Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour le 13 juillet, 2016

Un coeur simple de Gustave Flaubert

Posté : 13 juillet, 2016 @ 4:48 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Un coeur simple Nouvelle, Classique

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 95

Synopsis : L’Histoire d’un cœur simple est tout bonnement le récit d’une vie obscure, celle d’une pauvre fille de campagne, dévote mais mystique, dévouée sans exaltation et tendre comme du pain frais. Elle aime successivement un homme, les enfants de sa maîtresse, un neveu, un vieillard qu’elle soigne, puis son perroquet ; quand le perroquet est mort, elle le fait empailler et, en mourant à son tour, elle confond le perroquet avec le Saint-Esprit. Cela n’est nullement ironique comme vous le supposez, mais au contraire très sérieux et très triste. Gustave Flaubert.

 

Avis : Ce livre m’a été prêté il y a un petit moment, et vu l’épaisseur du livre (haha), je me suis dit qu’il était temps de le lire !

Flaubert nous offre ici un portrait de femme à travers une histoire très courte dans laquelle il est pourtant possible de s’attacher à Félicité. Elle m’a parfois donné mal au cœur tant elle est bienveillante, et tant certains passages sont beaux et chargés d’espoir. Sa vie se lit si vite ; cela contraste avec l’histoire d’autres personnages qui se racontent dans des livres énormes, comme Anna Karénine. Cela confirme la simplicité de cette vie. L’écriture est excellente, elle sied bien à la nouvelle. Il n’y a aucune comparaison avec des livres qu’on pourrait lire juste pour se détendre. La religion tient une place importante, mais Félicité ne la comprend pas vraiment ; elle semble juste impressionnée par quelque chose de plus grand qu’elle, de plus puissant, qui dirige sa vie. Elle a besoin de toujours donner de l’amour, et celui-ci se reporte sur plusieurs personnes successivement ; il lui faut s’occuper de quelqu’un plus que d’elle-même : elle pourrait être l’altruisme incarné.

Félicité est donc « l’héroïne » : c’est une femme simple, au grand cœur, illettrée, parfois bête, naïve dans tous les cas, et exploitée par certains. Elle ne se rend pas compte de la réalité de la vie, du fait que certaines personnes ne sont pas toujours bonnes, qu’elles ne viennent pas pour la voir, mais pour profiter de sa bonté. Elle voit le bien en tous, même quand ce n’est pas du tout ce que ces personnes montrent. Mme Aubain est très froide, mais l’on se rend compte vite que ce n’est qu’une apparence. Elle a un cœur, elle souffre elle aussi, elle aime, mais veut garder le contrôle et le pouvoir qu’elle exerce sur sa domestique et ses enfants. Elle veut garder la distance sociale nécessaire entre elle et Félicité. Elle connaît finalement son lot de tristesse, peut-être moindre que celui du personnage principal. Virginie est une sorte d’ange, sacralisé par la suite. Fille de Mme Aubain, Félicité l’aime tendrement, la couve peut-être, mais sent un gouffre se creuser quand la jeune fille s’éloigne, grandit puis revient. Elle doit reporter son amour ailleurs. Paul est l’enfant prodigue par excellence (petit clin d’œil au passage à Bernardin de Saint-Pierre !). D’autres personnages apparaissent, plus ou moins importants, comme le neveu de Félicité, qu’elle aime comme son enfant, ou un vieillard, qu’elle secoure. Egalement un perroquet, qui n’est pas celui de l’héroïne au début de la nouvelle, mais qui finit par devenir très important pour elle, si bien qu’elle finit par l’assimiler au Saint Esprit.

La fin est évidente. L’assimilation du perroquet et du Saint Esprit peut refléter la simplicité d’esprit de Félicité, ou sa capacité à associer des choses concrètes à des choses abstraites, afin de se représenter quelque chose qui ne peut normalement pas l’être. Le perroquet remplace la colombe, et l’héroïne a une explication à ce remplacement !

