Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour juillet, 2015

L’Homme qui rit de Victor Hugo

Posté : 10 juillet, 2015 @ 9:01 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

L'Homme qui rit Genre : Classique

Editeur : Pocket

Année de sortie : 2014

Nombre de pages : 762

Synopsis : Angleterre, fin du XVIIe. Un jeune lord est enlevé par une troupe de brigands et mutilé, la bouche fendue jusqu’aux oreilles. Abandonné durant une nuit d’hiver, l’enfant trouve refuge auprès d’un philosophe ambulant et devient saltimbanque, parcourant les routes et haranguant les foules aux côtés de son nouveau protecteur. C’est le début de quinze années d’errance pour celui qu’on surnommera, en référence à son visage défiguré, « l’Homme qui rit ». Mais, derrière ce sourire forcé, se cache une âme révoltée par l’arrogance de la noblesse …

 

Avis :Une de mes camarades de classe a fait un petit exposé sur ce livre en analysant deux passages du livre. Le lyrisme et la beauté des pages qu’elle a lues m’ont donné envie de le lire tout entier pour découvrir ce que je pensais être une merveilleuse histoire d’amour (je n’aime pas ça dans les livres récents, parce que c’est souvent à l’eau de rose, mais, dans les classiques, c’est souvent tragique, et là, j’aime). Seul petit hic : elle nous a lu la dernière page tout en nous disant que ce n’était pas la fin, alors que si … Je déteste les spoilers !!

Dès le début, j’ai eu du mal avec ce livre. Je comprends très bien qu’il faille installer l’intrigue, et qu’il faille des explications pour ce qui va arriver, mais je ne m’attendais tellement pas à ça que j’ai été déçue. Le livre commence par nous présenter Ursus, Homo et les comprachicos. Je me suis dit que c’était un passage obligé, étant donné que les deux premiers sont des personnages importants, et que les seconds sont à la base de l’histoire. On découvre ensuite Gwynplaine enfant. Ici, j’ai commencé à entrer dans l’histoire, et je me suis dit que j’allais rapidement m’attacher aux personnages. Mais on repart ensuite avec les comprachicos, et là … Je déteste les histoires en mer, les naufrages, et l’utilisation du vocabulaire ultra-technique de Victor Hugo à propos des bateaux et des consignes en mer ne m’ont pas du tout aidé. J’ai commencé à vraiment avoir du mal, et je me suis même dit que j’allais peut-être arrêter ma lecture. Mais j’avais envie de découvrir le passage lyrique, l’histoire de Gwynplaine et de Dea, jeune fille que j’avais trouvé éblouissante, même avec une seule page ! J’ai donc poursuivi, retrouvant Gwynplaine, mais le quittant presque immédiatement pour des histoires de lords. Bien sûr, cela a une importance pour l’histoire, mais les descriptions sont longues, et je me suis ennuyée parfois … C’est tout de même toujours intéressant de voir les intrigues de Cour, les manipulations que les grands utilisent entre eux, leur déconnexion de la réalité aussi, qui me semble toujours d’actualité. Ce n’est qu’au deuxième livre de la deuxième partie que j’ai retrouvé les pages lyriques que j’avais aimées, qui m’avaient émue. L’écriture de l’auteur est très belle, lyrique, et vise à transmettre une émotion authentique ; mais elle est aussi très alambiquée, compliquée. Il faut parfois savoir lire entre les lignes. Je ne vais pas tout raconter, mais par la suite, on alterne dans les différents univers que l’on a déjà entrevu, et la suite est plus plaisante que le début, même si ce n’est pas ce à quoi je m’attendais.

