Sense and Sensibility de Jane Austen
Editeur : Penguin Classics
Année de sortie : 1996
Nombre de pages : 1336
Titre en français : Raison et sentiment
Synopsis : Enduringly popular, treasured and enjoyed, the seven great novels of Jane Austen. Few novelists have conveyed the subtleties and nuances of their own social milieu with the wit and insight of Jane Austen. Through her vivacious and spirited héroïnes and their circle, she paints vivid portraits of English middle-class life as the eighteenth century came to a close. Each of the novels is a love story and a story about marriage – marriage for love, for financial security, for social status. But they are not mere romances; ironic, comic and wise, they are masterly studies of the society Jane Austen observed. The seven novels contained in this volume cover the literary career of one of England’s finest prose stylists of any century.
Avis : J’ai fait la découverte de Jane Austen en mai, avec la lecture de Pride and Prejudice. J’avais hâte de renouveler l’expérience, et j’ai choisi Sense and Sensibility.
Contrairement à P&P, je n’ai pas eu de mal à entrer dans l’histoire : je sais que l’installation de l’intrigue doit se faire, même si elle peut paraître longue, ou si elle ne donne pas tout de suite envie de plonger dans le livre. Cette fois, cela ne m’a pas gêné. En revanche, j’ai eu peur de me lasser de cette histoire, au cas où elle ressemblerait à celle que j’avais déjà lue, ainsi que des personnages, que j’allais forcément comparer avec Elizabeth, Jane ou Mary. C’était vraiment méconnaître le talent de l’auteure ! Certes, l’action des deux romans se situent en Angleterre, dans une société bourgeoise et impliquent des histoires d’amour et de mariage, mais cela ne veut pas dire qu’ils sont identiques ! En effet, les intrigues n’ont pas grand-chose à voir, excepté l’importance de l’amour et du mariage, ainsi que le rôle de la famille et de la société. Si j’ai aimé dès le début, le livre n’a pas eu le même impact que Pride and Prejudice, même s’il est vrai qu’il m’a fait passé par beaucoup d’émotions, notamment la colère et la tristesse face à la situation des protagonistes. Ici encore, même s’il n’y a pas d’action dans le sens de celle qu’on trouve dans les romans d’aventure ou fantastiques, celle-ci réside dans les rebondissements amoureux, les coups bas, le soutien de la famille ou d’amis ; cela bouleverse autant le lecteur que par des scènes d’action pure. L’amour est évidemment central dans ce livre : il est ressenti par tous les personnages à des degrés différents ; certains sont consumés par la passion quand d’autres sont raisonnables à l’excès, se contiennent tant que leurs proches finissent par penser qu’ils ne ressentent rien. Comme pour ma précédente lecture, il n’y a pas de caricature amoureuse, ou alors, elle est révélée par l’auteure en tant que telle : cela fait du bien de lire une histoire d’amour authentique où l’héroïne ne court pas après l’amour, et où elle ne tombe pas invariablement dans les bras d’un éphèbe ténébreux qu’elle seule peut comprendre (non non, je ne ressens aucune hostilité envers les histoires d’amour surfaites haha !). Encore une fois, l’intrigue est assez mystérieuse, dans le sens où le lecteur ne comprend pas tout ce qui se passe, n’a pas toutes les cartes en mains pour démêler les nœuds savamment noués par l’auteure : les rebondissements existent par manque de compréhension de la part des personnages et du lecteur. Concernant l’environnement familial, encore une fois, je me suis sentie bien, comme dans un cocon, tant la famille Dashwood est agréable. On sent la protection et l’amour qui en émane, le lien particulier qui lie les sœurs entre elles. La promiscuité de la famille ne l’empêche pas d’être joyeuse et avenante. Concernant les lieux, j’ai été moins frappée que dans Pride and Prejudice, ils m’ont semblé avoir moins d’importance, mais j’ai tout de même beaucoup aimé me promener avec les sœurs. L’écriture est toujours aussi excellente, j’adore l’ironie que l’on perçoit dans le ton du narrateur, c’est vraiment agréable !
