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Archive pour le 29 juin, 2015

The Crucible de Arthur Miller

Posté : 29 juin, 2015 @ 11:45 dans Avis littéraires, Coup de cœur | 2 commentaires »

The CrucibleGenre : Théâtre

Editeur : Penguin Plays

Année de sortie : 1976

Nombre de pages : 152

Synopsis : A classic of the American theater – Arthur Miller’s tense, ingeniously multilayered drama of principle and paranoia. The place is Salem, Massachusetts, in 1692, an enclave of rigid piety huddled on the edge of a wilderness. Its inhabitants believe unquestioningly in their own sanctity. But in Arthur Miller’s edgy masterpiece, that very belief will have poisonous consequences when a vengeful teenager accuses a rival of witchcraft – and then those accusations multiply to consume the entire village. First produced in 1953, at a time when America was convulsed by a new epidemic of witchhunting, The Crucible brilliantly explores the threshold between individual guilt and mass hysteria, personal spite and collective evil. It is a play that is not only relentlessly suspenseful and vastly moving but that compels readers to fathom their hearts and consciences in ways that only the greatest theater ever can.

 

Avis : Je voulais lire cette pièce (elle était dans ma Wish-List), mais sans hâte, ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Il m’a été prêté (je ne me suis même pas rendue compte tout de suite que je connaissais ce livre), et j’ai tout de suite adoré la couverture. Elle porte mes couleurs, et je la trouve à la fois très sobre et esthétique. C’est donc avec plaisir que je me suis lancée dans cette lecture.

Le lecteur se trouve donc à Salem en 1692. C’est évidemment une histoire de sorcières (le village est célèbre pour cela), à une période où des tas de gens sont exécutés pour sorcellerie, avec des preuves tellement minces qu’elles font peine à voir. On découvre ici une nouvelle facette de l’histoire, ce qui l’a motivé, comment elle aurait pu se passer. Le lecteur se rend vite compte de l’ignorance des juges, et de leur avidité à vouloir absolument condamner un maximum de personnes pour sorcellerie au nom de Dieu, comme si le fait de les juger coupables leur ouvrait la voie du Paradis. Ils se prennent pour des sauveurs, mais on ne les voit que comme des exécuteurs, des tortionnaires injustes qui se laissent avoir par des gamines. Les preuves sont inexistantes, mensongères ou invisibles, les victimes sont clairement innocentes, ce qui indigne d’autant plus le lecteur. Elles sont bonnes, et n’ont rien à voir avec le Diable. Les accusateurs sont clairement mus par la vengeance ou la peur. C’est révoltant de voir une telle perversité et une telle persévérance dans le mensonge (pour faire souffrir ou par peur de perdre la face) : même quand ils sont découverts, ils arrivent encore à se sortir d’affaire et à faire payer d’autres à leur place. Les juges préfèrent tuer un innocent que de se rendre compte qu’ils ont commis une erreur judiciaire impardonnable. De plus, au début de la pièce, les personnages nous sont présentés : cela semble être un prétexte pour écrire de mini essais sur la religion, et sur son rapport avec la politique. L’opinion de l’auteur est clairement donnée, et l’on se rend vite compte que c’est une espèce de critique de la société de son temps. Ce qu’il dit est entré en écho avec ce que je pense, et je me suis tout de suite dit que j’allais aimer cette pièce. Ces petits essais lui apportent encore plus de réflexion. De plus, elle plonge le lecteur dans un suspense digne d’un policier : jusqu’à la fin, il ne peut pas savoir ce qui va se passer, ce qui va arriver aux personnages. Enfin, l’écriture est très agréable à lire et donne une lecture fluide malgré quelques mots non compris en VO.

