Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Georges Perec
Editeur : Editions Christian Bourgeois
Année de sortie : 2008
Nombre de pages : 50
Synopsis : En octobre 1974 Georges Perec s’est installé pendant trois jours consécutifs place Saint-Sulpice à Paris. A différents moments de la journée, il a noté ce qu’il voyait : les événements ordinaires de la rue, les gens, véhicules, animaux, nuages, et le passage du temps. Des listes. Les faits insignifiants de la vie quotidienne. Rien, ou presque rien. Mais un regard, une perception humaine, unique, vibrante, impressionniste, variable, comme celle de Monet devant la cathédrale de Rouen. Les mille petits détails inaperçus qui font la vie d’une grande cité – d’un quartier d’une grande cité. Les innombrables variations imperceptibles du temps, de la lumière, du décor, du vivant. Autobus, chiens, passants, touristes. « Ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. » Ce texte magistral dans l’œuvre de Perec figure à présent au rang des classiques.
Avis : Je devais lire ce livre pour un cours d’improvisation écrite, et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’étais assez intriguée, mais je ne l’aurais sans doute pas lu de moi-même.
Tout d’abord, j’ai trouvé ce livre très original : il nous montre un aspect banal de Paris que l’on ne voit pas si souvent, sans nous raconter d’histoire, et dans un genre que peu de gens connaissent ou apprécient : celui de la liste. J’avoue que ce genre m’intéresse par la poésie que l’on peut parfois en tirer, comme dans des extraits que j’ai lus de Notes de chevet de Sei Shonagon ; ici, les listes ont des thèmes, quand Perec préfère observer un quartier de Paris pendant trois jours pour décrire tout ce qu’il voit pendant cet espace de temps. Au début, j’ai eu peur que ce soit très monotone, surtout quand il reprend plusieurs fois la même ligne de train ; mais sa description est parfois coupée de réflexions, ce qui éveille l’intérêt du lecteur – même de petits mots comme « minuscules accidents » ont cet effet, puisqu’ils suggèrent tout ce que ce qui arrive implique pour la personne concernée. Pour autant, le livre est une longue description avec quelques variations, notamment sur l’heure, le temps qu’il fait, la lumière, le nombre de passants, de pigeons. L’auteur joue à chercher les différences entre le premier et le deuxième jour, et se demande ce que cela implique. Quant à l’écriture, elle est excellente, et l’on retrouve parfois des jeux de mots, ou sur les sonorités, qui montrent que, bien qu’il semblerait que tout le monde puisse s’asseoir sur un banc, observer les passants et retranscrire ce qu’il voit, c’est un véritable écrivain qui le fait ici, et que cette description est le prétexte d’autre chose : il montre ici le Paris auquel on ne fait pas attention, la vie quotidienne, celle des gens qui traversent la rue, qui prennent le bus. On aperçoit ici ce qui est de l’ordre de l’inaperçu, de l’évident mais que l’on ne regarde pas, l’envers du décor. Cela nous éloigne des romans qui font de Paris un personnage à part entière du livre.
En définitive, un livre intéressant qui montre un Paris que l’on n’a pas l’habitude de voir.
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