou la science-fiction par exemple. Pour moi, un bon livre me touche, m’emporte, est bien écrit, et me hante. Chacun ses « critères » après tout ! La mention de la lecture à haute voix m’a fait retomber en enfance : j’adorais cette pratique, et me rends compte qu’elle a disparu, à part pour certains poèmes que j’ai besoin d’entendre pour apprécier pleinement. Les références aux auteurs qui lisaient à voix haute m’a donné envie de recommencer, de retrouver ce plaisir perdu. Enfin le silence, le fait de taire ce que l’on a ressenti après la lecture. Elle est personnelle, et le fait de faire des chroniques ne veut pas dire que je ne garde pas une part secrète d’elle en moi.

Petites remarques : j’aime le fait que l’auteur ne parle pas que d’œuvres françaises. J’ai adoré toutes ces références, cela m’a donné envie de lire – ou de relire – certaines œuvres !! J’ai aussi aimé la petite phrase d’accroche au début du livre, comme une micro-préface dans laquelle l’auteur demande à ce qu’on n’étudie pas son livre en classe ! Enfin, j’aurais aimé avoir Daniel Pennac comme professeur !!

 

Donc, un excellent essai, hymne à la littérature, à la lecture et au lecteur, mais aussi à un enseignement différent et à des professeurs qui retrouvent leur âme d’enfant, qui transmettent leur amour de la lecture, plus seulement un programme et des méthodes !

Auschwitz et après, tome 3 : Mesure de nos jours de Charlotte Delbo

Posté : 19 août, 2016 @ 5:42 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 2 commentaires »

Genre : couv25201360Historique

Editeur : Les Editions de Minuit

Année de sortie : 2014

Nombre de pages : 210

Synopsis : Et toi, comment as-tu fait ? pourrait être le titre de ce troisième volume de Auschwitz et après. Comment as-tu fait en revenant ? Comment ont-ils fait, les rescapés des camps, pour se remettre à vivre, pour reprendre la vie dans ses plis ? C’est la question qu’on se pose, qu’on n’ose pas poser. Avec beaucoup d’autres questions. Car si l’on peut comprendre comment tant de déportés sont morts là-bas, on ne comprend pas, ni comment quelques-uns ont survécu, ni surtout comment ces survivants ont pu redevenir des vivants. Dans Mesure de nos jours, Charlotte Delbo essaie de répondre, pour elle-même et pour d’autres, hommes et femmes, à qui elle prête sa voix.

 

Avis : J’ai dû lire ce livre pour les cours (eh oui, je prépare déjà un peu la rentrée !). Le nom de l’auteure me disait quelque chose, mais pas le nom de son livre.

Je m’attendais à quelque chose de très déprimant ; c’est souvent mon a priori sur les livres traitant de la Seconde Guerre mondiale, et plus particulièrement des déportés. Je me suis dit que cela allait être dur à lire. Et j’avais raison. L’auteure parle de son expérience du retour, mais aussi de celle d’autres personnes qui étaient avec elle ou non dans le camp. Ces témoignages sont entrecoupés de poèmes qui en reprennent certains thèmes évoqués, comme le fait d’avoir l’impression de ne pas être revenu, le fait d’avoir attendu le retour de toutes ses forces, mais de ne pas avoir pensé au-delà, de l’avoir vu comme ce qu’il fallait atteindre sans penser à après – parce qu’il ne pouvait pas y avoir d’après -, les autres et leurs questions. Les thèmes principaux sont frappants, et montrent la difficulté de vivre après Auschwitz : le doute de sa propre existence, la certitude d’être morte, l’absence, la fatigue physique et psychologique, l’inutilité de la vie quotidienne et des soucis des autres, la futilité et l’ignorance de ces autres, qui ne peuvent pas comprendre, l’incompréhension de la part de ceux qui sont revenus, la mort, très présente parce que certains ont l’impression d’être mort, d’autres la revoient dans leurs cauchemars, les conditions du retour : certains doivent encore se battre pour vivre, pour avoir un logement et de quoi se nourrir, quand d’autres ont le soutien d’un être cher, soutien sans lequel ils seraient morts. Les souvenirs d’Auschwitz se superposent au monde du retour et empêchent de reprendre le dessus. Chez toutes les personnes qui témoignent, il reste quelque chose de cassé : l’une a un « anniversaire du typhus », l’autre ne peut plus sortir de chez elle et ne supporte pas le froid. Les images évoquées font froid dans le dos, par exemple, la mort de Sylviane. L’espoir aussi fait mal : celui d’Ida qui veut retrouver sa mère, celui de Loulou qui attend le retour de quelqu’un. Pourtant, tout est dit avec une écriture que j’ai trouvée très belle, avec certaines images qui émeuvent le lecteur, avec aussi des souvenirs heureux qui font chaud au cœur, même si les personnes qui s’y trouvent ont disparu. L’auteure touche le lecteur en plein cœur, et veut bien lui faire comprendre, ou au moins, imaginer, ce qu’elle a vécu, elle et tous les autres, ceux qui sont revenus mais qui sont toujours un peu là-bas.

