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I found myself in Wonderland.

Archive pour le 11 janvier, 2016

Bucoliques de Catherine Messy

Posté : 11 janvier, 2016 @ 10:16 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Bucoliques Genre : Poésie

Editeur : Editions Hélène Jacob

Année de sortie : 2014

Nombre de pages : 46 (eBook)

Synopsis : Il m’est venu l’idée d’écrire des poèmes pour illustrer quelques-unes des œuvres d’art (peintures-sculptures) que j’essaie de faire naître dans mon quotidien. Ou bien les œuvres ont-elles été le déclencheur de mes petits écrits ? Cela importe peu. Mais ces poèmes en ont entraîné d’autres que j’ai eu envie de regrouper sous le titre « Bucoliques », tous s’inspirant, dans ce recueil, de la nature.

 

Avis : Je remercie d’abord la collaboratrice des éditions Hélène Jacob qui m’a contacté afin que je lise deux recueils de poésie de Catherine Messy. Celui-ci est donc le premier.

La couverture, une peinture de l’auteure elle-même, donne tout de suite une impression de mélancolie, qui se dégage effectivement de certains poèmes. On sent que l’hiver prendra une grande place dans un recueil qui traite de la nature. Ainsi, celle-ci est abordée à travers différents éléments : la lune, la nuit, le printemps, la mort de la nature quand vient l’hiver, ce qu’un humain peut imaginer quand il regarde la nature. Cette diversité est une des forces du recueil : il ne se concentre pas que sur un seul aspect du sujet traité, mais le rend de différentes façons.

Les vers composés ici ne sont pas des vers classiques : l’auteure prend des libertés sur les rimes, ainsi que sur la métrique et sur la forme du poème. Elle est ainsi plus proche du vers libre. J’avoue que je préfère les poèmes qui comportent des rimes, ou des résonances dans les sonorités ; c’est le cas pour certains de ceux écrits par l’auteur : ils m’ont particulièrement touché. Ce genre de vers, par les sons, éveille quelque chose chez le lecteur, une émotion qui ne s’explique pas. C’est le cas notamment dans « Valse nocture », « Lune mouillée » et « Belle de Nuit ».

Les peintures qui accompagnent certains poèmes ne sont pas simplement là pour le plaisir d’ajouter quelque chose, mais font prendre sens à la lecture ; certaines sont également touchantes.

 

En définitive, un bon premier recueil, qui éveille l’intérêt et l’émotion du lecteur.

Supplément au voyage de Bougainville de Diderot

Posté : 11 janvier, 2016 @ 7:50 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Supplément au voyage de BougainvilleGenre : Essai, Classique

Editeur : Folio

Année de sortie : 2015

Nombre de pages : 95

Synopsis : Les Tahitiennes sont fières de montrer leur gorge, d’exciter les désirs, de provoquer les hommes à l’amour. Elles s’offrent sans fausse pudeur aux marins européens qui débarquent d’un long périple. Dans les marges du récit que Bougainville a donné de son voyage, Diderot imagine une société en paix avec la nature, en accord avec elle-même. Mais l’arrivée des Européens avec leurs maladies physiques et surtout morales ne signifie-t-elle pas la fin de cette vie heureuse ? Entre l’information fournie par Bougainville et l’invention, Diderot fait dialoguer deux mondes, mais il fait surtout dialoguer l’Europe avec elle-même. Il nous force à nous interroger sur notre morale sexuelle, sur nos principes de vie, sur le colonialisme sous toutes ses formes. Il nous invite à rêver avec lui à un paradis d’amours impudiques et innocentes. La petite île polynésienne ne représente-t-elle pas la résistance à toutes les normalisations ?

 

Avis : En voyant que j’allais étudier ce livre, j’ai eu un mauvais a priori et je pensais m’ennuyer à sa lecture.

