Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour mars, 2016

Les Aventures de Pinocchio de Collodi

Posté : 9 mars, 2016 @ 11:31 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Les Aventures de Pinocchio Conte, Jeunesse

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2003

Nombre de pages : 250

Synopsis : Depuis leur publication en 1883, Les Aventures de Pinocchio ont poursuivi une carrière triomphale. Traduites dans toutes les langues de l’Europe mais aussi en swahili, en assamais, en papiamento, leurs tirages rivalisent sans doute avec ceux de la Bible ou du Coran. A l’heure de la globalisation, le qualificatif d’universel leur convient comme un gant. Comme Peter Pan, son frère cadet, Pinocchio possède une double nature qui lui permet d’évoluer aux confins de la fable et de la réalité – mais, à la différence du lutin de Kensington, il ne cherche pas refuge au pays des rêves. Il affronte avec une infinie curiosité tous les dangers du vaste monde, qu’ils revêtent l’aspect de deux aigrefins patibulaires, d’un insatiable serpent, voire d’un piège à loups. Il possède tous les traits d’une nature exubérante et débridée avec l’impertinence et l’anarchisme foncier de l’enfance. Ce chef-d’œuvre de la « littérature pour la jeunesse » est aussi héritier d’une prestigieuse tradition qui n’est guère éloignée d’Orwell ou de Kafka. La brillante adaptation cinématographique de Roberto Benigni vient opportunément nous le rappeler.  

 

Avis : Petite, je n’étais pas fan de Pinocchio, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais le petit pantin m’agaçait plus que je ne m’y attachais. Je me suis dit que j’allais tenter le coup avec le conte originel.

Eh bien, je ne suis toujours pas fan, même si je comprends que l’on fasse lire ce livre à des enfants, et donc que Disney l’ait adapté en dessin animé : comme tous les contes, l’histoire est censée jouer un rôle sur l’enfant qui gardera en mémoire la morale que ne prend pas du tout en compte le petit pantin qui ne fait que des bêtises, et qui donc, se retrouve dans des situations toutes plus périlleuses les unes que les autres. En effet, les aventures de Pinocchio vont un peu crescendo : dans tous les cas, il se fait avoir et n’écoute pas ce que les personnes plus avisées lui conseillent. Il a des difficultés à faire la différence entre le bien et le mal, à comprendre quand les gens sont malhonnêtes, à accepter la valeur du travail et de la gentillesse, et il passe de nombreuses fois près de la mort, qui ne semble attendre qu’un faux pas pour l’accueillir. A chaque fois, il s’en sort de justesse, et, à chaque fois, une morale est assenée, à lui et aux enfants qui lisent l’œuvre. Avec des yeux d’adulte, ces sentences sont peut-être un peu rébarbatives, puisqu’elles sont répétées tout le long du livre : on se dit que l’on a compris que l’on devait être sage et travailler, ne pas penser qu’au loisir, ne pas se plaindre tout le temps de tout, ne pas faire le difficile quand la misère est là. J’ai parfois trouvé certaines scènes difficiles lisibles à un enfant, je me suis dit que c’était peut-être trop – mais à la relecture de pratiquement tous les contes, il est possible d’arriver à la même conclusion. De plus, l’histoire est un peu simple, dans le sens où certaines choses arrivent dans le texte comme des évidences, ce qui ne peut se produire que dans les contes. Concernant l’écriture, je m’attendais à quelque chose d’assez enfantin, or, ce n’était pas du tout le cas ! Elle n’est pas soutenue – même si le mot « horion » se trouve dans le texte -, mais pas non plus tout à fait courante, elle est agréable à lire. En revanche, les titres de chapitre m’ont semblé bien trop explicites, ils cassent complètement un potentiel suspense pour celui qui ne connaît pas l’histoire.

