Faust de Goethe
Editeur : Librio
Année de sortie : 1995
Nombre de pages : 155
Synopsis : Méphisto rend parfois visite au Seigneur; qui ne dédaigne pas de parler au diable. Surtout s’il s’agit de Faust, ce savant, ce magicien … Satan aimerait tellement le tenter, le faire trébucher, gagner son âme pour l’éternité. Et Dieu y consent. Car c’est le rôle du démon d’aiguillonner l’homme pour l’empêcher de sombrer dans la paresse. Méphisto approche alors Faust sous la forme d’un chien noir. Entre eux deux, c’est le grand marchandage. Le Malin offre au docteur la jeunesse, la puissance et la gloire. Celui-ci promet de se donner au diable si d’aventure quelque chose sur cette terre le retient ! Pari téméraire ! Lorsqu’après avoir bu le philtre de la sorcière, Faust découvre Marguerite dans sa beauté parfaite, il est prêt à se damner …
Avis : Ce livre m’avait l’air intéressant, et j’avais envie de le lire pour aborder un peu la littérature allemande, que je n’ai pas encore vraiment découverte.
L’œuvre commence par un prologue sur le théâtre : il nous donne une certaine vision de celui-ci, du dramaturge, mais aussi du public, que l’auteur doit satisfaire avant tout. Je ne me suis pas vraiment attardée dessus, j’avais surtout hâte de lire la pièce en elle-même. Tout commence avec, comme le dit le synopsis, une visite de Méphistophélès à Dieu : ceux-ci parlent de Faust, et le Seigneur consent à ce que Satan tente de le séduire et de lui faire oublier la voie de la lumière. A ce moment, l’on ne connaît pas encore le docteur, qui apparaît ensuite seul en scène, inquiet, désespéré, et invoquant un esprit. Comme d’ordinaire, quand je lis des pièces de théâtre, j’ai su m’imaginer les lieux dans lesquels se déroulaient les actions, les personnages, et les scènes. Mais le texte, tout en subtilité et en images, m’a parfois un peu bloquée. L’écriture est très belle, mais chargée, et y transpire le romantisme de l’époque. Il n’est pas toujours évident de comprendre où l’auteur veut en venir. La nature est très présente, ainsi que la plainte et le désespoir pour Faust de se voir assigner comme compagnon le diable. L’on assiste ici à la manipulation du docteur par le diable ; Faust ne se rend compte que trop tard qu’il a été utilisé. Les différents lieux où se situe l’action sont tour à tour démoniaques et ordinaires : on passe de l’antre d’une sorcière au jardin de Marthe, de la nuit du sabbat à la chambre de Marguerite. C’est assez décousu, et peut-être un peu confus pour le lecteur.
Concernant les personnages : tout en sachant à qui il a à faire, Faust ne se méfie pas assez de Méphistophélès. Il le juge à son service, et se pense incorruptible. Il le suit dans les endroits que celui-ci veut lui montrer pour le débaucher : une taverne, la demeure d’une sorcière, la nuit du sabbat. Il ne soupçonne pas que c’est dans un être pur qu’il va trouver sa perdition. Faust est le représentant du romantisme dans l’œuvre : c’est par lui que Goethe fait montre de son lyrisme, évoque la nature et la perte. Le personnage de Méphistophélès est le corrupteur, le démon tentateur envoyé par Dieu vers Faust pour le tester et voir s’il restera dans le chemin du Seigneur. Il use de toutes les ruses dont il est capable pour berner le docteur, et notamment le philtre de la sorcière, que Faust accepte de boire, et qui le mènera à sa perte. Marguerite semble l’incarnation de la pureté, la rose virginale corrompue par le mal. Douce et vulnérable, elle reconnaît le diable en Méphistophélès, mais se laisse charmer par Faust, qu’elle aime au point de tout faire pour lui. Cet amour pour le docteur la conduira à sa perte. Les autres personnages sont moins prépondérants, mais jouent tout de même un rôle important : Marthe sera utilisée par le diable, Valentin sera une pièce du puzzle de ce qui arrivera à Marguerite, les démons et sorcières sont les compagnons de Faust quand il est auprès du diable.
La fin est mêlée d’espoir et de désespoir. Le premier concerne Marguerite, notamment avec ce que dit une voix qui vient du ciel. Le second concerne Faust, berné et manipulé, qui n’a pas le temps de se repentir, et qui est emmené loin de Marguerite.
Je viens de découvrir que Nerval était le traducteur, et je dois dire que, dans le lyrisme des monologues de Faust, cela se voit. J’aime beaucoup l’écriture de cet auteur, c’est sans doute pour cela que j’ai particulièrement aimé celle-ci, plus que l’histoire, un peu confuse.
En définitive, une pièce intéressante, qui nous relate la corruption d’un homme qui pense pouvoir résister au diable, mais qui se retrouve pris dans les filets de l’amour.