Cosmos de Witold Gombrowicz
Editeur : Folio
Année de sortie : 2002
Nombre de pages : 221
Synopsis : Perdu, couvert de sueur, je sentais à mes pieds la terre noire et nue. Là, entre les branches, il y avait quelque chose qui dépassait, quelque chose d’autre, d’étrange, d’imprécis. Et mon compagnon aussi regardait cela. – Un moineau. – Ouais. C’était un moineau. Un moineau à l’extrémité d’un fil de fer. Pendu. Avec sa petite tête inclinée et son petit bec ouvert. Il pendait à un mince fil de fer accroché à une branche. Bizarre.
Avis : Le synopsis ne me disait pas grand-chose et ne me donner pas vraiment envie de lire le livre : c’était pire quand j’ai vu la couverture … J’ai vraiment du mal avec elle ! Et sans aucun doute une des couvertures que j’aime le moins. J’espérais que le livre ne serait pas à cette image.
Résultat : je n’ai pas du tout aimé ce livre. Au début, je me suis dit que je m’y ferais, mais non. L’histoire est étrange : le narrateur rencontre un ami et ils décident de louer une chambre ensemble dans une pension de famille (sans aucune réflexion, sur un coup de tête). Mais, sur le chemin, il découvre un moineau pendu. Et cela déclenche toute l’histoire. Ils vont s’installer dans une maison non loin de ce moineau, et vont chercher à découvrir qui l’a pendu. A première vue, cela semble assez drôle, on peut se dire que ce sera une sorte de parodie d’enquête policière. En un sens, oui, c’en est une. Des « événements » surviennent, et le narrateur et son ami, Fuchs, tentent d’élucider les mystères qui s’offrent à eux. Mais, en un autre sens, ce semble aussi être une histoire complètement loufoque qui prend le prétexte d’un ersatz de roman policier pour développer un récit absurde. Parce qu’en réalité, il ne se passe pas grand-chose dans cette enquête policière. Aucun véritable indice n’est donné, et on ne peut que faire des suppositions à propos de qui a fait quoi. On peut presque lire ce roman par rapport à l’ennui des deux personnages qui décident de se concentrer sur quelque chose d’insignifiant pour donner un sens à leur vie dans cette maison, pour contrer l’ennui. La seule chose que j’ai aimé, parfois, dans ce livre, c’est l’écriture. L’auteur parvient à nous emporter dans des rythmes saccadés qui nous font parfois perdre le fil de l’histoire, et entrer dans une dimension littéraire parallèle. Le rapport avec le titre, Cosmos, se profile lorsque le narrateur part dans des envolées absurdes qui nous montrent un monde différent.
Concernant les personnages, une ambiguïté entoure l’identité du narrateur, et je pense que cela est voulu par l’auteur. En effet, à trois reprises dans le livre, son nom apparaît : Witold, comme celui de l’écrivain. Il est pourtant très improbable que cette histoire soit autobiographique : je pense même qu’elle ne l’est pas du tout. Ce narrateur est assez spécial : il fait des liens entre des choses qui ne semblent pas en avoir et semble obsédé par les bouches et les objets penchés, notamment à cause de la lèvre déviée de Catherette. La référence à cette bouche est constante dans le livre. De plus, une fois qu’il a découvert le moineau, il est aussi obsédé par la pendaison, qu’il relie aussi à la lèvre de Catherette. Ses pensées sont confuses, parfois, il ne se fixe sur rien et divague. Les autres personnages ne semblent pas vraiment avoir de l’importance pour lui : ce sont les idées qu’ils représentent qui intéresse le narrateur. Il voit en Catherette quelque chose de vicié, en Lena, quelque chose de pur, en Fuchs, quelque chose de ridicule. Ce dernier est le premier personnage que l’on découvre avec le narrateur. Il est défini par les sentiments de son patron envers lui, et se rend souvent ridicule. Catherette, quant à elle, est vue d’une façon qui ne nous la rend pas forcément sympathique. Le narrateur ne voit que du vice en elle. Quant à Lena, elle est la pureté, mais la pureté que le narrateur corrompt sans s’en rendre compte d’abord, puis en s’en apercevant ensuite. C’est un personnage assez fermé, que l’on ne sait pas vraiment cerner, tout comme le narrateur. Les parents de la jeune fille sont aussi très spéciaux : la mère est appelée Bouboule (quelle sympathie …) et semble un peu schizophrène dans un passage ; quant au père, Léon, il est complètement loufoque et invente un langage étrange plus ou moins facile à comprendre. Les personnages de Lucien, des Loulous, de Ginette et Tony sont plus secondaires et aussi assez caricaturaux. En fait, je n’ai réussi à m’attacher à aucun des personnages.
Ce livre m’a surpris de multiples façons : je n’ai jamais lu une autre œuvre de ce genre, je dois bien l’avouer. Mais je n’ai pas été surprise dans le bon sens du terme. L’absurdité de ce qui se passe, et la divagation du narrateur m’ont perdu. Certains éléments de l’histoire aussi m’ont surpris : par exemple, dès le début, la lèvre déviée de Catherette et l’obsession du narrateur de tout voir par rapport à cette bouche et à cette déviation. Ce livre me fait penser que la littérature absurde n’est pas du tout faite pour moi.
Avant la fin, je pensais que je pouvais encore dire que j’avais un peu apprécié ma lecture, notamment grâce à l’écriture : la fin a brisé cet espoir. Elle est aussi étrange que le reste du livre, et assez dégoutante aussi ! Ce que le narrateur pense est effrayant : on dirait que l’histoire qu’il a vécue l’a transformé et qu’il va agir de façon disproportionnée. Mais en réalité, le roman ne semble être qu’une anecdote dans la vie du narrateur.
En définitive, un livre que je n’ai pas du tout aimé à cause de son côté absurde, que l’écriture aurait pu sauver pour moi, mais que la fin m’a fait détesté. Celle-ci n’en est, d’ailleurs, pas vraiment une. Ce livre me confirme dans l’idée que la littérature absurde n’est pas faite pour moi !
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