Je dois dire que, comme à l’époque de ma découverte, j’ai un sentiment mitigé sur Pinocchio. D’un côté, j’ai pitié de lui et je veux qu’il s’en sorte ; de l’autre, il m’agace à toujours penser avoir raison et à ne rien écouter. Tout ce qu’il fait semble parti d’un bon sentiment, puis ça dérive vers une bêtise, qu’au lieu d’atténuer en renonçant, il poursuit jusqu’à l’erreur. Malgré toutes ses promesses, l’amour qu’il porte à d’autres personnages, la souffrance et la honte qu’il ressent à chaque faux pas, il se laisse emporter par ses penchants oisifs et n’en fait qu’à sa tête. Il paraît aussi parfois un peu stupide, la caricature du petit pantin qui ne sait rien du monde extérieur, notamment avec les différents passages où il croise le Renard et le Chat sans se rendre compte de rien. Mais, d’un autre côté, Pinocchio est aussi très joyeux, pratiquement toujours de bonne humeur, et j’ai trouvé parfois qu’il était même incohérent. On peut sentir une évolution dans son personnage, même s’il replonge dans ses vieux travers. Evidemment, on trouve également Geppetto dans ce livre, appelé Geppette ici. Pour lui aussi, on ressent de la pitié, de la compassion même, face au comportement du fruit de son travail. Dès le début, il est abandonné par son « fils », et on ne le retrouve vraiment qu’à la fin ; il est présent dans le livre à travers les sentiments de Pinocchio pour lui, et le fait qu’il le cherche quand il disparaît. La fée est également présente dans le livre : c’est un personnage attachant, qui pardonne constamment, tellement même qu’on se demande si elle ne va pas un jour abandonner, au vu de la récompense de ses efforts. Ses actions semblent parfois incohérentes, ou très cruelles, comparé à ce que Pinocchio fait. C’est un être assez ambivalent, absolument pas humain, sujet à métamorphoses et changements. Le lecteur fait la rencontre d’autres personnages, comme le Renard, et le Chat, qui m’ont fait penser aux Fables de La Fontaine que j’ai finies récemment, deux compères qui font tout pour manipuler les autres et profiter de leur stupidité, d’autres animaux qui parlent, comme les Fouines, les Chiens, le Grillon-Parlant – ou Jimmy Cricket pour Disney – un personnage étrange qui semble dans le sillage de la fée, les amis de Pinocchio, qui eux aussi font des bêtises et entraînent même le jeune pantin quand celui-ci s’est assagi ; l’un d’eux m’a fait mal au cœur, et je me suis vraiment demandée si mes enfants liraient un jour ce livre !

J’ai eu l’impression, à la lecture, que Pinocchio incarnait le paradoxe de l’enfance, toute l’incohérence des enfants. En effet, souvent, ils font des promesses parce qu’ils veulent bien faire, mais se retrouvent à faire des bêtises, portés par la paresse ou le loisir, et ensuite plaident que ce ne sont pas eux, mais des autres imaginaires, ou que ce n’est pas leur faute. Je trouve que ce conte est une belle illustration de cet aspect de l’enfance par lequel, je pense, nous passons tous.

La fin est assez abrupte, et arrive un peu rapidement je trouve, juste après le fameux passage de la baleine – qui est en fait un requin – et qui donne bien du fil à retordre au pantin.

 

C’est donc un beau petit conte, dont je ne suis pas fan, mais qui gagne à être lu.  

Fables de La Fontaine

Posté : 7 mars, 2016 @ 11:55 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : FablesClassique, Conte, Poésie

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie :2014 

Nombre de pages : 422

Synopsis : Les Fables occupent une place singulière dans notre mémoire : par le souvenir que nous gardons de ces poèmes devant lesquels nous sommes restés enfants, mais aussi par la grâce de tant de vers devenus proverbiaux. Et tout se passe comme si une correspondance secrète se maintenait de siècle en siècle entre ces Fables et l’identité de notre pays comme de notre langue. Le premier recueil paraît en 1668, et le second dix ans plus tard. Le succès est immense et les poèmes, alors, appartiennent pleinement à leur temps : la France du règne de Louis XIV. Mais le mystère de leur pouvoir est de s’émanciper très vite de cet environnement immédiat, d’éclairer nos réalités successives, d’allier de manière toujours éclatante le particulier et l’universel. Dans cette « comédie à cent actes divers, / Et dont la scène est l’Univers », le texte se dérobe à toute signification définitive. Mais La Fontaine à chaque page nous convainc que la poésie, à ses yeux, demeure instrument de connaissance : il existe une beauté du savoir – et nous ne cessons pas de la retrouver en lui.

 

Avis : J’avais envie de lire les Fables depuis pas mal de temps, et je ne sais pas trop ce qui m’a décidé, mais je me suis finalement lancée !

