The Loneliness of the Long-Distance Runner de Alan Sillitoe
Editeur : Signet
Année de sortie : 1994
Nombre de pages : 176
Synopsis : The classic collection of short fiction from ‘one of the best English writers of our day’ – The New York Times. ‘Cunning is what counts in life’, says the seventeen-year-old narrator of the title piece of this exuberant collection of darkly comic tales that established Alan Sillitoe as one of England’s best writers and gave a voice to an entire generation of angry young men. There is the rebellious youth of ‘The Loneliness of the Long-Distance Runner’, whose running becomes a metaphor for his refusal to bow to societal rules in a delinquents’ home. ‘On Saturday Afternoon’ tells the story of a young man, fed up with life and angry at the world, who learns a life lesson when he stumbles across a neighbour attempting suicide. In ‘Noah’s Ark’, a boy who plays a con game at an amusement park gets taken for a spin himself. And ‘The Decline and Fall of Frankie Buller’ is a rollicking tale of unbriedled childhood fantasy and a moving tribute to the liberating powers of imagination. Poignant, often uproarious, and full of life, these nine stories provide stunning social commentary, a collection that stands as a modern classic.
Avis : Ce livre m’a été prêté avec un paquet d’autres par quelqu’un que j’apprécie beaucoup et qui participe désormais à mon acquisition de culture littéraire !
J’aime beaucoup les nouvelles, et je trouve qu’il n’y en a pas assez dans la littérature en général, et c’est vraiment dommage. Je trouve que c’est très agréable de lire de petites histoires sans lien les unes entre les autres. Cela peut avoir autant d’impact qu’un roman, peut faire autant réfléchir, et peut aussi bien détendre. Ici sont réunies neuf nouvelles, toutes liées à une exposition de la société telle qu’elle est en Angleterre dans les années juste avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, toutes montrant des tranches de vie assez difficiles, un peu étranges parfois, par exemple dans ‘On Saturday Afternoon’. Souvent les nouvelles sont un peu tristes si on prend du recul, toujours surprenantes dans la réflexion des personnages en tout cas ! C’est une vision du monde que je n’avais pas du tout, donc c’est vraiment un changement d’horizon. L’écriture est particulière, car, lorsque l’auteur écrit à la première personne, il utilise la façon de parler des personnages qu’il a créés, l’argot qu’il est un peu difficile de comprendre parfois, puisque c’était une lecture VO (je ne sais pas si ce livre est sorti en français d’ailleurs, je n’avais jamais entendu parler de cet auteur). Dans le reste des nouvelles, l’écriture est très bonne, très fluide, relativement facile à comprendre.
Dans ‘The Loneliness of the Long-Distance Runner‘, l’on découvre un jeune garçon qui a une façon de penser qui m’a paru complètement décalée ! Pour lui, son honnêteté n’est pas celle du directeur de Borstal, établissement pour jeunes délinquants ; pour le jeune protagoniste, la vie est une lutte entre ceux qui sont comme lui et ceux qui sont comme le directeur. Pourtant, jusqu’à la fin, le lecteur se demande si le protagoniste ne va pas changer d’avis sur ce qu’il a décidé dès le début : en effet, il est placé dans l’intériorité du personnage, et il suit la moindre de ses pensées. Cela donne quelques répétitions, puisqu’il semble beaucoup ressasser. Lors de la course finale, le lecteur a l’impression d’une extension du temps : tout ce qui est « raconté », ce sont les pensées du protagoniste, avec quelques interruptions liées à la course, mais elle ne semble pas au cœur de l’intrigue, c’est plutôt ce que le personnage en pense qui compte : ce n’est donc pas le fait, mais ce qu’il représente qui importe. La seconde nouvelle est ‘Uncle Ernest‘, la triste histoire d’un homme qui se sent seul, qui n’a personne, et qui va trouver du réconfort comme il peut. La fin est assez triste, il ne voulait pas faire de mal à qui que ce soit, et pourtant, c’est comme cela que la plupart des gens l’ont ressenti, et l’on peut penser qu’en réalité, c’est aussi comme cela que ça se serait