Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Geisha d’Arthur Golden

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 21 avril 2015 @ 12 h 29 min

GeishaGenre : Historique, Aventure

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 601

Synopsis : A neuf ans, Sayuri est vendue par son père à une maison de plaisir de Kyoto. Dotée d’extraordinaires yeux bleus, la petite fille se plie avec docilité à l’initiation difficile qui fera d’elle une vraie geisha. Art de la toilette et de la coiffure, rituel du thé, science du chant, de la danse et de l’amour : Sayuri va peu à peu se hisser au rang des geishas les plus convoitées de la ville. Ecrit sous la forme de mémoires, ce récit a la véracité d’un exceptionnel document et le souffle d’un grand roman.

 

Avis : Cela faisait un moment que je voulais lire ce livre (comme à peu près tous les livres de ma PAL …), mais une amie m’a poussé à commencer par celui-ci, en me disant que je ne le regretterais pas. Appréciant particulièrement de découvrir le Japon, et pouvant difficilement résister à une telle couverture, j’ai plongé !

Dès le synopsis, le lecteur sent que ce sera triste, et difficile pour la jeune héroïne. N’étant encore qu’une petite fille, elle est vendue par son propre père, et quitte son petit village de pêcheurs pour une ville dont elle ne sait rien, Kyoto, afin de devenir geisha. Avant de lire ce livre, j’avais un certain nombre d’a priori sur ce métier japonais. Je le rapprochais des prostituées ordinaires, mais je me suis vite rendue compte que cela n’avait pas grand-chose à voir. L’essentiel du métier de geisha n’est pas sexuel, il consiste à divertir des hommes par les arts, ou simplement en leur tenant compagnie. J’ai donc complètement plongé dans la découverte de cette nouvelle facette du Japon. Plus j’en lis sur ce pays, et plus je me rends compte que je n’en sais pratiquement rien ! Chaque lecture qui le concerne m’en apprend beaucoup, mais pas encore assez me semble-t-il. Revenons à l’histoire en elle-même ! Découvrir le quartier de Gion, et même les différents paysages de Yoiroido, Senzuru et Kyoto avant la Seconde Guerre mondiale, m’a vraiment fait voyager. La petite Sayuri avait l’habitude de se baigner dans un étang, dans son village, et elle nous le fait découvrir, comme la maison de M. Tanaka à Senzuru, ou l’okiya Nitta à Gion. Le lecteur aurait presque envie de se promener dans ces endroits que l’on ne trouve pas en Occident, où la tradition pèse sur les personnes qui doivent l’honorer. En effet, Sayuri, ainsi que toutes les autres geishas ou apprenties geishas, doivent s’y plier afin de conserver leur rang, ou d’en acquérir un plus élevé. Certains passages sont simplement étranges, puisque très éloignés de notre éducation occidentale ; mais d’autres sont aussi choquants. Pour se faire connaître, ou détruire une rivale, les geishas sont parfois prêtes à tout, comme Hatsumomo. La carrière d’une geisha peut être compromise par une simple histoire inventée. De plus, Arthur Golden a choisi la narration à la première personne, ce qui nous permet vraiment d’entrer dans le monde des geishas. Sayuri nous raconte son histoire, et la poésie naturelle des Japonais se retrouve dans son récit, avec les nombreuses images qu’utilise la jeune fille. C’est vraiment une très bonne façon d’inclure le lecteur dans un univers qu’il ne connaît pas. De plus, le prologue donne l’illusion d’une véritable histoire, d’une personne qui a vraiment existé et qui désire vraiment nous raconter sa vie. Enfin, avec cette narration, le personnage principal peut nous expliquer certains rituels ou certains termes que l’on ne peut comprendre sans cela, comme mizuage, danna ou la cérémonie des sœurs, mais aussi mieux nous faire éprouver des sentiments comme la tristesse, la haine, ou le dégoût qu’elle ressent.

