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I found myself in Wonderland.

La compagnie des spectres de Lydie Salvayre

Classé dans : Avis littéraires — 28 décembre 2014 @ 15 h 05 min

La compagnie des spectres Genre : Historique, Drame

Editeur : Points

Année de sortie : 2014

Nombre de pages : 172

Synopsis : La visite d’un huissier, venu dresser un inventaire avant saisie dans leur appartement de Créteil, provoque l’affolement d’une mère et de sa fille. Lorsque la mère, hantée par les figures de Pétain et de Darnand, s’attaque à l’homme à coups d’insultes et d’imprécations hallucinées, la situation dégénère … Un huis-clos à trois voix, délirant, impressionnant d’invention et d’humour. « Ma mère, monsieur l’huissier, ne distingue pas le passé du présent, le jour de la nuit, ni les vivants ni les morts ».

 

Avis :  Ce livre m’avait l’air très intéressant. La couverture est très étrange, je ne savais pas trop à quoi m’attendre.

C’est un vrai huis clos dans lequel on entre ici. Un huis-clos sale, sombre et dans lequel le temps n’a pas vraiment sa place. J’en suis même venue parfois à me demander qui parlait de qui, notamment à la fin, si c’était la narratrice qui parlait de sa mère, ou celle-ci qui parlait de la sienne. On entre dans une dimension où le passé se confond avec le présent, où les morts reprennent vie, ou restent parmi les vivants sous forme de spectres qui terrifient la mère de la narratrice. Cela nous donne à penser, nous fait réfléchir sur la guerre, ses conséquences. Doit-on vivre dans le passé ? Ou simplement se souvenir sans que cela nous ronge et nous empêche de vivre ? Ce livre nous montre la vie d’une femme que la guerre a transformée. Et sa fille, la narratrice, semble en avoir pâti toute sa vie, et en pâtir encore pendant qu’elle raconte. Le récit est déclenché par l’arrivée d’un huissier qui répertorie tout ce que possèdent les deux femmes. En réalité, en lisant le livre, j’ai vu cet huissier comme un prétexte. La narratrice raconte sa vie à quelqu’un parce qu’elle en a besoin, parce qu’elle n’a aucune vie sociale, comme on le découvre peu à peu. C’est assez terrifiant de lire cette histoire en réalité, car on a du mal à s’imaginer à sa place. Comment aurions-nous vécu ? Serions-nous restés ? Ce livre est vraiment frappant de par la force des mots employés par l’auteur. L’écriture est très bonne, pleine de poésie parfois, malgré le sujet traité.

Concernant les personnages, la narratrice m’a un peu ému. Sa vie est tellement triste. Elle ne fait absolument rien, ne parle à personne et rêve d’histoires d’amour et de relations sexuelles parce qu’elle n’en a vécu aucune. Je dois avouer que j’ai ressenti de la pitié pour ce personnage. Quant à la mère, elle m’a fait de la peine elle aussi. Elle vit dans un autre monde, avec des personnes mortes depuis longtemps, et elle reste coincée dans un passé révolu. Elle ne fait pas que se souvenir, elle vit réellement dans le passé, ce qui est assez troublant. Cela a même influencé sa vie de femme et de mère, puisqu’il semble qu’elle n’a pas été la mère idéale pour la narratrice. En ce qui concerne le personnage de l’huissier, je l’ai plutôt vu comme un prétexte. Il n’a pas vraiment de profondeur, il ne fait qu’inventorier des objets et se fiche de ce que la narratrice lui raconte. Il ne montre pratiquement aucun signe d’intérêt, ne parle presque pas, et finit par disparaître comme il est apparu. J’ai aimé le personnage de la grand-mère de la narratrice, une femme qui a tenté de se soulever mais que tout le monde a réprimé. Le personnage de l’oncle Jean est central dans cette histoire, même si on ne connait pas grand-chose de lui. La mère de la narratrice est obnubilée par son frère qu’elle a vu mourir. Les autres personnages sont tous un peu caricaturés, comme les jumeaux Jadre, miliciens par excellence.

La fin est très abrupte, et soudaine, comme si la narratrice n’avait plus rien à raconter et que le prétexte ne servait plus à grand-chose. J’ai été un peu déçue par cette fin.

 

En définitive, un livre très intéressant, qui nous fait réfléchir, et nous fait un peu peur. L’écriture m’a beaucoup plu, mais j’ai été un peu déçue par la fin, trop rapide à mon goût.

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