passé. Dans ‘Mr. Raynor the School-Teacher‘, l’on découvre un professeur un peu particulier, qui préfère regarder par la fenêtre plutôt que de faire cours, et qui se laisse aller à penser à des filles qu’il ne fait qu’apercevoir, filles qui prennent leur envol ou dont les ailes sont coupées trop tôt. En ce qui concerne ‘The Fishing-Boat Picture‘, le lecteur découvre un couple un peu particulier, qui ne semble pas vraiment s’aimer. Puis, l’histoire finit peu à peu par tourner autour d’un tableau de bateau, le dernier de la flotte. J’ai trouvé cette nouvelle assez étrange, surtout parce que le lecteur ne possède que le point de vue de l’homme, et pas celui de Kathy, qui agit de plus en plus bizarrement. Elle est très mystérieuse, il est très difficile de la cerner, et à la fin, on ne comprend toujours pas vraiment pourquoi elle a fait tout ça, mais simplement qu’elle n’a fait que lui mentir. Dans ‘Noah’s Ark‘, un jeune garçon suit son cousin Bert dans ses « aventures » pour obtenir de l’argent. Il rêve d’être riche, de pouvoir aider ses parents, de pouvoir se faire plaisir aussi. Il est tiraillé entre la culpabilité de ne penser qu’à lui, en tant que jeune enfant confronté à la misère, et l’envie de faire des choses d’enfants, de s’amuser à la foire, de manger à sa faim, et de faire un tour sur l’arche de Noé. La fin est un peu triste, puisque après une journée d’amusement, le lendemain, tout sera pareil, la même misère, le même manque d’argent, et le même abattement.
Dans ‘On Saturday Afternoon‘, j’ai trouvé l’histoire assez étrange, et frappante. Un jeune garçon vit dans une famille où l’on est violent lorsque l’on est énervé, sans raison apparente. Il rencontre un homme qui a acheté une corde, et une fois qu’il l’a entendu dire à une dame qu’il allait se suicider, il le suit, afin de voir ce qu’il va vraiment faire. Les deux personnages dialoguent, et l’enfant ne réagit pas comme on aurait pu s’y attendre. La fin est assez inattendue, mais une leçon est restée au petit garçon comme au lecteur. Dans ‘The Match‘, le lecteur découvre un homme qui semble avoir des problèmes de vue, et qui se trouve à un match de football avec un ami. L’on se trouve dans les pensées du personnage sans point de vue interne, ce qui permet de savoir des choses que Lennox ne sait pas. La fin est significative : la colère ne mène à rien, et il est normal que ceux qui la subissent sans l’avoir provoquée se rebellent contre elle. La nouvelle ‘The Disgrace of Jim Scarfedale‘ met en scène Jim Scarfedale, sa mère et le narrateur, qui les espionne. Il découvre ainsi la vie de ses voisins, et notamment celle d’un jeune garçon qui ne sait pas se séparer de sa mère pour voler de ses propres ailes. Il reste dans ses jupons. C’est alors qu’il se marie sans parler de la jeune femme à sa mère. Le narrateur pense à une rébellion, enfin ! Mais ce n’est pas exactement ça … La dernière nouvelle, ‘The Decline and Fall of Frankie Buller‘ commence par la présentation d’une bibliothèque qui impressionne les visiteurs de son propriétaire, Alan. Il se souvient alors de Frankie Buller et de son enfance à se battre pour le gang du jeune homme, bien plus âgé que ses disciples. On le découvre, détesté par ces concitoyens parce qu’il entraîne les enfants dans des bagarres, des histoires de guerre, alors que la véritable guerre s’approche de l’Angleterre. La fin montre la décadence de celui qui était le chef du narrateur.
J’ai trouvé ces nouvelles assez pessimistes en réalité ! Elle montre la vie populaire, la misère des gens qui travaillent sans jamais avoir assez pour vivre convenablement, et les conséquences de cette misère sur les enfants et les jeunes, qui sont le centre de ces nouvelles. J’ai préféré la première aux autres, je l’ai trouvé assez profonde, et c’est celle qui m’a le plus frappé par le fait que ce n’est pas du tout la façon de penser que l’on rencontre habituellement.
En définitive, un très bon recueil de nouvelles, qui nous montre une façon de penser très différente de la nôtre, mais aussi une misère que l’on ne connaît pas, et qui frappe aussi bien par les mots que par les images qu’ils créent.