Comme tout le monde, je pense, j’ai dû apprendre une ou deux fables de La Fontaine quand j’étais petite – et je m’en souviens encore ! Ce sont de petites histoires qui restent gravées dans nos mémoires, et dont on oublie parfois l’importance, et le sens. Le poème qui fait office de dédicace rappelle que le livre a été écrit pour le fils de Louis XIV, le dauphin, et que les fables étaient donc faites à la fois pour distraire et pour enseigner, de façon didactique, des préceptes de morale. En effet, à travers les animaux, leurs comportements, les vers devenus des proverbes (« On a toujours besoin d’un plus petit que soi ») ou les idées qui sont restées, comme le fait que l’amour soit aveugle et pousse parfois à la folie, l’auteur fait comprendre une sorte de morale, nous apprend comment nous comporter en société, à la Cour à l’époque, mais aussi dans la vie de tous les jours, pour ne pas, un jour, tomber dans le piège que l’on s’est tendu à soi-même, comme cela arrive souvent aux personnages. Cela est présenté avec humour, souvent contenu dans des sortes de piques, pointes, ou chutes, dans une œuvre divisée en douze livres. Et, à la lecture, le lecteur se rend bien compte de la véracité des préceptes exposés : on se fait avoir parfois parce qu’on est trop gentil ; se moquer de quelqu’un en difficulté ne fait pas de nous des gens exemptés de subir un jour ce que l’autre a subi ; parfois, l’on donne trop facilement sa confiance, ou l’on tombe dans un piège parce qu’on est naïf, ou pas assez méfiant ; le fait de conserver tout notre argent et de ne jamais le dépenser fait de nous des avares si l’on persiste dans cette attitude. Le fait que ce soient des animaux qui sont les héros de ces histoires peut les rendre plus faciles à accepter : c’est un très bon moyen de faire comprendre des choses à la Cour sans se discréditer tout à fait. En effet, La Fontaine se moque à plusieurs reprises des courtisans sous couvert de loups, de renards, de singes et autres. 

Même si l’on comprend l’importance de ses histoires, et qu’on réprouve le comportement de certains animaux, souvent, on oublie de mettre en pratique ces vérités dans notre vie quotidienne, et on se laisse encore avoir alors qu’on a été prévenus ; ou on ne retient que la drôle d’histoire entre le corbeau et le renard, et on oublie la petite morale sur les flatteries qui font parfois faire n’importe quoi. On peut presque dire que La Fontaine a rendu les maximes de La Rochefoucauld distrayantes en les accompagnant d’un exemple. C’est souvent lui qu’on retient au détriment du message qu’il contient, ce qui est un peu dommage. Je me souviens également avoir étudié certaines fables en philosophie, comme « L’Amour et la Folie » ou « L’Education », ce qui montre la réflexion contenue dans ces petites histoires, en apparence simplement divertissantes.

Dans de nombreuses fables, l’auteur utilise des références mythologiques, comme Prognée et Philomèle, Cérès, souvent pour désigner des animaux, comme l’oiseau de Jupiter pour l’aigle, ou dans une périphrase, pour parler des produits des champs avec Cérès par exemple. Les références sont également littéraires puisque La Fontaine s’inspire d’Esope, qui écrivit lui aussi des fables, et parce qu’il cite des personnages issus de la littérature, notamment Ulysse et l’épisode de la grotte de Circé.

 

En définitive, une œuvre qui nous apprend beaucoup sous couvert de divertissements, qui instruit le lecteur et lui donne des exemples de comment se comporter dans la vie, un petit guide pratique pour l’affronter sans faillir.

Kétala de Fatou Diome

Posté : 7 mars, 2016 @ 10:34 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Genre : Contemporaine Kétala

Editeur : Flammarion

Année de sortie : 2006

Nombre de pages : 278

Synopsis : Lorsque quelqu’un meurt, nul ne se soucie de la tristesse de ses meubles.

 

Avis : J’ai entendu parler de l’auteure en cours, et j’ai trouvé ce livre dans une bibliothèque. Le synopsis était un peu comme ceux d’Amélie Nothomb, ça m’a intrigué alors je me suis lancée !