Elinor Dashwood est le personnage principal ici. Ainée de la famille, elle semble faire tout ce qui est en son pouvoir pour prendre un peu du fardeau des autres sur elle, pour les soulager de leurs souffrances, sans pour autant leur donner un peu du sien en partage. Si Elinor souffre, c’est en silence, et seul le lecteur est mis au courant et compatit. La raison gouverne complètement le personnage : elle est capable de voir celui qu’elle aime lui échapper sans montrer son désespoir quand elle le rencontre, ou quand on lui parle de lui. J’ai beaucoup aimé ce personnage, j’ai compris sa façon de prendre sur elle, et je n’ai pas pu m’empêcher de trouver cela courageux, même si Elinor n’en est pas consciente. Marianne, quant à elle, est tout le contraire de sa sœur. Tout le monde sait ce qu’elle ressent, elle est incapable de cacher ses sentiments, qu’elle souffre, qu’elle soit heureuse ou dédaigneuse. Malgré cet aspect de sa personnalité qui peut paraître agaçant à certains lecteurs, je l’ai également beaucoup aimé. Ce qu’elle vit est horrible, capable de briser une vie. Elle m’a vraiment fait mal au cœur, presque autant qu’Elinor. Concentrée sur elle-même, elle ne voit pas ce qui se passe autour d’elle, et ne cesse de s’apitoyer sur son propre sort. On a parfois envie que sa grande sœur la secoue : il faut vivre et ne pas perdre de temps pour des gens qui n’en valent pas la peine ! Le titre fait évidemment référence aux deux sœurs et à leurs réactions opposées face à ce qui leur arrive. J’ai eu du mal à apprécier Edward, d’abord à cause du regard que Marianne porte sur lui, puis avec ce que l’on apprend de sa situation ; j’ai ressenti exactement l’opposé pour Willoughby, que j’ai apprécié, malgré son air arrogant. Colonel Brandon est très touchant, j’ai beaucoup aimé son personnage, qui mérite vraiment le bonheur après ce qu’il a vécu. J’ai également aimé Mrs Dashwood, la mère de la famille, qui m’a un peu fait penser à Mrs Bennet par le fait qu’elle pousse ses filles vers des hommes sans réfléchir et sans se rendre compte que ce n’est peut-être pas une bonne idée ! Margaret est plutôt effacée, mais a l’air de prendre exemple sur Marianne plutôt que sur Elinor. J’ai également aimé le personnage de Mrs Jennings, qui semble simple et joviale, bien qu’une vraie commère ! Il existe également dans ce livre des personnages qui font ressentir au lecteur des sentiments comme l’indignation, le dégoût, la colère, une envie de leur taper dessus ! C’est le cas de Lucy Steele, arrogante et cruelle, méchante de façon pernicieuse, et contre qui Elinor ne peut absolument rien faire, Mrs John Dashwood, qui se croit supérieure à ses belles-sœurs, les traite avec mépris et condescendance et a un tel pouvoir sur son mari qu’elle lui fait faire des choses aberrantes, ce mari, John Dashwood, qui prend des décisions hallucinantes en s’appuyant sur le bon sens (l’avarice surtout) de sa femme, et qui m’a dégoûté par son discours malheureux à des gens plus pauvres que lui et qui ne se plaignent pas !! Mrs Ferrars est également ahurissante : tant de bêtise en une même personne, doublée de cruauté et d’hypocrisie … Le lecteur rencontre également les Palmers, les Middletons et autres …
La fin est un soulagement, un vrai plaisir, le lecteur exulte … et a envie, encore une fois, de lire une suite !!
Donc, un excellent roman, fait d’amour (authentique) et de souffrance (contenue ou exprimée) qui mérite vraiment d’être lu !
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