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I found myself in Wonderland.

Lambeaux de Charles Juliet

Classé dans : Avis littéraires,Coup de cœur — 17 octobre 2014 @ 21 h 06 min

Lambeaux Genre : Autobiographie, Contemporaine

Edition : Folio

Année de sortie : 1997

Nombre de pages : 155

Synopsis : Dans cet ouvrage, l’auteur a voulu célébrer ses deux mères : l’esseulée et la vaillante, l’étouffée et la valeureuse, la jetée-dans-la-fosse et la toute-donnée. La première, celle qui lui a donné le jour, une paysanne, à la suite d’un amour malheureux, d’un mariage qui l’a déçue, puis quatre maternités rapprochées, a sombré dans une profonde dépression. Hospitalisée un mois après la naissance de son dernier enfant, elle est morte huit ans plus tard dans d’atroces conditions. La seconde, mère d’une famille nombreuse, elle aussi paysanne, a recueilli cet enfant et l’a élevé comme s’il avait été son fils. Après avoir évoqué ces deux émouvantes figures, l’auteur relate succinctement son parcours : l’enfance paysanne, l’école d’enfants de troupe, puis les premières tentatives d’écritures. Ce faisant, il nous raconte la naissance à soi-même d’un homme qui, à la faveur d’un long cheminement, est parvenu à triompher de la « détresse impensable » dont il était prisonnier. Voilà pourquoi Lambeaux est avant tout un livre d’espoir.

 

Avis : J’ai eu quelques échos de ce livre avant de le lire : on m’a dit que c’était déprimant et qu’il ne fallait pas le lire quand ça n’allait pas. On m’a parlé de larmes et de désespoir. Autant dire que je n’avais pas très envie de le lire. Mais j’étais tout de même un peu intriguée.

Cela faisait un moment que je n’avais pas ressenti une telle émotion. A un moment bien précis, j’avais même les larmes aux yeux. La façon d’écrire de l’auteur permet vraiment de se sentir directement concerné par ce qui est raconté. On est pris à parti, emporté dans une vie qui devient la nôtre pendant quelques heures. Enfin deux vies différentes : celle de la mère de l’auteur, et celle de l’auteur lui-même. J’ai trouvé la première partie très émouvante, très difficile à lire à cause des émotions qu’elle dégage. Une femme forte mais que la vie a fait plier. J’ai vraiment eu mal au cœur pendant la majeure partie du livre qui la concerne. La seule chose positive qui lui arrive se trouve vite transformée en quelque chose d’horrible, d’ineffaçable, qui la plonge dans un monde de ténèbres dont elle ne sort vraiment jamais. La guerre intervient, et l’on se retrouve dans la deuxième partie, la vie de l’auteur à partir de sa naissance. J’ai un peu moins accroché. C’est un peu moins triste, même si quand il commence à écrire, on peut penser que le désespoir n’est pas loin. Ici encore, c’est un peu laborieux. La façon d’écrire est assez orale, et ce qu’il dit est difficile à exprimer. A la fin, l’auteur nous parle du livre même qu’il est en train d’écrire, et cela donne une impression assez étrange. Nous sommes dans le livre que nous sommes en train de lire, à l’intérieur même de ce qui est passé, achevé. Je me suis vraiment sentie impliquée dans l’histoire de l’auteur, ainsi que dans celle de sa mère précédemment.

La misère de la première partie est affligeante. On peut avoir un peu de mal à l’imaginer si on ne l’a pas connu, ce qui est mon cas heureusement. De plus, le cadre n’est pas non plus habituel à notre époque. La vision qu’a la jeune fille de l’éducation est vraiment magnifique, et ce serait bien que les élèves de maintenant prennent conscience de ce que cela représente réellement. Que serait-on sans éducation, sans école, sans professeur pour nous montrer la voie ? Oui, parfois il est possible d’apprendre par soi-même, mais certaines choses ne s’apprennent pas de cette façon. L’éducation, l’école, le professeur sont des guides, dont aujourd’hui, les élèves ne souhaitent plus se servir. Ce livre fait voir tout cela d’une autre manière, et l’on se dit qu’on a de la chance parfois de vivre à notre époque. Cette impression est renforcée par la mention de la Seconde Guerre mondiale, et de ce qu’elle a pris à l’auteur.

La difficulté de l’auteur dans la seconde partie fait également mal au cœur. Son incapacité à écrire fait peine à voir. Et pourtant, c’est assez paradoxal, car nous lisons ce qu’il a écrit. Nous pouvons penser que nous voyons alors l’auteur travaillant, qui se bat avec ses mots, qui plaque sur des pages chaque phrase une à une du livre que nous lisons. Cela m’a fait une drôle d’impression, c’est une expérience assez particulière. Et la façon d’écrire la renforce !

 

En définitive, un livre qui nous touche, qui nous « parle » vraiment, que je conseille, même s’il est triste et parfois difficile.

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