Dès la première page, on sent que l’auteure ne parle pas pour ne rien dire, mais surtout, on découvre une excellente écriture, poétique, envoûtante, qui joue avec les mots pour les faire résonner encore plus fort, qui utilise des images pour donner à voir et placer le lecteur dans une ambiance de rêve ou de féerie parfois. Et cette qualité est constante dans l’œuvre ; c’est le premier élément qui m’a fait tomber sous le charme du livre. Puis, l’originalité de l’idée : faire parler les meubles d’une défunte pour découvrir sa vie, pour apprendre à la connaître à travers les objets qu’elle utilisait tous les jours ou occasionnellement. Je n’avais jamais lu de roman qui abordait la question du deuil de cette façon, et j’ai trouvé cette façon de jouer un peu avec le lecteur très intéressante : les objets se parlent, mais c’est en réalité au lecteur qu’il raconte l’histoire de leur propriétaire. De plus, le vocabulaire, le langage, utilisé par l’auteure change en fonction du locuteur-meuble, ce qui donne à chacun d’eux une sorte de personnalité, ce qui en fait des personnages à part entière. C’est très étrange de se dire que l’on apprécie une montre ou un masque, que l’on compatit à ce que vit une statue ou un mouchoir ! Quant à l’histoire, elle a achevé de me charmer : elle permet d’aborder des thèmes différents, comme l’homosexualité, la tradition, la maladie, la façon de faire son deuil, la mort, l’amour ; c’est une réserve de préceptes sur une vie entière, celle de Memoria, à qui on finit par s’attacher, et qu’on plaint de ce qui lui arrive. Les émotions contenues dans les remarques des personnages touchent le lecteur lui aussi, qui se range du côté de l’un ou de l’autre, qui tente de relativiser ou qui s’indigne. Le jeu du dialogue fait que le lecteur se prend au jeu ; il est tenu en haleine quand la séance est suspendue, ou quand un meuble fait exprès de faire traîner son explication en longueur : il veut savoir, il veut lui aussi découvrir Memoria, la comprendre à travers ce que ses affaires ont à dire d’elle. Enfin, j’ai pas mal ri à la lecture de ce livre, que l’humour soit sincère ou noir : cela détend quand la situation s’envenime. Cet effet vient surtout de l’incompréhension qui se fait jour entre les meubles, qui se mettent à se disputer.

Memoria est ainsi le personnage principal sans jamais être vraiment présente, puisqu’elle est décédée avant le début du livre. C’est assez particulier de découvrir quelqu’un à travers ce que ses affaires racontent : le point de vue n’est jamais objectif et jamais omniscient, les meubles se contredisent parfois entre eux, donnent plusieurs versions selon celui qui parle. On la découvre par flashbacks, d’abord avec un homme, puis jeune fille, femme, puis par des souvenirs plus ou moins précis, par les pensées que capte l’oreiller, par le pouls que ressent la montre, par l’ardeur que perçoit le canapé. Elle semble pleine de vie et de bonne humeur, prête à tout pour être heureuse. Elle est aussi très courageuse et persévérante : vu ce qui lui arrive, pas mal de femmes auraient laissé tomber dès le début. Le lecteur ressent l’évolution de la jeune femme au fil des années : elle pense d’abord à son propre bonheur, puis devient généreuse avec ceux qu’elle aime, et surtout, fait tout pour que sa vie de couple soit harmonieuse, passionnelle, vivante. Sa vie devient très difficile à un moment donné, et l’on sent que son courage vacille peu à peu. Makhou est également un personnage important du livre : proche de Memoria, il lui fait défaut à de nombreuses reprises, ce qui exaspère les meubles et le lecteur. Il n’est pas là quand la jeune femme a le plus besoin de lui ; la fin le blanchit un peu, mais l’amertume de la vie de Memoria reste comme un mauvais goût pour celui qui lit. Les meubles sont également très importants, puisque ce sont eux qui font revivre leur propriétaire à travers le récit décousu de sa vie. Chacun a une caractéristique : Montre est une sorte d’intello, Masque est plutôt le sage du groupe, Chasseur est téméraire et viril, quand Coumba Djiguène est très féminine et ne se laisse pas faire quand elle se sent méprisée, Mouchoir est l’idiot de la bande … A travers eux, l’on découvre également Tamara, amie de Memoria, dont une partie de la vie nous est racontée ; la famille de l’héroïne, ainsi que sa belle-famille, toutes deux assez ambivalentes, et que le lecteur a du mal à apprécier.

