Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

The Fifth Child de Doris Lessing

Classé dans : Avis littéraires — 29 février 2016 @ 23 h 54 min

The Fifth Child Genre : Contemporaine, Fantastique

Editeur : Vintage

Année de sortie : 1989

Nombre de pages : 133

Synopsis : In the unconstrained atmosphere of England in the late 1960s, Harriet and David Lovatt, an upper-middle-class couple, face a frightening vicissitude. As the days’ events take a dark and ugly turn nearing apocalyptic intensity, the Lovatts’ guarded contentedness and view of the world as a benign place are forever shattered by the violent birth of their fifth child: Ben, monstruous in appearance, insatiably hungry, abnormally strong, demanding, brutal.

 

Avis : Ce livre m’a été prêté il y a un petit moment, et mon envie de le découvrir a peu à peu augmenté jusqu’à ce que j’en entende parler, comme un signe du destin qui me disait : « Allez, lis-le ! »

Je ne m’attendais pas du tout à ce que j’ai lu ! Je n’avais pas du tout compris que le livre avait un côté fantastique, malgré la référence à Frankenstein dans un commentaire sur l’œuvre ; sans doute à cause de mon habitude de survoler les synopsis pour avoir une légère idée de ce que je vais lire avant de me lancer vraiment. De plus, je m’attendais à l’histoire d’un enfant rejeté, incompris parce qu’il est mentalement différent, comme une espèce d’autiste que sa famille abandonne parce qu’il fait tâche. Or, ce n’est pas tout à fait le cas. C’est d’abord l’histoire d’un couple, Harriet et David ; le livre commence par leur rencontre, assez spéciale, puis continue sur leur amour. Leur façon de voir la vie, à l’époque, – et même, sans doute, ce serait encore le cas aujourd’hui – est spéciale, et les membres de leur famille ainsi que la société n’approuvent pas forcément leurs choix ; cela ne les arrête pas pour autant, ils sont déterminés à vivre leur vie comme ils l’entendent et à être heureux selon leur définition du bonheur. En effet, être heureux, voilà tout ce qui importe pour Harriet et David. Et cela passe par la famille. Cette notion est très importante, le lecteur le comprend dès le titre : The Fifth Child, cela sous-entend que quatre autres enfants sont nés avant lui. Pendant la première partie du livre, j’ai adoré ressentir le bonheur, l’épanouissement des personnages, surtout celui d’Harriet, de qui le lecteur a majoritairement le point de vue. La vie de famille est douce, les problèmes semblent loin ou minimes. Surtout, j’ai adoré l’idée de cette maison, havre de paix et de joie pour tous, qui attire comme un aimant, et dans laquelle on peut réunir autant de monde que l’on veut pour fêter tous ensemble les grands moments du calendrier : un bon prétexte pour être en famille et profiter de chacun, que ce soit le printemps, l’été ou l’hiver. La maison représente un peu un idéal, un endroit rêvé qui réunit même ceux qui se trouvent aux quatre coins du monde. Le bonheur semble parfait, le lecteur se détend dans le texte, et profite lui aussi de ces moments de béatitude. Il en profite parce qu’il sent que cela ne va pas forcément durer, même s’il l’aimerait bien. En effet, survient alors la cinquième grossesse et tout change. C’est un bouleversement total dans la vie de la famille, un retournement de situation qui renverse le bonheur si durement trouvé. Lire la déchéance d’un idéal pareil est difficile : j’étais comme anesthésiée par le texte, je n’arrivais pas à lâcher le livre tant que je ne l’avais pas terminé. Le lecteur garde espoir : impossible qu’un tel paradis disparaisse, il n’y a aucune raison pour. Certains passages sont difficiles à lire, parfois parce qu’ils laissent entendre la violence, parfois parce qu’ils sont des petits chocs psychologiques pour les personnages. Concernant l’écriture, elle est excellente, fluide, agréable à lire, mais aussi, elle a un effet sur le lecteur, elle le pousse à poursuivre la lecture, à ne pas s’arrêter. En effet, le livre ne comporte pas de chapitre, il est un bloc sans séparation, ponctué de dialogue et de narration. Je pensais que cette organisation allait me gêner, mais ce ne fut pas le cas grâce à l’écriture de l’auteure.

