Redbluemoon

I found myself in Wonderland.

Archive pour mars, 2015

Faust de Goethe

Posté : 28 mars, 2015 @ 1:10 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

FaustGenre : Théâtre, Classique

Editeur : Librio

Année de sortie : 1995

Nombre de pages : 155

Synopsis : Méphisto rend parfois visite au Seigneur; qui ne dédaigne pas de parler au diable. Surtout s’il s’agit de Faust, ce savant, ce magicien … Satan aimerait tellement le tenter, le faire trébucher, gagner son âme pour l’éternité. Et Dieu y consent. Car c’est le rôle du démon d’aiguillonner l’homme pour l’empêcher de sombrer dans la paresse. Méphisto approche alors Faust sous la forme d’un chien noir. Entre eux deux, c’est le grand marchandage. Le Malin offre au docteur la jeunesse, la puissance et la gloire. Celui-ci promet de se donner au diable si d’aventure quelque chose sur cette terre le retient ! Pari téméraire ! Lorsqu’après avoir bu le philtre de la sorcière, Faust découvre Marguerite dans sa beauté parfaite, il est prêt à se damner …

 

Avis :  Ce livre m’avait l’air intéressant, et j’avais envie de le lire pour aborder un peu la littérature allemande, que je n’ai pas encore vraiment découverte.

L’œuvre commence par un prologue sur le théâtre : il nous donne une certaine vision de celui-ci, du dramaturge, mais aussi du public, que l’auteur doit satisfaire avant tout. Je ne me suis pas vraiment attardée dessus, j’avais surtout hâte de lire la pièce en elle-même. Tout commence avec, comme le dit le synopsis, une visite de Méphistophélès à Dieu : ceux-ci parlent de Faust, et le Seigneur consent à ce que Satan tente de le séduire et de lui faire oublier la voie de la lumière. A ce moment, l’on ne connaît pas encore le docteur, qui apparaît ensuite seul en scène, inquiet, désespéré, et invoquant un esprit. Comme d’ordinaire, quand je lis des pièces de théâtre, j’ai su m’imaginer les lieux dans lesquels se déroulaient les actions, les personnages, et les scènes. Mais le texte, tout en subtilité et en images, m’a parfois un peu bloquée. L’écriture est très belle, mais chargée, et y transpire le romantisme de l’époque. Il n’est pas toujours évident de comprendre où l’auteur veut en venir. La nature est très présente, ainsi que la plainte et le désespoir pour Faust de se voir assigner comme compagnon le diable. L’on assiste ici à la manipulation du docteur par le diable ; Faust ne se rend compte que trop tard qu’il a été utilisé. Les différents lieux où se situe l’action sont tour à tour démoniaques et ordinaires : on passe de l’antre d’une sorcière au jardin de Marthe, de la nuit du sabbat à la chambre de Marguerite. C’est assez décousu, et peut-être un peu confus pour le lecteur.

Concernant les personnages : tout en sachant à qui il a à faire, Faust ne se méfie pas assez de Méphistophélès. Il le juge à son service, et se pense incorruptible. Il le suit dans les endroits que celui-ci veut lui montrer pour le débaucher : une taverne, la demeure d’une sorcière, la nuit du sabbat. Il ne soupçonne pas que c’est dans un être pur qu’il va trouver sa perdition. Faust est le représentant du romantisme dans l’œuvre : c’est par lui que Goethe fait montre de son lyrisme, évoque la nature et la perte. Le personnage de Méphistophélès est le corrupteur, le démon tentateur envoyé par Dieu vers Faust pour le tester et voir s’il restera dans le chemin du Seigneur. Il use de toutes les ruses dont il est capable pour berner le docteur, et notamment le philtre de la sorcière, que Faust accepte de boire, et qui le mènera à sa perte. Marguerite semble l’incarnation de la pureté, la rose virginale corrompue par le mal. Douce et vulnérable, elle reconnaît le diable en Méphistophélès, mais se laisse charmer par Faust, qu’elle aime au point de tout faire pour lui. Cet amour pour le docteur la conduira à sa perte. Les autres personnages sont moins prépondérants, mais jouent tout de même un rôle important : Marthe sera utilisée par le diable, Valentin sera une pièce du puzzle de ce qui arrivera à Marguerite, les démons et sorcières sont les compagnons de Faust quand il est auprès du diable.