Le thème central de ce livre est la mémoire d’un défunt – c’est déjà visible dans le nom de l’héroïne principale -, la façon dont celle-ci est perpétuée, puisque le fait de raconter la vie de Memoria est une manière, pour les meubles, de faire partager le même souvenir à tous afin qu’une fois dispersés par le kétala, ils puissent reconstituer la vie de la jeune femme. Parlant de kétala, je ne savais pas du tout ce que c’était avant de commencer la lecture : c’est une tradition musulmane qui veut les biens d’un défunt soient partagés par sa famille, un partage de l’héritage. On se rend compte, par cette lecture, d’une sorte de cruauté par cette pratique : tout est dispersé, comme si la vie du propriétaire était divisée en autant de parties impossible à rassembler. De plus, quand le lecteur lit effectivement le jour du kétala, et la fin de vie de Memoria, cette cruauté est tout à fait manifeste et difficile à supporter, accompagnée par une hypocrisie qui fait peine à voir. Le kétala sonne comme une façon de faire son deuil ; d’autres personnages le font autrement, et montrent la souffrance qu’ils ressentent, l’impossibilité de la perte, le rejet de la mort, la certitude que Memoria se trouve encore là. A travers son histoire, est également abordé le thème de l’homosexualité, et de la façon de cacher ce qui est vu comme scandaleux. Encore une fois, la tradition se révèle être hypocrite, et fait le malheur des personnages impliqués.

Dans ce livre, la fin est un peu déjà connue par le lecteur : il sait que Memoria va mourir, mais il ne sait pas de quelle façon. Je dois dire que je ne m’y attendais pas, comme la « seconde partie » de la vie de la jeune femme. Cela contrastait avec la première partie ; dans la deuxième, les problèmes s’enveniment et la situation devient malsaine. La mort de la jeune femme est douloureuse, et le « mot » qui est cause de sa mort n’est pas cité mais il est facile de le deviner à la lecture : c’est assez logique vu ce qui est arrivé avant.

 

En définitive, un excellent roman qui me fait découvrir une auteure de talent de par son écriture, son originalité, ce qui me donne envie de lire ses autres livres ; les thèmes abordés sont intéressés, traités de façon originale et grâce à une tradition que je ne connaissais pas.

 

Update du 10 novembre 2017

Ma relecture me permet de voir des défauts du texte auxquels je n’avais pas fait attention à la première lecture. J’aime toujours l‘écriture, mais elle peut paraître lourde parfois, tout comme les disputes constantes entre les meubles, et leur façon de parler, qui n’est pas du tout naturelle. Aussi, je pense que certains homosexuels pourraient très mal prendre la façon dont est traitée l’homosexualité par l’auteur : j’essaie de me mettre à leur place, et, si j’étais eux, cela aurait pu m’agacer. L’auteur semble aussi régler ses comptes avec plusieurs personnes, du genre, les féministes radicales, ou les écrivains qui utilisent des logiciels pour écrire. Bien sûr, je suis toujours d’accord avec sa dénonciation de l’hypocrisie de la société et de la famille, et avec plusieurs réflexions sur la religion. C’est aussi l’histoire d’un voyage et d’un retour, donc une question de territoires. Désormais, j’ai un avis plus mitigé sur Kétala, même si je l’apprécie toujours.  

Une forme de vie d’Amélie Nothomb

Posté : 2 mars, 2016 @ 7:49 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Une forme de vieGenre : Contemporaine, Autobiographie

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2013

Nombre de pages : 123

Synopsis : Ce matin-là, je reçus une lettre d’un genre nouveau. A. N.

 

Avis : Une couverture assez sinistre, un titre qui sous-entend une vie pas comme les autres, et un synopsis qui laisse entendre que la correspondance tiendra une place privilégiée. J’étais très intriguée par une espèce de roman épistolaire.