 

Donc, une bonne nouvelle, une belle parenthèse littéraire avant de se lancer dans un petit monument !

The Elephant Vanishes de Haruki Murakami

Posté : 13 juillet, 2016 @ 11:13 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Nouvelle, ContemporaineThe Elephant Vanishes

Editeur : Vintage

Année de sortie : 2003

Nombre de pages : 327

Titre en français : L’éléphant s’évapore

Synopsis : When a man’s favorite elephant vanishes, the balance of his whole life is subtly upset ; a couple’s midnight hunger pangs drive them to hold up a McDonald’s ; a woman finds she is irresistible to a small green monster that Burrows through her front garden ; a insomniac wife wakes up to a twilight world of semi-consciousness in which anything seems possible – even death. In every one of the stories that make up The Elephant Vanishes, Murakami makes a determined assault on the normal. He has a deadpan genius for dislocating realities to uncover the surreal in the everyday, the extraordinary in the ordinary.  

 

Avis : En décembre, j’ai lu Blind Willow, Sleeping Woman, et j’ai trouvé ce recueil assez poétique, ce qui m’a donné envie d’en découvrir d’autres du même auteur. 

Ce titre, en français, L’éléphant s’évapore, me semblait assez poétique, et je me disais qu’il serait sans doute dans la continuité de celui qui m’avait plu. Et pourtant, je suis loin d’être aussi séduite par ces nouvelles que par les premières que j’ai lues ! D’abord, je n’ai pas su retrouver la poésie étrange du premier recueil lu. Ici, elle m’a semblé plus diluée, plus cachée derrière la façade de l’histoire. Aussi, l’étrangeté ne me dérange absolument pas, parfois même, j’aime beaucoup ; mais ici, j’ai été si agacée par certains aspects des histoires que je l’ai parfois trouvé absurde. Ce qui m’a le plus dérangé, ce sont les multiples allusions sexuelles et « remarques » misogynes qui parsèment le texte. Quand un homme voit une femme, il ne pense souvent qu’à coucher avec elle ; une femme est stupide, ou ne voit que la surface de la vie, sans comprendre sa profondeur ; si on dérange quelque chose dans le quotidien d’une femme, elle devient hystérique ; la sœur d’un personnage devient un peu sa femme de ménage pendant que lui reste tranquillement installé sur le canapé. Avec ces éléments, j’ai eu du mal à vraiment apprécier les nouvelles que je lisais. En prenant du recul, toutes cachent quelque chose de plus profond que leur simple histoire, c’est ce qui fait leur qualité. L’écriture est bonne, agréable à lire, mais j’y ai trouvé de nombreuses répétitions ; je ne sais pas si c’est dû à la traduction, ou si elles sont également présentes en japonais. J’ai aimé l’ambiance du livre, dans lequel on se sent bien : on assiste au quotidien des personnages, ce qui nous fait entrer dans leur vie : la nourriture y tient toujours une place prépondérante ! Petite remarque à propos de la couverture : je la trouve très belle, comme pratiquement toutes celles des éditions Vintage pour l’œuvre de Murakami.