La fin est mêlée d’espoir et de désespoir. Le premier concerne Marguerite, notamment avec ce que dit une voix qui vient du ciel. Le second concerne Faust, berné et manipulé, qui n’a pas le temps de se repentir, et qui est emmené loin de Marguerite.

Je viens de découvrir que Nerval était le traducteur, et je dois dire que, dans le lyrisme des monologues de Faust, cela se voit. J’aime beaucoup l’écriture de cet auteur, c’est sans doute pour cela que j’ai particulièrement aimé celle-ci, plus que l’histoire, un peu confuse.

 

En définitive, une pièce intéressante, qui nous relate la corruption d’un homme qui pense pouvoir résister au diable, mais qui se retrouve pris dans les filets de l’amour.

Frankenstein de Mary Shelley

Posté : 25 mars, 2015 @ 4:07 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Frankenstein Genre : Classique, Science-Fiction

Editeur : Penguin Classics

Année de sortie : 1992

Nombre de pages : 215

Synopsis : Mary Shelley’s fable of the new Prometheus is the only Gothic novel that still reaches a wide and appreciative audience. A brilliant synthesis of contemporary philosophy, literary influences and personal vision, Frankenstein was a bestseller but not a great critical success when it first appeared in 1818. Frankenstein’s presumptuous act of creation, although begun with the best of intentions, is doomed to failure, for man cannot hope to penetrate the secrets of nature. In recounting this chilling tragedy, Mary Shelley demonstrates both the corruption of an innocent creature by an immoral society and the dangers of playing God with science. For this newly revised edition of Frankenstein, Maurice Hindle has made many editorial additions. These include a collation of the texts of 1818 and 1831 and the reprinting of Dr John Polidori’s ‘The Vampyre’, making this companion tale to Frankenstein available for the first time. His masterly Introduction places this extraordinary novel in its historical and literary context.

 

Avis : Cela fait un bon moment que je veux lire ce livre, un classique de la littérature anglaise de science-fiction. Je la place souvent près de Dracula et de Strange Case of Dr. Jekyll and Mr. Hyde. Et je pense que, dans mon top livre, j’ai raison.

Tout comme dans ces deux livres, j’ai trouvé tout ce que j’aime dans Frankenstein : à la fois de l’horreur et de la fantasy, mais on peut ici ajouter du lyrisme et un certain romantisme également. La façon de raconter l’histoire est intéressante : Frankenstein raconte son histoire à Walton, le capitaine d’un navire pris dans les glaces. Cela permet vraiment au lecteur d’entrer dans le livre, et de vivre ce qui est raconté puisque l’on a l’impression que c’est à nous que Frankenstein parle directement, avec ses apostrophes et ses allusions à son présent. L’histoire est, évidemment, terrifiante, mais elle l’est encore plus aujourd’hui, me semble-t-il, avec les avancées de la science. J’ai un peu vu, dans le monstre de Frankenstein, les robots que l’on crée de nos jours, et qui pourraient un jour échapper à leur créateur. C’est assez impressionnant de s’imaginer dans la situation présentée par l’œuvre. Et, avec la façon dont le livre est écrit, on s’identifie facilement aux personnages.