L’idée est originale du début à la fin : le narrateur reçoit une lettre très spéciale qui lui fera peu à peu découvrir la vie d’un homme tout sauf ordinaire. A travers lui sont abordés les thèmes de l’obésité et de la guerre des Etats-Unis en Irak. En effet, le correspondant du narrateur est obèse, et entretient une relation très particulière à son embonpoint ; il le hait comme il l’aime, et tente de trouver un sens à sa maladie, sens qu’il trouve dans le fait qu’il est au front, en Irak, et qu’il ne supporte plus la guerre. La nourriture est ici vue comme une drogue au même titre que la cocaïne ou l’héroïne, et elle est même dite pire, car il est impossible de s’en sevrer tout à fait. Le danger encouru par la personne atteinte est mentionné, ainsi que l’impossibilité de se mouvoir ou de vivre correctement. Par cette maladie, l’être pousse un cri et demande de l’aide, alors que, souvent, les autres le rejettent et y voient simplement un excès voulu. Quant à la guerre, le correspondant dit maintes fois qu’elle est inutile et injuste, qu’il ne comprend pas ce qu’il y fait : une belle critique de la part d’un Américain même, à travers les mots d’une auteure belge. L’écriture, quant à elle, est toujours aussi bonne, même si le sujet ne prêtait pas forcément à poésie. L’humour est toujours présent, même par petites touches.

Un autre thème important ici est celui de la correspondance. A travers son roman, Amélie Nothomb évoque sa pratique de l’écriture, l’importance qu’elle accorde au courrier, comment elle y répond. J’ai eu l’impression parfois de lire des indications de ce qu’il ne faut pas lui écrire si l’on veut lui envoyer une lettre, et je me suis dit que si ce n’était pas déjà fait, j’aurais eu peur de lui envoyer ! En effet, l’auteure ne supporte pas certaines lettres à sens cachés, certaines demandes ou façons de parler, et cela est tout à fait légitime : elle mentionne tout de même une professeur de français qui lui demande de corriger ses copies ! On sent également que chaque lettre est importante pour elle, notamment avec la mention de ce qu’elle fait de celles dans lesquelles les correspondants demandent à ne pas être traités comme tout le monde : je ne m’attendais pas à sa réaction, qui m’a fait rire et reconnaître qu’elle a raison. Aussi, l’auteure évoque la pratique de l’écriture, le doute qui lui est inhérent, la difficulté parfois de créer, le besoin de le faire pourtant. Elle mentionne le fantasme des lecteurs sur les écrivains, ce qu’ils pensent qu’ils sont, et ce que les auteurs sont vraiment.

Concernant les personnages, le narrateur porte le nom de l’auteure, ce qui pousse le lecteur à imaginer la véritable Amélie Nothomb embarquée dans cette aventure. Elle est égale à elle-même : gentille, elle s’efforce d’aider son correspondant quand elle sent sa détresse, et ne s’imagine pas une seconde le laisser tomber. A travers l’histoire du roman, elle semble aussi rassurer ses véritables correspondants ou les mettre en garde. On sent qu’elle s’implique vraiment dans sa correspondance, qu’elle tente de trouver des solutions si un problème se présente, qu’elle se soucie des gens qui lui écrivent, que ce ne sont pas juste des mots sur du papier, mais que des êtres se trouvent au bout. Bien sûr, elle attend la même chose de la part de ceux qui lui écrivent. La façon dont elle réagit avec son correspondant montre qu’elle ne réagit pas comme la plupart des gens, ce qui en fait quelqu’un de spécial. Quant à Melvin Mapple, le lecteur peut facilement s’attacher à lui et le plaindre. Le fait d’imaginer ce qu’il vit est difficile et fait mal au cœur. Sa démarche est originale : exorciser ce qu’il ressent par l’écriture à quelqu’un. Ce qu’il fait par la suite m’a choqué, je ne m’attendais pas à ce revirement de situation !! Le lecteur peut se sentir trahi, et en même temps, le comprend : c’était un besoin chez lui de vivre autrement, par l’écriture, dans la pensée d’un autre. Il n’y a pas vraiment d’autres personnages, excepté ceux mentionnés par le narrateur et Melvin Mapple.

La fin est très surprenante ! Il est peu probable de s’y attendre. Le narrateur se retrouve coincée dans une situation inextricable, et le lecteur se demande vraiment ce qu’elle peut faire pour s’en sortir ! C’est surréaliste, et délicieusement fou !

 

En définitive, un bon roman, intéressant à lire pour la façon de voir l’écriture et la correspondance, intéressant aussi pour les surprises successives dont l’auteure nous régale.

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