Je me trompais ! Je ne m’attendais à un tel choc des civilisations ; car c’est bien ce que fait Diderot ici. Il prend l’Europe, le vieux monde qui se croit dominant et le plus civilisé, et il le confronte à Otaïti, Tahiti en réalité, faisant parler deux de ses membres pour montrer à quel point ils sont différents de nous, à notre détriment ! Là où les Européens se pensent plus civilisés parce qu’ils ont des lois et des mœurs religieuses et sociales, ils se retrouvent en face de leurs propres contradictions quand ils sont interrogés par les Otaïtiens, ne sachant comment leur faire comprendre leur morale. Ce qu’écrit Diderot est révolutionnaire, avant-gardiste pour son époque : ils veulent faire ouvrir les yeux aux Européens engoncés dans leurs préjugés, leur montrer qu’ils ne sont pas les meilleurs, qu’ils ne sont pas supérieurs, mais que, peut-être, leurs vices, leurs crimes et leur bêtise les placent à un rang inférieur de ceux qu’ils jugent comme des sauvages.   

Evidemment, même si l’on reconnaît l’intelligence et l’évidence des remarques des deux Otaïtiens, cela ne veut pas dire que l’on va vivre comme eux à notre tour. Diderot l’évoque à la fin de son essai : « Disons nous à nous-mêmes, crions incessamment qu’on a attaché la honte, le châtiment et l’ignominie à des actions innocentes en elles-mêmes, mais ne les commettons pas, parce que la honte, le châtiment et l’ignominie sont les plus grands de tous les maux. » Malgré le fait qu’il sache que les actions dont il parle ne sont pas immorales, il faut vivre avec son temps, et dans son temps, et donc respecter les mœurs de celui-ci. De plus, l’éducation que nous avons reçue nous empêche de concevoir certaines pratiques présentées dans le livre comme pouvant être les nôtres un jour, notamment les pratiques sexuelles ; A le dit bien quand il déclare qu’il est difficile de revenir sur ses mœurs, qui finissent par être ancrées en nous. Il faut des années pour s’en défaire.

L’auteur évoque également la religion dans son essai, montrant qu’elle est anti-naturelle et qu’elle corrompt les hommes « naturels » en leur imposant des lois difficiles à respecter. Il l’oppose à la nature, mais également à la société : ainsi l’homme se voit dicter sa conduite, et ne parvient jamais à faire coïncider les trois lois. La religion, au lieu de sembler pure, est ici corruptrice, ainsi que la justice : par les lois qu’elles formulent, elles proposent par-là même la transgression de cette loi, alors qu’elle ne serait pas venue dans la tête des hommes sans son opposé !

Les passages sur le fait d’avoir des enfants montrent à quel point cet événement est important, et à quel point les hommes en viennent à le mépriser. L’exemple de Polly Baker est parlant : parce que ses enfants sont hors-mariage, elle est méprisée, ainsi qu’eux, alors que la religion ne semble pas les condamner. Les hommes s’octroient ainsi le pouvoir des cieux et se permettent de juger des crimes qui ne sont pas de leur ressort ; il en est de même quand cela concerne les « sauvages » : ils se considèrent comme supérieurs et ont donc droit de vie et de mort sur eux. Ils ne comprennent pas leurs pratiques, se pensent adulés et donc se permettent de les mépriser, quand ils ne font que se servir d’eux.

Malgré cette liberté visible chez les « sauvages », et après réflexion et analyse, on peut pourtant se rendre compte qu’ils ne sont pas tout à fait libres. Leurs mœurs ne sont peut-être pas les nôtres, mais ils en possèdent tout de même, et elles sont assez contraignantes : tous doivent obligatoirement participer à l’acte sexuel, et faire des enfants. Les femmes semblent donc bien moins libres que les hommes, et même ceux-ci sont obligés de concevoir. Ceux qui n’en sont pas capables sont écartés de la vie en société. Cette liberté est donc relative, et ressemble assez à un petit enfer totalitaire.  

Il y a encore quantité de choses à dire sur ce livre, mais un article n’y suffirait pas. Ainsi, Diderot montre que l’autre n’est pas forcément inférieur, qu’il est même supérieur parce qu’il est resté naturel et ne se préoccupe pas de lois et de morales qui ne feraient que le rendre malheureux ; cela ne veut pas dire qu’il faut vivre comme le « sauvage », qui a lui aussi des contraintes importantes. Selon l’essai, l’homme européen, civilisé, est malheureux et aigri, il ne goûte pas le plaisir de la vie, mais passe à côté de celle-ci en pensant que tout est normal, quant le Tahitien vit, semble-t-il, comme bon lui semble, tout en étant lui aussi enchaîné par une morale.