« The Wind-up Bird and Tuesday’s Women » est la première nouvelle du recueil. Le personnage principal est un homme qui va vivre un mardi très particulier, durant lequel les femmes vont se comporter de manière étrange. Cette histoire ouvre bien le recueil, n’est pas misogyne, et l’impression d’étrangeté qu’elle laisse est agréable. Et le « Wind-Up Bird » m’a fait penser au roman de l’auteur qui porte aussi ce nom, et que j’aimerais lire ! Vient ensuite « The Second Bakery Attack«  : c’est dingue parfois comme lire une histoire à propos de nourriture donne faim ! Ici, un homme se confie à sa femme, ce qui les mène tous deux à faire quelque chose d’étrange (je pense que ce mot va revenir souvent !). Ce n’était pas la meilleure des nouvelles, mais elle était tout de même agréable à lire. « The Kangaroo Communiqué » aussi est une bonne histoire. Un homme écrit à une femme qu’il ne connaît pas, et donne un nom à sa lettre  (ou plutôt, à sa cassette) ; dans celle-ci, il parle de sa relation « professionnelle » avec cette femme, tout en évoquant les kangourous du zoo local qu’il aime aller voir. J’ai trouvé ici une réflexion sur la difficulté à communiquer, sur le fait que les mêmes mots n’aient pas le même sens pour tout le monde. Une de mes nouvelles préférées avec « On Seeing the 100% Perfect Girl One Beautiful April Morning ». L’histoire est belle, poétique même ; la seule chose qui m’a gêné, ce sont les répétitions de « 100% Perfect Girl » tout le long de la nouvelle. Sinon, ce que s’invente le narrateur est joliment triste, un paradis de perfection perdu. « Sleep » est sans doute la plus longue nouvelle du recueil. Je l’ai apprécié : elle traite d’une femme qui se rend compte que sa vie ne va nulle part quand elle cesse de dormir. Y est évoqué Anna Karénine, le meilleur roman de la Terre, donc ce ne pouvait être qu’une bonne nouvelle ! (je plaisante !) Le sens de la vie est mis en question : la narratrice se rend compte qu’elle ne fait rien, ou que ce qu’elle fait n’a pas vraiment d’importance, ou qu’elle le fait mal. Le temps qu’elle gagne en cessant de dormir lui permet de donner une nouvelle direction à sa vie, de faire des choses qu’elle ne faisait plus, ou plus correctement. Cette nouvelle était donc agréable, même si un peu longue. Suit « The Fall of the Roman Empire, the 1881 Indian Uprising, Hitler’s Invasion of Poland, and the Realm of Raging Winds ». L’histoire du narrateur est ici comparée à l’Histoire, ce qui est une idée intéressante. On passe d’époque en époque à cause d’un coup de vent soudain qui surprend le narrateur, et qui fait ressurgir des souvenirs. Cette nouvelle est très courte. « Lederhosen » est étrange dans le sens où ce qui se passe dans la tête de la mère est assez incompréhensible et inexplicable. L’amie de la femme du narrateur raconte à ce dernier l’histoire de ses parents, alors qu’ils ne sont pas plus proches que ça. L’homme ne comprend pas la raison de cette confession, mais écoute tout de même en tentant de comprendre. La mère est partie en Allemagne sans son mari, qui lui a demandé de lui ramener un lederhosen (ce que c’est est expliqué dans la nouvelle !). J’ai plutôt aimé cette nouvelle. « Barn Burning », quant à elle, raconte l’histoire d’un narrateur qui trompe sa femme, et qui rencontre le nouveau petit ami de sa maîtresse – on voit déjà une merveilleuse situation ! La jeune femme semble coucher avec des hommes pour obtenir de l’argent, pour qu’ils lui paient des repas ou des cadeaux. La question de brûler des granges m’a semblé cacher autre chose ; le personnage de Noboru Watanabe est mystérieux, peut-être un peu sombre, potentiellement dangereux. En parlant de ce nom, il apparaît aussi dans la première nouvelle, ainsi que dans « The Dancing Dwarf », ce qui unit étrangement les nouvelles, tout comme l’âge de certains personnages dans différentes histoires ; le lecteur peut avoir l’impression de lire différentes époques de la vie du même narrateur ou de la même narratrice.