En ce qui les concerne, ils sont assez ambivalents. On peut ressentir de la sympathie pour Frankenstein, qui va tout perdre, et qui va, par là même, nous faire de la peine. Mais l’on en ressent aussi pour le monstre : malgré ses crimes, il est touchant par sa bonté naturelle, par son amour de la race humaine, de la nature, de la vie en général. On peut s’imaginer à sa place tout comme à celle de Frankenstein. En même temps, c’est assez étrange d’apprécier le « méchant » de l’histoire : le monstre est très repoussant par ses actes, par sa haine et la revanche qu’il veut prendre sur son créateur, qui lui aussi, nous indigne : s’il avait pris ses responsabilités, peut-être que l’histoire aurait été différente. Après tout, les créations sont comme des enfants qu’il faut éduquer et aider, qu’il faut couver pour leur faire prendre leur envol petit à petit, et non les laisser dans la nature, livrés à eux-mêmes. Les autres personnages sont aussi attachants. Tout d’abord, Elizabeth et le père de Frankenstein, vus par les yeux de ce dernier. La première est comme une petite fleur qui s’épanouit sous les yeux du personnage principal, qui l’aime sincèrement. Le second semble émouvant et simple, aimant avec ses enfants. Il est également facile de s’attacher au petit William, qui n’apparaît pas beaucoup dans le livre. L’on ne peut que ressentir une tristesse immense quand l’on découvre son destin. On s’attache aussi à Félix, Agatha et leur père, De Lacey, même si ceux-ci sont présents pendant un court passage. Ils ont tout de même une place prépondérante dans la vie du monstre, et l’on s’y attache à travers lui. Clerval et Walton sont également des personnages que l’on apprécie. Ce sont deux amis de Frankenstein très différents l’un de l’autre. Le premier incarne la joie et l’amitié pure et dure, dans le sens où il pourrait faire n’importe quoi pour son ami. Le dernier prend la place du lecteur pendant la majeure partie du récit, donc l’identification avec lui est très forte. Il reçoit l’histoire que nous-mêmes nous recevons.

On peut lire et interpréter l’œuvre de différentes façons : parfois celles-ci sont données dans le synopsis. Par exemple, le fait que l’homme veuille devenir créateur, veuille créer la vie et donc prendre la place de Dieu sur Terre. La punition divine est fatale à celui qui désire donner la vie autrement que naturellement : tel peut être le message. Mais on peut également voir dans le monstre l’homme lui-même, corrompu par sa propre société, corrompu par les autres hommes, un homme qui était bon à la base et qui se pervertit au contact des autres. Le livre peut donc donner une vision très noire de l’Humanité, très pessimiste, qui m’a un peu fait penser à Rousseau, dans sa théorie de l’homme naturel, et de l’homme culturel. On peut également simplement lire le livre comme une histoire d’horreur, sans aucune métaphore. Enfin, ce livre fait réfléchir sur le fait de créer et la responsabilité du créateur envers la créature, comme je le disais à propos du monstre.

La fin est à la fois prévisible et inattendue : prévisible pour ce qui arrive à Frankenstein ; inattendue pour la réaction du monstre. En fait, on aurait pu s’y attendre aussi avec du recul.

 

En définitive, un livre passionnant, haletant, terrifiant, qui fait réfléchir. C’est une de mes œuvres favorites.

 

Challenge des 100 livres à lire au moins une fois

Hors champ de Sylvie Germain

Posté : 18 mars, 2015 @ 8:30 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Hors champGenre : Contemporaine

Editeur : Le Livre de Poche

Année de sortie : 2012

Nombre de pages : 185

Synopsis : En l’espace d’une semaine, Aurélien, un homme ordinaire, va progressivement disparaître. Il est de plus en plus hors champ, perdant jusqu’à sa voix, son odeur et son ombre. Au fur et à mesure de cette genèse à rebours, il sort aussi de la pensée et de la mémoire des autres, même de ses proches. Cet effacement intensif s’opère au grand jour, dans l’agitation de la ville, à l’aune de tous les naufragés qu’on ne regarde plus et qui ne comptent pour personne.

 

Avis : Ce livre m’a été prêté sans que je m’y attende. Je ne connaissais pas du tout l’auteure, je l’ai donc découverte à travers cette œuvre.

Le synopsis m’a intrigué. Je trouve l’idée très originale : un homme qui disparaît peu à peu de la vie de tous, et même de la vie en général, qui n’a plus de matérialité, plus de consistance, plus d’impact sur le monde. J’avais hâte de voir comment l’auteure avait rendu cet effacement progressif. Et, grâce (ou à cause) du synopsis, on sait déjà ce qui va advenir, ce que le personnage va vivre. Reste à savoir comment tout cela va s’opérer.

