Acide sulfurique d’Amélie Nothomb
Editeur : Le Livre de Poche
Année de sortie : 2008
Nombre de pages : 213
Synopsis : « Vint le moment où la souffrance des autres ne leur suffit plus : il leur en fallut le spectacle. »
Avis : J’ai entendu parler d’Acide sulfurique il y a quelques temps, et il m’a semblé très intéressant, alors je me suis lancée !
Comme la plupart des Amélie Nothomb, ce livre se lit très vite ! Les pages se tournent pratiquement sans pause, et on arrive à la fin avant de s’en rendre compte. L’intrigue est assez effrayante : on met un certain nombre de personnes dans un train qui va jusqu’à un camp où elles seront forcées à travailler ou exécutées. Ce livre mêle télé-réalité et camp de concentration, rapprochant ainsi les émissions modernes avec les exécutions de la Seconde Guerre mondiale. Cette proximité peut sembler choquante, mais elle montre aussi les extrémités auxquelles on peut arriver, et également comment la télévision nous transforme. Le spectateur se transforme en voyeur, en monstre, il perd peu à peu toute humanité et devient capable de voir mourir des gens, et même pire ! Ce livre met en valeur les défauts de notre société, et évoque, comme le faisait Hannah Arendt, le mal ordinaire, celui que font les personnes « normales » en ne résistant pas, en ne s’impliquant pas, en ne faisant rien pour empêcher quoi que ce soit, ou même, en participant de manière passive. Ainsi, les spectateurs sont-ils les véritables monstres, puisqu’ils alimentent le phénomène. Le tatouage que les Juifs devaient porter dans les camps est repris dans le livre sous la forme d’une sorte de matricule composée de trois lettres et de trois chiffres qui remplace leur nom, inconnu de tous. Ce nom, cette identité, bien que les papiers soient détruits, reste une trace d’humanité que les prisonniers préservent des autres. En fait, ce livre m’a vraiment fait passer à Hunger Games, en moins développé ; il est sorti avant la série, donc il n’en est pas inspiré. Petite remarque concernant la couverture : je la trouve à la fois belle et cruelle. Petit plus : des références littéraires qui ont un certain poids.
Pannonique est l’héroïne du roman. Elle se retrouve dans le camp avec les autres prisonniers, mais elle est différente des autres. Elle dégage quelque chose, une aura, qui la fait apprécier de presque tous. J’ai aimé ce personnage : frappée par l’horreur des camps, elle fait ce qu’elle peut pour résister, et est même la seule à agir. Elle tente différentes stratégies qui ne fonctionnent pas toujours, son environnement lui est de plus en plus insupportable jusqu’à ce qu’elle atteigne sa limite. Dans le camp, elle rencontre Zdena, qui n’est pas une prisonnière. Apparemment stupide, incapable d’avoir une véritable conversation, de « dire quelque chose », elle est fascinée par Pannonique, et tente tout pour obtenir ce qu’elle veut. Le lecteur rencontre d’autres personnages comme EPJ 327, un homme lui aussi fasciné par Pannonique, qu’il considère comme la seule chose qui lui permet de ne pas mourir dans le camp, MDA 802, une jeune femme proche de Pannonique, qui tente de la forcer à faire certaines choses par intérêt, mais admire sa pureté et l’honneur qu’elle conserve, ZHF 911, une vieille dame affreuse qui rend la vie encore plus impossible aux prisonniers, PFX 150, une petite fille qui cache quelque chose, et d’autres personnages, prisonniers ou non.
La fin, comme souvent, est assez abrupte, mais je l’ai apprécié. Elle clôt bien le roman, sur une touche d’espoir.
Donc, un très bon roman, qui nous montre les défauts de notre société à travers une émission de télé-réalité poussée à l’extrême, avec l’horreur des camps de concentration en arrière-fond. Un livre qui fait réfléchir sur la responsabilité de tous également.
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