Ces témoignages sont puissants, les mots pèsent, ils sont lourds, on ne trouve pas les bons, mais il faut dire, et ce livre dit. L’oubli est également évoqué : certains proches disent aux rescapés d’oublier, mais l’auteure considère que c’est ce qu’il ne faut surtout pas faire. Oublier, cela voudrait dire que cela peut recommencer. Les commémorations sont jugées hypocrites, mais il faut se souvenir. Certaines personnes aimeraient oublier - même l’auteure parfois, à laquelle de petits détails heureux ont échappé, mais qui se souvient de toutes les horreurs qu’elle a vues -, mais il reste toujours quelque chose quelque part, même caché. Aussi, est évoqué le futur, et les guerres prochaines qui pourraient être pires, raison de plus pour se souvenir, raison aussi pour dire, pour que même ceux qui ne l’ont pas vécu puissent imaginer et ne pas oublier. Le lecteur ressent beaucoup d’émotions à la lecture : du désespoir, de l’horreur en lisant les squelettes, la faim, le froid, la douleur, de l’indignation quand il se rend compte que certains doivent encore lutter pour vivre, pour avoir une place, du soulagement quand certains parviennent à vivre, de la culpabilité quand il se rend compte qu’il se plaint pour peu quand d’autres ont vécu pire, de la tristesse face à la solitude et au mal-être de certains. Ce livre fait réfléchir, nous remet en question, nous ouvre les yeux sur ce que l’on a, sur ce qui est arrivé, et nous permet de nous souvenir.

 

Donc, un témoignage bouleversant, qui m’a émue. Un livre qui hante, qui fait mal, mais aussi un livre d’espoir parfois, porté par une écriture qui frappe.

Peter Pan de J.M. Barrie

Posté : 18 août, 2016 @ 6:56 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 2 commentaires »

couv55756244Genre : Classique, Jeunesse

Editeur : HarperDesign

Année de sortie : 2015

Nombre de pages : 250

Synopsis : « She asked where he lived. « Second to the right », said Peter, « and then straight on till morning. »" Let your imagination take flight as you journey with Peter Pan, Tinker Bell and the Darling children to the magical island of Neverland in this beautiful new unabridged gift edition of J.M. Barrie’s classic story. All-new original illustrations and ten exclusive interactive elements from the award-winning design studio MinaLima create an enchanted adventure for readers of all ages – all you need is to think lovely thoughts and use a little bit of fairy dust.

 

Avis : Ce livre fait partie du giveaway que j’ai gagné il y a quelque temps sur Instagram, avec The BFG de Roald Dahl et Neverwhere de Neil Gaiman. J’avais déjà été attiré par cette édition que je trouve originale et enchanteresse.

