Vie de Henry Brulard de Stendhal
Editeur : Folio
Année de sortie : 1983
Nombre de pages : 435
Synopsis : Je me trouvais ce matin, 16 octobre 1832, à San Pietro in Montorio, sur le mont Janicule, à Rome, il faisait un soleil magnifique. Une chaleur délicieuse régnait dans l’air, j’étais heureux de vivre … Quelle vue magnifique ! c’est donc ici que la Transfiguration de Raphaël a été admirée pendant deux siècles et demi. Ainsi pendant deux cent cinquante ans ce chef-d’œuvre a été ici, deux cent cinquante ans ! … Ah ! dans trois mois j’aurai cinquante ans, est-il bien possible ! 1783, 93, 1803, je suis tout le compte sur mes doigts … et 1833 cinquante. Est-il possible ! cinquante ! … Je me suis assis sur les marches de San Pietro et là j’ai rêvé une heure ou deux à cette idée : Je vais avoir cinquante ans, il serait bien temps de me connaître.
Avis : Je lis le plus d’autobiographies possibles pour mon programme de cette année, et celle-ci m’a été vivement conseillée parce qu’elle avait été écrite par Stendhal et parce qu’elle avait été écrite de façon originale. Je me suis donc lancée en début de vacances !
Je ne peux pas dire que j’ai aimé ce livre, même si je ne l’ai pas détesté. Je n’ai pas pris de plaisir à lire, je m’y sentais obligée, et cela m’a beaucoup gênée. Je comptais les pages qui me séparaient de la dernière, c’est pour dire ! Il me semble que ce livre a deux gros défauts : d’abord, l’auteur dérive souvent de ce qu’il était en train de dire. Il réalise des sauts temporels conséquents qui m’ont souvent perdue, je ne savais plus de quelle année il parlait. Pour dire, il passe de 1800 à 1820 à 1793 à 1836 … C’est assez confus, et ne facilite pas du tout la compréhension. Il semblait à première vue que Stendhal désirait parler de sa vie de façon chronologique, mais cette chronologie est trop souvent bouleversée pour pouvoir être suivie par le lecteur. Deuxième défaut : il m’a semblé qu’il y avait beaucoup de répétitions. Elles m’ont donné l’impression de ne pas avancer et de ressasser toujours les mêmes choses, de stagner dans la vie de l’auteur. J’avais parfois envie de passer certains passages parce que je pouvais les réciter : je me souvenais que l’auteur en avait parlé plus tôt, et je connaissais déjà cet élément de sa vie. Les dessins qui parsèment l’ouvrage m’ont paru être une très bonne idée, ils animent le récit et donnent à voir ce dont l’auteur parle : le seul problème, c’est l’écriture de Stendhal, complètement illisible. Heureusement que l’édition comportait des légendes écrites en caractères d’imprimerie ! Parfois, je n’ai pas réussi à replacer ce dont parlait l’auteur dans le dessin parce que je ne retrouvais pas le nom d’une rue, d’un bâtiment ou de quelqu’un. Le lecteur peut souvent être tenté d’abandonner le déchiffrage des dessins.
Les personnages présentés ici par Stendhal sont surtout de la famille et des amis. Il semble que l’auteur détestait cordialement son père et sa tante Séraphie, ce qui est très visible à la mort de celle-ci. Son grand-père semble être la personne qu’il aime le plus avec sa mère. J’ai beaucoup aimé le personnage de la tante Elisabeth, même si elle n’est pas omniprésente dans le récit. L’éducation que cette famille a donné à Stendhal est très incomplète, et elle ne lui a pas permis de se sociabiliser avec des gens de son âge, d’où, sans doute, le caractère de l’auteur à 17 ans. Il semble très naïf, il ne connaît rien de la vie, et ne se rend pas compte qu’il passe à côté de multiples relations qui auraient pu l’aider dans une potentielle carrière. L’auteur, au moment où il écrit, s’en rend compte et blâme sa famille et les personnes chargées de son éducation. Stendhal écrivant peut aussi être considéré comme un personnage du livre. Il fait souvent des remarques au présent, et s’adresse au lecteur, auprès duquel il s’excuse pour ses multiples sauts dans le temps. Il se demande souvent si son livre sera lu, et pense aux lecteurs de 1880 qui ne comprendront peut-être pas certaines choses qu’il raconte dans son ouvrage (que doit-on dire des lecteurs de 2014 !)
La religion est clairement abhorrée par Stendhal, tout comme la monarchie. Il semble qu’il ait construit son image en antithèse parfaite de celle de sa famille. La religion est représentée par les prêtres qu’il voit ou qui ont fait son éducation. Il exècre particulièrement l’un d’eux dont il parle tout le long de son livre. Il critique également la monarchie, et ne parle que de république. Mais sa personnalité semble paradoxale, notamment quand il parle de son côté républicain et de son point de vue sur le peuple. Son éducation ne colle pas avec sa personnalité, il semble déchiré entre les deux sans s’en rendre compte.
Ce livre peut aussi être vu comme une réflexion sur la réception d’un livre pour un lecteur d’une époque postérieure à celle de l’auteur. Comme je l’ai dit plus haut, il pense aux lecteurs de 1880 et se demande comment ce livre sera reçu, s’il sera seulement publié, s’il sera lu, si les lecteurs l’apprécieront, s’ils ne préfèreront pas le jeter parce que l’auteur les perd. J’ai trouvé cet aspect du livre très intéressant. En effet, il est certain que je n’ai pas lu ce livre comme a pu le lire un contemporain de Stendhal, un lecteur de 1880, ou un de 1950. Les œuvres sont toutes appréhendées et interprétées de manière différente selon les époques de leur lecture. Et la question de la réception n’est toujours résolue qu’après la mort de l’auteur.
En définitive, un livre trop confus, que je n’ai pas su apprécié à sa juste valeur sans doute. Cela ne me donne pas très envie de lire d’autres œuvres de Stendhal …
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