Fables de La Fontaine
Genre : Classique, Conte, Poésie
Editeur : Le Livre de Poche
Année de sortie :2014
Nombre de pages : 422
Synopsis : Les Fables occupent une place singulière dans notre mémoire : par le souvenir que nous gardons de ces poèmes devant lesquels nous sommes restés enfants, mais aussi par la grâce de tant de vers devenus proverbiaux. Et tout se passe comme si une correspondance secrète se maintenait de siècle en siècle entre ces Fables et l’identité de notre pays comme de notre langue. Le premier recueil paraît en 1668, et le second dix ans plus tard. Le succès est immense et les poèmes, alors, appartiennent pleinement à leur temps : la France du règne de Louis XIV. Mais le mystère de leur pouvoir est de s’émanciper très vite de cet environnement immédiat, d’éclairer nos réalités successives, d’allier de manière toujours éclatante le particulier et l’universel. Dans cette « comédie à cent actes divers, / Et dont la scène est l’Univers », le texte se dérobe à toute signification définitive. Mais La Fontaine à chaque page nous convainc que la poésie, à ses yeux, demeure instrument de connaissance : il existe une beauté du savoir – et nous ne cessons pas de la retrouver en lui.
Avis : J’avais envie de lire les Fables depuis pas mal de temps, et je ne sais pas trop ce qui m’a décidé, mais je me suis finalement lancée !
Comme tout le monde, je pense, j’ai dû apprendre une ou deux fables de La Fontaine quand j’étais petite – et je m’en souviens encore ! Ce sont de petites histoires qui restent gravées dans nos mémoires, et dont on oublie parfois l’importance, et le sens. Le poème qui fait office de dédicace rappelle que le livre a été écrit pour le fils de Louis XIV, le dauphin, et que les fables étaient donc faites à la fois pour distraire et pour enseigner, de façon didactique, des préceptes de morale. En effet, à travers les animaux, leurs comportements, les vers devenus des proverbes (« On a toujours besoin d’un plus petit que soi ») ou les idées qui sont restées, comme le fait que l’amour soit aveugle et pousse parfois à la folie, l’auteur fait comprendre une sorte de morale, nous apprend comment nous comporter en société, à la Cour à l’époque, mais aussi dans la vie de tous les jours, pour ne pas, un jour, tomber dans le piège que l’on s’est tendu à soi-même, comme cela arrive souvent aux personnages. Cela est présenté avec humour, souvent contenu dans des sortes de piques, pointes, ou chutes, dans une œuvre divisée en douze livres. Et, à la lecture, le lecteur se rend bien compte de la véracité des préceptes exposés : on se fait avoir parfois parce qu’on est trop gentil ; se moquer de quelqu’un en difficulté ne fait pas de nous des gens exemptés de subir un jour ce que l’autre a subi ; parfois, l’on donne trop facilement sa confiance, ou l’on tombe dans un piège parce qu’on est naïf, ou pas assez méfiant ; le fait de conserver tout notre argent et de ne jamais le dépenser fait de nous des avares si l’on persiste dans cette attitude. Le fait que ce soient des animaux qui sont les héros de ces histoires peut les rendre plus faciles à accepter : c’est un très bon moyen de faire comprendre des choses à la Cour sans se discréditer tout à fait. En effet, La Fontaine se moque à plusieurs reprises des courtisans sous couvert de loups, de renards, de singes et autres.
Même si l’on comprend l’importance de ses histoires, et qu’on réprouve le comportement de certains animaux, souvent, on oublie de mettre en pratique ces vérités dans notre vie quotidienne, et on se laisse encore avoir alors qu’on a été prévenus ; ou on ne retient que la drôle d’histoire entre le corbeau et le renard, et on oublie la petite morale sur les flatteries qui font parfois faire n’importe quoi. On peut presque dire que La Fontaine a rendu les maximes de La Rochefoucauld distrayantes en les accompagnant d’un exemple. C’est souvent lui qu’on retient au détriment du message qu’il contient, ce qui est un peu dommage. Je me souviens également avoir étudié certaines fables en philosophie, comme « L’Amour et la Folie » ou « L’Education », ce qui montre la réflexion contenue dans ces petites histoires, en apparence simplement divertissantes.
Dans de nombreuses fables, l’auteur utilise des références mythologiques, comme Prognée et Philomèle, Cérès, souvent pour désigner des animaux, comme l’oiseau de Jupiter pour l’aigle, ou dans une périphrase, pour parler des produits des champs avec Cérès par exemple. Les références sont également littéraires puisque La Fontaine s’inspire d’Esope, qui écrivit lui aussi des fables, et parce qu’il cite des personnages issus de la littérature, notamment Ulysse et l’épisode de la grotte de Circé.
En définitive, une œuvre qui nous apprend beaucoup sous couvert de divertissements, qui instruit le lecteur et lui donne des exemples de comment se comporter dans la vie, un petit guide pratique pour l’affronter sans faillir.