On commence par entrer dans la vie d’Aurélien, ainsi que celle de Biedronka et Joël. Tout est tout d’abord normal. On découvre la vie du « frère » du personnage principal, et le livre m’a tout de suite intéressé grâce à la vision qu’il donne du lecteur : un invité de l’auteur, quelqu’un qui peut faire ce qu’il veut du texte, et sur lequel l’écrivain n’a aucune prise, même s’il tente de lui donner des pistes à suivre. J’ai aussi eu l’impression que c’était une façon pour l’auteure de nous dire de lire son livre comme nous le désirions : comme une histoire fantastique, un roman un peu étrange, ou une métaphore de toutes ces personnes que l’on oublie, qui s’effacent jour après jour sous nos yeux. D’ailleurs, l’allusion aux clochards et aux marginaux peut renforcer cette lecture. Il est également possible d’y voir une métaphore des gens qui s’effacent parce qu’ils ne font rien de spécial dans la vie, parce qu’ils se sentent inutiles. Le lecteur prend donc une voie de lecture, comme il est invité à le faire par l’auteure implicitement. Autre chose : l’auteure écrit très bien. Elle utilise parfois des mots compliqués, mais la qualité de sa langue est évidente. De plus, la mise en page des jours est assez intéressante, et représente bien l’histoire d’Aurélien. Aussi, certains passages m’ont vraiment émue : j’ai senti tout le désarroi de la situation, la tristesse profonde d’une disparition progressive dont personne ne se rend compte. J’ai parfois ressenti un sentiment de malaise, dérangeant, envahissant, et je me suis mise dans la peau d’Aurélien : c’est assez insupportable de s’identifier à lui.

Concernant les personnages, Aurélien est le principal, alors même qu’il disparaît. En effet, s’il s’efface de la vie, s’il devient flou, il est le centre de ce livre, ce qui est assez paradoxal. Il est parfois troublant de s’identifier à lui, parce que l’on a parfois vécu ce genre de situation où l’on a l’impression de ne pas exister parce que l’on n’est pas écouté, parce que l’on est ignoré, parce que personne ne fait attention à nous. Il m’a parfois fait pitié, parce qu’il tente tout pour ne pas s’effacer. Il perd toute sa vie, tous ses proches, Clothilde, Biedronka, Joël, ses amis, Maxence, Anaïs, Thibaud. Il ne comprend pas ce qui lui arrive, et la réalité de sa situation le frappera d’autant plus fort. J’ai beaucoup aimé le personnage de Joël : passé d’un jeune homme qui avait l’avenir devant lui, plein d’espoir, de rêves et d’idées, à un homme brisé dans un fauteuil, qui ne peut parler normalement, et dont les idées, les rêves et l’avenir se sont échappés. Son journal, retrouvé par Aurélien, semble profond, et promettait un homme radieux. Et, envers Aurélien, il est dans une situation particulière tout le long du livre, une situation qui m’a touchée jusqu’à la fin. Clothilde semble cruelle tant elle évite le personnage principal qui vibre d’amour pour elle. C’est parfois vraiment émouvant. Les sentiments qu’il a pour elle nous la font apprécier : elle est décrite comme douce, amoureuse, drôle et pleine d’humour, alors même qu’elle nous paraît tout le contraire. Les autres personnages semblaient également sympathiques vus par les yeux d’Aurélien, bien qu’elles ne le semblent pas dans le livre, étant donné leur attitude envers lui qui n’est plus qu’un mirage.

La fin, concernant Aurélien, était d’un côté évidente, et de l’autre choquante. On aurait pu s’attendre à autre chose, et, en même temps, c’était prévisible. Pour les autres personnages, je l’ai trouvé assez triste. Ils ont perdu quelqu’un sans le savoir, l’ont complètement oublié, et pourtant, peut-être reste-t-il quelque chose de lui en eux ?

 

En définitive, un livre intéressant, émouvant, qui nous met mal à l’aise et qui nous laisse une impression amère de tristesse en plus de nous forcer à réfléchir sur nos vies.