Je connaissais l’histoire de Peter Pan à travers le dessin animé Disney : le petit garçon qui ne veut pas grandir et qui, un jour, emmène avec lui les enfants Darling au Pays Imaginaire. On peut dire que l’œuvre originelle est tout de même assez différente, et c’était étrange de la découvrir d’une certaine façon : j’avais un vague sentiment de familiarité avec toutes les scènes sauf celle de la fin qui m’a achevée. Tout le long du livre, le narrateur accompagne le lecteur, et même, l’histoire qu’il raconte est déjà terminée puisqu’il le prévient de se tenir sur ses gardes, ou fait des commentaires sur la fin d’une scène qui n’a pas encore commencé. Avant même le départ des enfants, le lecteur obtient ainsi la réaction des parents ; le narrateur, omniscient, expose son jugement et répète à celui qui lit que tous deux ne sont que des spectateurs non souhaités et non connus par les personnages. J’aime toujours ce genre de jeu du narrateur avec le lecteur, cela implique d’autant plus ce dernier dans le livre, il se sent concerné d’emblée, c’est à lui particulièrement que l’on adresse la parole. Lire ce roman adulte le fait voir d’une façon tout à fait différente : Peter Pan devient un symbole, les actions des personnages prennent une dimension allégorique, et le lecteur lit entre les lignes. La petite Wendy qui devient Maman et parle de Papa en désignant Peter laisse penser à un jeu d’enfants qui découvrent la vie ; Peter qui refuse de grandir parce que cela signifie vieillir puis mourir. Certains passages concernant Peter m’ont émue : il n’a pas de mère, dit ne pas en vouloir, et pourtant, c’est tout ce qu’il cherche et que jamais il n’obtient. A travers une lecture d’adulte, il est aussi facile de retomber en enfance, de se laisser porter par l’histoire, de se croire au Pays Imaginaire avec Peter et Wendy. C’est un sentiment très agréable et, pendant le temps de la lecture, on se sent immunisé contre le temps, qui se rappelle à nous à travers l’histoire même ! J’ai adoré l’écriture de J.M. Barrie, à la fois grâce au jeu du narrateur (qui permet l’humour également), mais aussi à sa façon de raconter, aux mots qu’il emploie. Je ne sais pas si les mots rajoutés pour en expliquer d’autres viennent de l’auteur, mais parfois, ils m’ont paru drôles. Concernant les illustrations, je les ai beaucoup aimées, j’ai trouvé qu’elles allaient bien avec l’histoire, et les éléments interactifs étaient un bon ajout, que j’ai aimé manipuler. J’adore la couverture !! Aussi, j’ai adoré les histoires liées aux fées, comment elles naissent et meurent, la poussière de fée, leur langage, leur façon d’être (assez excessive) : enchanteur.