 

En définitive, un excellent essai, qui vaut vraiment le coup d’être lu, et qui montre la bêtise des hommes qui se croient supérieurs aux autres parce que ces derniers sont différents.

Tentative d’épuisement d’un lieu parisien de Georges Perec

Posté : 11 janvier, 2016 @ 5:44 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien Genre : Contemporaine

Editeur : Editions Christian Bourgeois

Année de sortie : 2008

Nombre de pages : 50

Synopsis : En octobre 1974 Georges Perec s’est installé pendant trois jours consécutifs place Saint-Sulpice à Paris. A différents moments de la journée, il a noté ce qu’il voyait : les événements ordinaires de la rue, les gens, véhicules, animaux, nuages, et le passage du temps. Des listes. Les faits insignifiants de la vie quotidienne. Rien, ou presque rien. Mais un regard, une perception humaine, unique, vibrante, impressionniste, variable, comme celle de Monet devant la cathédrale de Rouen. Les mille petits détails inaperçus qui font la vie d’une grande cité – d’un quartier d’une grande cité. Les innombrables variations imperceptibles du temps, de la lumière, du décor, du vivant. Autobus, chiens, passants, touristes. « Ce qui se passe quand il ne se passe rien, sinon du temps, des gens, des voitures et des nuages. » Ce texte magistral dans l’œuvre de Perec figure à présent au rang des classiques.

 

Avis : Je devais lire ce livre pour un cours d’improvisation écrite, et je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre. J’étais assez intriguée, mais je ne l’aurais sans doute pas lu de moi-même.

Tout d’abord, j’ai trouvé ce livre très original : il nous montre un aspect banal de Paris que l’on ne voit pas si souvent, sans nous raconter d’histoire, et dans un genre que peu de gens connaissent ou apprécient : celui de la liste. J’avoue que ce genre m’intéresse par la poésie que l’on peut parfois en tirer, comme dans des extraits que j’ai lus de Notes de chevet de Sei Shonagon ; ici, les listes ont des thèmes, quand Perec préfère observer un quartier de Paris pendant trois jours pour décrire tout ce qu’il voit pendant cet espace de temps. Au début, j’ai eu peur que ce soit très monotone, surtout quand il reprend plusieurs fois la même ligne de train ; mais sa description est parfois coupée de réflexions, ce qui éveille l’intérêt du lecteur – même de petits mots comme « minuscules accidents » ont cet effet, puisqu’ils suggèrent tout ce que ce qui arrive implique pour la personne concernée. Pour autant, le livre est une longue description avec quelques variations, notamment sur l’heure, le temps qu’il fait, la lumière, le nombre de passants, de pigeons. L’auteur joue à chercher les différences entre le premier et le deuxième jour, et se demande ce que cela implique. Quant à l’écriture, elle est excellente, et l’on retrouve parfois des jeux de mots, ou sur les sonorités, qui montrent que, bien qu’il semblerait que tout le monde puisse s’asseoir sur un banc, observer les passants et retranscrire ce qu’il voit, c’est un véritable écrivain qui le fait ici, et que cette description est le prétexte d’autre chose : il montre ici le Paris auquel on ne fait pas attention, la vie quotidienne, celle des gens qui traversent la rue, qui prennent le bus. On aperçoit ici ce qui est de l’ordre de l’inaperçu, de l’évident mais que l’on ne regarde pas, l’envers du décor. Cela nous éloigne des romans qui font de Paris un personnage à part entière du livre.

 

En définitive, un livre intéressant qui montre un Paris que l’on n’a pas l’habitude de voir.