Le meilleur des mondes d’Aldous Huxley

Posté : 15 mars, 2015 @ 1:33 dans Avis littéraires | Pas de commentaires »

Le meilleur des mondes Genre : Science-Fiction, Classique

Editeur : Pocket

Année de sortie : 1977

Nombre de pages : 285

Synopsis : Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d’oeuvre de la littérature d’anticipation, a fait d’Aldous Huxley l’un des témoins les plus lucides de notre temps.
Aujourd’hui, devait écrire l’auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s’abatte sur nous dans le délai d’un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d’ici là de nous faire sauter en miettes… Nous n’avons le choix qu’entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique.

 

Avis  :  Ce livre m’intriguait depuis un moment, et j’avais décidé de le commencer pendant les grandes vacances d’été, en août.

Alors, grande question : pourquoi est-ce que je ne le finis que maintenant ? Et bien, jusqu’au chapitre 10, je n’ai pas du tout accroché à l’histoire. Je n’aimais pas du tout le monde que l’auteur nous décrivait, et j’ai fini par arrêter ma lecture en Septembre. Je ne l’ai reprise que récemment (il y a trois jours je crois), en me disant qu’il fallait tout de même que je le finisse, que la fin était peut-être mieux !

En commençant, je ne sais pas exactement à quoi je m’attendais. J’aime la science-fiction, les mondes dystopiques, les références historiques. Et pourtant, j’ai vraiment eu énormément de mal à apprécier ma lecture. Le monde créé par l’auteur est effrayant : cinq classes de personnes, et, dans les plus basses « castes« , des copies conformes, des « jumeaux » qui viennent du même embryon. Aucun lien ne rattache les individus, si l’on peut parler d’individus ! Aucun ne pense par lui-même, tous sont embrigadés depuis leur naissance par la propagande du Grand Ford. Ils ont des pratiques très étranges, très loin de nos mœurs et de nos habitudes. La division par castes permet la division du travail. Les loisirs sont également très étranges si on pense au Cinéma Sentant, au soma ou autres. Les références sont claires : Bernard Marx et Lenina sont les personnages principaux, et Shakespeare représente la civilisation et la liberté. Et ce monde ne m’a pas du tout attiré. Je n’ai vraiment pas réussi à entrer dans ce livre. Et même quand l’on ne se trouve plus dans le Londres « civilisé » et que l’on est dans un monde sauvage, je n’ai toujours pas apprécié ma lecture.

Quand j’ai repris ma lecture, je m’attendais à ne pas aimer, comme le début. Mais j’ai été assez surprise. En fait, j’ai l’impression que je me suis arrêtée au moment où l’histoire prend vraiment du relief, ou alors mon état d’esprit a nettement changé depuis mon début de lecture. J’ai eu un autre point de vue sur le texte. D’abord, j’ai remarqué qu’il était un peu mal traduit … Ensuite, j’ai vu John d’une autre façon. Il représente l’homme, l’individu, celui qui n’a pas été conditionné et qui arrive dans ce meilleur des mondes. John peut être le lecteur, il est facile de s’identifier à lui. Il cite de très nombreuses fois Shakespeare, et tente de faire ouvrir les yeux à ceux qui sont autour de lui, mais qui, manifestement, n’appartiennent pas à son monde. Ce personnage devient phare, et guide la suite du récit.

Les personnages sont assez caricaturaux, au vu de leur embrigadement. Bernard Marx est le type même de l’homme qui veut la gloire et qui n’agit pas comme les autres : c’est un Alpha, les êtres qui se rapprochent le plus de nous si je peux dire. Il tente, tout le long du livre, de séduire Lenina, qui a, comme tout le monde, des façons de faire assez étranges. Dans la partie que je viens de finir, il devient vraiment ridicule, et même lâche. Lenina, quant à elle, est vraiment le type même de la femme embrigadée : le sexe n’est pas tabou dans cette société, donc il ne l’est pas du tout pour elle. Elle est complètement à côté de la plaque en ce qui concerne l’amour, qu’elle ne peut pas connaître normalement. Mais, vers la fin, il se passe quelque chose en elle, et je dois dire qu’elle m’a un peu fait pitié. Après tout, ce n’est pas de sa faute si elle est comme elle est. John devient un des personnages principaux, et la fin est vraiment centrée sur lui. C’est le marginal de l’histoire, il n’est pas fait pour ce monde, ni pour cette société. Il représente vraiment l’individu tel que nous le connaissons. D’autres personnages apparaissent dans ce livre, comme Helmholtz ou sa Forderie Mustapha Menier qui, vers la fin, nous montre l’envers du décor de la société du Meilleur des mondes.

