Ce qui nous lie de Samantha Bailly
Editeur : Milady (Grande Romance)
Année de sortie : 2013
Nombre de pages : 282
Synopsis : Alice a un don. Les liens entre les individus lui apparaissent sous forme de fils lumineux. Un phénomène inexplicable qu’elle a appris à dissimuler … et à utiliser pour démasquer les hommes infidèles et venger les femmes trompées. Mais au fond, Alice aspire à retrouver une vie « normale », celle du bureau, des collègues et des relations simples. Son nouveau job dans un cabinet de recrutement semble lui offrir tout cela, et plus encore. Parmi les personnalités variées qui cohabitent dans l’open space, elle rencontre Raphaël, chasseur de têtes et de cœurs, un homme inaccessible qui ne la laisse pas indifférente. Le seul dont Alice n’arrive pas à percevoir les liens …
Avis : J’ai acheté ce livre sur un coup de tête, et j’avais très envie de le lire ; mais j’ai laissé traîner un peu. Je me suis donc enfin décidée !
Je ne m’attendais à rien de spécial, donc je n’avais pas d’a priori. Et je pense que ça a sauvé ma lecture. J’ai vu de nombreux avis négatifs parce que les lecteurs attendaient quelque chose de précis. J’ai passé un bon moment avec ce livre, je me suis laissée porter par l’écriture de Samantha Bailly qui, soit dit en passant, me semble bien refléter celle d’une nouvelle génération d’écrivains en herbe. C’est une écriture sincère, authentique, qui ne cherche pas ses mots, claire, et qui peut parfois embarrasser le lecteur : je ne sais pas vraiment pourquoi, mais je me suis parfois sentie gênée face aux mots employés, à l’expression. De plus, c’est un livre écrit à la première personne narrative, ce qui plonge le lecteur dans l’histoire directement : j’aime beaucoup être immergée dans les livres sans préparation, même si c’est souvent assez déroutant. Autre chose : même si certains n’ont pas du tout aimé les sauts dans le temps effectués par le personnage, je dois dire que ça a ajouté quelque chose à ma lecture. J’ai aimé ces ellipses, même si elles anticipaient beaucoup sur les événements. Je trouve qu’elles donnaient encore plus envie de savoir ce qui s’est passé entre deux. Bon, c’était aussi assez frustrant, mais les pièces du puzzle s’emboîtent finalement. Ensuite, c’est vrai qu’il y a une romance, mais l’histoire ne m’a pas paru centré dessus, et je préfère ça ! Je n’aime pas trop les histoires à fond sur la romance, où la fille est une gourde, et se fait avoir à tous les coups parce qu’elle n’est pas lucide, ne fait pas assez attention. Je trouve ça très énervant ! Ici, ce n’est pas vraiment le cas, heureusement ! J’ai trouvé que l’intrigue se concentrait sur le combat intérieur qui bouleverse Alice. Elle tente de comprendre, elle veut tout contrôler, ce qui est assez énervant parfois. Enfin, l’on se retrouve ici dans une ambiance de bureau assez agréable à première vue, où tout le monde doit se tutoyer, où tout le monde est censé bien s’entendre, mais où certaines tensions sont bien palpables.
Je me suis un peu attachée au personnage d’Alice : son histoire m’a fait mal au cœur, elle a vécu des choses difficiles qui la hantent encore et l’empêche de vivre pleinement sa vie. Je ne peux pas dire qu’elle ressemble aux héroïnes habituelles des romances, elle est au contraire plutôt atypique. Elle est très lucide, et tente de ne pas se laisser aller. Elle a une carapace épaisse, elle s’est endurcie, et ne veut laisser personne pénétrer dans son cercle privé. Je l’ai parfois trouvé un peu énervante : grâce à son don, elle pense connaître les gens, et les jugent dès le premier regard. Elle est perspicace, elle sait de quoi elle parle, mais elle ne sait pas se détendre. C’est une héroïne très tourmentée, qui partage ses pensées avec le lecteur. J’ai eu des sensations assez mitigées par rapport à ce personnage. Je l’ai aimé à la fin. Concernant Raphaël, il est le type même du gars mystérieux que l’on ne rencontre que dans les romans. Il résiste au don de l’héroïne, il m’a fait penser à Bella dans Twilight, qui résiste au don d’Edward, ce qui intrigue les deux personnages et les rapprochent. Il est aussi le type même de celui qui aime courir les filles et ne supporte pas qu’une d’entre elles ne succombe pas à son charme. Il est agaçant pour Alice et pour le lecteur, il semble arrogant, mais se révèle tout de même à elle peu à peu, la laisse pénétrer ses défenses. Son comportement vers la fin du livre est assez incompréhensible si l’on n’a pas tous les éléments, que l’on découvre à la fin. Quant aux autres personnages, il est très facile de s’attacher à certains d’entre eux au fur à et mesure qu’Alice les voit différemment et s’attache aussi à eux : Shamin, une jeune femme qui semble rigide et inaccessible, mais qui s’avère différente en réalité ; Romain, le petit stagiaire qui ne sait pas draguer, qui est la risée de ses collègues mais qui reste charmant dans sa maladresse ; Sébastien, le coureur de jupons qui, à première vue, peut indigner le lecteur par sa façon de traiter les femmes, mais qui lui aussi s’avère différent et se révèle peu à peu à Alice comme un personnage attachant ; John, l’ami d’enfance, le pilier, qu’Alice aime tendrement ; Tim, l’ex copain, le salaud qui a un peu tout déclenché ; la grand-mère d’Alice, si attachante et douce.
Pour le côté fantastique, en fait, je me rends compte que je l’ai peu à peu oublié. Le don d’Alice est intégré à sa vie, il est tout à fait normal pour elle. Elle le découvre un jour, et nous raconte comment il apparaît, puis comment il ne la lâche plus, ses recherches pour comprendre. Mais, finalement, ce n’est pas ce qui compte le plus : ce qui compte, c’est comment Alice voit les gens, son intuition un peu, même si son don l’aide quand même beaucoup. J’ai trouvé que ce roman était plus psychologique que fantastique en fait, mais ce n’est pas un mauvais point.
La fin n’est pas prévisible, mais pas si surprenante au vu du personnage d’Alice et de son évolution. Elle a changé, mais elle reste égale à elle-même : indépendante et lucide.
En définitive, un bon roman, plus psychologique que fantastique, qui nous montre le combat d’une jeune femme pour enfin accepter de vivre, et ne plus fuir face aux autres. Ce livre me donne envie de lire d’autres livres de Samantha Bailly !