The Lovely Bones d’Alice Sebold
Editeur : Little, Brown and Company
Année de sortie : 2002
Nombre de pages : 328
Synopsis : When we first meet Susie Salmon, she is already in heaven. As she looks down from this strange new place, she tells us, in the fresh and spirited voice of a fourteen-year-old girl, a tale that is both haunting and full of hope. In the weeks following her death, Susie watches life continuing without her – her school friends trading rumors about her disappearance, her family holding out hope that she’ll be found, her killer trying to cover his tracks. As months pass without leads, Susie sees her parents’ marriage being contorted by loss, her sister hardening herself in an effort to stay strong, and her little brother trying to grasp the meaning of the word gone. And she explores the place called heaven. It looks a lot like her school playground, with the good kind of swing sets. There are counselors to help newcomers adjust and friends to room with. Everything she ever wanted appears as soon as she thinks of it – except the thing she wants most: to be back with the people she loved on Earth. With compassion, longing, and a growing understanding, Susie sees her loved ones pass through grief and begin to mend. Her father embarks on a risky quest to ensnare her killer. Her sister undertakes a feat of remarkable daring. And the boy Susie cared for moves on, only to find himself at the center of a miraculous event.
Avis : J’ai vu le film adapté du livre il y a quelques années, et je n’en avais gardé aucun souvenir excepté une impression à la fois de malaise et de féerie avec le paradis de Susie. Je me suis dit que je pouvais lire le livre, qu’il devait être mieux que le film, comme la plupart du temps.
Je ne m’attendais pas vraiment à ce que j’ai lu. Je pensais lire une véritable course poursuite entre la famille de Susie et son tueur. Je m’attendais à de l’action et à des moments féériques pendant lesquels les deux mondes se touchent. En fait, dès le début du livre, je me suis sentie mal à l’aise. Je trouve que l’écriture, la narration, n’est pas adaptée à ce que ressent le lecteur. Il est indigné, écœuré, dégouté, il veut que le tueur de Susie paie pour ce qu’il lui a fait. C’est aussi le cas de la jeune fille au début, mais peu à peu, elle devient pacifique et veut simplement que tout aille bien sur Terre pour sa famille. L’impression de malaise n’a fait que s’amplifier. En effet, le lecteur sait qui est le tueur, contrairement à tous les autres personnages excepté Susie. Je dois avouer que certains passages m’ont rendue malade et que j’ai vraiment souhaité que l’auteure ouvre les yeux de ses êtres de papier. Ils passent à côté du tueur tous les jours, et ne se doutent même pas que c’est lui. Après la « course poursuite » qui n’en était pas vraiment une, j’ai trouvé qu’il n’y avait pas vraiment d’action. On suit la vie des membres de la famille de Susie qui tentent de survivre à la mort de leur fille/sœur. Ils ont tous une façon particulière de vivre leur deuil : l’un veut se rendre invulnérable, et un autre doit partir. On suit les décisions et les événements qui surviennent sur leur chemin. Le lecteur découvre également le paradis de Susie, un endroit étrange, composé de plusieurs lieux et où certains morts se rencontrent. Parfois, j’ai eu un peu de mal avec le fait que Susie soit un fantôme parmi les membres de sa famille : l’histoire des personnages est assez terre-à-terre et le fait que ce soit une petite fille morte qui la raconte est assez étrange. De plus, dès le début, des ellipses et des flashbacks ont lieu : les événements sont chronologiquement mélangés, ce qui peut rendre le lecteur confus. C’est assez troublant de passer de 1973 à 1961, au futur, au passé. Sinon, l’écriture est très belle, certains passages sont très beaux ; je suis passée complètement à côté d’autres.