Ce livre est évidemment un moyen pour l’auteur de faire passer un message fort. Il veut faire ouvrir les yeux sur le totalitarisme qui commence à régner sur l’Europe à l’époque. Il veut montrer un monde « parfait », où les individus n’en seraient plus, où ils seraient tous formatés/embrigadés pour suivre la marche. C’est effrayant, et on ne peut que tout faire pour que cela n’arrive jamais.

La fin n’est pas surprenante si l’on prend un peu de recul : il était évident que cela ne pouvait pas se passer autrement. C’est vraiment une fin très triste, même si l’on n’est pas attaché aux personnages. D’un autre côté, les chapitres qui concernent Helmholtz et Bernard, et surtout en ce qui concerne le premier personnage, et ce que Menier dit de ce l’endroit où celui-ci est envoyé. Cela donne un petit espoir, mais pas grand-chose, au vu de l’état des grandes villes.

 

En définitive, un livre que j’ai commencé par ne pas aimer du tout, puis qui m’a intéressé sans être un livre que j’aime. Une première partie longue et fastidieuse, mais une seconde qui donne du relief à l’histoire. 

 

Challenge des 100 livres à lire au moins une fois

Just Kids de Patti Smith

Posté : 11 mars, 2015 @ 8:44 dans Avis littéraires, Coup de cœur | Pas de commentaires »

Just Kids Genre : Autobiographie

Editeur : Bloomsbury

Année de sortie : 2010

Nombre de pages : 306

Synopsis : Just Kids begins as a love story and ends as an elegy. It serves as a salute to New York City during the late sixties and seventies and to its rich and poor, its hustlers and hellions. A true fable, it is a portrait of two young artists’ ascent, a prelude to fame.

 

Avis : J’ai récemment entendu parler de ce livre, et la personne qui m’en a parlé m’a vraiment donné envie de le lire. Je l’ai acheté peu de temps après en anglais, et l’ai commencé peu de temps après. Je dois avouer que je n’avais qu’entendu parler de Patti Smith et Robert Mapplethorpe, mais que je ne savais pas grand-chose d’eux, sinon qu’elle était chanteuse.

Dès les premiers mots, j’ai été complètement happée par l’écriture de Patti Smith. Elle n’écrit pas pour écrire, elle choisit ses mots avec soin, et m’a vraiment transmis des émotions à travers eux. De plus, son écriture est très poétique, parfois assez imagée, et je l’ai vraiment adoré. Avant de tomber amoureuse de leur histoire, je suis d’abord tombée amoureuse de l’écriture de Patti Smith. Elle sait manier les mots, leur faire dire quelque chose de plus que ce qu’ils veulent dire.

Dès le début, on sait que Robert Mapplethorpe est mort (non, ce n’est pas un spoil, elle le dit dès la première phrase), et il m’a semblé que cela a donné encore plus d’intensité au livre. De plus, ici, elle parle d’eux alors que lui n’est plus, donc j’ai trouvé logique qu’elle commence par parler de la fin de l’histoire avant même le début. Puis, l’histoire commence. Le livre est divisé en sept parties, et dès le début de la première, j’ai su que j’allais aimer ce livre. On sent que l’auteur va parler de son histoire sans faux-semblant, sans artifices, telle qu’elle est. Elle ne va pas en rajouter, elle ne va rien enlever non plus : elle dit les choses telles qu’elles sont (ou, en tout cas, c’est l’impression que donne son écriture). Elle semble sincère, et cela m’a vraiment donné envie de poursuivre ma lecture. Le début de la deuxième partie évoque brièvement un épisode de l’enfance de l’auteure qui l’a apparemment marqué, et, dès le début, on voit en elle un poète. Par la suite, dans ce livre, elle parle de choses difficiles qu’elle a vécu seule ou avec d’autres personnes (et, bien sûr, surtout avec Robert Mapplethorpe). En réalité, elle ne parle jamais d’elle sans parler de lui, excepté au début, quand elle évoque son arrivée à New York. Leur rencontre est étrange, tout comme leur histoire ! Et quelle histoire ! J’avoue ne pas avoir tout saisi, mais j’ai bien compris qu’ils étaient fusionnels, des âmes sœurs faites pour se rencontrer et pour ne vivre jamais bien loin l’une de l’autre, faites pour se retrouver où qu’ils soient. Ce que Patti Smith nous raconte est à la fois touchant, et même poignant parfois, choquant, mais aussi très beau. Robert Mapplethorpe a marqué à jamais la vie de l’auteure : rien que le temps qui s’est écoulé entre la mort de Robert et l’écriture du livre en atteste ! De plus, j’ai vraiment été complètement emportée dans les différents lieux que décrit Patti Smith, même si je ne connais pas du tout New-York. Je me suis imaginée l’hôtel Chelsea, les chambres qu’ils ont occupées, leurs amis, Max’s, Scribner’s, Nathan’s. Ce livre était vraiment un voyage ! On y retrouve également des stars incontournables comme Janis Joplin, Jimi Hendrix ou Andy Warhol, mais également beaucoup d’autres moins connus.