Les personnages, sans doute à cause des longues descriptions, ne sont pas vraiment attachants. Bien sûr, l’on a pitié d’eux. La misère tient la majorité d’entre eux, et les souffrances ne semblent pas prêtes de s’arrêter pour eux. Gwynplaine est déjà malheureux à cause de son visage, défiguré et déformé. L’auteur insiste énormément sur sa laideur, sur le fait qu’il ne peut plaire à aucune femme, et que son malheur est de faire rire les gens quand, en son for intérieur, il pleure ou se rebelle. C’est un personnage assez naïf, qui a connu les grandes misères de la vie, sans savoir ce qu’est le sexe. Lorsqu’il le découvre, il se sent souillé, et tente de s’arracher cette idée de la tête. Il est tourmenté entre différentes parties de sa vie, différentes personnes, et ne se rend pas tout de suite compte du jeu qu’est la vie pour les lords. Il va découvrir un monde très différent du sien, va l’appréhender avec sa candeur naturelle, et va se retrouver dans une misère encore plus profonde que celle qu’il a déjà connue. « Le mieux est l’ennemi du bien » : je pense que Gwynplaine représente bien cette expression. Il veut agir, mais en est incapable. Il veut faire ouvrir les yeux au monde d’en haut tout en restant dans le monde d’en bas, et essuie un échec cuisant à cause de sa malédiction. J’ai vraiment eu mal au cœur pour lui, et cela montre vraiment que les apparences comptent souvent plus que la réalité : le masque que l’on porte est celui que les autres voient, et ils ne se préoccupent pas de ce qui est au fond de nous, de notre véritable nous, de notre âme. Le personnage auquel j’ai vraiment pu m’attacher et qui m’a conquis dès le début est Dea. Elle est une étoile dans un monde d’obscurité, elle est tout pour Gwynplaine, et elle aussi peut faire mal au cœur. Aveugle, elle voit autre chose que ce que nous voyons normalement. Il y a, en effet, dans le livre, une vraie réflexion sur l’apparence et la réalité, incarnée à la fois par Dea et Josiane (surtout dans le passage de sa salle de bain !). Dea ressemble véritablement à un ange, elle est pure, douce, et mérite une vie toute aussi douce qu’elle. Sa cécité sonne comme une bénédiction et un palliatif à la malédiction de Gwynplaine. Josiane, quant à elle, est perfide, vicieuse, et manipulatrice. Le type même de la lady qui pense que le monde est à ses pieds, et qu’elle peut en faire ce qu’elle veut. On côtoie également des personnages comme Ursus, philosophe, médecin, un peu tout en fait, qui semble bourru et haineux envers le genre humain, mais qui n’est en réalité qu’un ours mal-léché, qui aime sincèrement ceux qui vivent avec lui ; Homo, loup civilisé, le pilier d’Ursus, qui les suit comme un chien ; Barkilphedro, l’ingrat par excellence, manipulateur et destructeur de vie, qui ne pense qu’à son bonheur, et à son argent. Les multiples lords nous montrent une facette de la noblesse que l’on connaissait déjà : leur indifférence face aux misères du peuple, et leur ignorance aussi. En effet, ce livre est aussi une réflexion sur la noblesse et son absence de conscience de ce que vit le peuple. Ils sont riches, et ne voient pas pourquoi ils aideraient le peuple. Les questions qui les concernent sont celles de leur argent, et pas des problèmes du petit peuple.

L’histoire d’amour entre Gwynplaine et Dea est une des plus belles que j’ai lues. Elle est pure, douce, platonique, rien de charnel ne la trouble, mais, à cause de cela, rien de concret ne les lie. Leur lien est spirituel, leurs âmes sont amoureuses, et leurs corps les gênent plus qu’ils ne les aident. Ils sont liés depuis leur rencontre, mari et femme sans l’être. Les passages qui racontent leur amour sont parmi les plus beaux que j’ai lus, et c’est pour cette raison que j’ai lu ce livre. J’ai aimé ma lecture grâce à ces pages. Mais je pense vraiment que sans les descriptions, trop nombreuses à mon goût, le livre serait encore mieux ! Par exemple, à la fin, Gwynplaine monte dans un bateau, et là, l’auteur ne trouve rien de mieux à faire que de nous décrire le bateau avec tout un tas de termes techniques au lieu de nous dire ce qui arrive au personnage. L’action est interrompue brutalement, et je trouve que ça empêche le lecteur de pleinement entrer dans l’histoire et de l’apprécier à sa juste valeur.

La fin est superbe de lyrisme, et d’une tristesse incommensurable. La vie ne peut pas être plus cruelle je pense. J’ai vraiment trouvé que Roméo et Juliette avaient trouvé leurs égaux !

 

En définitive, j’ai aimé ce livre pour son lyrisme amoureux, pour Dea, pour une belle histoire d’amour, pour des réflexions profondes, mais je trouve que les descriptions gâchent vraiment certaines scènes. Je me suis parfois ennuyée, et se fut une lecture laborieuse, mais je ne pense pas que je vais l’oublier de sitôt aux vues de la fin !