La suivante s’appelle « The Little Green Monster », une nouvelle cruelle qui m’a un peu fait penser à l’univers de Tim Burton – je n’ai donc pu qu’aimer cette histoire. J’ai eu mal au cœur pour le monstre vert, quand la femme, elle, est effroyable de méchanceté. Le texte est court ; il n’en est que plus frappant. « Family Affair » montre les premiers signes de misogynie : une sœur vit avec son frère, lui présente son fiancé, et commence à changer de comportement. Elle devient un peu une fée du logis, et son frère en profite, tout en n’acceptant pas le nouveau venu. Le narrateur est assez agaçant, et le fiancé s’appelle, encore une fois, Noboru Watanabe ! Le premier prend peu à peu conscience qu’il est étroit d’esprit, et la fin semble présager une remise en question. « A Window » raconte l’histoire d’un jeune homme correspondant de plusieurs femmes, qui écrit une lettre à une des femmes en lui parlant d’un steak hamburger. Evidemment, à la fin, il se demande s’il aurait dû coucher avec elle … C’est une jolie nouvelle, traitant de la solitude et du besoin de parler à quelqu’un. « TV People » est l’histoire que j’ai le moins aimé, même si j’y ai trouvé une réflexion particulière. Ici, le narrateur appelle son épouse « la femme », au lieu de « ma femme » tout le long, ce qui m’a dérangé. Il mentionne aussi son côté hystérique quand il déplace quelque chose, et la trouve superficielle avec ses magazines quand lui lit des livres. Très énervant. Un jour, des « êtres » entrent dans sa maison et installe une télévision. J’y ai vu l’invasion de la technologie et des médias dans les foyers, sans que les hommes se rendent vraiment compte du problème. Cette télévision dérange le narrateur, et il ne comprend pas pourquoi sa femme ne réagit pas. Il ne peut parler de cela à personne ; s’il tente, les autres le fuient. Vient ensuite « A Slow Boat to China », une jolie histoire à propos du narrateur et des Chinois qu’il a rencontré dans sa vie. La seconde rencontre est belle, et je n’ai pas pu m’empêcher d’avoir mal au cœur en voyant comment elle se termine. La fin devient presque lyrique, et le lecteur peut sentir une sorte de désespoir au vu de la distance entre lui et la Chine. Suit « The Dancing Dwarf » : j’ai tout de suite pensé à A Song of Ice and Fire en lisant la scène du nain devant le roi !! Tout ce que Tyrion n’aurait jamais fait face à Joffrey ! Ce nain, contrairement à Tyrion, est maléfique, même s’il ne le paraît pas tout de suite. Une partie de la nouvelle m’a donné envie de vomir, trop de détails … Mais j’ai aimé cette nouvelle ! « The Last Lawn of the Afternoon », encore une fois une nouvelle étrange. Un jeune homme tond des pelouses pour se faire un peu d’argent pendant l’été ; il finit par décider d’abandonner ce travail, et doit donc aller tondre sa dernière pelouse. Il arrive chez une femme seule, qui semble vivre avec quelqu’un. Elle est froide, bizarre, permet au garçon d’entrer dans sa maison, jusque dans la chambre de sa fille absente (?). Cette rencontre change un peu la vie du jeune homme, au vu de la fin. Avant-dernière nouvelle : « The Silence », aussi une de mes préférées. Elle traite de l’apparence, des gens qui se permettent de juger sans savoir, sans demander d’explications, de la difficulté de vivre avec le mépris et la bêtise des autres, mais aussi de la réalisation qu’en fait, ce sont eux qui doivent être malheureux au lieu de celui qui est jugé. Ce sont eux qui règlent leur vie sur celle de ceux qu’ils harcèlent, ou qu’ils méprisent, alors que ces derniers se fichent éperdument d’eux. Une excellente nouvelle qui fait réfléchir !! The last one : « The Elephant Vanishes », la nouvelle qui donne son nom au recueil. Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, il n’y avait qu’un seul éléphant, donc difficile de savoir si c’est le préféré du narrateur ou pas ! Ce qui est sûr, c’est que sa disparition mystérieuse change la vie de l’homme, qui ne retrouve pas l’équilibre normal des choses. L’étrange de cette nouvelle était agréable.

 

Donc, ce recueil de nouvelles est bon, mais inégal, et certains aspects de quelques nouvelles sont agaçants, comme la façon de voir et/ou de traiter les femmes. Moins de poésie ici, mais quelques excellentes nouvelles qui se détachent du lot.

 

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