Concernant les personnages, le premier à apparaître est Parris, un homme d’église. Il est assez énervant : il ne peut s’empêcher de parler pour sauver sa peau, lui dont la fille pourrait être accusée d’être une sorcière. Il se cache donc derrière le procès pour la sauver, son nom et son honneur avec. Proctor, quant à lui, est un homme qui a ses faiblesses, mais qui ne veut pas que les autres en pâtissent à sa place. Il est responsable, et préfère se dénoncer que de voir souffrir des innocents. De plus, il semble être la base de cette histoire, puisqu’il est directement impliqué dans la vengeance d’Abigail. Celle-ci est une jeune fille qui veut se venger du village en accusant ceux qui l’ont insultée d’être des sorcières et sorciers. J’ai eu un peu pitié d’elle au début, pendant un petit moment, puis j’ai ressenti un grand dégoût pour elle. C’est le genre de personnage qui révulse ou fascine le lecteur. Ce n’est qu’une gamine qui se rend bien compte des conséquences de ses actes, et qui plonge Salem dans une période meurtrière où chacun peut être soupçonné de frayer avec le Diable si elle décide de mentionner son nom. Elle entraîne avec elle ses amies, qui ne semblent pas oser la défier, excepté Mary Warren. Cette jeune fille semble facile influençable et manipulable, faible face aux autres personnages. Elle connaît la vérité, et le lecteur aimerait qu’elle s’affirme pour la déclamer au grand jour. L’âge des jeunes filles (dans les 17 ans) montre aussi l’inconstance des ados qui pensent qu’ils peuvent dire ce qu’ils veulent et faire ce qu’ils veulent, que si c’est pour se venger, la personne l’a bien mérité. Elles font preuve d’une immaturité et d’une malveillance sans nom. Le juge Danforth, quant à lui, ne veut pas perdre la face : il trouve donc un ensemble de stratagèmes pour prouver que les jeunes filles ne mentent pas, qu’il ne s’est pas fait duper. Même si les habitants lui prouvent qu’il a tort et qu’il risque d’exécuter des innocents, il trouve des preuves invisibles ou mensongères pour montrer qu’il y a sorcellerie. Le révérend Hale est un personnage sympathique venu aider Salem avec son histoire de sorcières. Il ne connaît pas les habitants, et a donc un regard plutôt objectif sur la situation. Il se retrouve pourtant à endosser le mauvais rôle et, quand il s’en rend compte, il est déjà trop tard. Il fait ensuite tout pour tout arranger. Le lecteur croise d’autres personnages dans cette pièce, comme Elizabeth, une femme qui respire la douceur et la bonté, Rebecca, qui semble un ange à en croire les descriptions des autres habitants, Giles Corey, malheureux fermier dont la troisième femme est accusée de sorcellerie et qui connaîtra un destin tragique, Francis Nurse, qui prône que sa femme est une sainte, qui apporte des preuves, mais qui n’est pas même écouté, les autres jeunes filles qui suivent Abigail, Betty, Ruth, Mercy, etc, qui m’ont paru beaucoup plus ressembler à des sorcières que les femmes dont elles parlent.

La scène 2 de l’acte 2 a été supprimée par l’auteur ; dans cette édition, elle se trouve à la fin du livre. C’est un dialogue entre Proctor et Abigail où le lecteur se rend compte que la jeune fille, soit pense vraiment qu’elle agit selon Dieu, soit veut absolument convaincre Proctor du bien-fondé de ce qu’elle fait. Elle pense même qu’il est d’accord avec elle. Sa vengeance n’est en réalité vraiment dirigée que vers une seule personne, et les autres en pâtissent parce qu’ils l’ont insulté après ce qu’elle a fait avant la pièce.

Dieu est évidemment très important dans cette pièce, mais l’on se rend compte aussi des horreurs que l’on peut faire en son nom. Le fanatisme des jeunes filles, leurs mensonges mènent à la destruction et à la mort d’innocents. Elles disent agir pour la religion, elles disent être des saintes, et les juges les croient en fermant les yeux sur la vérité et la réalité. Je n’ai pas pu m’empêcher de trouver un écho de cette situation de mensonge religieux dans l’actualité.

La fin n’est pas vraiment une surprise, même si elle est très triste et révoltante. Il semble évident que le personnage concerné ne pouvait pas agir autrement, par honneur, mais aussi pour ses amis qui vont mourir. Ainsi, à la fin, les morts se sont enchaînées, mais le triomphe est partagé entre les deux camps : ceux des menteurs qui gagnent, quoi qu’il arrive, et ceux des innocents qui perdent la vie en gagnant le Paradis.

 

C’est donc une excellente pièce, que je relirais sans doute, qui nous transporte à Salem et nous fait réfléchir sur la religion et les hommes.

 

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