La Ligne Verte de Stephen King

Posté : 3 juillet, 2015 @ 9:17 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

La Ligne VerteGenre : Fantastique

Editeur : J’ai lu

Année de sortie : 2001

Nombre de pages : 509

Synopsis : « Ça s’est passé en 1932, quand le pénitencier de l’Etat se trouvait encore à Cold Mountain. Naturellement, la chaise électrique était là. Ils en blaguaient, de la chaise, les détenus, mais comme on blague des choses qui font peur et auxquelles on ne peut échapper. Ils la surnommaient Miss Cents Mille Volts, la Veuve Courant, la Rôtisseuse. » Dans le bloc des condamnés à mort, au bout d’un long couloir que les prisonniers appellent la ligne verte, la chaise électrique attend John Caffey. Le meurtrier des petites jumelles Detterick, jadis découvert en larmes devant leurs cadavres ensanglantés. Paul Edgecombe, le gardien-chef, l’accueille comme les autres, sans état d’âme. Pourtant, quelque chose se trame … L’air est étouffant, la tension à son comble. Un rouage va lâcher, mais pourquoi ? Les provocations sadiques d’un maton dérangé, la présence d’une souris un peu trop curieuse, l’arrivée d’un autre condamné ? Aux frontières du roman noir et du fantastique, ce récit est avant tout une brillante réflexion sur l’exécution capitale.

 

Avis :  J’ai tenté de faire comme le disait l’auteur : lire peu à peu, épisode par épisode, comme le livre avait été publié à l’origine, mais aussi le lire collectivement. J’ai lu le premier épisode avec grand plaisir, et j’ai attendu une semaine pour lire la suite, mais je n’ai pas pu m’arrêter une seconde fois aussi longtemps. Pour le collectif, personne dans mon entourage n’aime vraiment lire, ou ils préfèrent le faire à leur rythme, donc je l’ai lu seule.

Dès le synopsis, le lecteur sait que c’est une histoire prenante, qui ne va pas le laisser indemne. L’on suit Paul Edgecombe qui nous raconte précisément l’année 1932 au pénitencier de Cold Mountain, il est narrateur de sa vie, parle directement aux lecteurs. Il est gardien-chef de la prison, et travaille au bloc E, celui où se trouvent les condamnés à mort. Son écriture est très personnelle, elle est donc tout de suite très touchante. Le lecteur s’attache facilement au narrateur/personnage : on oublie presque que c’est une histoire inventée et l’on a vraiment l’impression que les personnages ont existé. Ce livre est un concentré et un mélange d’émotions plus intenses les unes que les autres : l’indignation et la tristesse dominent, mais l’on ne peut négliger la beauté de certains passages. En réalité, un seul mot me vient pour ce livre : frappant ! Le lecteur prend une véritable gifle en pleine figure, parce qu’il s’attache à des personnages qui vont mourir, ou qui souffrent. Le mal est omniprésent, et le bien semble sur le point d’être vaincu à chaque instant. L’on se trouve toujours sur un fil, si fin que l’on tangue à chaque instant.