Peter Pan est le personnage éponyme du roman. Comme je le disais au-dessus, vu par un adulte, il devient un symbole. Il refuse de grandir et de retourner dans le monde normal, préférant vivre dans le Pays Imaginaire et vivre des aventures qu’il oublie au fur et à mesure qu’elles arrivent. En effet, ce personnage est assez spécial : il change d’humeur très vite, préfère faire semblant que faire vraiment, méprise les adultes, et surtout les mères, dont il jure qu’il n’a pas besoin, se montre souvent égoïste et parle principalement de lui, cache ses sentiments derrière une façade d’indifférence qui finit par être véritable. Ce n’est pas du tout un héros classique comme on peut en voir dans la plupart des livres pour enfants ou YA, un héros qui fait preuve de grandeur d’âme et de courage, qui se sacrifie pour les autres ou montre ses sentiments. Peter est téméraire, et il aime se vanter, il veut se montrer plus intelligent que le Capitaine Crochet, ou que les autres enfants – donc personne ne peut savoir quelque chose qu’il ignore -, dont il est le chef incontesté. Il ne semble avoir peur de rien, ce qui en fait un objet d’admiration pour les enfants perdus, perdus parce que sans mère. Au début, j’ai eu du mal à me faire au caractère de Peter, assez agaçant finalement ; mais, petit à petit, il m’a vraiment émue, tout comme il a ému Wendy. La petite fille sait que Peter se cache derrière une façade, elle tentera même de le ramener avec elle dans le monde normal. Au Pays Imaginaire, elle est la seule fille : elle devient donc Maman, et se retrouve à prendre soin de tous les garçons autour d’elle. Ce rôle, pour moi, la pousse à grandir, alors même que c’est ce que Peter ne veut pas. Chargée de raconter des histoires aux enfants, elle est aussi celle qui console Peter sans qu’il le sache, qui voit ce que les autres ne voient pas. Elle s’éveille ainsi à la vie dans un monde qui n’est pas le sien. Je me rappelle ne pas du tout avoir aimé Wendy dans le dessin animé ; ici, j’ai apprécié le personnage, qui, elle aussi, est un peu un symbole. Elle est accompagnée de ses frères, John et Michael, qui m’ont semblé assez effacé. Ils font vite partie de la bande des enfants perdus ; ils perdent peu à peu leurs souvenirs, ne se rappellent pas leur mère et leur père, leur vie d’avant. Les autres enfants perdus sont plus ou moins touchants ; j’ai particulièrement aimé Tootles, qui n’a pas confiance en lui, mais qui finit par prendre le dessus sur sa timidité. Les autres ont tous un caractère différent, comme par exemple, Slightly, qui se vante de tout savoir, et, surtout, de se souvenir de sa vie d’avant dans le monde normal, et donc de sa mère. D’autres personnages apparaissent comme les Darling, la mère, que j’ai beaucoup aimé, qui tient à ses enfants plus que tout et qui possède une magie propre à toutes les mères, le père, qui m’a un peu agacée avec ses façons de montrer qu’il est le chef de famille, et qui, finalement, m’a fait mal au cœur lui aussi à la fin ; Nana, que j’avais aimé dans le film, et que j’ai aimé à nouveau dans ce livre ! ; Captain Hook, très sombre, et pourtant assez ambivalent, pas vraiment le méchant en puissance qu’on peut imaginer puisqu’il ressent des choses qu’il écarte aussi vite pensées, c’est un personnage avec des sentiments, des peurs qu’il cache, et une haine inextinguible pour Peter Pan, ce qui m’a un peu fait penser au capitaine Achab dans Moby Dick ! ; ses membres d’équipage, des pirates qui aiment tuer à la fois les enfants perdus et les Indiens, dont un, Smee, qui ne semble pas du tout avoir l’âme d’un pirate et inspire finalement plutôt la sympathie ; Tinker Bell, personnage que j’aime beaucoup malgré ses humeurs excessives et ses coups bas, qui m’a fait mal au cœur elle aussi puisque Peter ne la comprend pas du tout, qui est prête à se sacrifier pour lui, ce qu’on apprend d’elle à la fin m’a brisé le cœur, c’est trop soudain et dit avec trop d’indifférence ! ; les Indiens, dirigés par Tiger Lily, personnage que j’aime beaucoup également, sur lequel il existe un livre YA que j’aimerais beaucoup lire, Tiger Lily de Jodi Lynn Anderson.

Le thème de l’enfance est évidemment premier. Le narrateur nous rappelle la capacité qu’ont les enfants de s’émerveiller, de s’étonner, de croire en des choses magiques comme les fées, tout ce qu’ils perdent en grandissant. Cette idée est si triste … et pourtant plutôt vraie. La plupart des adultes perdent leur faculté à rêver et à s’imaginer des choses incroyables, magiques, surnaturelles. Ils sont si ancrés dans la réalité qu’ils perdent une part de leur innocence et de leur imagination. C’est tellement dommage ! Quelque part, on peut comprendre Peter qui ne veut pas grandir !

La fin n’a rien à voir avec celle du dessin animé, et je comprends pourquoi. Elle est très triste, déchirante, elle m’a fait monter les larmes aux yeux. Toute la détresse de la situation frappe le lecteur, qui ne peut que se sentir mal.

 

Donc, un excellent classique, pour enfants mais aussi pour adultes, dans une édition illustrée qui communique bien la magie de l’histoire.

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