Pour les personnages, j’ai beaucoup aimé le personnage d’Harriet. Elle est à la fois forte et fragile, parce qu’elle assume ses choix, même s’ils la blessent. Elle semble faite pour être mère et veut rendre tout le monde heureux comme elle l’est. On sent son évolution au fil des années : elle mûrit, elle grandit, s’épanouit, comprend le bonheur dont elle est la détentrice. Mais aussi, elle doit subir le jugement des autres, qu’ils soient de sa famille ou pas. Elle a décidé d’être mère avant tout, elle ne travaille pas, et semble un peu négligente ; en effet, elle déclare qu’elle espacera ses grossesses, or, ce n’est pas du tout ce qu’elle fait. Elle ne semble pas le faire exprès, mais, une fois devant le fait accompli, elle préfère assumer que de se repentir. J’ai trouvé qu’elle était très forte également en ce qui concerne le cinquième enfant. Elle semble d’abord s’effondrer, puis elle tente de reprendre le contrôle de la situation, même si rien ne sera jamais plus comme avant. Le lecteur sent bien que c’est « quelqu’un de bien », qu’elle est juste, qu’elle a une conscience avec laquelle elle doit vivre. David, quant à lui, m’a semblé un peu flou parfois. Il partage les choix d’Harriet, c’est même lui qui les présente le premier à leur famille, mais il semble que l’on n’ait jamais son point de vue, ce qui le rend difficile à complètement cerner. Il semble être un mari et un père aimant, amoureux de sa femme, et tendre avec ses enfants ; mais une fois le cinquième né, il ne sait plus vraiment comment réagir. Il semble perdu, et reporte sa colère sur sa femme ; elle est tenue pour responsable de la naissance de l’enfant, ce qui est – évidemment ! – ridicule. Apparaît également Dorothy, la mère d’Harriet, qui va l’aider dans son choix de vie. Elle semble désapprouver sa fille, mais est présente pour la soutenir, quoi qu’il arrive. C’est une femme forte, qui travaille dur. On dirait une grand-mère poule. Les quatre premiers enfants sont tous adorables : ils sont charmants, beaux, intelligents, font rire ; de vrais petits anges, surtout le dernier garçon, selon la description que l’on a de lui. Arrive enfin le cinquième enfant : dès la grossesse, il est difficile, brutal, une tornade, un torpilleur. Une fois né, rien ne s’arrange. Il semble fait pour torturer, faire le mal. Avec la référence que j’avais vu à l’arrière du livre, c’est vrai qu’il m’a fait pensé au monstre de Frankenstein, mais en pire tout de même : le monstre a une conscience, l’enfant ne semble pas en avoir. Ce qu’il fait est assez traumatisant, terrifiant en tout cas ! Impossible de l’aimer, mais aussi, impossible de le haïr : il provoque une sorte de fascination d’horreur, on veut le comprendre et l’aider, le voir évoluer tout en comprenant que ce n’est peut-être pas possible. Il nous fait indéniablement peur, et l’on regrette sa venue quand on va le bonheur qu’il détruit. D’autres personnages apparaissent, comme la famille au grand complet, composés de parents qui tentent d’aider de leur mieux, de sœurs, de cousines, d’amis. On découvre aussi John, qui jouera un grand rôle dans la vie du cinquième enfant.

Le fantastique est bien présent ici, malgré le fait que je n’y avais pas fait attention dans le synopsis. Il est d’abord incarné par la chambre, il semble avoir des pouvoirs sur le couple. Mais c’est surtout le cinquième enfant autour de qui se cristallise cette notion. En effet, à plusieurs reprises, il est qualifié d’être non-humain : extraterrestre, monstre, créature légendaire, mais jamais un humain. Son aspect physique est repoussant, ses capacités dépassent largement celles d’un humain, et sa façon de grandir est surprenante. Tout est étrange chez lui : il ne semble pas avoir de sentiments, ne reconnaît pas ses parents, ne sait pas apprendre et ne fait qu’imiter. Il n’est pas rejeté dès le début du livre ; la famille tente de l’intégrer en son sein. Le fantastique bascule facilement vers l’horreur quand Harriet comprend ce que l’enfant fait et est capable de faire. Elle finit par être sous-entendue quand l’enfant grandit : elle se trouve dans les pensées de Harriet, dans ce qu’elle pense – sait ? – que l’enfant fait. La morale est également évoquée : la famille va commettre un acte affreux – mais nécessaire ? – afin de tenter de retrouver le bonheur perdu. On ne peut pas même imaginer ce que l’on aurait fait à leur place, l’idée est tellement horrible qu’il vaut mieux ne pas y penser.

La fin est en demi-ton : on se demande ce qui peut se passer ensuite, si ce que veut Harriet va effectivement arriver. Le lecteur peut l’espérer. Il existe une suite au livre, que je pense lire sous peu, mais pas maintenant. Le choc du premier tome est encore présent, je vais attendre qu’il s’atténue un peu pour poursuivre. J’aurais tout de même aimé savoir ce qu’il advient ensuite d’Harriet, de David, et des autres membres de la famille.

 

En définitive, un très bon roman, qui montre l’impact d’un petit livre sur le lecteur : pas besoin de beaucoup de mots pour raconter une histoire qui marque celui qui la lit. Un bonheur idéal qui s’effondre peu à peu, une mère attachante et un enfant affreux. A découvrir !

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