Les Combustibles d’Amélie Nothomb
Editeur : Le Livre de Poche
Année de sortie : 2001
Nombre de pages : 89
Synopsis : La ville est assiégée. Dans l’appartement du Professeur, où se sont réfugiés son assistant et Marina, l’étudiante, un seul combustible permet de lutter contre le froid : les livres …
Tout le monde a répondu une fois dans sa vie à la question : quelle livre emporteriez-vous sur une île déserte ?
Dans ce huit clos cerné par les bombes et les tirs des snipers, l’étincelante romancière du sabotage amoureux pose à ses personnages une question autrement perverse : quel livre, quelle phrase de quel livre vaut qu’on lui sacrifie un instant, un seul instant de chaleur physique ?
Humour, ironie et désespoir s’entretissent subtilement dans cette parabole aux résonances singulièrement actuelles.
Avis :Il me semble qu’Amélie Nothomb n’a écrit qu’une seule pièce de théâtre, et j’ai eu envie de la lire, histoire de voir ce que cela donnait !
Rien qu’à l’idée de brûler un livre, je me sens mal : c’est vous dire le malaise que j’ai ressenti parfois en lisant ! Bien que certains considèrent que les livres ne soient que du papier et de l’encre, c’est beaucoup plus pour les lecteurs qui ne parviennent plus à s’en passer. L’importance de la littérature est mise en valeur ici par sa destruction : en détruisant les œuvres qui lui sont chères, l’homme se détruit lui aussi, détruit l’humanité en lui, sa dignité, et ce qui lui reste face à la guerre. Certes, la vie est plus importante, car si l’on meurt, on ne peut plus lire de toute manière ; mais sa préservation amène à son annihilation. Le froid tue lentement, mais l’immolation de ce que l’on aime aussi. L’auteure a inventé les noms des écrivains et des livres qu’elle cite, ce qui nous permet de ne pas imaginer totalement la destruction des œuvres que l’on aime, ou que l’on connaît : cela nous permet une certaine distance avec ce qui arrive dans le livre. J’ai eu énormément de mal à m’imaginer à la place des personnages, je ne me suis pas du tout identifiée à eux : que ce soit par leurs comportements, ou par leur façon de penser. En tout cas, j’ai retrouvé dans ce livre l’écriture très spécifique d’Amélie Nothomb, un écriture que j’aime toujours autant, à la fois cynique, sérieuse, poétique.
Les personnages, comme dans la plupart des romans de l’auteure, sont étranges pour le lecteur, qui a du mal à s’imaginer à leur place. Le professeur, d’abord : il nous montre une facette du métier d’universitaire qui est assez surprenante, même si elle n’est pas forcément vraie pour tous. Il semble une véritable contradiction, et pourtant, le lecteur comprend pourquoi il agit de la sorte. Il est un peu loufoque, et peut sembler assez pervers. Les livres ne semblent finalement pas avoir une grande importance pour lui, ou l’on peut penser qu’il a sombré dans la folie. Daniel est le personnage avec lequel le lecteur peut le plus facilement s’identifier : il garde ses principes et ses idéaux jusqu’au bout, et ne comprend pas que les autres ne fassent pas de même. Il veut les défendre bec et ongles, veut rester humain coûte que coûte, veut protéger les livres, sans rien pouvoir faire pour les sauver. Enfin, Marina est celle qui est la plus surprenante, et en même temps, la plus banale peut-être. Je ne me suis pas du tout identifiée à elle : elle réagit selon l’instinct animal, l’instinct de conservation semble-t-il. Elle ne pense qu’à se réchauffer, et les livres ne semblent plus compter que comme des combustibles, c’est d’ailleurs elle qui donne l’idée de les brûler.
La fin est évidente : après avoir détruit la littérature, l’homme s’autodétruit. Il y a un dernier espoir qu’un livre survive, et les hommes avec lui.
En définitive, j’ai trouvé que ce livre montrait bien l’importance de la littérature dans la vie de l’homme, et l’insignifiance de celle-ci si les livres disparaissaient. Une bonne œuvre, qui fait réfléchir, même si je préfère les romans de l’auteure.