Susie est une petite fille attachante, sans aucun doute. Elle nous raconte le jour de sa mort, et il m’a semblé que l’auteure voulait la rendre courageuse. Elle éparpille les différents moments : quand le criminel l’a abordé, quand il l’a mise en confiance, quand il l’a violée puis tuée. Elle se rend compte de l’horreur de la situation et sait qu’elle va mourir, et elle ne sait que penser à sa mère qui l’attend. C’est une jeune fille très émouvante, qui finit par renoncer à la vengeance pour permettre à sa famille de se reconstruire peu à peu sans elle. Elle veut leur apparaître, elle veut leur parler et les rassurer, mais elle comprend que l’ »Inbetween » ne peut être franchi que sous certaines conditions. Elle suit chaque membre de sa famille, mais aussi ses amis, Ray et Ruth, les regardant évoluer, les rapprochant, les protégeant comme elle le peut. Jack Salmon semble le plus visiblement affecté par la disparition de Susie. C’est un personnage qui déchire le cœur du lecteur. Il ne parvient pas à gérer sa souffrance, et elle se répercute sur les autres. La mort de sa fille semble une épreuve insurmontable. Il est celui qui veut absolument arrêter son tueur, et aussi le premier à le découvrir sans rien pouvoir faire contre lui. Ses actions ne font qu’augmenter sa souffrance déjà immense. La vie d’Abigail Salmon est entièrement remise en question par la mort de sa fille. Elle se rend compte de celle qu’elle mène et se met, semble-t-il, à regretter ses actes passés. Ce n’était pas la vie dont elle rêvait. Elle a une façon particulière de gérer son deuil, tout à fait différente de celle de son mari. La réflexion de Susie sur Abigail, la femme, et Mrs Salmon, la mère, est très intéressante. Elle montre qu’une femme se trouve en chaque mère, et que, parfois, la première s’efface pour la seconde, mais reste toujours présente, prête à refaire surface quand le moment l’exigera. Lindsey Salmon est celle qui doit faire face au retour à l’école après la disparition de sa sœur. Elle doit affronter les murmures, les regards, les amis de Susie qui se servent de son histoire pour se faire mousser. Elle veut s’endurcir, ne pas vivre dans l’ombre de sa sœur disparue, mais aussi aider son père à se libérer du poids de la connaissance : celle du tueur de la jeune fille. J’ai particulièrement aimé ce personnage, qui vit sa vie tout en gardant Susie à l’esprit, tout en la voyant partout et en voulant la venger. Buckley Salmon est trop petit pour vraiment comprendre ce qui est arrivé à la jeune fille, mais, avec le temps, il tente de gérer la situation du mieux qu’il le peut. Il grandit, et elle reste toujours auprès de lui. Il doit faire face aux conséquences sur sa famille alors qu’il est encore jeune, et cela le marque. Ray Singh et Ruth Connors, les amis de Susie, sont sans doute ceux qui en savent le plus sur ce qui lui est arrivé (en tout cas, c’est le cas à la fin !). Ray est amoureux de la jeune fille quand elle meurt et se remet difficilement de sa perte ; Ruth est effleurée par Susie au moment où elle quitte la Terre, ce qui la marque pour la vie, et la lie définitivement à la jeune fille. Grandma Lynn est également un personnage attachant qui tente de recoller les morceaux aux endroits où ils s’effritent et qui tente de venir en aide à sa famille. Enfin, le tueur, que Susie suit également, est écœurant dans son efficacité à dissimuler son forfait. Le meurtre qu’il commet ne le hante pas : il s’en délecte et garde un trophée. Vraiment le genre de personnage que le lecteur a envie de tuer de ses propres mains !
Ce livre est clairement une réflexion sur la façon de gérer son deuil, comment surmonter l’insurmontable. Rien qu’en pensant à ce que les parents doivent ressentir quand leur fille ne rentre pas à l’heure convenue, j’ai mal au cœur. Ce n’est pas une œuvre sur une jeune fille qui aide ses parents à découvrir le meurtrier et à le mettre sous les barreaux comme je le pensais, mais un livre sur la reconstruction d’une famille après son explosion. Susie assiste à toutes les étapes, et apparaît parfois à certains membres de sa famille pour les mettre sur la bonne voie. Il est très difficile de s’imaginer vivre sans quelqu’un que l’on aime et avec lequel on vit, même en lisant ce livre. Je n’ai pas eu envie d’imaginer, c’est peut-être pour cette raison que ce livre n’est pas un coup de cœur.
La fin concernant Ray et Ruth m’a semblé à la fois étrange et belle. Un des vœux de Susie se réalise enfin, mais de façon un peu détournée. Concernant sa famille, c’est également une belle scène. Elle leur dit au revoir à tous. Le dernier chapitre traite de la vie des personnages après que Susie soit partie : celle de Lindsey, belle et pleine de possibilités, celle des parents de la jeune fille, celle de Buckley, mais aussi celle de son tueur. Je dois avouer que, même à ce moment-là, j’ai été très frustrée !
En définitive, je m’attendais vraiment à autre chose, mais j’ai tout de même aimé ce livre qui nous montre une famille qui tente de se retrouver après la mort d’un de ses membres. De beaux passages, mais d’autres à côté desquels je suis passée, et une sensation de malaise au début.