Comme je l’ai dit, Paul, le narrateur, est très attachant. Il entretient bien le suspense par de petites allusions à la suite de l’histoire sans tout de suite donner de détails. Il emploie également l’humour pour dédramatiser la situation : le lecteur ne peut qu’imaginer la pression sur les épaules des gardiens, et la tension qui règne au bloc E. Il est normal d’avoir besoin de se détendre. Paul semble être un roc face à la tempête de ses souvenirs. Il veut raconter son histoire, même soixante ans après, et il tient le coup. Sa douleur effroyable est perceptible. Il a vu peu à peu partir tous ceux qu’il aimait : le lecteur ne peut qu’imaginer sa souffrance. Il est seul maintenant. Autre chose à propos de ce personnage : je n’ai pas compris tout de suite l’intérêt de son problème de santé dans l’histoire. J’ai trouvé ça assez étonnant au début, et puis je me suis dit que c’était sans doute pour que ce soit encore plus personnel. Finalement, il est clair que ce problème a une importance considérable, et qu’il fait vraiment partie de l’intrigue. Venons-en à John Caffey … Je crois que c’est un de mes personnages préférés dans toute la littérature, et un de ceux qui m’ont le plus marquée. Il est si maladroit, innocent, doux. Dès le début, j’ai eu vraiment du mal à l’imaginer faire du mal à une mouche. Le lecteur a envie de le protéger de la vie, et du monde. Il est tellement triste, désespéré par l’Humanité et le mal qui y règne que c’en est bouleversant. C’est aussi un très beau personnage, quelqu’un que l’on oublie difficilement. J’avoue que je me suis beaucoup accrochée à lui, et que j’ai beaucoup espéré pour lui. Le lecteur découvre également d’autres personnages comme les autres gardiens, Brutus, Dean, Harry, auxquels on s’attache facilement pour diverses raisons. Ils sont très différents les uns des autres mais sont amis, et se soutiennent mutuellement. Del est aussi attachant, ce qui est assez perturbant pour le lecteur. C’est un être abominable, et pourtant, dans le bloc E, il vit aussi joyeusement que possible, bavarde avec les gardiens, rit avec eux. Et le pire, c’est que le lecteur oublie peu à peu qui il était, et ne se souvient que de ce qu’il est actuellement. Wharton est une horreur, je ne vois rien d’autre à dire sur lui : c’est un pervers, et peut-être le seul que le lecteur espère voir mourir. Percy est insupportable, un homme abject qui n’a pas sa place où il se trouve. Il est pervers également, mais d’une autre façon : il aime se délecter de la souffrance des autres et est lâche à souhait. Ce qu’il fait à Delacroix est tout simplement immonde. Et le pire, c’est qu’il cherche à se justifier !! A vomir … Janice, la femme de Paul, est attachante elle aussi, parce que son mari l’aime passionnément, et cela se sent dans sa façon de parler d’elle. Elle est forte, et tente tout pour sauver ceux qui le méritent. Elle est un pilier pour Paul, et ne l’accable pas quand il prend des décisions difficiles. Elaine Connely semble être un reflet de Janice, donc tout aussi attachante. Elle lui ressemble beaucoup, et, même âgée et malade, elle reste intransigeante quand il s’agit de protéger ceux qu’elle aime. Hal et Melinda Moores ont un rôle important à jouer dans cette histoire, surtout la seconde. Il est facile de la trouver attachante dans sa fragilité, et sa sénilité. Quant à lui, son métier est difficile et l’use, c’est visible, surtout à la fin.

Il y a une véritable réflexion ici sur la peine capitale : elle est vraiment peu à peu montrée comme une abomination, une horreur inhumaine. Le pénitencier utilise la violence contre la violence, et cela finit par faire réfléchir ceux qui exécutent les condamnés. Paul Edgecombe travaille depuis de longues années au bloc E, et on peut penser qu’il est particulièrement apte à juger la condamnation à mort. Par exemple, le fait que le sac que l’on met sur la tête du condamné soit pour les témoins montre bien qu’ils veulent assister à la mort du criminel, mais qu’ils ne veulent pas voir son visage torturé, sans doute parce qu’ils pourraient en ressentir de la honte. La mort d’Edouard Delacroix est tout simplement abominable, et les témoins ne le supportent pas, même s’il a tué plusieurs personnes de façon horrible. J’ai eu du mal à lire ce passage, et j’ai eu mal au cœur en repensant aux scènes qui concernaient Delacroix, des scènes plutôt joyeuses où l’on oublie qu’il a tué. En effet, le lecteur s’attache aux condamnés, comme les gardiens, même si ce sont des criminels notoires. Del est très apprécié, et sa mort est difficile à vivre pour tout le monde. Sans parler de John Caffey … Il est le bien incarné, et pourtant, il est condamné à la chaise, sans jamais s’en plaindre. Cela donne vraiment à réfléchir, et le lecteur se révolte peu à peu contre la peine capitale. Bien sûr, il y a aussi des criminels comme Wild Bill Wharton, qui méritent de mourir pour le lecteur comme pour les gardiens. Il semble également y avoir une réflexion sur la religion : avant de mourir, les condamnés ont droit de prier avec un pasteur, ou seul, pour le salut de leur âme. Dieu condamne les criminels, qui brûleront en Enfer. Pourtant, un événement contrarie cette logique religieuse, et remet en question le « bien-fondé » de la peine capitale pour certains. En effet, que se passe-t-il si un condamné est en réalité innocent ?

La fin est éprouvante (quelques larmes, forcément …), un peu comme tout le livre, mais elle est plutôt logique et prévisible. Elle nous assure que nous n’oublierons pas cette histoire de sitôt, et surtout pas John Caffey. J’avoue que je m’étais imaginée beaucoup de fins différentes, jusqu’à la toute fin, si je puis dire. Enfin, concernant Paul, j’ai eu un peu mal au cœur pour lui. Il se retrouve seul avec ses souvenirs, et c’est assez affreux, quand on y pense. Je vais bientôt regarder le film !

 

En définitive, un coup de cœur, un chef-d’œuvre formidable, et une formidable claque en pleine figure ! Inoubliable !

 

Challenge des 100 livres à lire au moins une fois

12
 

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