Concernant les personnages, je les ai trouvé très réalistes et complexes : ce ne sont ni des caricatures ni des simplifications de personnages. D’abord, il est très facile de s’attacher à Sayuri. Lorsqu’elle commence son récit, elle n’est plus geisha, et elle parle directement au lecteur pour lui dire qu’elle va lui raconter son histoire. Un lien se crée tout de suite avec ce personnage qui va nous guider dans un monde que l’on ne connaît pas. Tout commence pour elle dans un petit village, Yoroido, où elle vit avec son père, sa mère et sa sœur, Satsu. Elle y sera arrachée et sera emmenée de force à Gion, dans une okiya où vivent Mère, Granny, Tatie, Pumpkin et Hatsumomo, la grande ennemie de Sayuri. Elle éprouve alors, au fil de son histoire, tout un tas de sentiments assez contradictoires parfois. De la tristesse et du désespoir d’avoir perdu son foyer, de la reconnaissance pour ceux qui l’aident, de la haine pour ceux qui la méprisent et la maltraitent, de la joie face à ses réussites, de l’amour aussi pour un personnage qu’elle n’oubliera jamais. Dans certains passages, la réaction du personnage pourrait être la nôtre, mais parfois, il est difficile de s’imaginer dans sa situation, lors du mizuage, ou du passage du théâtre à Amani par exemple. Tout le long du livre, Sayuri se bat pour réussir, travaille, tente de montrer qu’elle peut devenir une grande geisha, et reçoit une aide à laquelle elle ne s’attendait pas. Elle fait aussi des choix étranges parfois, mais reste guidée par le désir de conquête de celui qu’elle aime. Hatsumomo, quant à elle, est un personnage détestable, cruel, égoïste, qui ne recherche que son propre intérêt et tente d’écraser ses rivales. C’est grâce à elle que l’on découvre Mameha. La rivalité entre ses deux femmes est une clé importante de l’histoire. Elles sont l’opposé l’une de l’autre. Hatsumomo fera tout pour gâcher la vie de Sayuri, quand Mameha n’use pas de ce genre de moyens pour détruire quelqu’un : elle se sert plutôt de ce que la personne est déjà. La fin de la première m’a fait pitié, bien que je l’aie détesté la majeure partie du livre ; quant à la seconde, le lecteur peut s’attacher à elle tout en ayant une certaine réserve parfois, puisqu’elle est aussi prête à tout, notamment dans le passage du couteau de la cuisinière. Pumpkin est un personnage qui évolue dans ce livre : elle passe d’enfant à adulte, mais se trouve aussi sous la férule d’Hatsumomo, ce qui n’aide pas son amitié avec Sayuri. Elle m’a parfois fait pitié, et je me suis un peu attachée à elle ; mais un passage nous fait tout remettre en question sur ce personnage. Il est possible de comprendre son attitude, mais elle n’en est pas moins choquante. Tatie, Mère et Granny sont les femmes qui se trouvent à l’okiya Nitta : la première est assez attachante, et est proche de la petite Sayuri ; j’ai trouvé les deux dernières détestables du début à la fin, de vieilles mégères qui ne pensent qu’à l’argent. Les hommes sont parfois importants eux aussi, c’est notamment le cas d‘Iwamura Ken, personnage récurrent mais à propos duquel on ne sait pas vraiment se faire d’opinion car la narratrice n’est pas objective quand elle nous parle de lui ; Nobu Toshikazu, un homme bon au physique repoussant à qui le lecteur peut s’attacher, et que l’on plaint parfois ; le Baron, ou l’homme le plus haïssable du livre. D’autres personnages marquent le lecteur, comme le personnage de Satsu, la sœur de Sayuri, vouée à un destin malheureux à première vue, les parents de Sayuri, et surtout sa mère.

Les geishas sont parfois très jeunes quand elles commencent leur formation, et leur mizuage est convoité par certains hommes. Les pratiques qui tournent autour de lui sont assez choquantes. Un passage raconte la découverte du sexe par Sayuri : elle se voit expliquer ce qui se passe lorsqu’un homme « se couche sur » une femme. Ce récit peut faire rire, car la tradition et la façon de présenter le sexe ne sont pas du tout les mêmes dans le Japon traditionnel et en Occident actuellement, mais il peut aussi alarmer le lecteur, car la fille est jeune et comprend ce qui se passe par images. C’est aussi une façon plus poétique d’en parler que de le dire crûment.

La fin m’a assez surprise, je ne pensais vraiment pas à ce genre de scénario, mais, en prenant du recul, il y avait quelques indices. J’ai trouvé que c’était plutôt une belle fin.

 

En définitive, un livre coup de cœur qui nous fait découvrir une nouvelle facette du Japon, et qui m’a donné envie d’en découvrir encore plus !

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