L’ombre de ton sourire de Mary Higgins Clark

Posté : 11 janvier, 2016 @ 11:37 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

L'ombre de ton sourire Genre : Policier

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 401

Synopsis : Olivia Morrow sait sa fin proche : l’heure est venue de révéler un terrible secret familial qu’elle est la seule à connaître. Qui pourrait en effet soupçonner sa cousine Catherine, une religieuse en voie de béatification, d’avoir eu un enfant, à dix-sept ans, et de l’avoir abandonné ? La petite-fille de Catherine, Monica, doit hériter de la fortune colossale de son grand-père, mais, pour qu’elle puisse en bénéficier, Olivia doit lui dire la vérité sur ses origines, rompant ainsi la promesse faite à sa cousine et déshonorant sa mémoire. Non sans risque, car certains n’ont aucun intérêt à ce que cette histoire éclate au grand jour … Un formidable suspense où Mary Higgins Clark mêle science, foi et quête d’identité dans une course haletante contre la mort.

 

Avis : Cela faisait un moment que je n’avais pas lu un policier, et je n’avais jamais lu de livre écrit par Mary Higgins Clark ; je me suis donc lancée !

L’intrigue est simple : une vieille dame mourante veut révéler à une jeune médecin prometteuse l’identité de ses grands-parents afin qu’elle puisse hériter de la fortune de son grand-père. Mais certaines personnes ne veulent pas que cet argent lui revienne, et vont tenter de faire taire Olivia Morrow. L’histoire aurait pu être palpitante, mais quelque chose manquait pour cela : le lecteur sait, dès le début, l’identité de l’assassin, pourquoi il agit, combien il a de complices. Dans les policiers que je lis habituellement, le lecteur doit chercher le coupable dans un jeu de piste adroitement mené par l’auteur ; l’absence de ce jeu m’a un peu manqué ici. Peut-être en raison de ce manque, je me suis sentie étrangement à l’aise dans ce livre : il est facile de démêler les ficelles des criminels, les intrigues annexes se greffent parfaitement à l’histoire principale, et le lecteur sait où l’auteur le mène. En réalité, on sait déjà comment tout va finir : c’est très, et même trop, prévisible. La solution saute aux yeux, tout va dans le sens du protagoniste. Ici, elle est en quête de ses origines, reprenant le flambeau de son père, qui ne connaissait pas l’identité de ses parents biologiques. Autre chose : j’ai trouvé qu’il y a beaucoup de personnages, ce qui tendait à complexifier l’intrigue ; et pas mal de répétitions, de rappels des événements qui viennent de se produire, de conversations rapportées plusieurs fois.

Je me suis facilement attachée à Monica Farrell, le personnage principal. Elle a tout pour plaire : jolie, généreuse, célibataire en quête d’amour, médecin accompli, pédiatre, intelligente. Mais elle semble bien naïve quand elle est victime d’une tentative de meurtre sans s’en rendre compte. Elle ne veut pas croire la police, et, à la fin, se retrouve parano à accuser tout le monde. Olivia Morrow est elle aussi attachante : elle est en proie à une lutte intérieure pour savoir si, oui ou non, elle révèle le secret de sa cousine Catherine. Elle est elle aussi naïve, et ne se rend pas compte des agissements de ses proches, qui complotent contre elle. Ryan Jenner est, comme Monica Farrell, une petite caricature : le beau gosse célibataire qui se rapproche de sa collègue et qui héberge une amie qui va tenter de tout faire capoter. Il est également facile de s’attacher à lui, mais, le schéma est assez barbant à force. Le Dr. Clay Hadley est également un stéréotype : celui de l’homme prêt à tout pour conserver les apparences, mais dont la conscience le torture. J’ai apprécié le personnage de Sally Carter autant que j’ai détesté celui de Renée Carter. Scott Alterman m’a semblé être un peu plus original, je l’ai apprécié. De nombreux autres personnages apparaissent ici ; certains sont des stéréotypes comme les Gannon, excepté Peter, que j’ai fini par prendre en pitié ; d’autres ne sont là que par hasard, et participent à l’intrigue sans s’en rendre compte, comme Sophie Rutowski ou la famille Garcia, adorable.

La fin est tout à fait prévisible, évidente. Aucune surprise ! Tout est bien qui finit bien ; parfois, c’est sympa de lire des histoires de ce genre.

 

En définitive, un bon policier, même si tout est prévisible et que l’assassin est déjà connu. Une bonne lecture détente.

 

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