Je ne peux pas vraiment parler de personnages, étant donné que les personnes dont parle l’auteure sont réelles. Je me suis parfois identifiée à elle, et parfois pas du tout. Elle est très courageuse, et est vraiment partie de rien avant de bâtir sa carrière. J’ai été vraiment impressionnée par son parcours. Elle est aussi assez indifférente à ce qui se passe autour d’elle, et elle avoue elle-même qu’elle ne se rendait pas toujours compte que ce qu’elle vivait était exceptionnel, ou particulier. Dans sa relation avec Robert, je l’ai trouvé totalement dévouée à lui. Elle l’adorait, et aurait vraiment tout fait pour lui. Quant à lui, elle nous le rend très attachant. Elle nous transmet l’amour qu’elle a ressenti pour lui, tout en nous montrant ses bons et ses mauvais côtés. Ils ont vraiment été les piliers de leur vie l’un pour l’autre. L’un sans l’autre, avec ce livre, on a dû mal à imaginer ce qu’ils seraient devenus. Beaucoup d’autres personnes interviennent que Patti Smith nous fait également aimer comme Harry de l’hôtel Chelsea (je ne me souviens jamais de son nom de famille) ou Sam Wagstaff, Janis Joplin, et tant d’autres qui deviennent ses amis.

Evidemment, l’art a une très grande place dans ce livre. Patti et Robert se dédient entièrement à cela, c’est leur vie. La première écrit surtout des poèmes et dessine ; ce n’est que par la suite qu’elle écrira des chansons et deviendra chanteuse. Le second commence par des collages, des dessins, puis passe à la photographie, et c’est là qu’il se réalisera en tant qu’artiste. Le livre est ponctué de photos qui le rendent vraiment « vivant ». On découvre le visage des deux jeunes gens, leur vie à tous les deux, et cela est parfois émouvant. Certaines sont vraiment très belles, toutes expriment quelque chose de bien particulier. A la fin de l’ouvrage, on en retrouve plusieurs de Robert, accompagnées de textes de Patti : le mariage des deux semble parfait.

Venons-en à la fin … Peu de livres m’ont vraiment fait pleurer, et celui-ci en fait partie ! On se retrouve au début du livre, à l’annonce de la mort de Robert, mais avant, on apprend de quoi il est mort, et comment Patti a vécu ses dernières années. C’est très émouvant, surtout après avoir lu toute leur histoire, tout ce qui leur était arrivé … Plusieurs événements ont lieu pendant cette période difficile, et la mort survient. Mais ce qui m’a vraiment achevé, si je puis dire, c’est « A note to the reader« . Patti explique pourquoi elle a écrit ce livre, et, juste après cette note, on retrouve des photos de Robert avec des textes de Patti. C’était vraiment très émouvant …

 

En définitive, ce livre est sans doute un des meilleurs livres que j’ai lus. Une œuvre bouleversante, qui fait voyager dans la vie de deux jeunes gens qui n’étaient que des enfants.

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