Les Aventures de Pinocchio de Collodi
Genre : Conte, Jeunesse
Editeur : Le Livre de Poche
Année de sortie : 2003
Nombre de pages : 250
Synopsis : Depuis leur publication en 1883, Les Aventures de Pinocchio ont poursuivi une carrière triomphale. Traduites dans toutes les langues de l’Europe mais aussi en swahili, en assamais, en papiamento, leurs tirages rivalisent sans doute avec ceux de la Bible ou du Coran. A l’heure de la globalisation, le qualificatif d’universel leur convient comme un gant. Comme Peter Pan, son frère cadet, Pinocchio possède une double nature qui lui permet d’évoluer aux confins de la fable et de la réalité – mais, à la différence du lutin de Kensington, il ne cherche pas refuge au pays des rêves. Il affronte avec une infinie curiosité tous les dangers du vaste monde, qu’ils revêtent l’aspect de deux aigrefins patibulaires, d’un insatiable serpent, voire d’un piège à loups. Il possède tous les traits d’une nature exubérante et débridée avec l’impertinence et l’anarchisme foncier de l’enfance. Ce chef-d’œuvre de la « littérature pour la jeunesse » est aussi héritier d’une prestigieuse tradition qui n’est guère éloignée d’Orwell ou de Kafka. La brillante adaptation cinématographique de Roberto Benigni vient opportunément nous le rappeler.
Avis : Petite, je n’étais pas fan de Pinocchio, je ne sais pas vraiment pourquoi, mais le petit pantin m’agaçait plus que je ne m’y attachais. Je me suis dit que j’allais tenter le coup avec le conte originel.
Eh bien, je ne suis toujours pas fan, même si je comprends que l’on fasse lire ce livre à des enfants, et donc que Disney l’ait adapté en dessin animé : comme tous les contes, l’histoire est censée jouer un rôle sur l’enfant qui gardera en mémoire la morale que ne prend pas du tout en compte le petit pantin qui ne fait que des bêtises, et qui donc, se retrouve dans des situations toutes plus périlleuses les unes que les autres. En effet, les aventures de Pinocchio vont un peu crescendo : dans tous les cas, il se fait avoir et n’écoute pas ce que les personnes plus avisées lui conseillent. Il a des difficultés à faire la différence entre le bien et le mal, à comprendre quand les gens sont malhonnêtes, à accepter la valeur du travail et de la gentillesse, et il passe de nombreuses fois près de la mort, qui ne semble attendre qu’un faux pas pour l’accueillir. A chaque fois, il s’en sort de justesse, et, à chaque fois, une morale est assenée, à lui et aux enfants qui lisent l’œuvre. Avec des yeux d’adulte, ces sentences sont peut-être un peu rébarbatives, puisqu’elles sont répétées tout le long du livre : on se dit que l’on a compris que l’on devait être sage et travailler, ne pas penser qu’au loisir, ne pas se plaindre tout le temps de tout, ne pas faire le difficile quand la misère est là. J’ai parfois trouvé certaines scènes difficiles lisibles à un enfant, je me suis dit que c’était peut-être trop – mais à la relecture de pratiquement tous les contes, il est possible d’arriver à la même conclusion. De plus, l’histoire est un peu simple, dans le sens où certaines choses arrivent dans le texte comme des évidences, ce qui ne peut se produire que dans les contes. Concernant l’écriture, je m’attendais à quelque chose d’assez enfantin, or, ce n’était pas du tout le cas ! Elle n’est pas soutenue – même si le mot « horion » se trouve dans le texte -, mais pas non plus tout à fait courante, elle est agréable à lire. En revanche, les titres de chapitre m’ont semblé bien trop explicites, ils cassent complètement un potentiel suspense pour celui qui ne connaît pas l’histoire.
Je dois dire que, comme à l’époque de ma découverte, j’ai un sentiment mitigé sur Pinocchio. D’un côté, j’ai pitié de lui et je veux qu’il s’en sorte ; de l’autre, il m’agace à toujours penser avoir raison et à ne rien écouter. Tout ce qu’il fait semble parti d’un bon sentiment, puis ça dérive vers une bêtise, qu’au lieu d’atténuer en renonçant, il poursuit jusqu’à l’erreur. Malgré toutes ses promesses, l’amour qu’il porte à d’autres personnages, la souffrance et la honte qu’il ressent à chaque faux pas, il se laisse emporter par ses penchants oisifs et n’en fait qu’à sa tête. Il paraît aussi parfois un peu stupide, la caricature du petit pantin qui ne sait rien du monde extérieur, notamment avec les différents passages où il croise le Renard et le Chat sans se rendre compte de rien. Mais, d’un autre côté, Pinocchio est aussi très joyeux, pratiquement toujours de bonne humeur, et j’ai trouvé parfois qu’il était même incohérent. On peut sentir une évolution dans son personnage, même s’il replonge dans ses vieux travers. Evidemment, on trouve également Geppetto dans ce livre, appelé Geppette ici. Pour lui aussi, on ressent de la pitié, de la compassion même, face au comportement du fruit de son travail. Dès le début, il est abandonné par son « fils », et on ne le retrouve vraiment qu’à la fin ; il est présent dans le livre à travers les sentiments de Pinocchio pour lui, et le fait qu’il le cherche quand il disparaît. La fée est également présente dans le livre : c’est un personnage attachant, qui pardonne constamment, tellement même qu’on se demande si elle ne va pas un jour abandonner, au vu de la récompense de ses efforts. Ses actions semblent parfois incohérentes, ou très cruelles, comparé à ce que Pinocchio fait. C’est un être assez ambivalent, absolument pas humain, sujet à métamorphoses et changements. Le lecteur fait la rencontre d’autres personnages, comme le Renard, et le Chat, qui m’ont fait penser aux Fables de La Fontaine que j’ai finies récemment, deux compères qui font tout pour manipuler les autres et profiter de leur stupidité, d’autres animaux qui parlent, comme les Fouines, les Chiens, le Grillon-Parlant – ou Jimmy Cricket pour Disney – un personnage étrange qui semble dans le sillage de la fée, les amis de Pinocchio, qui eux aussi font des bêtises et entraînent même le jeune pantin quand celui-ci s’est assagi ; l’un d’eux m’a fait mal au cœur, et je me suis vraiment demandée si mes enfants liraient un jour ce livre !
J’ai eu l’impression, à la lecture, que Pinocchio incarnait le paradoxe de l’enfance, toute l’incohérence des enfants. En effet, souvent, ils font des promesses parce qu’ils veulent bien faire, mais se retrouvent à faire des bêtises, portés par la paresse ou le loisir, et ensuite plaident que ce ne sont pas eux, mais des autres imaginaires, ou que ce n’est pas leur faute. Je trouve que ce conte est une belle illustration de cet aspect de l’enfance par lequel, je pense, nous passons tous.
La fin est assez abrupte, et arrive un peu rapidement je trouve, juste après le fameux passage de la baleine – qui est en fait un requin – et qui donne bien du fil à retordre au pantin.
C’est donc un beau petit conte, dont je ne suis pas fan, mais qui gagne à être lu.
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